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JEUDI 25 JUIN 2020 76E ANNÉE– NO 23470 2,80 € – FRANCE MÉTROPOLITAINE WWW.LEMONDE.FR – FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO Algérie 220 DA, Allemagne 3,70 €, Andorre 3,50 €, Autriche 3,80 €, Belgique 3,10 €, Cameroun 2 400 F CFA, Canada 5,70 $ Can, Chypre 3,20 €, Côte d'Ivoire 2 400 F CFA, Danemark 36 KRD, Espagne 3,50 €, Gabon 2 400 F CFA, Grande-Bretagne 3,10 £, Grèce 3,50 €, Guadeloupe-Martinique 3,20 €, Guyane 3,50 €, Hongrie 1 330 HUF, Irlande 3,50 €, Italie 3,50 €, Liban 6 500 LBP , Luxembourg 3,20 €, Malte 3,20 €, Maroc 22 DH, Pays-Bas 3,80 €, Portugal cont. 3,50 €, La Réunion 3,20 €, Sénégal 2 400 F CFA, Suisse 4,40 CHF, TOM Avion 500 XPF, Tunisie 4,10 DT, Afrique CFA autres 2 400 F CFA COVID­19 : LA COURSE MONDIALE POUR UN VACCIN ▶ Les Etats­Unis, l’Europe et la Chine se livrent à une compétition acharnée pour développer un vaccin contre le SARS­CoV­2, seule arme contre la pandémie ▶ Poids lourds de l’indus­ trie pharmaceutique et start­up misent sur des technologies éprouvées ou sur des innovations, face à ce virus mal connu ▶ Les premiers essais clini­ ques viennent seulement d’être lancés, mais un vac­ cin pourrait être prêt dès le début de 2021, au lieu des cinq à dix ans habituels ▶ Cette accélération inquiète des spécialistes, alors que les objectifs sani­ taires et les effets indésira­ bles possibles des vaccins à l’étude restent flous ▶ Sans attendre, chaque gouvernement tente de sécuriser la production et l’achat de centaines de millions de doses PAGES 18 À 20 POUTINE S’OFFRE UN « VOTE POPULAIRE » SUR MESURE Vladimir Poutine, lors d’une visioconférence, dans sa résidence de Novo­Ogaryovo, le 20 juin. ALEXEY NIKOLSKY/SPUTNIK/AFP ▶ Entre référendum et plébiscite, le président russe organise une consul­ tation à partir du 25 juin, en pleine épidémie ▶ Cette réforme constitu­ tionnelle permet à Vladimir Poutine de rester au pouvoir après 2024 et renforce ses prérogatives PAGE 2 LE REGARD DE PLANTU « L’anachronisme, ce péché contre l’intelligence du passé » → PAGE 31 DÉBOULONNER COLBERT ? « LES STATUES MEURENT AUSSI » → PAGE 30 TERRORISME : LES RISQUES DES PEINES DE SÛRETÉ PAGE 32 1 É D I T O R I A L CORONAVIRUS ROYAUME-UNI Boris Johnson a annoncé, mardi, la levée quasi totale du confinement pour le 4 juillet PAGE 4 ALLEMAGNE Deux cantons ont été re­ confinés, après la décou­ verte d’un important foyer de contamination PAGE 4 FRANCE Le gouvernement allège le protocole sanitaire dans les entreprises pour favo­ riser le retour au travail PAGE 8 INDUSTRIE Le secteur automobile su­ bit de fortes turbulences. Au Royaume­Uni, un em­ ploi sur six est menacé PAGES 14-15 idées Faute d’épreuves du bac, les lycées rehaussent des notes, avec un mot d’or­ dre : « bienveillance ». Au risque d’une rupture d’éga­ lité et d’un bac « bradé » PAGE 10 Education Bac : des notes à géométrie variable Le maire de Grenoble a fait de sa ville un labora­ toire politique pour les écologistes. Il rêve de por­ ter les couleurs des Verts à la présidentielle, en 2022 PAGE 7 Politique Eric Piolle, l’ambition verte d’un anti­Jadot Le parquet antiterroriste a demandé le renvoi de neuf personnes devant les assi­ ses dans l’enquête sur l’at­ tentat du 14 juillet 2016. Mais, pour cinq d’entre el­ les, les charges ont été re­ qualifiées en infraction de droit commun, et trois ont obtenu un non­lieu partiel PAGE 12 Terrorisme Attentat de Nice : les réquisitions confirment un dossier fragile Enquête Comment la justice a remonté la piste du Rwandais Félicien Kabuga PAGES 24-25 Turquie Vives tensions et accusations d’espionnage entre Paris et Ankara PAGE 6 Justice Prison requise contre l’ex­numéro deux de Servier au procès du Mediator PAGE 13 L’accroissement des inégalités, ça vous choque ? un film de Justin Pemberton et Thomas Piketty D’après le best-seller de Thomas Piketty Éditions du Seuil General Film Corporation & Upside Présentent ACTUELLEMENT AU CINÉMA « UN DOCUMENTAIRE CLAIR, VIVANT, PASSIONNANT » L’Obs 2| INTERNATIONAL JEUDI 25 JUIN 2020 0123 Le vote sur mesure de Vladimir Poutine Une consultation soigneusement orchestrée pourra permettre au président russe de se maintenir au pouvoir moscou ­ correspondant C’ est un exercice inédit et étrange qui se dé­ roule en Russie à partir de jeudi 25 juin : un référendum qui refuse de s’assumer comme tel, un plé­ biscite dont le héros avance mas­ qué. Les mesures prises face au co­ ronavirus, comme l’étalement du vote sur une semaine, font crain­ dre des manipulations supplé­ mentaires. Et au bout du proces­ sus, le 1er juillet, la réforme consti­ tutionnelle offrant le droit à Vladi­ mir Poutine de rester au pouvoir devrait être entérinée sans accroc. L’initiative d’une réforme de la Constitution de 1993 a été prise par M. Poutine lui­même, le 15 jan­ vier, au nom des « changements » réclamés selon lui par le peuple russe. La manœuvre a été menée à très grande vitesse, et les change­ ments constitutionnels adoptés définitivement à la Douma moins de deux mois plus tard. La mesure la plus importante a même été ajoutée au texte quelques heures seulement avant le vote des dépu­ tés : elle permet à l’actuel prési­ dent, au pouvoir depuis 2000, d’y rester après 2024, ce qui lui était théoriquement interdit. En vertu du texte, ses mandats passés sont en effet remis à zéro et il peut ef­ fectuer deux nouveaux mandats consécutifs, hypothèse qu’il avait formellement exclue à plusieurs reprises ces dernières années. Un « menu complet » Le processus devait être entériné par un « vote populaire » initiale­ ment prévu le 22 avril. Celui­ci a été reporté au 1er juillet à cause de l’épi­ démie de Covid­19. Et face à la si­ tuation toujours préoccupante, les opérations de vote sont étalées sur une semaine, à partir du 25 juin. Dès le début, les officiels ont évité le terme de « référendum », préférant tourner autour du champ lexical de la consultation. Une telle procédure existe pour­ tant dans le droit russe et elle s’ap­ plique à une modification de la Constitution. Mais l’exercice est très encadré : il définit précisé­ ment la façon dont la campagne doit être menée, son financement, la présence d’observateurs indé­ pendants, les peines prévues pour les violations… La formule choisie, celle d’un « vote populaire », est bien moins contraignante. Quarante­six amendements constitutionnels sont mis au vote, et les électeurs devront dire oui ou non à l’ensemble. La présidente de la commission électorale a com­ paré cela à un « menu complet », dans lequel « on ne peut pas sépa­ rer le bortsch et les boulettes ». De fait, les sujets abordés sont variés. On distingue d’abord un bloc institutionnel, qui renforce considérablement les pouvoirs du président, en plaçant le judiciaire et la « gestion générale du gouver­ nement » sous le contrôle du Kremlin, de même que la nomina­ tion des ministères stratégiques. En janvier, Vladimir Poutine avait pourtant lancé la réforme en pro­ mettant d’augmenter les pou­ voirs… du Parlement. Un deuxième bloc comprend des mesures avant tout symboli­ ques, d’inspiration conservatrice et nationaliste, qui gravent dans le marbre l’héritage politique et idéologique de M. Poutine. Y figu­ rent, pêle­mêle : la définition de la famille comme l’union d’un homme et d’une femme, la protec­ tion de la « vérité historique », l’ins­ cription des « enfants comme prio­ rité de la politique » russe, l’inter­ diction de la double nationalité pour les fonctionnaires… Dernier bloc, des mesures sociales, symbo­ liques elles aussi, comme l’indexa­ tion des retraites à l’inflation. Officiellement neutres, les auto­ rités ont conduit une « campagne d’information » massive et surtout très orientée en faveur du oui. De façon frappante, les sujets institu­ tionnels ont été largement occul­ tés dans cette communication. A la place, ce sont les thématiques les plus symboliques qui ont été mises en avant, avec des mots d’ordre tels que : « défendons la mémoire de nos ancêtres », « sauve­ gardons la langue russe », « proté­ geons les droits des animaux », « défendons la famille »… Dans sa première version, le site consacré au scrutin avait même « oublié » de mentionner la remise à zéro des mandats présidentiels parmi les points soumis au vote. Résultat, le plébiscite prévu s’opère de manière détournée, comme gênée. A la télévision, les hommes du président évoquent en termes vagues la nécessaire « stabilité » dans un monde troublé. « Plus de pouvoirs que le tsar » Vladimir Poutine a finalement abordé lui­même le sujet, dans une interview à la première chaîne de télévision, diffusée le 21 juin. Le président, 67 ans, a ainsi dit « ne pas exclure » de se représenter en 2024, voulant « éviter que tout le monde soit occupé à chercher des successeurs au lieu de travailler ». De fait, l’avenir de M. Poutine n’est pas réellement éclairci par ce réfé­ rendum : uploads/Politique/ doc110510739-558199352 1 .pdf

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