Exposé Science Po BERTRAND-TROUVÉ Maguelone CARAYON Marianne HE Fei ACTEURS DE

Exposé Science Po BERTRAND-TROUVÉ Maguelone CARAYON Marianne HE Fei ACTEURS DE LA POLITIQUE INTERNATIONALE Séance n°1 : L’État dans le système international Introduction « J’appelle système international l’ensemble constitué par des unités politiques qui entretiennent les unes avec les autres des relations régulières et qui sont susceptibles d’être impliquées dans une guerre générale ». Cette définition de Raymond ARON, politologue français, de 1962 correspond à une définition classique du système international. En effet, dans cette conception il apparaît clairement que c’est l’État-nation qui est la base du système international, du fait qu’il est le seul à pouvoir mettre en œuvre une certaine diplomatie avec les autres États, ce que Raymond ARON appelle les « relations régulières », et à déclencher ou s’engager dans une guerre. En effet, un État-nation est un concept politique où l’État, le territoire et le pouvoir institutionnel coïncident avec une nation, une population qui aurait un même socle ethnique et culturel, et la diplomatie est une conduite de négociation ou reconnaissance entre des personnes, des groupes ou des nations. Ainsi, si l’État n’était pas rattaché à une nation, il ne pourrait pas avoir de relations diplomatiques. Quant à la guerre, elle se définit comme une lutte armée entre États, montrant là encore que seul l’État correspond à l’ « unité politique » dont parle Raymond ARON. Cette approche n’est pas inédite. En effet, elle s’inspire de CLAUSEWITZ qui, dans son œuvre De la guerre, exprime le fait que « la guerre est la politique continuée par d’autres moyens », et par conséquent cantonne la politique au seul exercice qu’un État peut en faire. C’est une théorie que beaucoup d’auteurs partagent, notamment Robert KEOHANE qui déclare que « la théorie institutionnaliste suppose que les États sont les principaux acteurs de la scène internationale et qu’ils agissent en fonction de leurs intérêts », en mettant en avant le rôle des institutions internationales. Ainsi, pour bon nombre d’auteurs d’inspiration réaliste, l’État est au cœur même du système international. En effet, si l’État peut connaître différentes définitions selon la nature de l’observateur, il n’en reste pas moins qu’il est aujourd’hui la forme la plus aboutie que prennent les sociétés. De plus, ces éléments constitutifs sont unanimement établis comme étant un pouvoir souverain, un territoire, une population et la reconnaissance des autres États. Ainsi, le sociologue va voir dans l’État une société politique qui résulte du fait qu’une collectivité humaine s’est fixée sur un territoire déterminé, cette collectivité étant relativement homogène et régie par un pouvoir institutionnel qui détient le monopole de la contrainte organisée, notamment celui de la force armée. Le juriste verra l’État comme une personne morale titulaire de la souveraineté, c’est-à-dire le caractère suprême du pouvoir étatique qui est un droit originaire et suprême, en ce sens qu’il ne dérive d’aucun autre droit et qu’il n’a pas d’égal dans l’ordre interne, ni de supérieur dans l’ordre international. Mais l’État peut également désigner l’ensemble des organes politiques, autrement dit les gouvernants, par opposition aux gouvernés. Enfin, depuis la création de concept d’État, un bon nombre d’auteurs ont eu l’occasion d’exprimer leur conception de l’État. Ainsi, pour Karl MARX c’est un appareil oppressif au service de la classe dominante, c’est-à-dire un instrument de la bourgeoisie en vue de l’exploitation du prolétariat. C’est pourquoi l’instauration d’une société sans classes doit entraîner le dépérissement de l’État alors que, pour HEGEL, l’État est la plus haute réalisation de l’idée divine sur terre. En effet, il le considère comme la forme suprême de l’existence sociale et le produit final de l’évolution de l’humanité, il revêt donc une réalité spirituelle. "1 Exposé Science Po BERTRAND-TROUVÉ Maguelone CARAYON Marianne HE Fei Ces deux exemples ne sont qu’une infime démonstration de l’hétérogénéité des points de vue qui peuvent exister quant à la conception de l’État, État qui donc est le seul à pouvoir faire partie du système politique selon Raymond ARON. Mais Les théoriciens, qu’ils soient politologues, géographes, économiste ou juristes, ont des conceptions très différentes de celui-ci. En effet, le système politique est surtout utilisé en théorie des relations internationales, en géopolitique et en droit international pour désigner, principalement les relations entretenues par les divers États entre eux qui sont, pour Mohammad-Reza DJALILI et Philippe BRAILLARD, des acteurs privilégiés. Ces relations étant très changeantes au cours de l’Histoire, cette dernière a vu de nombreux « systèmes internationaux » défiler, comme le système de Westphalie après la guerre de Trente ans, un système bipolaire lors de la guerre froide, ou depuis celle-ci un système multipolaire. Ainsi, on remarque que le concept de système international émerge à la suite des traités de Westphalie. En effet, ces traités sont la première forme de diplomatie que le monde ait connue. Pour la première fois, les grands États d’Europe se retrouvent autour d’une table de négociation, tout cela dans le respect de la souveraineté de chaque État. C’est ce qui définira, et définis encore les relations internationales. Trois traités de paix furent signés en 1648. Le premier fut la Paix de Münster, signé le 30 janvier 1648 entre l’Empire espagnol et les Provinces Unies, mettant ainsi fin à la guerre de Quatre-Vingts Ans. Le traité de Münster fut signé entre l’Empereur du Saint-Empire romain germanique et la France, ainsi qu’entre leurs alliés respectifs. Il fut signé le 24 octobre 1648, tout comme le traité d’Osnabrück, signé entre l’Empereur du Saint-Empire romain germanique et l’Empire suédois. Ces deux derniers traités mettent fin à la guerre de Trente Ans, premier grand conflit des temps modernes, qui opposa les grands États d’Europe de 1618 à 1648. Ce sont ces deux traités qui vont marquer le début de l’ère westphalienne. En effet, outre le fait qu’ils attribuent un certain nombre de territoire au Royaume de France et au Royaume de Suède, laissant l’Allemagne dans une situation d’émiettement tel qu’elle n’aura plus de rôle politique jusqu’à l’arrivée de BISMARCK, les traités de Westphalie vont également introduire un certain nombre de concepts directeurs des relations internationales comme l’équilibre des puissances, aucun État n’est supérieur à un autre, l’inviolabilité de la souveraineté nationale comme dit précédemment, et le principe de non-ingérence dans les affaires d’autrui. Va donc apparaître l’État moderne avec des frontières biens délimitées et respectées. Ces concepts vont faire de la souveraineté absolue un principe fondamental de l’État en droit international. De plus, c’est de ces concepts que l’idée de Nation va naître, du fait de l’indépendance de chaque État sur son territoire. On voit donc apparaître avec Westphalie la conception classique que l’on a des relations internationales. C’est pourquoi on va parler de système westphalien. Mais ce système va être mis à mal au fil de l’Histoire, et c’est finalement tout le système international qui avait été mis en place à l’aune de ces traités qui va s’effondrer après la Seconde Guerre Mondiale, avec l’avènement d’un nouveau monde du fait de la guerre froide : un monde bipolaire. En effet, après la Seconde Guerre Mondiale, l’Europe est affaiblit, et les deux grands gagnants de la guerre vont se trouver être les États-Unis d’Amérique et l’Union des Républiques socialistes soviétiques (URSS). On est alors face à deux superpuissances, nouveau concept né de la puissance et du rayonnement des deux États. Ces superpuissances se caractérisent, pour Philippe BRAILLARD et Mohammad-Reza DJALILI, par la capacité de destruction massive et planétaire avec l’arme nucléaire, par le fait d’être potentiellement concernées par tout évènement se produisant sur n’importe quel point du globe, et enfin, le fait d’être invincibles, hormis face à l’autre superpuissance. On est donc bien face à un système dit bipolaire, rien n’est supérieur aux deux puissances, et rien ne peut être fait sans qu’elles en soient affectées. Les enjeux sont clairs, et chacun doit choisir son camp, bien que les nouveaux États décolonisés, dit le tiers monde, eux se veulent neutres avec leur politique de non alignement sur les blocs. "2 Exposé Science Po BERTRAND-TROUVÉ Maguelone CARAYON Marianne HE Fei Mais ces États ne vont pas être assez puissants face aux superpuissances du fait de leur désunion, et leur politique va donc échouer. La chute du mur de Berlin en 1989, qui entraînera la chute de l’URSS en 1991, et donc laissera les États-Unis comme seule superpuissance, va faire tomber ce système et la vision bipolaire que l’on avait du monde. La chute de l’une des deux superpuissances rend sa rivale obsolète. Sans un ennemi à sa hauteur, la superpuissance est fragile et instable, car la puissance se trouve dans la puissance. La guerre froide permettait un équilibre des forces. Ainsi, toute l’intervention des États-Unis se retrouve injustifiée, moins soutenue, et plus contestée du fait de sa difficulté à faire face aux nouveaux défis. Avec l’effondrement de l’URSS, le reste du monde peut se développer, sans être sous l’ombre d’un des deux blocs. On va alors voir se développer un monde multipolaire, avec des États qualifiés de puissances, du fait de leur capacité à avoir un impact sur la scène internationale, mais pas de superpuissances. Désormais, la puissance ne va plus être mesurée en terme de capacité uploads/Politique/ expose-1-l-etat-dans-le-systeme-international.pdf

  • 22
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager