Nicolas MEssYasZ / ciRic Attractivité La question migratoire est un sujet parti

Nicolas MEssYasZ / ciRic Attractivité La question migratoire est un sujet particulièrement délicat, surtout en période de chô- mage massif. Lors de sa cam- pagne, le candidat Hollande s’était contenté d’annoncer une « lutte implacable » contre l’immigration illégale et avait promis une « sécurisation » de l’immigration légale. Évitant soigneusement la question électoralement sensible des flux de migration économique (professionnelle et étudiante), il s’était néanmoins engagé à un débat annuel au Parlement fixant un cap en fonction de la conjoncture. Celui-ci devrait avoir lieu prochainement, après que les députés auront fini d’examiner le projet de loi autorisant le mariage homo- sexuel, qui a bousculé leur calendrier de travail. Un document préparatoire censé nourrir les discussions a été rendu public la semaine dernière. Il pose la question de savoir comment renforcer « l’attractivité » de la France et faciliter le recrutement de ressortissants extracommu- nautaires hautement quali- fiés dont les entreprises ont besoin et qu’elles ont du mal à trouver sur le marché intérieur. En soulignant la « contribution » économique des migrants à la société fran- çaise et l’enjeu de compéti- tivité qu’ils représentent, il donne une orientation dé- cisive aux débats à venir en évitant qu’ils ne se limitent à la question de l’immigration illégale, un phénomène réel mais somme toute marginal bien qu’humainement lourd. On doit se réjouir de cette approche plus apaisée des migrations qui se profile à travers ce document de tra- vail. Elle vise à réguler – ce qui est légitime dans un État de droit – l’installation des per- sonnes étrangères sur le ter- ritoire national. Elle conduit toutefois à s’interroger sur les conséquences pour les pays d’origine ainsi privés de leurs « élites ». Par ailleurs, le débat parlementaire ne pourra passer sous silence les autres volets de la politique migratoire, qu’il s’agisse du regroupement familial ou de l’accueil de travailleurs non estampillés « à haut poten- tiel » et que cherchent pour- tant certains secteurs d’acti- vité. Pour ceux-ci aussi, les critères d’attribution – et les motifs de refus éventuels – des titres de séjour et des permis de travail méritent d’être cla- rifiés et objectivés. Éditorial par Dominique Greiner Comment attirer des talents en France ? P. 5 mardi 16 avril 2013 Quotidien n° 39558 1,50 € venezuela Sa victoire très serrée promet à Maduro des jours difficiles P. 9 exPosition Frissons de romantisme noir au Musée d’Orsay P. 20 D. R. Cahier central Sciences&éthique Les autotests du VIH-sida pourraient être autorisés en France serviCes P Annonces légales P. 22 Bourse P. 23 Carnet-Météo-Mots croisés P. 22 Liturgie P. 27 Télévision P. 24 130e année-ISSN/0242-6056. – Imprimé en France – Belgique : 1,50 € ; Canada : 4,99 dollars ; Espagne : 2 € ; Grèce : 2 € ; Italie : 2,40 € ; Luxembourg : 1,50 € ; Maroc : 20 MAD ; Portugal (Cont) : 2,20 € ; Suisse : 3 CHF ; Zone CFA : 1 500 CFA ; DOM : 2,20 € Cardinal Vingt-Trois L ’entretien bilan À la veille de quitter la présidence de la Conférence des évêques de France, l’archevêque de Paris explique dans « La Croix » les enjeux auxquels est confrontée l’Église catholique P. 2-3 En 2012, à Paris. 2 mardi 16 avril 2013 Événement ENTRETIEN Cardinal andré Vingt-trois, archevêque de Paris, président de la Conférence des évêques de France « On n’est pas français et automatiquement catholique » d Après deux mandats à la tête de la Conférence des évêques de France, dont l’Assemblée plénière s’ouvre aujourd’hui à Paris, le cardinal André Vingt-Trois n’est pas rééligible. d Il dresse un état de l’Église de France, entre mobilisation contre le « mariage pour tous » et avenir des communautés chrétiennes. il y a un an, La Croix qualifiait l’église en France de « fragile mais vaillante ». Vous retrouvez-vous dans cette formule ? Cardinal André Vingt-Trois : Jean-Paul II disait que la France était le pays de la sainteté. Cet hé- ritage glorieux peut se révéler pe- sant si l’on a la mauvaise idée de se comparer au passé, en oubliant que cette profusion de sainteté était cantonnée dans une partie assez restreinte de la population. Frédéric Ozanam, dont nous fêtons le bicentenaire de la naissance, a certainement des héritiers mécon- nus et pas encore promus sur les autels ! Je pense à ce groupe de jeunes professionnels parisiens (La Croix du 24 décembre 2012) qui a lancé un projet de cohabita- tion avec des personnes sans do- micile fixe. Il existe aussi de nom- breuses initiatives, peu visibles, en matière d’accompagnement scolaire, d’alphabétisation… De ce point de vue, on peut dire que l’Église en France est vaillante. En tout cas, qu’elle est vivante, enra- cinée dans la prière, et pleinement intégrée à l’Église universelle. l ’église de France est-elle fragile ? Card. A. V.-T. : Je l’espère ! Sa ressource principale, ce n’est pas son patrimoine mais sa fragilité, le fait qu’elle repose sur la force de Dieu. Pour que la puissance de Dieu se manifeste en nous, il faut que nous éprouvions notre faiblesse. Celle-ci doit être appa- rente pour qu’il soit clair que ce n’est pas nous qui évangélisons, mais le Christ. Cependant, je ne crois pas qu’il y ait en France, dans les corps intermédiaires, beau- coup d’organisations capables, comme l’Église, de rassembler des millions de personnes chaque semaine. La messe dominicale demeure, dans une société de fragmentation et de désintérêt pour le collectif, l’un des rendez- vous les plus suivis. Qu’est-ce qui a mobilisé votre énergie depuis six ans ? Card. A. V.-T. : L’un des objectifs, avec mes deux vice-présidents, Mgr Laurent Ulrich et Mgr Hippolyte Simon, était de faire vivre à la confé- rence épiscopale une expérience de communion et de solidarité, d’enrichissement et de tolérance mutuels. Ce qui n’est pas forcément évident, étant donné la lourdeur mécanique d’un travail avec plus de 100 évêques. À Rome, lors des visites ad limina cet automne, j’ai pu constater que nos interlocuteurs remarquaient notre unité. Non que nous soyons d’accord sur tout, mais nous sommes capables d’assumer des différences sans briser la com- munion épiscopale. avez-vous eu le sentiment de préparer les catholiques aux changements à venir du fait de la baisse du clergé et la montée en responsabilité des laïcs ? Card. A. V.-T. : L’Église en France est confrontée à des mutations au- trement plus importantes que la question du ratio entre prêtres et fidèles. Elle est confrontée à une question cruciale d’évangélisation qui résulte de l’effacement progres- sif des traces de références chré- tiennes dans la culture moderne. Peu à peu, les orientations chrétiennes deviennent un particularisme cultu- rel. Or, notre expérience ecclésiale française véhicule une vision incons- ciente d’une coïncidence entre l’Église et la société, entre l’Église et le pouvoir. Coïncidence qui n’est plus revendiquée de façon symétrique depuis la Révolution française. Il faut intégrer l’idée que l’on n’est pas fran- çais et automatiquement catholique. Nous sommes passés d’un christia- nisme sociologique à un christia- nisme de choix. Ceci me semble être la transformation la plus importante, à laquelle nous sommes très inéga- lement préparés. C’est sur ce point qu’il faut aider les catholiques à évo- luer et à prendre conscience de leur particularité s’ils veulent exercer leur mission à l’égard de tous. Quelle peut être la place des catholiques dans la société, au-delà de la posture de contestation qui a été souvent la leur dans le débat sur le « mariage pour tous » ? Card. A. V.-T. : Votre question supposerait que le débat politique épuise toutes les possibilités de dé- bat dans la société. Heureusement, un nombre important de catho- liques prend sa part du débat poli- tique. Mais c’est peut-être un travers français que de penser que tout débat collectif est forcément poli- tique. Or, certaines questions concernant l’existence humaine et l’avenir de l’homme ne se réduisent pas à des options politiques. Sur le chômage ou la fin de vie, l’Église doit jouer un rôle qui n’est pas ce- lui d’un acteur politique : elle pro- voque la réflexion et oblige le po- litique à prendre conscience ppp d Reportée en raison du conclave, l’Assemblée plénière de printemps de la Conférence des évêques de France (CEF) ne se tient pas à Lourdes mais à Paris, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à jeudi. d Elle sera marquée par l’élection du successeur du cardinal André Vingt-Trois à la tête de la Conférence épiscopale. d Tandis que l’adoption de « la loi sur le mariage pour tous » devrait être au cœur du discours d’ouverture, ce matin, le nouveau statut de l’enseignement catholique pourrait être adopté jeudi. Cardinal André Vingt-Trois. « Nous sommes passés d’un christianisme sociologique à un christianisme de choix. » OLIVIER CORSAN / LE PARISIEN 3 ÉvÉnement mardi 16 avril 2013 qu’il n’est pas le tout de l’homme. Surtout quand le politique croit avoir les solutions de la vie éternelle : il supporte mal qu’il existe d’autres visions du monde que la sienne. Que peut-on dire à tous les uploads/Politique/ lacrx-20130416.pdf

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