Chapitre I o Définitions, objet et méthode de l’économie politique La plupart d
Chapitre I o Définitions, objet et méthode de l’économie politique La plupart des besoins qu’éprouvent les êtres humains pour se nourrir, se vêtir, se loger, se distraire ou se cultiver ne peuvent pas être satisfaits spontanément, par les seuls bienfaits de la nature. Les hommes doivent donc consacrer du temps et des efforts à exploiter celle-ci et à produire les biens qui répondent à leurs besoins. Ces efforts consistent en un travail qui peut être de nature et d’importance très diverses : cueillette, extraction, activité agricole, fabrication, transport, conservation, etc. C’est cette rareté relative des ressources aptes à satisfaire directement leurs besoins qui oblige les hommes à avoir une activité économique, et c’est à cette activité économique que s’intéresse l’économie politique. Section I M Définitions Elles sont extrêmement nombreuses, chaque économiste étant tenté de forger la sienne Certaines définitions sont fondées sur tel ou tel aspect de l’activité économique. L’économie politique est alors présentée comme la science des richesses, ou la science des échanges, ou la science des prix, ou la science des choix… De ce point de vue, la définition présentée, en 1803, par l’économiste français J.-B. Say, a le mérite d’être simple et synthétique : l’économie politique est l’étude de « la manière dont se forment, se distribuent et se consomment les richesses ». D’autres définitions mettent surtout l’ac- cent sur la rareté, ou sur l’idée de bien-être matériel, ou sur le travail et les rapports sociaux qu’engendre son organisation. Il y a aussi des auteurs qui définissent l’économie politique comme une manière parti- culière d’étudier les comportements humains. La définition proposée ici repose sur une combinaison de ces diverses optiques. Elle a été formulée par E. Malinvaud : « l’économie est la science qui étudie comment des ressources rares sont employées pour la satisfaction des besoins des hommes vivant en société ; elle s’intéresse d’une part aux opérations essentielles que sont la production, la distri- bution et la consommation des biens, d’autre part aux institutions et aux activités ayant pour objet de faciliter ces opérations ». (Leçons de théo - rie micro-économique, Dunod, 1982, p. 1). Cette définition fait apparaître que l’économie politique est une science sociale car elle s’intéresse à l’activité des hommes vivant en collectivi- tés organisées. Les besoins qu’ils éprouvent correspondent, selon le Petit Robert, à des « exigences nées de la nature ou de la vie sociale ». Il s’agit donc, non seulement des besoins essentiels du corps humain (besoins d’alimentation, de vêtements, de logement ou de santé), mais aussi de besoins à caractère plus psychologique, qualifiés parfois de besoins d’ac- complissement : besoins de formation, d’éducation, de confort, de INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE POLITIQUE 12 culture, de loisirs, de création, de conditions de vie agréables, etc. Certains besoins sont individuels, c’est-à-dire ressentis par les individus en tant que tels ; d’autres sont collectifs car éprouvés par un groupe : besoin d’entretien des parties communes pour les occupants d’un immeuble collectif, besoin d’éclairage public pour les habitants d’une ville, besoin d’ordre public et de défense nationale pour ceux d’un pays, etc. Un besoin ne présente un caractère économique que si sa satisfac- tion nécessite des moyens matériels ou financiers. Ainsi, le besoin d’air, qui est pourtant le plus impérieux, n’est pas un besoin économique dès lors que l’air est disponible naturellement. Par contre le besoin d’air en bouteille du plongeur sous-marin devient un besoin économique. De même, le besoin de justice n’est pas un besoin économique lorsqu’il ne fait référence qu’à un principe moral ; par contre il devient un besoin économique lorsqu’il implique des tri bunaux, prisons, magi s t rat s , avocats, greffiers. L’intensité, la nature et ladiversité des besoins ressentis par les individus varient énormément selon leurs goûts et, surtout, leur niveau de vie. Mais les besoins individuels et collectifs sont aussi fortement influencés par le niveau de développement et les traditions socio-culturelles des sociétés. Ainsi, la plupart des besoins éprouvés aujourd’hui par la population française étaient-ils complètement inimaginables au Moyen âge ! De même, alors que les besoins des populations pauvres des pays du Tiers- monde consistent d’abord à atteindre le minimum physiologique indis- pensable à leur survie, les couches aisées des pays développés ressentent plutôt des besoins de confort, d’espace, d’air pur, de loisirs, de vacances, ou de places de stationnement pour les voitures dans les villes. Mais dans tous les cas, l’économie politique s’intéresse à la manière dont les indi- vidus et les sociétés organisant leurs efforts en vue de satisfaire leurs besoins. DÉFINITIONS, OBJET ET MÉTHODE DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE 13 Section II M Objet Il est nécessaire de comprendre les principaux aspects et ressorts de la vie économique, afin d’en déduire des explications et des recommanda- tions susceptibles d’aider les pouvoirs publics à prendre des décisions. Or la vie économique est effroyablement complexe car elle est consti- tuée, chaque jour, d’innombrables opérations de production, d’achats et de ventes, de versements de rémunérations, de prêts et emprunts, d’échanges extérieurs, etc. qui, au niveau d’un pays, sont considérées et analysées en termes de résultats globaux et sous l’angle des problèmes qu’elles peuvent soulever, qu’il s’agisse d’une croissance économique jugée insuffi s a n t e, du ch ô m age, de l’infl ation ou de déficits du commerce extérieur. Le rôle des économistes est alors de décrire la vie économique, principalement à partir de données statistiques ; de mettre en évidence des interactions entre variables économiques ; d’établir des diagnostics et des prévisions ; de proposer des solutions aux problèmes qui se posent ; de prévoir les conséquences de diverses mesures envisa- gées et d’apprécier celles des décisions adoptées. Mais tous les économistes ne font pas le même métier. Beaucoup exer- cent leur activité dans des administrations chargées d’élaborer des statis- tiques, des prévisions ou des études destinées à guider l’action des pouvoirs publics ; d’autres occupent des fonctions du même genre dans des organismes internationaux ; d’autres sont au service d’entreprises, d’organismes financiers ou d’organisations professionnelles. Il y a encore les enseignants de sciences économiques, dont le rôle est d’aider leurs élèves à éclaircir les mystères de cette discipline particulièrement complexe ; mission à laquelle s’ajoutent pour certains d’entre eux – surtout les universitaires – des travaux d’analyse théorique ou appliquée (qui donnent lieu à des livres et à des articles de revues) ou des études qui leur sont confiées par des organismes nationaux ou internationaux. Il c o nvient de mentionner aussi les journalistes spécialisés dans les INTRODUCTION À L’ÉCONOMIE POLITIQUE 14 questions économiques : leurs informations et leurs analyses diffusent une culture économique accessible à un large public. Pour certains économistes, la science économique doit se limiter à l’étude de mécanismes. Ils estiment que pour rester véri t ablement objective et m é riter son ap p e l l ation de science, il faut qu’elle se situe sur un plan stri c- tement positif et tech n i q u e : observation des faits, re ch e rche d’ex p l i c at i o n s et de déductions logiques, mise en évidence des conséquences pure m e n t économiques de dive rs types de mesures qui peuvent être env i s agées pour r é s o u d re tel ou tel pro bl è m e. Pour d’autres économistes, il faut partir de l’idée que la sphère économique est incluse dans une sphère plus large qui englobe l’ensemble des activités humaines. Les activités économiques n’ont donc de sens que par rap p o rt aux hommes et la science économique doit être env i s agée surtout comme une science sociale. Elle comporte à la fois un aspect positif et un aspect norm atif et, même s’ils doivent être soi- gneusement distingués, aucun des deux ne doit être négligé. Le second conduit les économistes à s’interroger sur le sens pro fond de leur disci- pline et à considérer que la production de ri chesses, aussi fo n d a m e n t a l e s o i t - e l l e, n’est pas une fin en soi ; que le « m i e u x - ê t re » n’est pas unique- ment lié au « plus avo i r ». Selon cette conception, la science économique n’a pas seulement pour objet la re ch e rche de l’efficacité maximale (maxi- m i s ation de la production, des gains retirés de l’éch a n ge, ou des bénéfi c e s ; combinaison optimale des fa c t e u rs de pro d u c t i o n ; production au moindre coût, etc.). Elle doit plutôt se présenter comme une véri t able é c o n o m i e politique et tenir compte des incidences écologiques, sociales et humaines de l’orga n i s ation et des conditions de fonctionnement de l’activité écono- m i q u e. Elle est conçue comme devant aider les sociétés à progre s s e r, non seulement sur uploads/Politique/ eintroecopol-11.pdf
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- Publié le Aoû 18, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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