I – Un aperçu global de l'histoire contemporaine De 1789 à l’après 1989 La libe
I – Un aperçu global de l'histoire contemporaine De 1789 à l’après 1989 La liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix (1830). On voit que la démocratie a été construite sur les cendres d'un ancien ordre établi, et non de manière pacifique... De la périodisation en Histoire On divise l'histoire en plusieurs périodes, c'est la périodisation : Histoire contemporaine > 1789 révolution française Histoire moderne > 1492 découverte des Amériques Histoire médiévale > 476 Histoire de l’antiquité > - 3000 Préhistoire Sur quels critères ces périodes sont définies ? Chaque nouvelle période débute par une rupture profonde. Il y a un avant/après cette date. La première rupture nous concernant : la modernité Nous partageons plus de caractéristiques avec la modernité qu'avec l'âge médiévale. Par exemple, nous somme « plus contemporains » de Michel Ange que des peintres médiévaux dans nos techniques de représentation. Mais ce n'est pas la seule rupture. En 1 1492, la société a bien évolué sur divers aspects : technique, social, politique, scientifique, artistique... · La rupture est d'abord épistémologique, c'est avant tout une rupture dans le savoir. Avant 1492, la vérité venait des livres saints, de la révélation. Le savoir était l'exclusivité d'un nombre réduit de personnes (clergé et pouvoirs religieux en général). L'empirisme prend le pas, ce qui conduit inévitablement à un conflit de légitimité entre Dieu et l'observation. L'invention de l'imprimerie (rupture technique) contribuera à diffuser les connaissances vers ceux qui en étaient privés avant (dans des proportions encore modestes). · La rupture est également socio-économique : à partir de l'an 1000, la société sort progressivement de la féodalité (état agraire et décentralisé) grâce entre autres à un développement important des villes. La structure hiérarchique pyramidale (Clergé/Noblesse/Tiers-État) est renversée par les citoyens (littéralement ceux qui vivent dans la cité) qui ne s'insèrent pas dans le modèle féodal. Ceci implique un besoin plus grand de centralisation, une monnaie unique, une unification (encore relative) des langues... Le commerce et l'artisanat prennent un essor considérable, c'est l'apparition des secteurs secondaires et tertiaires qui vont créer plus de richesse. Une nouvelle doctrine politique : l'absolutisme Paradoxalement, au moment où le savoir empirique remet en cause l'importance de la religion, les formes de pouvoir évoluent également. Le pouvoir, très fragmenté et partagé au Moyen-Âge devient tout à fait concentré dans des monarchies où le roi en exerce tous les attributs : la législation, la justice, et l'administration. Ces monarchies sont également qualifiées de droit divin : le roi tient son pouvoir de la volonté de Dieu, et représente l'incarnation de celui-ci sur terre. Nous tenons certes bien des choses de la modernité d'un point de vue épistémologique et socio-économique, mais ce n'est pas encore trop ça au niveau de la politique... Il va falloir appliquer cette révolution des savoirs à la politique ! Carte de l’Europe en 1789 2 De la contemporanéité de la révolution En 1789, le système politique est complètement chamboulé. Finie la monarchie ! Si Dieu ne détient plus le monopole du savoir, pourquoi détiendrait-il celui du pouvoir ? La révolution qui s'opère est Copernicienne : l'Homme reconsidère sa position dans l'espace, y compris politique... La base de légitimité du pouvoir est chamboulée, le peuple devient « souverain ». De nos jours, c'est toujours le cas. Si un peuple choisi de sortir de l'UE, qu'il en soit ainsi : il est souverain. Comme en 1789, nos sociétés sont convaincues de cette souveraineté populaire. Voilà pourquoi nous sommes quelque part des contemporains de la révolution française… Une démocratie directe ? Le peuple souverain Le déclenchement de la révolution opère une table rase (tabula rasa) du passé, et rejette en bloc l’ancien régime et l’absolutisme. La révolution qui s’opère est avant tout politique. Il faut tout réinventer : à travers le territoire, on unifie les poids et mesures, ainsi que les droits. On va revenir sur tous les privilèges et les mesures considérées comme illégitimes prises par l’ancien régime, et diminuer les pouvoirs et propriétés de l’aristocratie et de l’Église. Cette révolution a une vocation universaliste, cependant, tous les pays d’Europe ne l’entendent pas de cette oreille… Une coalition contre-révolutionnaire initiée par l’aristocratie Européenne se met doucement en place. En 1762, Jean-Jacques Rousseau, dans Du contrat social jette les bases d’une nouvelle doctrine politique. L'œuvre a constitué un tournant décisif pour la modernité et s'est imposée comme un des textes majeurs de la philosophie politique, en affirmant le principe de souveraineté du peuple appuyé sur les notions de liberté, d'égalité, et de volonté générale. Pour lui, il ne faut pas céder à la tentation de l’anarchie remplaçant l’investiture divine. Il voit plutôt une alternative dans une organisation politique qui serait issue d’un consentement mutuel, d’un ensemble de règles contraignantes fondées sur la participation et l’élaboration commune pour un bon vivre-ensemble. C’est une façon particulière de concevoir la souveraineté du peuple : d’un côté on détruit l’absolutisme monarchique, pour le remplacer par un absolutisme populaire qui peut également avoir ses limites… (dictature de la majorité sur la minorité, rejet du parlementarisme…) On peut dire que la révolution qui s’opère est, en un sens, copernicienne : à la manière de l’astronome Nicolas Copernic, on change le centre de perception du pouvoir, comme il l’a fait pour l’univers (en passant d’un modèle géocentrique à un modèle héliocentrique). On passe d’une conception d’un peuple complètement à l'extérieur des processus politique à un retournement de situation où il se retrouve au cœur des décisions. Le peuple français passe du statut de sujet du roi à celui de citoyen , et le pouvoir politique se fonde désormais sur la représentation. Cependant, cette représentation n’est pas tout à fait en accord avec la philosophie originelle de la révolution, qui prône une démocratie directe, et implique un risque de sousreprésentation des minorités dans toute leur diversité, qui n’auront d’autre choix que de suivre la majorité populaire… 3 Une autre composante majeure de la Révolution Française est le rejet des collectivités au profit d’une individualisation de la citoyenneté. Durant l’Ancien Régime, le processus décisionnaire se déroule à travers ce qu’on appelle les ÉtatsGénéraux : composés par le Clergé, la noblesse et le Tiers-état (qui dans les faits représente plutôt les intérêts de la bourgeoisie des villes), les États-Généraux sont une “assemblée” convoquée de manière exceptionnelle par le Roi en situation de crise, qui a une fonction de conseil et d’expression des doléances. La révolution française va transformer ces États-Généraux en Assemblée Nationale, dont les membres n’auront plus un mandat impératif, mais représentatif, et qui proclameront le peuple souverain. Ce rejet des collectivités s’exprime aussi à travers le rejet du clergé et la disparition d’une religion d’État. En ce sens, l’émancipation du peuple juif est rendue possible par la révolution française : la religion, qui était une affaire politique, devient une affaire personnelle qu’aucun dogme ou absolutisme ne peut remettre en question. On exige désormais la symétrie au sein de l’état Français : les droits doivent être les mêmes pour tout le monde, ainsi que la langue et les usages (poids, mesures…). On pourrait penser que la révolution française se base sur le constat d’une égalité traduite en politique, mais ce n’est pas le cas. La société de 1789 est très inégalitaire sur les richesses, le savoir… La noblesse était fondée sur des droits de conquête et sur l’hérédité, mais certaines voix montent au créneau pour affirmer qu’une vraie égalité ne peut se fonder sur de telles préconceptions. Le Tiers-État, c’est tout le monde, et le système à 3 ordres doit disparaître pour fonder une vraie égalité. C’est la Nation qui proclame cette égalité, qui n’est pas un fait, mais un objectif. En définitif, la révolution française n’est pas fondée sur l’égalité, mais la fonde. Après 1789, on cherche à tendre un maximum vers cet idéal du peuple souverain, dont la logique ultime serait la légitimité plébiscitaire d’une République. Cependant, le plébiscite n’est pas sans risque (c’est l’outil favori des dictateurs…) et pose plusieurs questions : le peuple peut se tromper, où exercer une vraie dictature sur les minorités. Cependant, on tente de prévenir ces risques en instaurant de nombreux garde-fous de la démocratie pour éviter une tyrannie majoritaire… On défend plutôt à travers le parlementarisme, l’idée de nation au sens large pour tenter d’éviter cela. Le gouvernement représentatif n'exécute pas tous les caprices du peuple, mais cherche à œuvrer pour le bien commun. La démocratie n'est pas le droit des majorités à disposer des minorités : celles-ci ont des droits que la démocratie doit protéger. L’obsession contemporaine du populisme renvoie à cette “peur du peuple” et de ses caprices, cette peur d’un écrasement de la minorité par la majorité. C’est de la Révolution que naît ce phénomène de crainte de la consultation populaire : le peuple est-il capable ? Est-il suffisamment éduqué pour prendre des décisions dans l’intérêt collectif et dans son propre intérêt (exemple du Brexit) ? Il y a une contradiction élémentaire de la démocratie depuis 1789 : on sait toujours ce qui est bon pour le peuple, et on se doit de l’éduquer (idée de uploads/Politique/ histoire-contemporaine-l-x27-ere-des-absolutisme.pdf
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- Publié le Jul 25, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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