Grand Lyon Mission Prospective et Stratégie d’agglomération 7 5 Économie & huma

Grand Lyon Mission Prospective et Stratégie d’agglomération 7 5 Économie & humanisme Le rapport à l’autorité L’essentiel L’essentiel L’essentiel L’essentiel Il y a une double évolution. La tolérance envers certaines conduites est en hausse : de plus en plus de personnes, et en premier les plus jeunes, ne considèrent pas comme injustifiables certains comportements comme l’homosexualité, l’euthanasie, le divorce ou le suicide, ou bien encore le mensonge, la prise de stupéfiants, ou voyager sans ticket. L’ordre, dans le même mouvement, est davantage apprécié : on constate chez les jeunes générations1 une montée de valeurs comme l’effort et la discipline, le respect de l’autorité, la fidélité conjugale, une meilleure confiance envers l’armée et la police, et sont davantage rejetés des comportements comme la fraude fiscale, la perception d’indemnités indues. Toutes les générations condamnent la corruption et l’obéissance aveugle aux consignes. La liberté privée n'apparaît donc plus contradictoire avec l'ordre public, contrairement aux années 1960-1970. C’est que l’État, depuis 1981, n’est plus considéré par une grande partie de la population, l’électorat de gauche, comme représentant d’un ordre social illégitime. Un consensus poli- tique s’est développé qui favorise l’essor de positions extrêmes. À moi la liberté, et l’ordre autour de moi ! Le rapport à l’autorité 1 - Voir le chapitre sur les valeurs des jeunes. 2 - Sociologue à Economie & Humanisme, en remplacement de E.SCHWEISGUTH malade. Exposé du 26 mars 2002. Grand Lyon Mission Prospective et Stratégie d’agglomération 7 6 Économie & humanisme Le rapport à l’autorité Pas de contraintes Chacun semble penser d’abord à son intérêt particulier, à celui de sa famille et de ses amis, comme si le bien commun n’était plus un objet de préoccupation pour beaucoup. On note une montée de l’incivisme : absten- tion politique, irrespect des biens collectifs… Or, dans les enquêtes européennes sur les valeurs, les opinions des Français interrogés montrent certes un déclin des valeurs traditionnelles mais aussi un regain en faveur de règles de vie commune. Sur certains thèmes, on constate une évolution rapide des mentalités. Ainsi le divorce, l’avortement, l’homo- sexualité, le suicide, l’euthanasie, relèvent de choix privés et non plus des instances religieuses ou politiques. Qu’on approuve ou pas ces conduites, la plupart s’accordent à dire que c’est à chacun d’en décider. On ne peut imposer ses propres choix aux autres. Il y a une quasi disparition de la condamnation morale, c’est remar- quable surtout chez les plus âgés et cette évolution court depuis ces deux dernières décennies. Il y a à côté de cela des évolutions plus lentes sur certains principes comme le mensonge dans son propre inté- rêt, l’amour inconditionnel de ses parents quels que soient leurs défauts, la consommation de marijuana ou l’absence de ticket dans les transports en commun. Cette évolution est sensible surtout chez les jeunes. Pensez-vous qu’est injustifiable… ? 1981 1990 1999 L’homosexualité 62 52 32 L’euthanasie 41 35 22 Le divorce 28 23 15 L’avortement 36 33 25 Le suicide 59 53 48 Pensez-vous que… ? 1981 1990 1999 Mentir dans son intérêt est "injustifiable" 66 58 59 L’amour de ses parents est "inconditionnel" 80 77 74 Consommer de la marijuana est "injustifiable" 88 91 84 Voyager sans ticket est "injustifiable" 81 78 77 Est-ce un effet d’âge ? C’est-à-dire que cela passera en vieillissant. Ou bien un effet de génération ? Ce serait l’indice d’un changement durable, d’une nouvelle période. Les plus âgés pensent comme il y a 20 ans lorsqu’ils étaient jeunes. Mais, comme les anciens vont progressi- vement disparaître et que les jeunes ont généralement moins le sens de ces valeurs que leurs parents à leur âge, il faut s’attendre à une permanence de cette évolution, donc à un changement très lent. Mais la surprise des résultats de ces enquêtes, pour un sociologue comme E. Schweisguth et sans doute nombre d’entre nous, vient d’ailleurs. L’exposé L’exposé L’exposé L’exposé L’exposé Georges Decourt 2 Il y a près de 35 ans, en mai 1968, soufflait comme un vent de contestation en France, mais aussi sur les cam- pus américains, à Prague, etc. Depuis on a assisté à la montée de la revendication des libertés individuelles et collectives et à la perte de confiance dans les grandes institutions qui encadraient la pensée : politique, reli- gion, presse. E. Schweisguth fait ressortir de l’enquête sur les valeurs d’abord une tendance au rejet des contraintes mais aussi à un retournement de tendance avec les nouvelles générations. Grand Lyon Mission Prospective et Stratégie d’agglomération 7 7 Économie & humanisme En fait les sondages montrent que par " autorité " les nouvelles générations n’entendent pas l’autorité subie, qu’elles ont d’ailleurs peu connue. Aujourd’hui les parents, les enseignants, les forces de l’ordre, expliquent, dialoguent. Et lorsque cela ne s’est pas fait, la revendication est immédiate : " expliquez et, quand aura com- pris, on obéira ! " Ces générations n’ont pas connu les contraintes sociales des années 1960 ni l’ouverture libérale des années 1970. Elles sont venues au monde au cours de cette période ou plus tard. Ainsi des jeunes pensent qu’il est tout à fait naturel, dans l’ordre des choses, que proviseur, enseignants, parents et délégués d’élèves s’assoient à la même table. Certains croient même que cette règle date du début du siècle dernier… Ce n’est donc pas un retour à l’autorité telle qu’on l’a connue, mais l’exigence d’une autorité pour régler la vie sociale, face à l’incivisme qui me gêne, aux violences qui me touchent, à la délinquance qui me menace. Ce sont des règles collectives pour protéger ma liberté individuelle. Le rapport à l’autorité Pensent que "ce serait une bonne chose de respecter davantage l’autorité" les personnes 1981 1999 nées entre 1946-1954 (jeunes en 1968) 43 67 nées entre 1955-1963 (trop jeunes en 1968) 41 63 nées entre 1973-1981 (les enfants des jeunes de 1968) / 70 Total de la population interrogée 60 69 Un retournement chez les jeunes générations L’opinion dominante s’exprime ainsi : " Je veux être libre et que personne ne me dicte ma conduite ". " La vérité est en moi ". Sans doute, mais comme les libertés des uns se heurtent souvent aux libertés des autres, comment concilier ces libertés individuelles ? On en appelle pour cela à l’autorité. En effet, on constate un arrêt de la chute des opinions rejetant l’autorité. Est-ce un retour à l’ordre tel qu’il était conçu dans les années antérieures ? Est-on allé trop loin et assisterait-on à un retour de balancier ? Cela ne se passe pas en ces termes. Cette évolution est sensible chez les plus jeunes mais aussi les plus âgés. Notons avec E. Schweisguth " qu’au même âge les nouveaux jeunes disent beaucoup plus que leurs devanciers qu’il faudrait un plus grand respect de l’autorité ". Ce changement se traduit par des opinions qui conduisent à une évolution des attitudes. disent qu’ils 1981 1999 ont confiance dans la police 38 58 ont confiance dans l’armée 52 64 condamnent les aventures extra-conjugales 37 60 sont favorables à la fidélité dans le couple 50 85 considèrent la fraude fiscale "injustifiable" 51 58 considèrent les indemnités illicites "injustifiables" 48 55 Grand Lyon Mission Prospective et Stratégie d’agglomération 7 8 Économie & humanisme Changement aussi chez les anciens jeunes de 1968 Avec la montée des valeurs de rigueur chez les jeunes, en comparaison avec les jeunes d’hier qui vivaient dans une société plus contraignante, nous assistons à un changement d’opinion des générations qui ont vécu l’ex- pansion économique jusqu’aux crises pétrolières des années 70 et qui, elles, reviennent à des sentiments d’ordre. Est-ce là encore un effet d’âge ? En vieillissant, les générations contestataires d’hier qui aujourd’hui dirigent la société ne voudraient pas être contestées dans leur autorité ! Est-ce un effet de génération ? Après une pério- de de libéralisation, il y aurait une période de refondation du vivre-ensemble. Ce n’est pas pour rien que ces temps-ci on fait beaucoup mémoire d’autrefois : on célèbre chaque année des anniversaires, non seulement de la Révolution française, mais encore des institutions cinquantenaires nées après guerre, celles qui façonnent encore notre vie commune nationale. Toutefois les réponses à une question montrent bien que le retour au respect de l’autorité n’est pas aveugle et se heurte au sentiment fort de liberté individuelle. " Faut-il toujours obéir aux instructions plutôt que d’exiger d’être convaincu avant de les appliquer ? " Les personnes marquées par 1968 ne le pensent pas ; elles gar- dent un fond d’exigence de liberté individuelle. Toutes générations confondues, la majorité pense qu’il faut être convaincu d’abord avant d’obéir. "L’évolution semble ainsi pouvoir être caractérisée à la fois par la continuation d’une demande de liberté dans la vie privée et par la montée d’une demande de règles dans la vie collective", conclut E. Schweisguth. Irrespect envers l’autorité ? Ces résultats "édifiants" sont contredits par les événements violents de quelques jeunes qui ne respectent plus l’autorité des parents, des enseignants, des policiers et même des pompiers assimilés à des hommes de l’ordre. Il se peut qu’une très petite fraction de la jeunesse actuelle, non représentée de manière uploads/Politique/ textes-valeursautorite.pdf

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