Julien GONZALEZ Trop d’émigrés ? Regards sur ceux qui partent de France Mai 201
Julien GONZALEZ Trop d’émigrés ? Regards sur ceux qui partent de France Mai 2014 www.fondapol.org Le progrès, c’est nous ! 24 heures non stop ! www.fondapol.org La Fondation pour l’innovation politique est un think tank libéral, progressiste et européen. Président : Nicolas Bazire Directeur général : Dominique Reynié La Fondation pour l’innovation politique publie la présente note dans le cadre de ses travaux sur la croissance économique. Trop d’émigrés ? Regards sur ceux qui partent de France Julien GONZALEZ 24 heures non stop ! Le progrès, c’est nous ! Le progrès, c’est nous ! Le progrès, c’est nous ! Julien GONZALEZ Diplômé de l’IAE d’Aix-en-Provence et de Sciences Po Aix, ancien stagiaire de la Fondation pour l’innovation politique, Julien Gonzalez (27 ans) est responsable des affaires économiques d’un syndicat professionnel, à Marseille. Il est intervenu lors de l’événement « 24 heures non stop, Le progrès, c’est nous ! », organisé par la Fondation pour l’innovation politique à la Mutualité, pour présenter cette note et proposer ainsi de débattre d’un nouveau sujet : l’émigration. @Ju_Gonza fondapol | l’innovation politique 6 Trop d’émigrés ? Regards sur ceux qui partent de France 7 RÉSUMÉ Au cours des deux dernières décennies, la globalisation des échanges s’est accompagnée d’une accélération des flux migratoires. Mais aux traditionnels mouvements de populations des pays du Sud à destination des pays du Nord, s’ajoutent aujourd’hui des migrations de travailleurs qualifiés entre les pays de l’OCDE. Dans les années qui viennent, les États devront alors avoir à gérer l’émigration tout autant que l’immigration, dans un contexte international de plus en plus concurrentiel. Pourtant, l’analyse du traitement de la question migratoire en France laisse apparaître une absence quasi-totale de prise en compte de l’émigration. Il n’existe aucune comptabilité officielle, seulement des estimations : plus de deux millions de Français vivraient en dehors du territoire national, et la tendance semble clairement à la hausse. Une émigration française existe donc bel et bien, et doit être appréhendée par les pouvoirs publics dans sa globalité, en tant que phénomène recouvrant divers profils. Les chercheurs, les détenteurs de patrimoine, les entrepreneurs, ou encore les jeunes diplômés, autant d’éléments productifs dont l’entreprise France se prive, et qui font la richesse de nations concurrentes. Il est alors temps de s’interroger sur les raisons qui poussent de plus en plus de nos compatriotes à quitter leur pays natal. Se priver de s’en inquiéter serait un luxe que la situation actuelle ne permet pas. 8 9 UN CONTEXTE INTERNATIONAL FAVORABLE À LA MOBILITÉ DES FACTEURS DE PRODUCTION Globalisation et mobilité des facteurs de production Accélération des échanges mondiaux et des flux migratoires En 2010, le monde comptait 214 millions de migrants, contre 150 millions à l’aube des années 90, soit une augmentation de près de 43 % en l’espace de deux décennies 1. Pour prendre la mesure du phénomène, on notera que si les migrants se constituaient en un État, il s’agirait du cinquième pays le plus peuplé au monde, après la Chine, l’Inde, les États-Unis et l’Indonésie, et devant le Brésil ou des pays comme le Japon et la Russie. Les migrations internationales s’accompagnent également de transferts d’argent de plus en plus importants ; selon la Banque mondiale, les fonds rapatriés par les migrants dans leur pays d’origine en 2010, étaient estimés à 440 milliards de dollars (ils étaient évalués à 101 milliards en 1995, c’est-à-dire une évolution de + 336 %), alors que les sommes expatriées des pays d’origine à destination des pays d’émigration s’élevaient à 282,5 milliards de dollars en 2009 contre 97,5 milliards en 1995, soit une augmentation de 190 %. Pour l’année 2009, la migration mondiale a engendré des transferts de fonds de 698,5 milliards de dollars, ce qui correspond à 1,2 % du PIB de l’ensemble 1. Ces données sont fournies par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Trop d’émigrés ? Regards sur ceux qui partent de France Julien GONZALEZ Responsable des affaires économiques d’un syndicat professionnel fondapol | l’innovation politique 10 de la planète. En 1995, la proportion n’était que d’environ 0,7 % 2. Ces chiffres, s’ils peuvent paraître abstraits, témoignent d’une tendance certaine : en parallèle de la globalisation et du développement des échanges mondiaux, les migrations internationales s’accélèrent et les enjeux inhérents à cette problématique croissent. L’Académie française définit la migration comme « le déplacement d’une population qui passe d’un territoire dans un autre pour s’y établir, définitivement ou temporairement ». Le migrant sera donc considéré comme émigré à la sortie de son pays d’origine, et immigré à l’entrée du pays de destination. Au niveau international, la définition qui fait le plus consensus est celle des Nations Unies, qui considère comme migrant « toute personne qui s’établit dans un pays pour une durée prévue de douze mois minimum, après avoir résidé dans un autre pays pendant une période de même durée au moins » (UN, 1998). À l’occasion de la Convention des Nations Unies sur les droits des migrants de 2003, l’ONU précise la définition : « comme le terme ‘‘migrant’’ s’applique à des individus qui ont librement pris la décision de migrer sans y avoir été forcés par des facteurs extérieurs, ces derniers diffèrent donc des réfugiés et des demandeurs d’asile ». Et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) de préciser que « ce terme s’applique aux personnes se déplaçant vers un autre pays ou une autre région aux fins d’améliorer leurs conditions matérielles et sociales, leurs perspectives d’avenir ou celles de leur famille ». Les touristes, les étudiants (en raison de la durée de leurs séjours) et les réfugiés politiques, ne seront donc pas considérés comme des migrants pour la suite de la note, selon cette définition. Ces dernières décennies, les flux migratoires ont, pour l’essentiel, eu lieu des pays en développement vers les pays de l’OCDE, selon le traditionnel axe Sud-Nord. Les principaux déterminants à ces migrations sont le différentiel de revenus entre les nations, ainsi que l’attractivité des pays en matière d’éducation et de prestations sociales. Les pays d’accueil des flux doivent alors faire face à un double objectif : réguler l’immigration pour assurer une bonne intégration des personnes migrantes tout en parant au ralentissement de leur croissance démographique et au vieillissement des populations. On retrouve ici le débat sur les questions migratoires tel qu’il a actuellement lieu dans de nombreux pays occidentaux, avec la vision d’une immigration 2. Calculs réalisés à partir des données de la Banque mondiale et du FMI. Trop d’émigrés ? Regards sur ceux qui partent de France 11 « subie » attirée par les supposées largesses de nos modèles sociaux. Les immigrants sont souvent décrits comme concurrençant les travailleurs nationaux sur les emplois peu qualifiés avec, pour conséquence, une tension sur les salaires. Dans un rapport sur l’avenir des migrations internationales en 2009 3, l’OCDE présente ses conclusions pour les prochaines décennies. Si l’Organisation indique que « les flux migratoires sont fortement susceptibles d’augmenter ou du moins de demeurer constants dans le monde au cours des vingt prochaines années environ », elle précise également une « intensification de la concurrence internationale autour de la main d’œuvre, surtout en ce qui concerne les personnels hautement qualifiés et semi-qualifiés », et que les pays de l’OCDE « pourront être en concurrence croissante avec d’autres pays de l’OCDE ou des économies émergentes, pour des travailleurs du savoir, au fur et à mesure que les pays chercheront à préserver ou à améliorer leurs niveaux de productivité ». Les migrations au sein des pays de l’OCDE auraient donc vocation à s’intensifier dans les années à venir. Les pays occidentaux doivent alors intégrer un nouvel élément dans leur réflexion : leur compétitivité sur le marché mondial du travail. Une concurrence accrue entre les pays de l’OCDE Pour les pays occidentaux, et peut-être plus encore pour les pays membres de l’Union européenne, il semblerait qu’une nouvelle séquence migratoire s’ouvre, avec le développement de flux entre les pays dits « riches ». Chercheurs, entrepreneurs, jeunes diplômés, managers de grandes entreprises ou détenteurs de patrimoine autant de ressources et de capitaux humains (et financiers), qui font la richesse des nations et deviennent l’objet d’une concurrence intense. D’après l’OCDE, deux éléments majeurs vont favoriser la mobilité des travailleurs dans les années à venir : le vieillissement démographique et la compétition internationale entre les États autour d’une économie du savoir et de l’innovation. En raison de l’allongement de la durée de la vie et du ralentissement des naissances, les pays de l’OCDE sont condamnés au vieillissement, ce qui implique mécaniquement que le ratio personnes âgées/ population active augmentera, accentuant les problématiques liées aux 3. Rapport de l’OCDE, “The future of international migration to OECD countries”, 2009. fondapol | l’innovation politique 12 dépenses publiques, au financement des retraites et à la prise en charge de la dépendance. Cette situation aura pour conséquence d’accentuer la demande des pays en population jeune et qualifiée pour accroître la productivité et donc la création de richesses. De plus, cette demande s’inscrit dans un contexte de globalisation des échanges et de concurrence accrue entre les nations occidentales sur uploads/Politique/ julien-gonzalez-trop-d-x27-emigres-regards-sur-ceux-qui-partent-de-france.pdf
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- Publié le Mar 29, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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