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#06$)&4%63)¶/&&57"3 -FKPVSOBM MFQMVT DIBOUÉ EF'SBODF .BSEJKBOWJFSO›   å 27926 - 0119 - 1,40 € +VHÉQPVSQSJTFT JMMÉHBMFTEJOUÉSÊUT  GBWPSJUJTNFFU EÉUPVSOFNFOUT  MBODJFONBJSF EF7FMBVY BODJFO EÉQVUÉ14QVJT13( FUFYQSÉTJEFOU EV4EJTBGGJSNF RVJMiBJEBJUUPVU MFNPOEFu.ÊNF EFTFNQMPJTGJDUJGT 1 1 40$*"- ¬EVDBUJPO ÉOFSHJF FUDVMUVSFEBOT MBSVFBVKPVSEIVJ &OTPVGGSBODF MFTTVSWFJMMBOUTEFDPMMÌHFT FUMZDÉFTFUMFTBDUFVSTDVMUVSFMTFYJHFOUEFT SÉQPOTFTEVHPVWFSOFNFOU-FTÉOFSHÉUJDJFOT SFGVTFOUMFEÉNBOUÌMFNFOUE&%'1 1 +645*$& +FBO1JFSSF.BHHJ MFDMJFOUÉMJTNF FOQSPDÌT 1)050%$ 1)050.( -FTWJDUJNFTQBSMFOU QPVSRVFÈB TBSSÊUF */$&45& 1)050"'1 -FMJWSFEF$BNJMMF ,PVDIOFSBMJCÉSÉ MBQBSPMFTVS MJODFTUF1PVS i-B.BSTFJMMBJTFu EFTWJDUJNFTEFMB SÉHJPOUÉNPJHOFOU    1FU -FQMVTBUUBDIBOUEFTSÃMFVST &/1-&*/&1"/%¬.*& 4BOPGJTVQQSJNF QPTUFT&OUSFUJFO1 1)050"'1 +&"/1*&33&#"$3*  -IPNNF GJHVSFEVUIÉÃUSFFUEVDJOÉNBGSBOÈBJT PDDVQBJUVOFQMBDFEFDIPJYBVQSÌTEVQVCMJD QPVSTFTSÓMFTEBOUJIÉSPTSPODIPOTFUEÉTBCVTÉTNBJTQSPGPOEÉNFOUIVNBJOT4POEÉDÌT EFTTVJUFTEVODBODFSBEÉDMFODIÉVOFQMVJFEIPNNBHFT1 1 -B.BSTFJMMBJTFNBSEJKBOWJFS  -¬7¬/&.&/5 ¬%*503*"- -ÉP1VSHVFUUF 1BSMFS QPVSRVF ÈBTBSSÊUF ● Terribles et glaçants, les témoignages des victimes de violences sexuelles intrafamiliales sont aussi bouleversants de courage que de dignité. Le livre de Camille Kouchner qui révèle les sévices infligés à son frère jumeau par leur beau- père, Olivier Duhamel, a indéniablement changé la donne. Si son récit se déroule dans la haute bourgeoisie et concerne une personnalité publique, il fait néanmoins écho chez de très nombreuses victimes d’inceste. Issus de tous milieux sociaux et de tous les territoires, ces femmes, ces hommes, prennent la parole en nombre sur les réseaux sociaux pour dire l’indicible. $POUJOFOU JNNFSHÉ Leurs paroles, leurs écrits font surgir sous nos yeux un continent de vécus jusque-là immergé sous un océan de silence, de douleur et de honte.  Pour beaucoup, il est trop tard pour demander justice. Parce que leur violeur est mort ou parce que le délai de prescription est écoulé. Le nombre de victimes qui regrettent de ne pas avoir pu parler plus tôt suscite désormais un questionnement sur l’imprescriptibilité de ces faits. Ce débat doit avoir lieu. Mais d’ores et déjà la force de ces témoignages, c’est de faire trembler les agresseurs d’aujourd’hui, de faire comprendre aux enfants qui vivent l’inceste qu’ils sont des victimes et de permettre à leurs proches qui savent, de rompre l’omerta. Plus personne ne peut minorer à présent l’ampleur des violences sexuelles intrafamiliales et les conséquences terribles sur celles et ceux qui les subissent. Merci à toutes celles et ceux qui parlent pour que ça s’arrête. /PO ÈBOBSSJWFQBT RVBVYBVUSFT-JODFTUF FYJTUFFO'SBODFFUNÊNF TJMBIPOUFSPOHFMFT WJDUJNFTRVJOPTFOUQBT QBSMFS MBQBSPMFTFMJCÌSF FOGJOTVSVOUBCPVCJFO QMVTQSÉTFOURVFDFRVF MPOQFVUDSPJSF U n hashtag, le déclic. « Je lis les commentaires, je me reconnais et je pense à tous ceux qui continuent à le vi- vre », explique Angéline*. À 48 ans, cette mère de fa- mille a encore du mal à parler de ce qui lui est arrivé, petite. Mais il le faut. « J’avais 7 ans quand l’inceste a commencé, je dormais dans le lit de mes pa- rents. Le lendemain, mon père a fait comme si de rien n’était », témoigne cette habitante de Meyreuil, la voix enrouée. Elle poursuit : « Après, c’étaient des attouchements jusqu’à mes 14 ans ». Son père touche sa poi- trine, ses fesses, se « frotte » à elle. Il est alcoolique et les bat, elle et sa mère. À 14 ans, elle « prend [sa] vie en main » et porte plainte. Pas pour l’inceste, mais pour les coups. Elle est placée à la DDAS et son père est incar- céré. « C’était une libération », assure Angéline. C’est dans le foyer qu’elle se rendra compte de l’horreur . Avant cela, elle ne pouvait pas mettre de mots sur ce qui lui était arrivé. Dès ses 16 ans, elle s’installe avec son mari actuel, alors ap- prenti. Ils se débrouillent comme ils peuvent. Quatre ans plus tard, toujours hantée par ce secret qui la ronge de l’inté- rieur, elle avoue tout à sa mère par téléphone. Elle cherchait « un appui », des mots pour la ré- conforter et lui dire que ce n’était pas de sa faute, qu’elle n’a rien à se reprocher… C’est le contraire qui se produit. « Tu n’imagines pas toutes ces an- nées de ma vie que tu as gâchées », lui rétorque sa mère. « Bizarrement, j’arrive à par- donner à mon père, mais ma mère non, c’est trop dur », s’émeut la quadragénaire. Avant son décès, Angéline tente de renouer contact avec son bourreau. « Vous vous êtes re- mémoré le bon vieux temps ? », lui demande sa mère. « J’ai vo- mi pendant trois jours », se rap- pelle Angéline. Le chemin de la reconstruc- tion est dur et jamais réelle- ment terminé. « Ça me hante toujours », affirme celle qui a suivi deux thérapies de 5 ans chacune. « Ce qui est dur pour moi c’est de voir mes collègues qui confient leurs enfants à leurs grands-parents, je ne pourrai jamais faire ça ». Pour Laure*, MekareLeel, telle qu’elle se fait appeler sur Twitter, c’est aussi compliqué de construire une vie « nor- male ». Cette quadragénaire de Marseille avoue ne pas s’être complètement libérée de ce qu’elle a vécu enfant et adoles- cente. Son bourreau à elle, c’était son cousin. Puis plus tard, son beau-père. %FTBUUPVDIFNFOUTBVWJPM Tout commence alors qu’elle n’a que 7 ans. Son cousin, âgé de six ans de plus qu’elle, com- mence par des attouchements. « Nous allions toujours en va- cances chez mon oncle et ma tante et c’est là que mon cousin a com- mencé à exercer sa sexualité sur moi ». Pendant deux étés consé- cutifs, son cousin la touche, em- brasse son sexe jusqu’au jour où il finit par la violer avec son doigt. « J’avais très mal, j’étais honteuse et j’ai complètement oc- culté et oublié ce qu’il s’était pas- sé. Il disait qu’il m’aimait et je le croyais », continue-t-elle. « Il me semble que j’ai gardé ça pour moi et que je n’en ai parlé à per- sonne, mais c’est très flou ». Après des années d’oubli, le cousin de cette féministe enga- gée tombe dans le coma. MekareLeel a 15 ans et c’est à ce moment-là que tout remonte. « J’ai eu le courage d’en parler à ma mère qui m’a soutenue. Je ne l’ai dit que des années plus tard à mon père car c’était mon cou- sin du côté paternel ». Elle pour- suit : « J’ai aussi été victime des attouchements et remarques dé- placées de mon ancien beau-père qui était un gros beauf de base, à l’humour plus que douteux ». Après trois dépressions, la jeune femme est aujourd’hui sur « le long chemin personnel de la ré- appropriation de soi, du corps et de la confiance en soi ». Ce sont des « petits riens un peu con », selon elle, qui font que chaque jour elle avance. C’est aussi grâce à « l’homme formidable » qui l’accompagne au quotidien. -1JFU"-I  -FTQSÉOPNTPOUÉUÉDIBOHÉT *ODFTUF EBOTMF4VEBVTTJ -JODFTUF MVOEFTQMVTHSBOET UBCPVTEFMBTPDJÉUÉGSBOÈBJ TF 4FMPOMBMPJ MFTWJPMTFUMFT BHSFTTJPOTTFYVFMMFTTPOU RVBMJGJÉTEJODFTUVFVYMPST RVJMTTPOUDPNNJTQBSi6O BTDFOEBOU VOGSÌSF VOF T‘VS VOPODMF VOFUBOUF VO OFWFVPVVOFOJÌDF MFDPO KPJOU MFDPODVCJOEVOFEFT QFSTPOOFTTVTNFOUJPOOÉFT BVYPVMFQBSUFOBJSFMJÉQBSVO QBDUFDJWJMEFTPMJEBSJUÉBWFD MVOFEFDFTQFSTPOOFT TJMB TVSMBWJDUJNFVOFBVUPSJUÉ EFESPJUPVEFGBJUu "WFDi-BGBNJMJBHSBOEFu  $BNJMMF,PVDIOFSOPNNF MJOOPNNBCMF6O'SBOÈBJT TVSFTUWJDUJNFEJODFTUFFU UPVTMFTNJMJFVYTPOUUPVDIÉT -FIBTIUBH.F5PP*ODFTUF MJCÌSFMBQBSPMFEFEJ[BJOFTEF NJMMJFSTEFWJDUJNFTIBOUÉFT EFQVJTEFTBOOÉFT.BJTBMPST RVFMFEÉMBJEFQSFTDSJQUJPO QPVSMFTDSJNFTTFYVFMTTVS NJOFVSTFTUEFBOTEFQVJT  DFSUBJOTSÉDMBNFOUMFVS JNQSFTDSJQUJCJMJUÉ .BOJGFTUBUJPODPOUSF MFTWJPMFODFT TFYVFMMFTÅ"KBDDJP  MFKVJMMFU 1)050"'1 i+BWBJTBOT RVBOEMJODFTUF BDPNNFODÉ KF EPSNBJTEBOT MFMJUEFNFT QBSFOUTu "OHÉMJOF i*MNFUPVDIBJU  NFNCSBTTBJUMF TFYFQVJTNB WJPMÉFBWFDTPO EPJHUu .FLBSF-FFM NBSEJKBOWJFS-B.BSTFJMMBJTF  -¬7¬/&.&/5 JMFTJMFODFTFCSJTFFOGJO &/53&5*&/ 3BOEBM%PBBOT FMMFFTU TFYPUIÉSBQFVUFFUUIÉSBQFVUF EFDPVQMFÅ1PSUEF#PVD EBOT MFT#PVDIFTEV3IÓOFEFQVJT BOT&MMFHÌSFÉHBMFNFOU MBOUFOOFNBSTFJMMBJTFEF MBTTPDJBUJPOOBUJPOBMF'BDF ÅMJODFTUF &MMFTFYQSJNFTVSVOGMÉBVFODPSF UBCPV EPOUFMMFBFMMFNÊNFÉUÉ WJDUJNF La Marseillaise : En tant que théra- peute, comment définiriez-vous l’in- ceste ? Randal Do : L’inceste est un crime de lien avec des conséquences plus ou moins im- portantes. La victime a été trahie, mani- pulée par une personne de son entourage qu’elle aimait. En général, l’agresseur est un homme et lorsqu’une victime arrive à en parler, c’est en moyenne 18 ans après les faits. Lors de mes consultations, je me rends compte qu’une grande majorité de patients ont été victimes de ce genre de violences mais ont du mal à l’exprimer par manque de connaissance mais aussi à cause d’une perte totale de confiance en soi. C’est pour cela qu’à travers l’associa- tion Face à l’inceste, nous demandons au gouvernement de se saisir de ce scandale sociétal caché parce qu’il touche au sacro- saint familial. Pourquoi certains membres de la famille gardent le silence ? R.D. : Le choc de la nouvelle peut faire que ça paralyse, parce qu’on explose son quo- tidien et ça implique pour une mère par exemple, de quitter l’homme qu’elle aime malgré tout. C’est difficile parce que tou- tes les mères et femmes ne sont pas des lionnes qui protègent leur enfant coûte que coûte, alors elles se taisent. Donc on oublie complètement l’enfant victime, dans cette situation il ou elle va devoir grandir comme ça et c’est ce qui détruit et peut anéantir jusqu’au suicide, qui con- cerne entre 30 et 40% des victimes. Le hashtag #MeTooInceste sorti sur les réseaux sociaux peut-il aider à la libération de la parole ? R.D. : Oui, c’est aussi un moyen pour les victimes de savoir qu’elles ne sont pas seu- les. Mais il faut que le gouvernement agisse et se saisisse de l’affaire. Avec l’associa- tion, nous avons une liste de 30 actions à met- tre en place le plus rapidement possible. Nous sommes prêts depuis des années en ce qui concerne la protection de l’enfance, nous travaillons notamment avec les cen- tres uploads/Politique/ ench-pdf-nogrp.pdf

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