le journal des étudiants en philosophie de l’université du québec à trois-riviè

le journal des étudiants en philosophie de l’université du québec à trois-rivières volume 8 |janvier 2014 Dépôt légal Bibliothèque et Archives Canada Bibliothèque et Archives nationales du Québec Direction de cette édition : Samuel Jacob-Cloutier Jean-François Veilleux Jean-François Veilleux N’hésitez pas à nous envoyer vos textes philosophiques, commentaires et suggestions à l’adresse suivante : LeLogos@hotmail.com Correcteurs : Daniel Dugas Jean-François Houle Marc-André Lavoie Marilyne Lebel Samuel Lizotte Jean-François Veilleux Collaborateurs : Francis Bergeron Danny Campagna Daniel Dugas Sébastien F. Guertin Jean-François Houle Lucas Hubert Marie-Pier Lemay Samuel Lizotte Jean-François Veilleux Montage de la couverture et mise en page : Aude Max-Gessler Pour lire les numéros antérieurs, voir sur le site www.uqtr.ca/philo dans l’onglet Vie étudiante / Notre journal Table des matières p.4 p.10 p.20 p.26 p.30 p.34 p.40 p.44 p.46 p.54 Francis Bergeron - La démocratie athénienne au Ve siècle av J.-C. Jean-François Veilleux - L’art comme volonté de puissance : Regard sur la philosophie esthétique de Martin Heidegger Daniel Dugas - L’apollinien et le dionysiaque : deux tendances opposées participant à l’évolution de l’art Marie-Pier Lemay - L’approche par les capabilités de Martha Nussbaum Sébastien F. Guertin - Δυάιμελης (Duhaimélès) Marie-Pier Lemay - Analyse de la Préface de la Phénoménologie de l’esprit d’Hegel Jean-François Houle - L’espèce fabulatrice Ou les fondements illusoires du sens Danny Campagna - Manque d’esprit critique ou stupidité volontaire? Lucas Hubert - Est-il éthique de voter? Samuel Lizotte - Analyse de l’Introduction à la Phénoménologie de l’esprit de Hegel La démocratie athénienne au V siècle av J.-C. Par francis bergeron La démocratie athénienne Du VIIIe au IVe siècle avant notre ère, le Monde grec connaît plusieurs changements, que ce soit au niveau du cadre civique, politique, social, religieux ou économique. Les Grecs ont per- mis aux cités de développer leur autonomie. Cela a été possible à l’aide de la polis (la cité-État) qui apportera des mutations im- portantes au sein des autres cités. Cette période se caractérise par une liberté humaine où l’expérience est mise en avant-plan afi n que l’homme puisse s’épanouir. Les Grecs ont également mis en place un système politique où des institutions démo- cratiques sont dans l’intérêt du démos (le peuple). Ces institu- tions sont toujours utilisées dans notre société contemporaine. Avant le Monde grec, on trouvait dans certaines sociétés tri- bales une forme de démocratie. Ce type de démocratie tribale constituait à prendre des décisions au sein de la communau- té ou de la tribu par un consensus. Certaines de ces petites communautés n’avaient pas de chef, les pouvoirs ou les tâches étaient répartis entre les membres de la tribu. Ils vivaient selon une idéologie collective où le vivre-ensemble était la clef du bon fonctionnement de leur microsociété. Donc, il serait fal- lacieux de conclure que la cité d’Athènes ou particulièrement les Grecs sont à l’origine de ce type de système politique, «car ce serait perdre de vue la complexité de la réalité historique et sa spécifi cité»1. Par contre, il ne faut pas négliger le fait qu’Athènes a forte- ment contribué au prestige de ce régime politique en instau- rant ses propres institutions et ses propres lois. Par ailleurs, les Grecs inventèrent un vocabulaire dont les sciences humaines d’aujourd’hui en ont pris les origines, des concepts tels que l’oligarchie, la tyrannie, la monarchie, l’aristocratie et bien sûr la démocratie2. L’étymologie du terme «démocratie» (démos – peuple, kratos - pouvoir) prend tout son sens quand on le dé- cortique, car la démocratie est un pouvoir exercé par le peuple pour le peuple. La mise en place d’un tel régime ne se fait pas sans repos. Des facteurs et des évènements sont à l’origine de ce régime politique. Malgré tout, le Ve siècle av. J.-C. est le siècle où la démocratie athénienne est à son apogée. Cependant, en 431 av. J.-C. (Guerre d’Archidamos), un confl it armé éclate entre les deux puissances grecques, Athènes et Sparte. Ces deux antagonismes se disputent l’hégémonie du territoire grec, ce qui sera la première phase de la Guerre du Péloponnèse. Cet affrontement met en opposition deux ré- gimes politiques différents, d’un côté il y a la démocratie athé- nienne avec une idéologie impérialiste et de l’autre côté, il y a 1 Claude MOSSÉ. Les Grecs inventent la politique. France, Éditions Complexe, 2005. p.149. 2 Idem. p. 5. Sparte, avec un régime oligarchique où la guerre est mise à l’avant-plan. Ainsi, nous posons la question suivante : est-ce que la Guerre du Péloponnèse à a permit la solidifi cation de la démocratie athénienne ou est-ce qu’elle l’a mené à sa perte? Première- ment, il sera question de l’origine des principes démocratiques mise en place dès le VIIIe siècle av. J-C., ce qui permettra de mieux comprendre les facteurs qui ont introduit ce type de ré- gime dans cette société classique. Les acteurs importants, tels que Dracon, Solon et Clisthène, et leurs contributions à l’avè- nement de la démocratie seront démontrés. Deuxièmement, la période de l’«âge d’or» d’Athènes où la démocratie était à son apogée sera expliquée. Cette partie mettra en lumière le côté impérialiste d’Athènes, tel que développé par Périclès, et le mécontentement des cités de la Ligue de Délos, ce qui a remis en question le système d’Athènes. Enfi n, nous verrons en dé- tail la Guerre du Péloponnèse, qui amena la chute d’Athènes, ce qui permettra de mieux cerner les différences entre l’«âge d’or» et l’après-guerre aux alentours de 404 avant notre ère. Cette dernière partie permettra de répondre à notre question et d’évaluer si le régime démocratique d’Athènes était un mo- dèle à suivre. Les politiques d’Athènes à l’origine de la démocratie La démotcratie grecque puise ses origines à partir du VIIIe siècle avant notre ère. Avant d’être un régime démocratique, les mythes nous informent de la présence de monarchie royale gouvernée par un souverain. Ces rois sont souvent représentés dans les œuvres homériques comme étant près du peuple et de la noblesse, mais ceux-ci appartiennent à une aristocratie3. L’un d’entre eux est Thésée fi ls d’Égée, célèbre pour avoir tué le Minotaure du roi de Crète, Minos, aux alentours du XIIe et du XIe siècle Av. J.-C. Vers le VIIe siècle avant notre ère, l’hégémonie des rois grecs est en déclin et ce sont les archontes qui prennent le pouvoir. Ces archontes sont de hauts magistrats qui forment une oli- garchie pour gouverner la cité. Lors de cette période, le peuple avait seulement une fonction consultative au moyen d’une assemblée, l’Ecclésia, et ne participait pas activement à la vie politique4. Malgré ce nouveau type de régime, la cité connaît une période d’instabilité en raison d’une crise politique défi - nie par des inégalités entre le peuple et les aristocrates. À cet effet, le gouvernement doit rapidement réinstaurer le calme dans la cité. Pour arriver à une stabilisation, l’archontat au pou- voir demande au législateur Dracon d’ériger des lois. En de- 3 Marie-Françoise BASLEZ. Histoire politique du monde grec antique : Des temps homériques à l’intégration dans le monde romain, deux milles ans d’« aventure grecque ». France, Édition Arman Colin, 2004. p. 75. 4 Claude MOSSÉ et al. Une histoire du monde antique, Espagne, Bibliothèque historique Larousse, 2005. p. 234. e1 LE LOGOS p.5 hors du Code du roi Hammourabi vers -1756, ceux-ci sont les premières véritables lois écrites et mises en évidence dans la cité. L’utilisation de l’écriture est aussi une innovation pour ce type de société classique, car les législations peuvent être lues par tous ou diffusées par les hérauts. Les lois mises en œuvre par Dracon sont célèbres en raison de leurs sévérités, d’où le terme draconien. En raison d’un contexte économique en pleine expansion, le peuple commence à vouloir participer activement à la vie po- litique de la cité. En -594, l’aristocrate Solon est élu archonte dans une conjoncture de crise économique et sociale. Ces crises, attribuées à une crise agraire, émanent des lois de Dra- con voulant réduire en esclavage les paysans endettés par les hectémores. Ainsi, les paysans devaient donner un sixième de leurs récoltes aux propriétaires terriens, les Eupatrides5. Pour rétablir la paix sociale, Solon met en place une série de réformes qui se rapprochent peu à peu aux principes démo- cratiques que l’on connaît. Considéré comme un arbitre dans cet environnement de crise, il proclame la seisachthénia qui abolit les dettes publiques et privées, rendant ainsi la liberté à ceux qui l’avaient perdue. De plus, il divise la population en quatre classes selon le niveau de richesse et non plus par la naissance. En fait, il ajoute seulement une classe, celle des paysans pauvres sans terre, qui n’avaient pas de représentation publique. Cette classe dite inférieure est exemptée d’impôt et dispensée de servir dans l’armée6. Les plus aisés, les pentaco- siomédimnes, doivent participer à l’épanouissement de la cité, c’est-à-dire servir dans l’armée, participer aux fêtes civiques, fi nancer les services publics et contribuer aux choix politiques. Ce qui est intéressant de Solon, c’est qu’il met par écrit les lois qu’ordonne le gouvernement de la cité, ce qui forme une sorte de constitution. Les lois uploads/Politique/ document-sur-espece-fabulatrice2.pdf

  • 22
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager