LA DIPLOMATIE SPORTIVE DU QATAR, INSTRUMENT D'UNE NOUVELLE NOTORIÉTÉ INTERNATIO
LA DIPLOMATIE SPORTIVE DU QATAR, INSTRUMENT D'UNE NOUVELLE NOTORIÉTÉ INTERNATIONALE Jérôme Champagne Editions Choiseul | « Géoéconomie » 2012/3 n° 62 | pages 67 à 80 ISSN 1620-9869 ISBN 9782362590405 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.inforevue-geoeconomie-2012-3-page-67.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Editions Choiseul. © Editions Choiseul. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Jérôme Champagne – Distinguons d’abord la « diplomatie du sport » et la « diplomatie par le sport ». La « diplomatie du sport » permet, à l’occasion d’une compétition sportive ou sous le prétexte d’une rencontre sportive organisée à cet effet, à deux pays de trouver, d’essayer de trouver ou de prétendre avoir trouvé des points de rapprochement. Les cas sont nombreux dans l’histoire et très médiatisés mais leur impact est très variable. Parfois symbolique comme la rencontre de tennis de table entre la Chine populaire et les États-Unis en avril 1971 qui a surtout servi de « mise en scène » d’un rapprochement déjà en cours. Ou sans réel impact à court terme comme la rencontre des chefs d’État La diplomatie sportive du Qatar, instrument d’une nouvelle notoriété internationale Jérôme CHAMPAGNE Ancien Directeur des relations internationales, FIFA. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.125.176.253 - 19/10/2019 14:15 - © Editions Choiseul Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.125.176.253 - 19/10/2019 14:15 - © Editions Choiseul 70 Jérôme CHAMPAGNE turc et arménien à l’occasion d’un match de qualification pour la Coupe du monde de la FIFA 2010. Ce que fait le Qatar est davantage une « diplomatie par le sport » mais cette forme de diplomatie n’est en rien une nouveauté car de tout temps, le sport a été instrumentalisé par les pays et leurs autorités et ce pour trois types de raisons et d’objectifs : – D’abord, il s’agit de défendre la justesse de choix politiques et/ou de modèles sociétaux comme ce fut le cas par exemple les Spartakiades organisées par l’Union soviétique avec une forte « vision » politique d’accompagnement des activités du Komintern, des Jeux olympiques de 1936, tribune du nazisme, ou encore et plus simplement le classement des nations aux Jeux olympiques par le nombre de leurs médailles, censé démontrer des « supériorités » nationales bien éloignées du sport. – Ensuite, le sport permet d’affirmer une cause nationale présente ou passée, une recherche de la reconnaissance. C’était le cas pour l’équipe du Front de libération nationale (FLN) itinérante de 1958 à 1962 durant la guerre en Algérie, de Théodore Herzl qui disait que les « jeux des Maccabiades 1 faisaient plus que cent conférences sur le sionisme », etc. C’est le cas aujourd’hui pour les Palestiniens qui suivent le même chemin depuis leur affiliation au CIO en 1995 et à la FIFA en 1998. Ce fut également le cas plus avant encore quand les États-Unis organisèrent les Jeux olympiques de 1904 pour marquer le centenaire du « Louisiana Purchase » dans une ville, Saint-Louis, dont la souveraineté avait été transférée par la France de Napoléon en 1804. – Par ailleurs, cette « diplomatie par le sport » est un élément d’un « pouvoir d’influence » qui, là encore, n’est pas nouveau. Souvenons- nous du « Service des œuvres françaises à l’étranger » créé en 1920 au sein du Quai d’Orsay avec la mission donnée aux athlètes d’être les « ambassadeurs de la France dans le monde », la création de clubs sportifs français à l’étranger (Allemagne, Roumanie) et la volonté d’instrumentaliser le sport au service du prestige de la France. En fait, cette action du Qatar fusionne ces trois objectifs, même si elle n’est pas non plus une nouveauté dans sa région de la Péninsule arabique. Les premiers dans la région du Golfe, ayant compris ce que le sport pouvait apporter à leur nouvelle richesse pétrolière, étaient les Koweitiens et les Saoudiens. 1. Les Maccabiades sont une rencontre sportive juive organisée tous les quatre ans en Israël par la Maccabi World Union, à l’image des Jeux olympiques. La première édition de cette compétition a eu lieu en 1932. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.125.176.253 - 19/10/2019 14:15 - © Editions Choiseul Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.125.176.253 - 19/10/2019 14:15 - © Editions Choiseul 71 La diplomatie sportive du Qatar, instrument d’une nouvelle notoriété Les premiers, sous la houlette de Sheikh Fahad Al-Ahmad Al-Sabah, avaient, dès les années soixante-dix, fait du sport un outil diplomatique du Koweït conduisant le pays à devenir le premier pays arabe de la région à se qualifier en 1982 pour la Coupe du monde de la FIFA et à prendre en 1981 l’initiative de fonder l’Olympic Council of Asia regroupant tous les comités olympiques asiatiques, un outil toujours actif que conduit aujourd’hui Sheikh Ahmad, fils de Sheikh Fahad Al-Ahmad Al-Sabah, aujourd’hui au CIO. Pour les Saoudiens, ce fut par l’organisation en 1992, 1995 et 1997 de ce qui est devenu la Coupe des confédérations de la FIFA. On peut également mentionner Bahreïn et Abou Dhabi qui sont depuis 2004 des pays organisateurs de Grand prix de Formule 1 ; ou encore Dubaï placé sur le golf (1989), le tennis (1993), le rugby à 7 (1999) et l’hippisme. G. – Mais alors en quoi le Qatar se singularise-t-il de ses voisins ? J. C. – En fait, le Qatar a suivi le même chemin et les mêmes motivations d’abord par l’organisation de compétitions de sports comme le tennis (1993), l’athlétisme (1997), le golf (1998), le tennis de table et le cyclisme (2002) ou encore la moto (2004). Pour ce qui est du football, le Qatar n’est venu à l’organisation de compétitions internationales (en dehors de compétitions régionales) qu’en 1995 avec l’organisation de la Coupe du monde de la FIFA des moins de 20 ans, organisée en trois semaines à la place du Nigeria, écarté au dernier moment par la FIFA en raison d’une épidémie d’Ebola. En revanche, depuis cette date, le Qatar a – et comment, et de loin – dépassé ses voisins. En fait, le Qatar fait tout en plus grand, en plus ambitieux et surtout, en plus constant et plus méthodique avec un mécanisme de prise de décision rapide car concentré en quelques personnes autour de l’émir Hamad bin Khalifa Al-Thani. C’est ce changement d’échelle – avec la Coupe du monde de football de la FIFA en 2022, les championnats du monde de handball en 2015, l’ambition d’accueillir les Jeux olympiques, le lancement d’Al-Jazeera Sports en novembre 2003 suivi du rachat en 2009 du portefeuille de droits FIFA détenu par la chaîne saoudienne ART, etc. – qui est la marque de fabrique de cette diplomatie sportive qatarie. Mentionnons aussi le coureur de rallye Nasser Al-Attiyah, vainqueur du Dakar sud-américain en 2011. Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.125.176.253 - 19/10/2019 14:15 - © Editions Choiseul Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 154.125.176.253 - 19/10/2019 14:15 - © Editions Choiseul Jérôme CHAMPAGNE 72 Le Qatar entreprend ce que ses voisins n’ont pas osé faire, affecte des moyens considérables à cette politique et joue bien sûr à plein des synergies avec son activisme télévisuel. Là encore, la méthode et les objectifs ont changé d’ampleur. Il ne s’agit plus simplement d’acheter des droits télévisés de compétitions sportives pour les téléspectateurs arabes de l’« océan au golfe » mais de prendre pied sur les autres continents. Il ne s’agit plus d’acheter un club comme une « danseuse », mais de se positionner avec une vraie stratégie globale, d’intégration du haut en bas de l’industrie sportive, clubs, télévision sportive, équipementier Burda dont on parle peu mais qui avance ses pions, organisation des compétitions mondiales, débauchage à prix d’or de compétences sportives (la formation des jeunes avec Aspire, la sécurité dans le sport avec l’ICSS), et même première tentative de faire élire un Qatari au sommet d’une instance sportive (échec de M. Mohamed bin Hammam à la FIFA en 2011). G. – PSG, uploads/Politique/ dni-devoir-20-1.pdf
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- Publié le Nov 17, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
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