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Accueil (https://www.acrimed.org/) > Critiques (spip.php?page=plan) > (...) > Élections législatives 2022 (-Elections-legislatives-2022-) (https://www.acrimed.org) (Appel-a-dons-face-au- Soutenir Infolettre (https://listes.acr Anatomie d’une campagne médiatique contre la gauche (2/3) par Pauline Perrenot (_Pauline-Perrenot_), mardi 24 mai 2022 « Islamogauchistes », « islamistes », « coalition de la gauche et des mosquées », « sixième pilier de l’islamisme », « jumeler Caracas à Clichy-sous-Bois »… Non moins violent que le premier (https://www.acrimed.org/Anatomie-d-une-campagne- mediatique-contre-la), deuxième volet de notre « anatomie d’une campagne médiatique contre la gauche ». Au programme : le procès des « islamogauchistes » et des « wokes », ayant une nouvelle fois « ruisselé » des médias d’extrême droite à une grande partie du paysage médiatique. À intervalles réguliers, le rouleau compresseur compresse : haro sur la marche contre l’islamophobie (https://www.acrimed.org/Manifestation-contre-l-islamophobie-les-proces-d) en 2019, chasse aux sorcières « islamogauchistes » (https://www.acrimed.org/Islamo-gauchistes-une- chasse-aux-sorcieres) en 2020, sus à l’université « gangrénée par l’islamogauchisme » (https://www.acrimed.org/L-universite-menacee-par-l-islamo-gauchisme-Une) en 2021, cabales contre le « wokisme » (https://www.acrimed.org/Maux-mediatiques-Wokisme) depuis. Le tout entrecoupé d’emballements contre le voile et les femmes musulmanes qui le portent (https://www.acrimed.org/Islamophobie-la-surenchere-complice-des-medias). C’est à ces campagnes médiatico-politiques que viennent s’ajouter la stigmatisation de La France insoumise en général, celle de la Nupes [1] par capillarité, et l’acharnement médiatique contre le journaliste et candidat Taha Bouhafs en particulier – la séquence médiatique étudiée ici, concernant ce dernier, est antérieure aux accusations portées contre lui par plusieurs femmes de harcèlement et agressions sexuels, viol pour l’une d’entre elles, accusations l’ayant conduit à retirer sa candidature dans la circonscription de Vénissieux (Rhône) aux élections législatives (nous y reviendrons). Entraînés par la dérive réactionnaire d’une grande partie du champ politique, biberonnés aux éléments de langage et aux obsessions du Printemps républicain, les grands médias charrient ainsi de jour en jour un récit fossilisé. Fossilisé, parce que « l’islamogauchisme » est un « slogan politique » qui « ne correspond à aucune réalité scientique », comme le rappelait le CNRS dans une (rare) prise de position publique en février 2021 (https://www.cnrs.fr/fr/l-islamogauchisme-nest- pas-une-realite-scientique). Un stigmate qui fait pourtant désormais partie du « sens commun » journalistique, aussi ou qu’évocateur, en tout cas susamment pour disqualier instantanément sa cible. Un terme qui – à l’instar de « communautarisme » avant lui [2] – ne s’interroge plus, noyé dans un débat sur la « laïcité » lui-même mutilé et dévoyé à outrance. Un référent autonome, mobilisé sur des plateaux où le pluralisme est piétiné, et par des commentateurs ociant en cercle fermé, tant ces derniers ne sont jamais confrontés au débat scientique – les chercheurs étant, à de très maigres exceptions près, relégués aux marges de l’espace médiatique. Ainsi peut se déployer le « ronron » ordinaire. Par exemple, cette déclaration d’amour parue dans Marianne (3/02) bien avant le premier tour de l’élection présidentielle et signée Éric Naulleau, dèle compagnon de route d’Éric Zemmour : Jean-Luc Mélenchon « ne s’adresse plus qu’à des clientèles séparées (voire séparatistes) », envoie des « clins d’œil les plus appuyés […] en direction des islamistes », « caress[e] les barbus dans le sens du poil », « sout[ient] l’extrémisme religieux », « prétend gagner les faveurs banlieusardes en soutenant la voyoucratie ». Avant de répéter les griefs, au cas où des lecteurs se seraient égarés en cours de route : « complaisance avec l’islamisme », « islamogauchisme décontracté », « votes communautaires ». Bref, le « crash républicain ». Disque rayé ? On peut le dire… Du côté d’Éric Naulleau, reçu à bras ouverts en sa qualité d’expert ès France insoumise pour déclamer ses tweets obsessionnels au micro, par exemple sur Sud Radio (15/05) face à Alexandre Devecchio et Renaud Dély : « Jean-Luc Mélenchon est devenu un symbole de l’anti-République, une lente dérive hors du champ républicain et hors du champ de la laïcité qui est au fondement de l’identité française ». Mais aussi du côté de Marianne, dont l’orientation éditoriale à cet égard relève de l’obsession. Jacques Julliard, le 4 mai : Jean-Luc Mélenchon est […] l’exemple consternant d’un républicain, d’un laïque devenu par démagogie et électoralisme le sixième pilier de l’islam, ou plutôt de l’islamisme en France. Cause commune de l’extrême droite… L’extrême droite, épicentre de cette ligne éditoriale, s’en donne évidemment à cœur joie. « Chez les insoumis, toutes les digues ont enn cédé. Chantage à l’islamophobie, programme en écriture inclusive, génuexion devant Assa Traoré, appel au désarmement de la police, tolérance ambiguë vis-à-vis du voile… » annonce par exemple Valeurs actuelles (12/05) en amont d’un dossier (fort médiocre), et sobrement introduit en Une : (IMG/jpg/vacontrelanupes.jpg) Outre une interview de Jérôme Sainte-Marie illustrée par une femme voilée mettant son bulletin dans l’urne, les auteurs fustigent pêle-mêle « tout le pedigree de l’islamogauchisme », « des députés ouvertement indigénistes, à l’instar de Danièle Obono », une « OPA sur les banlieues » ou une « parade nuptiale envers les minorités, vantant les vertus de la "créolisation", autre nom de "grand remplacement". » Un sens aigu de la « menace » lorsque vingt pages plus loin (rubrique « Culture »), le dernier essai de Renaud Camus – promoteur en France du fantasme raciste de « grand remplacement » – fait l’objet d’un rapport dithyrambique de quatre pages. Rappelons que quatre jours plus tard, le terroriste néonazi Payton Gendron abattait dix personnes et en blessait trois – dont onze afro-américaines – dans un attentat à Bualo (New York), laissant derrière lui un « manifeste » contenant des « allégations racistes et antisémites » et plusieurs références au « grand remplacement », ainsi que le rappelle Mediapart (15/05 et 17/05) [3]. Du côté des médias Bolloré également, l’ennemi se nomme « Nupes ». Et c’est un torrent de boue conventionné par le CSA, estampillé « confrontation d’idées », « diversité » et « démocratie » par son dirigeant Roch-Olivier Maistre [4]. Sur CNews, Pascal Praud ne tarit pas d’invectives contre la « néo-gauche trotskiste, communautariste et islamogauchiste » (5/05). Sur Europe 1 (27/04), Mathieu Bock-Côté s’en prend nommément à Danièle Obono, symbole de « la mouvance indigéniste qui entend conquérir la France en conquérant d’abord La France insoumise », avant de fustiger les « wokes » et « l’islamogauchisme » du parti, dont le slogan est clair pour le chroniqueur réactionnaire : « Une Révolution qui se réclame du décolonialisme mais qui considère que la décolonisation ne sera arrivée à son terme que lorsque les Français deviendront étrangers chez eux. » Sur la même antenne (29/04), Philippe Val ne dépareille pas : « Mélenchon se voit Premier ministre à la faveur d’une coalition de la gauche et des mosquées. » Jour après jour, les mêmes discours de haine ont libre antenne : « Le décolonialisme, l’indigénisme, le racialisme trouveront à s’installer au cœur de la vie politique à travers cette nouvelle coalition. Le wokisme vient de trouver sa maison politique. Il faut dire que cette nouvelle coalition mise sur le nouveau peuple des banlieues. On le sait mais il faut le dire : 69 % des musulmans français ont voté pour Jean-Luc Mélenchon. » (Mathieu Bock-Côté, 5/05). Animatrice de la matinale sur Europe 1, Sonia Mabrouk ne ménage pas non plus ses eorts : « Où est-elle la gauche capable de gouverner ? La gauche laïque, ère de ses valeurs, la gauche européenne, la gauche pas islamogauchiste, pas woke ? Bref, où est le socialisme français ? » (2/05, face à Stéphane Le Foll). « Êtes-vous prêt à des compromis sur l’islamogauchisme ? » (3/05, face à Pierre Jouvet, porte- parole du PS). Le bouquet nal se déployant en compagnie d’Alain Finkielkraut, reçu partout avec déférence, du Monde jusqu’au micro de Sonia Mabrouk donc (9/05), où l’Académicien médiatique parle de « submersion migratoire » et fustige la « soumission [de La France insoumise] à l’islam fondamentaliste. Une soumission, une reddition sans conditions. » S’appuyant comme bon lui semble sur un discours de Jean-Luc Mélenchon à Épinay-sur-Seine en 2018 dans lequel ce dernier évoque « une nouvelle France », Alain Finkielkraut ose encore : « Non seulement Jean-Luc Mélenchon croit au grand remplacement, mais il mise sur le grand remplacement pour accéder au pouvoir. » Sonia Mabrouk communie dans la diamation : « Il n’en a jamais fait mystère. C’est la "créolisation" qu’il a défendue. » Et de poursuivre : - Alain Finkielkraut : Aujourd’hui, la France se désintègre, les territoires perdus de la République sont, comme le dit Bernard Rougier, des territoires conquis par l’islamisme ou par la délinquance, et quelques fois, ils sont liés. Et Jean-Luc Mélenchon, loin de s’en ousquer, accompagne cette idéologie, antisémitisme inclus. Toujours sur Europe 1 (13/05), Pierre de Vilno s’attaque quant à lui aux « fondamentalistes » de La France insoumise avant d’être relayé par Philippe Val, pour qui Danièle Obono n’est pas « républicaine », ou encore Catherine Nay, qui ne digère pas que Mélenchon ait traité de « factieux » le syndicat de police Alliance (https://www.acrimed.org/Manifestation-de-la-police-les-chaines- d-info-co) : Depuis des années, Mélenchon ne cesse de s’en prendre à la police, qu’il voudrait désarmée. Mais là, c’est en rajouter pour récupérer le vote uploads/Politique/ anatomie-d-x27-une-campagne-mediatique-contre-la-gauche-2-3-acrimed-action-critique-medias.pdf

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