DISCOURS DE M. VALÉRY GISCARD D'ESTAING À LA PORTE DE PANTIN, LORS DU DEUXIÈME
DISCOURS DE M. VALÉRY GISCARD D'ESTAING À LA PORTE DE PANTIN, LORS DU DEUXIÈME TOUR DES ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES, PARIS, DIMANCHE 3 MAI 1981. 3 MAY 1981 - SEUL LE PRONONCÉ FAIT FOI Mes chers amis, - Vous êtes devant moi plus de 120000 venus de toutes les régions et de toutes les profondeurs de la France, représentant tous ses talents et toutes ses activités, pour la plus grande réunion de la campagne présidentielle. - Pourtant, je ne m'adresserai qu'à une seule personne : - Madame, - Les Françaises et les Français m'ont confié votre sort il y a sept ans. Je me suis efforcé de bien vous servir. Malgré les tensions et les menaces, je vous ai permis de vivre en paix. Malgré la crise, qui vous a fait souffrir, j'ai cherché à poursuivre votre progrès. J'ai répondu à votre besoin de justice. Je vous ai représentée dignement dans le monde et je devrais dire plutôt, nous vous avons représentée dignement dans le monde. Vous me dites que mon action n'a pas été parfaite. Je le sais. - Si j'ai commis des erreurs d'appréciation, je ne les nierai pas. La simplicité et la franchise sont les armes secrètes de la démocratie. Mon intention a toujours été de faire face aux difficultés que vous rencontriez. Je suis prêt, si vous m'en jugez digne, à vous servir à nouveau. Je tirerai les leçons de ce que j'ai vu, connu et entendu pendant sept ans pour mieux faire. - Madame la France, je ne fais plus campagne pour moi, je fais campagne pour vous. Parce que j'ai parcouru le monde, parce que je connais les difficultés, je sais que votre sort est menacé. Je vais expliquer à mes frères et soeurs, les Françaises et les Français, tout ce qui est en jeu. Chacun doit pouvoir tout comprendre et tout savoir. Aucun d'eux ne doit être méprisé ou ignoré. Et je suis sûr qu'ils choisiront ce qui est le meilleur pour vous.\ Mesdames, mesdemoiselles, messieurs, mes chers amis, vous avez maintenant une décision grave à prendre. Elle doit être dictée par les grands problèmes nationaux. - Je ne pense pas que ces problèmes soient au-dessous de la dignité des candidats, ni au-dessus de l'intelligence des électeurs. Pourtant, personne d'autre ne vous en parle. D'ici la fin de la campagne, je ne vous parlerai que d'eux. - je n'attaquerai ni aujourd'hui, ni plus tard, mon adversaire `François Mitterrand` dans cette campagne. Cela n'éclaire par le débat, mais cela offense la dignité de la fonction à laquelle nous sommes candidats. Je ne vous recommande pas de désigner pour Président de la France quelqu'un qui utilise l'insulte comme arguments. Désigner n'est pas proposer. Critiquer n'est pas conduire. - Les mots calculés pour séduire tout le monde, finissent par n'attraper personne. Nous comparerons devant vous, mardi soir, dans un débat direct à la télévision, la valeur des solutions que nous proposons pour la France. Si mon concurrent souhaite se faire accompagner par quelque témoin que ce soit, je n'y fais pas d'objection. Le débat ne peut être que loyal, puisqu'il aura trente-six millions de Français pour témoins. La règle doit être la clarté.\ Voici donc l'enjeu de votre choix : Davantage d'Etat ? Moins d'Etat ? C'est, en quatre mots, le centre du débat. - Davantage d'Etat, ou moins d'Etat, cela veut dire : - plus ou moins d'intervention £ plus ou moins de bureaucratie £ plus ou moins de contrôles £ et cela entraîne inévitablement : -plus ou moins d'impôts £ plus ou moins de cotisations sociales £ plus ou moins de liberté pour ceux qui travaillent et pour les individus. - Mon adversaire vous propose : davantage d'Etat. - Je vous propose : moins d'Etat. - Dans leur immense majorité, les Français ont choisi la liberté. C'est ce qu'a confirmé la campagne `campagne électorale` du premier tour. Or, certains d'entre eux s'apprêtent, sans le savoir, à voter contre leur liberté. Pourquoi ? Parce qu'on cherche à le leur dissimuler.\ Que veut, en réalité, l'opposition ? Je vous rappelle certaines de ses propositions écrites. A l'égard des agriculteurs, les offices fonciers cantonaux. C'est écrit. - A l'égard des cadres, la fin de la retraite des cadres. C'est écrit. - A l'égard des petites et moyennes entreprises `PME`, le retour immédiat aux contrôles. C'est écrit. Et, pour ce qui concerne M. Marchais, la fin des petites et moyennes entreprises. Il l'a dit et chacun de vous a pu l'entendre. - A l'égard du secteur productif - grandes entreprises, moyennes entreprises, petites entreprises, - une augmentation de 33 % du SMIC au mois de juin. C'est dit, sous une forme confuse, mais c'est dit et aucune de nos entreprises n'a la force d'y résister sans faillite. - A l'égard des exportateurs, le contrôle des changes £ c'est écrit. - A l'égard de l'ardente jeunesse française, qui veut circuler librement dans le monde, la fermeture progressive de certaines facilités à nos frontières ! - A l'égard des contribuables, une augmentation fantastique des dépenses, qu'il faudra bien payer d'une façon ou d'une autre. Si c'est par l'impôt sur le revenu, il faut le tripler. Si c'est par l'ensemble des charges obligatoires - cotisations sociales, taxe à la valeur ajoutée - elles passeront de 42 %, ce qui est déjà trop, à plus de 50 % ! - A l'égard des parents, un service monolithique d'éducation, supprimant la liberté d'enseignement et la liberté de choisir son école. C'est également écrit.\ Et tout ceci n'est pas le plus grave ! - Le plus grave, c'est le trouble politique, c'est le gâchis économique et social, c'est le déclin de la France ! Après l'élection présidentielle, la dissolution de l'Assemblée nationale, un gouvernement transitoire, puis de nouvelles élections se prolongeant jusqu'en juillet, en-raison du calendrier. C'est le désordre politique. Je l'aurai évité pendant sept ans. Ni dissolution, ni crise. Il commencera, ce désordre politique dans le premier mois du nouveau septennat, que j'appellerai alors le septennat d'autrefois. - C'est aussi le gâchis économique. L'acquis d'années d'efforts - n'est-ce pas, monsieur le Premier ministre `Raymond Barre` ? - l'acquis d'années d'efforts sera dilapidé en quelques mois. Ni les entreprises, ni l'économie ne résisteront au torrent des dépenses et des charges, et l'on verra repartir en avant l'inflation et le chômage ! - C'est enfin l'abaissement de l'autorité de la France sur la scène internationale. Le Président élu grâce aux voix communistes ne disposerait d'aucune autorité, ni vis-à-vis de l'Europe, où il serait seul dans son cas, ni vis-à-vis de notre allié, les Etats-Unis d'Amérique, dont on connaît les choix politiques récents, ni vis-à-vis de l'Union soviétique, avec laquelle nous devons poursuivre le dialogue par la paix, à condition de le fonder sur notre puissance et sur notre indépendance. - Après vingt-trois ans d'influence dans le monde, la France rentrerait dans le rang des pays en déclin, ces pays qui ne sont pas loin de nos frontières et dont l'information vous apporte quotidiennement les images. Et si ce devait être le sort de la France, alors, je vous le dis franchement, je préfèrerais que ce soit un autre Président de la République qui le fasse !\ Les Françaises et les Français, vous, mes chers amis, vous voulez tout le contraire. Au-cours de ces dernières semaines, j'ai parcouru la France, j'ai rencontré des dizaines de milliers d'entre vous, j'ai perçu vos réactions, j'ai compris vos attentes. - Vous souhaitez : l'union des Français £ la libération des forces productives £ une France plus juste £ une France forte et paisible. Pour tout dire, la France de l'espoir, et non celle du déclin. - Vous souhaitez d'abord l'union. Le premier tour de la campagne présidentielle fait inévitablement se concurrencer les tendances amies. Chacun le fait avec ardeur. C'est normal. Il ne peut pas en être autrement. Mais ne prolongeons pas le premier tour. Le second tour est celui de l'union. Il m'impose des devoirs et il vous en impose aussi. Mon devoir est de créer les conditions de l'unité et de tenir compte des aspirations exprimées au-cours de la campagne, quelle que soit la tendance qui les ait présentées. Il n'y aura pas, je vous l'indique, les bien aimés du premier tour et les mal aimés du second tour. Même si vous vous êtes donné beaucoup de peine pour moi, vous devez comprendre que l'exigence de l'unité est plus forte que tout autre considération. Tous seront traités de la même manière, cordiale, franche et chaleureuse, dès lors qu'ils auront assuré le succès de la France !\ La famille gaulliste est l'un des grands courants permanents de la politique française. Elle a toujours servi la France dans la guerre comme dans la paix. C'est pourquoi j'ai besoin de son -concours, pour assurer le maintien des institutions de la Vème République. assurer le maintien des institutions de la Vème République. - Dans cette élection, je suis le seul - je suis le seul ! - à pouvoir maintenir l'héritage institutionnel du Général de Gaulle. Je suis le seul, et non son uploads/Politique/ elysee-module-5102-fr.pdf
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- Publié le Oct 02, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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