09/08/2021 Les immortels du Sénat, 1875-1918 - Cordier Stanislas Alphonse 1820-

09/08/2021 Les immortels du Sénat, 1875-1918 - Cordier Stanislas Alphonse 1820-1897 - Éditions de la Sorbonne https://books.openedition.org/psorbonne/68317 1/7 Éditions de la Sorbonne Les immortels du Sénat, 1875-1918 | Alain Corbin, Jean- Marie Mayeur Cordier Stanislas Alphonse 1820- 1897 Jean-Pierre Chaline p. 285-288 Texte intégral Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant. Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018). En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies. 09/08/2021 Les immortels du Sénat, 1875-1918 - Cordier Stanislas Alphonse 1820-1897 - Éditions de la Sorbonne https://books.openedition.org/psorbonne/68317 2/7 1 2 3 Longtemps modeste second de Pouyer-Quertier, Alphonse Cordier mérite encore plus que lui le qualificatif de "self made man du coton Il est en tout cas une bonne illustration du renouvellement patronal qui caractérisait alors le milieu normand du textile. Né à Ecouché, dans l’Orne, le 27 février 1820, fils de petits cultivateurs locataires ensuite d’une ferme en Pays d’Auge, il eut la chance d’avoir un maître d’école hors pair, noble ruiné qui, remarquant ses dons, lui apprit beaucoup plus que les rudiments primaires et sut convaincre ses parents de faire les sacrifices nécessaires pour l’envoyer trois ans au collège de Lisieux. Bagage intellectuel utile, mais à lui seul insuffisant pour faire carrière. A dix-huit ans, le jeune Cordier débarque à Paris, sans argent ni relations. D’abord vendeur dans un magasin de nouveautés, il finit par entrer dans une maison de soieries en gros où ses qualités lui vaudront un poste de confiance mieux rémunéré. Ayant pu ainsi rassembler quelques fonds, il rencontre en 1845 un chimiste alsacien, Braun, spécialiste des colorants. Tous deux décident de s’associer et s’établissent comme indienneurs à Déville, près de Rouen. Bien gérée, l’affaire survit aux crises et se développe. En 1860, elle est encore dans la moyenne avec 38 000 pièces de tissu imprimé par an ; en 1870, elle en produira 60 000, à la qualité reconnue lors de l’Exposition universelle de 1867. Le sérieux et la compétence d’Alphonse Cordier le font très tôt désigner pour être le représentant normand de sa branche. Envoyé dès 1851 à l’Exposition de Londres, puis en 1855 à celle de Paris, il publie des rapports remarqués. En 1857 – en même temps que Pouyer-Quertier – il entre à la Chambre de commerce de Rouen dont il sera pendant dix ans un parfait secrétaire, rédigeant pour elle études, enquêtes ou rapports sur l’industrie textile, la crise cotonnière ou les funestes résultats du libre-échange. N’était-ce pas là, précisément, l’habituel répertoire d’un Pouyer-Quertier dans ses bruyantes campagnes pour un retour au protectionnisme ? De fait, les liens entre les deux hommes sont alors étroits, mais dans un rapport qu’il faut préciser. Car auprès de l’opulent filateur Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant. Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018). En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies. 09/08/2021 Les immortels du Sénat, 1875-1918 - Cordier Stanislas Alphonse 1820-1897 - Éditions de la Sorbonne https://books.openedition.org/psorbonne/68317 3/7 4 5 bientôt président de la Chambre de commerce, Cordier n’est qu’un industriel ordinaire ; auprès du tonitruant défenseur du “travail national” dont la faconde abasourdit le Corps législatif, il n’est qu’un auxiliaire sans ambition politique affichée. Ironisant sur ce "fidèle Achate", simple "satellite" de Pouyer-Quertier, un écrit satirique paru à la chute de l’Empire lui reconnaît "l’esprit plus droit, plus solide, plus exact", mais souligne, à l’inverse toujours, les médiocres dons oratoires de cet homme "exempt de brio comme de prétentions". C’est pourtant le moment où va commencer sa carrière politique. Rien ne l’annonçait vraiment chez ce personnage discret dont on note cependant l’appartenance maçonnique (il avait été initié dès 1855 à la Loge rouennaise "la Persévérance couronnée"), affinité que l’on retrouve une douzaine d’années plus tard à travers sa vice-présidence du Cercle rouennais de la Ligue de l’Enseignement. Cela joua-t-il un rôle ou faut-il simplement penser à l’intervention de Pouyer-Quertier ? En tout cas, alors qu’il venait tout juste d’obtenir en août 1870 un modeste mandat de conseiller municipal, Cordier figure en 1871 sur la liste Thiers pour la désignation des représentants de la Seine-Inférieure à l’Assemblée nationale. Et bien que nouveau venu en politique, il est élu 5ème, juste après son illustre confrère de la Chambre de commerce. La même année voit son entrée au conseil général où désormais, jusqu’à sa mort, il représentera le très bourgeois 5ème canton de Rouen. Le voilà ainsi, à cinquante ans passés, brusquement promu à la notabilité politique. C’est alors qu’il va s’affirmer et cesser d’être l’ombre, le faire-valoir du grand filateur normand. Alors que celui-ci glisse vers le monarchisme, Cordier, lui, se range au Centre gauche et soutient la République conservatrice de Monsieur Thiers. Président de la réunion Féray, ce qui suggère plus d’audience qu’on aurait pu le croire, fut-il vraiment pressenti pour le portefeuille du Commerce ? A tout le moins est-il très actif dans les commissions des douanes et des finances, domaine s’il en est de sa compétence. Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant. Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018). En poursuivant votre navigation, vous acceptez l'utilisation des cookies. 09/08/2021 Les immortels du Sénat, 1875-1918 - Cordier Stanislas Alphonse 1820-1897 - Éditions de la Sorbonne https://books.openedition.org/psorbonne/68317 4/7 6 7 8 Cette option politique et, peut-être aussi, cette ascension inattendue devaient gâter ses relations avec son ancien “patron”. Dès 1872, candidat de la gauche à la présidence contre Pouyer-Quertier, Cordier est battu à la Chambre de commerce, qu’il ne réintégrera que trois ans plus tard. Son entrée au Sénat achève de les séparer. Face à des élus tous conservateurs, dont son ancien ami, Cordier, choisi au titre des inamovibles le 10 décembre 1875, est le seul sénateur républicain de la Seine-Inférieure. Autour de lui s’organise la propagande qui, peu à peu, gagne au nouveau régime bourgeois des villes et ruraux, rassurés par ce modéré aussi peu "idéologue" que possible. Témoigne de son succès le basculement d’un conseil général longtemps de droite dont il deviendra en 1880 le premier président “républicain”. Son action parlementaire n’a rien de très éclatant. Fidèle interprète des intérêts rouennais, il réclame (en vain) après 1871 le transfert dans sa ville de la Faculté des sciences de Strasbourg. De même, il ne manquera jamais, en 1891 encore, de batailler pour un retour au protectionnisme. Il intervient en connaisseur sur le projet d’impôt sur le chiffre d’affaires en 1872, puis l’année suivante sur le travail des enfants dans les manufactures. Hostile au septennat, au ministère Broglie, il vote les lois constitutionnelles. Au Sénat où il rejoint la Gauche républicaine, il vote pour les lois Ferry, pour l’expulsion des princes, pour le rétablissement du scrutin d’arrondissement. Bien que membre jusqu’à sa mort de la Chambre de commerce ou du conseil général, sa présence en Normandie semble s’être réduite au profit de son domicile parisien, rue du Luxembourg. L’usine est liquidée et il ne semble plus, à son décès, posséder de biens à Rouen. Ce qui amène à se demander quelle était vraiment sa place dans la société locale. Ni son mariage avec une demoiselle Levesque (non apparentée aux industriels de ce nom) ni celui de ses filles, avec des Parisiens, ne paraissent consacrer pleinement sa double réussite économique et politique. A part la société d’émulation locale, rendez-vous du Ce site utilise des cookies et collecte des informations personnelles vous concernant. Pour plus de précisions, nous vous invitons à consulter notre politique de confidentialité (mise à jour le 25 juin 2018). 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Cordier est lui-même l’auteur (souvent anonyme) de travaux publiés au nom de la Chambre de commerce de Rouen : Exposition universelle de 1855, Rouen, imp. A. Peron, 1856, 422 p. ; Etude sur les industries du coton, du lin, de la soie, Rouen, imp. H. Rivoire, 1860, 212 p. ; La crise cotonnière dans la Seine-Inférieure. Ses causes et ses effets, Rouen, imp. C-F. Lapierre, 1864, 172 p. ; Exposé de la situation des industries chimiques et textiles de la Seine-Inférieure et de l’Eure, Rouen, uploads/Politique/ les-immortels-du-se-nat-1875-1918-cor-se-1820-1897-e-ditions-de-la-sorbonne.pdf

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