Mots. Les langages du politique 94 (2010) Trente ans d’étude des langages du po

Mots. Les langages du politique 94 (2010) Trente ans d’étude des langages du politique (1980-2010) ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Henri Boyer Les politiques linguistiques ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. 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Référence électronique Henri Boyer, « Les politiques linguistiques », Mots. Les langages du politique [En ligne], 94 | 2010, mis en ligne le 06 novembre 2012, consulté le 01 janvier 2014. URL : http://mots.revues.org/19891 ; DOI : 10.4000/mots.19891 Éditeur : ENS Éditions http://mots.revues.org http://www.revues.or g Document accessible en ligne sur : http://mots.revues.org/19891 Ce document est le fac-similé de l'édition papier. © ENS Éditions Mots Les langages du politique N° 94 novembre 2010 Trente ans d’étude des langages du politique (1980- 2010) ouvrage coordonné par Paul Bacot, Marlène Coulomb-Gully, Jean-Paul Honoré, Christian Le Bart, Claire Oger, Christian Plantin SOMMAIRE Paul Bacot, Marlène Coulomb-Gully, Jean-Paul Honoré, Christian Le Bart, Claire Oger, Christian Plantin Le discours politique n’est pas transparent. Permanence et transformations d’un objet de recherche 5 OUTILS ET ENJEUX DU DISCOURS POLITIQUE Ruth Amossy, Roselyne Koren Argumentation et discours politique 13 Christian Plantin Argumentation-rhétorique. Les eaux mêlées 23 Caroline Ollivier-Yaniv Discours politiques, propagande, communication, manipulation 31 Marc Bonhomme La caricature politique 39 Paul Bacot Développement et diversification d’une onomastique politique 47 Ruth Wodak The Discursive Construction of History. Brief Considerations 57 Henri Boyer Les politiques linguistiques 67 LIEUX DE LA PRODUCTION DU DISCOURS POLITIQUE Christian Le Bart Parler en politique 77 Dominique Maingueneau Le discours politique et son « environnement » 85 Alice Krieg-Planque, Claire Oger Discours institutionnels. Perspectives pour les sciences de la communication 91 Sophie Béroud, Josette Lefèvre Le corpus syndical. Une expérience au long cours 97 Corinne Gobin, Jean-Claude Deroubaix L’analyse du discours des organisations internationales. Un vaste champ encore peu exploré 107 François de la Bretèque Le retour de la parole politique dans le cinéma français 115 Jean-Claude Soulages Vie et mort du citoyen cathodique 125 Jacques Guilhaumou Les discours de la Révolution française. Aperçu d’ensemble d’un trajet de recherche (1980-2009) 133 DISCIPLINES ET CHAMPS DE RECHERCHE POUR L’ÉTUDE DES LANGAGES DU POLITIQUE Philippe Braud L’apport de la science politique à l’étude des langages du politique 143 Claire Blandin L’apport de l’histoire des médias à l’étude des langages du politique 149 Jean-François Tétu, Bernard Lamizet Les SIC et les langages du politique 155 Sylvianne Rémi-Giraud Sémantique lexicale et langages du politique. Le paradoxe d’un mariage difficile ? 165 Marlène Coulomb-Gully, Juliette Rennes Genre, politique et analyse du discours. Une tradition épistémologique française gender blind 175 Johannes Angermüller Analyser le discours politique en Allemagne (1980-2010) 183 Érik Neveu L’apport de Pierre Bourdieu à l’analyse du discours. D’un cadre théorique à des recherches empiriques 191 Roselyne Ringoot Questionner le discours avec Michel Foucault. Actualisations théoriques et actualité éditoriale 199 ENTRETIEN Maurice Tournier Mots et politique, avant et autour de 1980 211 La revue Mots. Les langages du politique encourage l’usage des rectifications de l’or- thographe proposées par le Conseil supérieur de la langue française et approuvées par l’Académie ( Journal officiel, n° 100, 6 décembre 1990). Henri Boyer Les politiques linguistiques Dans le monde contemporain, la diversité de traitement des contacts de deux ou plusieurs langues au sein du même espace sociétal, parlées par des com- munautés linguistiques (Labov, 1976) différentes, est étonnante (voir par ex. Boyer et Dumont, 1987). Et s’il est un domaine où la sociolinguistique, sous l’appellation de sociolinguistique appliquée, a acquis par le caractère théra- peutique de ses interventions une importante légitimité sociale, c’est bien celui des politiques linguistiques. Il est le plus souvent question de politiques linguistiques institutionnelles, mais il ne faut pas oublier que les interventions sur les questions de langue(s) ne sont pas l’apanage des États : des structures associatives locales, des orga- nisations non gouvernementales, des collectivités territoriales comme cer- taines régions en France (au travers de politiques publiques spécifiques en faveur de langues « minoritaires » et/ou « régionales ») peuvent fort bien, pré- cisément dans les cas de problèmes linguistiques sociétaux plus ou moins importants, tenter de peser par une action de nature militante ou/et réglemen- taire sur la situation sociolinguistique concernée. Politique, planification, aménagement… linguistique : l’ émergence de la sociolinguistique appliquée La notion de politique linguistique, appliquée en général à l’action d’un État1, désigne les choix, les objectifs, les orientations qui sont ceux de cet État en matière de langue(s), choix, objectifs et orientations suscités en général (mais pas obligatoirement) par une situation intra- ou intercommunautaire préoccu- pante en matière linguistique (on songe à l’Espagne au sortir du franquisme ou à la Yougoslavie de Tito) ou parfois même ouvertement conflictuelle (comme c’est le cas de la Belgique aujourd’hui). L’expression politique linguistique employée ici comme entrée dans ce sous-champ de la sociolinguistique qu’est la sociolinguistique appliquée (à la gestion des langues) semble avoir été Université Montpellier 3, DIPRALANG henri.boyer@univ-montp3.fr 1. Le no 52 (septembre 1997) de Mots. Les langages du politique était intitulé, sur la première de couverture : Politiques linguistiques et, dans le sommaire, L’État linguiste. Mots. Les langages du politique n° 94 novembre 2010 • 67 Henri Boyer utilisée tardivement (dans les années soixante-dix du 20e siècle) à la fois aux États-Unis et en Europe (Calvet, 1996, p. 6), bien après celle de planification linguistique, traduction de language planning dont la paternité revient, selon Louis-Jean Calvet (1996, p. 4), à Einar Haugen (1959), expression qui se verra par la suite concurrencée par normalisation linguistique (Aracil, 1965, pour le domaine catalan-espagnol) et aménagement linguistique (Corbeil, 1980, pour le domaine québécois-francophone). Enfin Jean-Baptiste Marcellesi et Louis Guespin proposent le terme glottopolitique avec, semble-t-il, le souhait d’élar- gir la qualification afin d’« englober tous les faits de langage où l’action de la société revêt la forme du politique » (Guespin, Marcellesi, 1986, p. 5)2. Aspects techniques et juridiques Les notions recensées correspondent pour l’essentiel à deux niveaux d’inter- vention (et donc d’analyse) en matière de gestion des langues. Car pour qu’une politique linguistique (comme toute politique publique : éducative, sanitaire, environnementale…) ne s’arrête pas au stade des déclarations et passe à l’ac- tion, il faut qu’elle mette en place un dispositif et des dispositions : on passe à un autre niveau, celui de l’intervention concrète, et c’est alors qu’on peut parler de planification, ou d’aménagement ou de normalisation linguistiques. À cet égard, une politique linguistique peut : – concerner telle langue dans ses formes : il peut s’agir alors d’une inter- vention de type normatif (visant, par exemple, à déterminer une forme stan- dard, à codifier des fonctionnements grammaticaux, lexicaux, phonétiques…, ou encore à modifier une orthographe, etc., et à diffuser officiellement les [nou- velles] normes ainsi fixées auprès des usagers) ; – concerner les fonctionnements socioculturels de telle langue, son sta- tut, son territoire, face aux fonctionnements socioculturels, au(x) statut(s), au(x) territoire(s) d’une autre/d’autres langue(s) également en usage dans la même communauté, avec des cas de figures variables (complémentarité, concurrence, domination, etc.). Une politique linguistique peut aussi présenter une double visée : linguis- tique et socioculturelle, et les deux types d’intervention évoqués sont alors par- faitement solidaires. C’est ce qu’on entend par normalisation en Espagne dans la période actuelle où, en Catalogne par exemple, la normalisation sociolinguis- tique officielle du catalan implique la prise en compte de la normativisation lin- guistique (grammaticale, lexicale, orthographique…), déjà largement réalisée 2. Dernièrement, Louis-Jean Calvet a introduit un degré supplémentaire dans le paradigme : celui de la « politologie linguistique ». Considérant les politiques linguistiques comme des « pratiques », Calvet souhaite œuvrer pour « une science [politique] de ces pratiques, la politologie linguistique » (2002, p. 10). Néanmoins l’ensemble des analyses contenues dans l’ouvrage qui affiche ce projet continuent de se focaliser essentiellement sur la mondialisation et les politiques linguistiques. 68 • Trente ans d’étude des langages du politique (1980-2010) dans le premier tiers du 20e siècle ainsi que l’enrichissement terminologique permanent (Boyer, 1996, p. 103-104) et par ailleurs la promotion de normes d’usage du catalan dans tous les domaines de la vie sociale. La normalisation est pour les sociolinguistes catalans la seule réponse pertinente à la dyna- mique de substitution que ne manque pas de créer un conflit diglossique en faveur de la langue dominante, conformément aux hypothèses de L. V. Aracil : […] une véritable normalisation ne peut jamais se limiter aux aspects « purement » linguistiques, mais elle doit prendre en compte en même temps un tas de facteurs clairement « sociaux » et uploads/Politique/ henri-boyer-mots-19891-94-les-politiques-linguistiques.pdf

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