LOUIS JUGNET Professeur de khâgne au Lycée Fermat de Toulouse Professeur à l’In
LOUIS JUGNET Professeur de khâgne au Lycée Fermat de Toulouse Professeur à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouse DOCTRINES PHILOSOPHIQUES ET SYSTEMES POLITIQUES Résumé du cours professé à l’I.E.P. de Toulouse en 1965 LOUIS JUGNET http://contra-impetum-fluminis.net/doctrines.htm 1 sur 88 16/09/09 09:56 AVIS IMPORTANT CONCERNANT LE SENS ET L'USAGE DU COURS I. Le texte suivant a été très méthodiquement mis au point. Nous ne demandons pas trop en priant ceux qui l'utilisent en vue de l'examen de l'ETUDIER véritablement, et non de le parcourir, ou de le feuilleter en croyant avoir assez fait : chacun est libre de ses options doctrinales, mais il ne l'est nullement d'ignorer les matériaux de base qu'on se donne la peine de lui fournir. Le cours apporte des connaissances, il est le résultat de nombreuses lectures et recherches. Il ne faut pas confondre cours et travaux pratiques. II. Le cours oral n'est pas identique au texte ci-joint, qui n'en constitue que le RESUME. Parfois, quelques lignes du texte représentent une heure de cours. Parfois, même, on traite de questions qui ne sont pas abordées dans le texte ronéotypé. Il est donc fort peu judicieux de croire que la possession d'un texte dispense de l'assistance habituelle au cours. III. Une BIBLIOGRAPHIE sommaire sera prochainement distribuée par les soins de l'Amicale. Louis JUGNET, Novembre 1965 LOUIS JUGNET http://contra-impetum-fluminis.net/doctrines.htm 2 sur 88 16/09/09 09:56 I Résumé du Cours sur "Doctrines philosophiques et systèmes politiques" 1° La philosophie ne doit pas être négligée par les étudiants de l'Institut. D'abord, pour leur culture personnelle - motif auquel, Dieu merci, certains ne sont pas insensibles... Sans réflexion philosophique, on aboutit, soit aux fantaisies rhétoriques, soit à la barbarie techniciste (v. le « Meilleur des Mondes », d'A. Huxley). Ensuite, utilitairement, ceux qui veulent préparer l'E.N.A. doivent savoir que souvent les conversations avec le jury prennent un tour philosophique. (C'est pourquoi on introduit en 4e année un enseignement sur cette matière). Plus particulièrement, il y a une philosophie politique, d'importance considérable : Platon, Rousseau, Hégel, Marx, Sartre, Raymond Aron, etc. 2° Quelques notions fondamentales pour comprendre lse grandes doctrines. Le foisonnement de celles-ci ne doit pas cacher les constantes, les grandes lignes de force. a) La distinction entre l'attitude réaliste et l'attitude idéaliste, au sens précis que ces mots prennent en philosophie (v. un bon manuel de philosophie, ou un vocabulaire comme celui de Lalande). Ceci concerne la théorie de la connaissance et la métaphysique, mais il y a une application politique : certains auteurs considérant la société avant tout comme un fait, une donnée, qu'on peut sans doute améliorer, mais qu'il faut d'abord prendre comme elle est (Aristote, Montesquieu, Comte, Marx, Maurras) c'est le réalisme politique. D'autres s'occupent peu du fait, et ne s'attachent qu'à réaliser à tout prix un idéal posé a priori (Rousseau, Brunschwig, Jaurès) c'est l'idéalisme politique. b) Rapports entre morale et politique. En fait, trois attitudes possibles : - Ou bien on interdit à la morale de s'occuper du politique (soit parce qu'on ne croit pas du tout à la morale, soit qu'on la cantonne dans la conduite individuelle). C'est le Machiavélisme, idée et pratique fort répandue. - Ou bien on incorpore si totalement la politique à la morale qu'elle en devient une branche (sorte de morale civique). C'est le « moralisme politique », ex : Brunetière, Marc Sangnier et le « Sillon » et, dans une certaine mesure, l'école de Maritain. - Ou bien on admet à la fois que la politique a un aspect technique irréductible à la morale, qu'elle n'est identique à cette dernière ni dans son but ni dans ses moyens (contre le moralisme) ; mais qu'elle est strictement subordonnée aux exigences morales dans son usage et ses réalisations (un peu comme la médecine). C'est l'attitude d'un certain nombre de penseurs dont nous reparlerons en diverses leçons. LOUIS JUGNET http://contra-impetum-fluminis.net/doctrines.htm 3 sur 88 16/09/09 09:56 II La politique de Platon Il s'agit ici du « binôme » SOCRATE-PLATON, car on ne peut historiquement distinguer avec précision ce qui vient de l'un et ce qui vient de l'autre. Intérêt des Grecs pour nous : En Orient (sauf en Chine) guère de philosophie politique proprement dite, mais religion à effets sociaux. V. Maritain sur les Grecs « peuple élu de la raison », jouant pour celle-ci le rôle d'Israël sur le plan religieux. Fermentation dans la Grèce du Ve siècle : dissolution de la religion, des mœurs, de la science, des institutions. D'où scepticisme et sophistique. Rôle négatif des Sophistes (malgré Hegel et Nietzsche, qui les défendent) - destruction de l'idée de vérité, de la distinction du bien et du mal, de toute valeur sociale. PLATON (429-348) de race princière, enclin à la poésie ; y renonce. Voyage et compare. Essai d'action politique, assez mal réussi. Philosophie pure, à la fin (« Académie »). Il y a pour lui un souci politique véritable, guidé par des préoccupations morales, supposant une réforme des esprits. On tâchera de gagner successivement les Cités en présence. Gradation d'une politique de type utopiste (celle qui a été la plus remarquée) à une vue plus réaliste. « La République » - « Le Politique » - « Les Lois ». La « République » : Division tripartite de l'âme (pensée, cœur, désir) à régler par des vertus fondamentales. Projection de ce schéma dans la société : Trois échelons sociaux : philosophes, guerriers, artisans (les esclaves n'étant pas citoyens ne rentrent pas dans la classification). Les philosophes ne sont pas de ces « purs intellectuels » qu'on oppose si souvent à l'homme d'action. Les guerriers ne sont pas dès reîtres, ils reçoivent une forte culture. Il ne s'agit pas de castes fer- mées, comme dans le Brahmanisme. Il y a montée et descente des hommes d'un échelon à l'autre, selon les qualités. Les femmes sont les égales de l'homme, et peuvent accéder aux fonctions supérieures. Il n'y a pas de propriété individuelle (Platon est collectiviste) ni de famille (l'Etat règle ces questions : eugénisme, etc.) car ces deux institutions sont obstacle à la toute-puissance de l'Etat. Comparaison de ce communisme moraliste avec celui des anarchistes (Platon est étatiste) avec celui des marxistes (Platon met l'accent sur le spirituel ; avec l'attitude de Nietzsche (Platon met les hommes supérieurs au service du bien commun) et non au-dessus de lui. - Théorie des différents types de régime politique, suivant que c'est le grand nombre, ou un petit nombre, ou un seul qui gouverne. Chacun de ces types peut s'altérer, être démagogique, oligarchique, ou tyrannique (fortune de cette classification dans la suite). - Le « Politique » : le philosophe ne gouverne plus, il est un conseiller du Chef. La souveraineté reste toutefois fondée sur la supériorité naturelle, attitude plus réaliste que dans « La République ». LOUIS JUGNET http://contra-impetum-fluminis.net/doctrines.htm 4 sur 88 16/09/09 09:56 - « Les Lois » œuvres de vieillesse, moraliste comme la République, mais moins utopiste politiquement : rôle de la persuasion, liberté plus grande du citoyen, une certaine propriété familiale, etc. LOUIS JUGNET http://contra-impetum-fluminis.net/doctrines.htm 5 sur 88 16/09/09 09:56 III La politique d'Aristote ARISTOTE (384-322). Elève de Platon, puis philosophe indépendant. Précepteur et conseiller d'Alexandre de Macédoine, fondateur d'une école (le « Lycée »). Œuvre très vaste, génie remarquable, constamment méconnu par notre enseignement universitaire pour des raisons diver- ses, mais admiré de gens aussi divers que Hegel (« Aristote est un des plus riches, des plus profonds génies, qui aient paru dans le monde : un homme auquel nul autre, dans aucun temps, ne saurait être comparé... de tous les philosophes, celui avec lequel on a été le plus injuste ») et Darwin (« Linné et Cuvier ont été mes deux divinités, mais ce ne sont que de simples écoliers en comparaison d'Aristote »). C'est en pensant à sa philosophie (qu'il n'accepte pas) que Bergson parle de « métaphysique naturelle de l'intelligence humaine ». - Son œuvre politique est contenue, pour l'essentiel, dans La « Politique » précisément, ouvrage solidement construit, reposant sur une connaissance précise des données concrètes (diversité des régimes selon l'emplacement, le genre de vie des habitants, etc., ce qui fait que la « théorie des climats » dont on fait honneur à Montesquieu se trouve déjà explicitement chez Aristote et chez ses continuateurs scolastiques ! ) - L'attitude générale est un refus simultané de l'empirisme politique pur, à la manière des Sophistes, et du rationalisme utopiste de Platon (c'est lié à une théorie de la connaissance que nous ne pouvons analyser ici. V. Thonnard « Histoire de la Philosophie », Desclée et Cie). Croyance en une nature humaine fondamentalement stable et identique à elle-même (id. Comte, Maurras, Camus, contre Hegel, Marx, Sartre), mais très diversifiée dans le détail des institutions (contraste avec Rousseau et le rationalisme abstrait du XVIIIe siècle). Préoccupations morales profondes, mais non « moralisme » de type puritain. - Point de départ : l'Homme est naturellement social, ou sociable, et ceci par sa partie rationnelle, non pas son aspect grégaire (la civilisation est chose collective). L'origine de la Société n'est donc à chercher ni uploads/Politique/ dictrines-philosophiques-et-systemes-politiques-louis-jugnet-pdf.pdf
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- Publié le Nov 05, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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