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Logiques et stratégies politiques dans le tissu associatif des quartiers popula

Logiques et stratégies politiques dans le tissu associatif des quartiers populaires du Grand Saint Barthélémy. M. VACHER Kevin Mémoire de Master 1 de sociologie Aix-Marseille Université Année 2012/2013 TOME I : Mémoire 105 pages Co-direction : M. CONDRO Salvatore, maître de conférence, Aix-Marseille Université Mme EYRAUD Corine, maître de conférence, Aix-Marseille Université Remerciements : Avant tout, je tiens à remercier Karima Berriche et Madgid Lahoual ainsi que l'ensemble des militants associatifs du Grand Saint Barthélémy et d'ailleurs et les « collègues » m'ayant accompagné tout au long de mon parcours dans ce territoire. J'ai appris à leurs côtés à appréhender les problématiques des quartiers populaires sur le plan professionnel bien sur, mais en premier lieu sur le plan éthique. Mes remerciements vont ensuite à Salvatore Condro et Corine Eyraud, mes directeurs de recherches, qui m'ont suivi et encouragé dans mes études. Je tiens également à remercier Marie Sonnette et Rachida Brahim, que j'espère futures docteures en sociologie et qui m'ont précieusement conseillé dans la rédaction de ce mémoire. Je remercie également Olivier Vacher et Karine Houdu, pour leurs relectures et pour m'avoir sans cesse encouragé ainsi que Raymonde Vacher, qui m'a accompagné et soutenu tout au long de mon parcours scolaire et universitaire. Pour l'utilisation de sa photo, je remercie aussi mon ami Romain Beurrier, photojournaliste qui suit de temps à autres et met en images nos activités dans le Grand Saint Barthélémy. Enfin, je remercie toutes celles et ceux qui m'accompagnent et me supportent à chaque instant : mes amis sans qui une expérience telle que la rédaction d'un mémoire me semblerait impossible. Je tiens également à accompagner ces remerciements d'un modeste hommage à Lahouari Ben Mohamed, Ibrahim Ali, Yassin Abeiche, Clément Méric et toutes celles et ceux à qui les discriminations racistes et les idées réactionnaires ont ôté la vie. TABLE DES MATIERES TOME I : Mémoire Introduction Entrée sur le terrain d'enquête.............................................................................................2 Le Grand Saint Barthélémy, un « quartier rouge » ?.........................................................5 Questions de méthodes...........................................................................................................8 I – Conditions d'existences sociales et politiques des quartiers populaires : une mise en perspective théorique de nos premières observations. 1. Pourquoi parler de « quartiers populaires » ?...................................................................13 a. Discriminations de classe et de race...................................................................................15 b. La spatialisation de la discrimination.................................................................................21 c. De la classe ouvrière aux quartiers populaires : enjeux d'un déplacement de l'inscription politique collective des classes populaires.............................................................................26 2. Le tissu associatif confronté à la gestion politique et institutionnelle des quartiers populaires ….........................................................................................................................30 a. De 1983 à 2013, 30 ans de militance associative et de « récupération »............................31 b. La relation clientélaire en politique : l'exemple Marseillais...............................................37 c. La nouvelle doxa de la participation des habitants et de l'empowerment ou « l'illusion de participer »..............................................................................................................................40 II – Monographie et définition du « tissu associatif » du Grand Saint Barthélémy : « le bon, la brute et le truand » ? 1. Le choix de l'enquête par questionnaire............................................................................47 2. Qui sont les associations du Grand Saint Barthélemy ?...................................................53 a. Présentation générale..........................................................................................................53 b. Qui milite ?.........................................................................................................................61 3. Quelles polarisations de cette activité associative ?...........................................................68 a. Logique de territoire...........................................................................................................69 b. L'« association-institution »................................................................................................73 c. Réseaux militants et non militants ?...................................................................................76 III – Construire une stratégie associative dans les quartiers populaires : petits et grands moments de tensions. 1. Au jour le jour, le quotidien précaire et clientélaire des associations................................80 a. La chasse au ressources......................................................................................................80 b. Le confit institutionnel.......................................................................................................84 c. Conclusion : l'intégration forcée des normes clientélaires.................................................86 2. Revendiquer sa place............................................................................................................87 a. La complexité des temps d'actions : du quartier …............................................................88 b. … à la préfecture................................................................................................................91 c. Conclusion : logiques et stratégies (1)................................................................................93 3. Se confronter au champ politique.......................................................................................94 a. Genèse et apogée du collectif du 1er Juin...........................................................................96 b. Crises et scission.................................................................................................................97 c. Conclusion : logiques et stratégies (2)..............................................................................100 Conclusions....................................................................................................101 Bibliographie et sources citées TOME II : Annexes 1er Juin 2013, Marseille : Trente ans après, la Marche des quartiers populaires vient faire écho à la Marche pour l'égalité et contre le racisme de 1983. Crédit photo : Romain Beurrier / WOSTOK Presse Logiques et stratégies politiques dans le tissu associatif des quartiers populaires du Grand Saint Barthélemy Introduction « rien de justifie cette abdication scientiste, qui ruine la conviction politique [...] le moment est venu où les savants se doivent d'intervenir dans la politique, avec toute leur compétence, pour imposer des utopies fondées en vérité et en raison »1 1 P. BOURDIEU, Propos sur le champ politique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2000, p.61 1 Logiques et stratégies politiques dans le tissu associatif des quartiers populaires du Grand Saint Barthélemy Entrée sur le terrain d'enquête « Cette politique là on la connaît, et ça fait des années qu'on la connaît, c'est ce qu'on appelle chez nous la hoggra ». Ce « coup de gueule » d'un collègue de travail, militant associatif dans le Grand St Barthélémy pose parfaitement la définition de l'action politique classique par un grand nombre d'acteurs associatifs des quartiers populaires. En français, le terme arabe « hoggra » pourrait se traduire par « mépris ». Vu « d'en face », du point de vue des institutions les quartiers populaires sont définis comme « sensibles », « difficiles », « défavorisés ». Ce que nous appellerons dans ce mémoire les quartiers populaires sont des territoires où la population est essentiellement composée d'individus aux revenus faibles. Avec une structure de l'emploi constituée majoritairement d'ouvriers et d'employés, où de forts taux de chômage sont constatés, pour la plupart issus des immigrations qui font suite aux décolonisations, ces quartiers sont l'objet d'attentions politiques particulières et variables selon l'approche ou non de périodes électorales. Médiatiquement surexposés lors de faits divers liés aux trafics de drogues ou de dites « violences urbaines », les multiples représentations dominantes qui sont associées à ces quartiers dessinent une situation souvent « catastrophiste ». En décembre 2010, lors d'un stage de deuxième année de licence, il m'a été offert l'occasion de conduire quelques premières observations dans un centre social de ces quartiers. J'ai été alors accueilli par Karima Berriche, la directrice, au centre social l'AGORA, dans le quartier de la Busserine, dans le 14ème arrondissement de Marseille. Sans le savoir liés par un même réseau de militantisme politique, Karima m'a accordé une attention appuyée, pendant deux mois d'observations. Dans les années qui suivent, je continuais à côtoyer régulièrement Karima et l'équipe du centre social, à me rendre de temps à autres aux activités de conférences, débats et certaines activités culturelles de l'AGORA. En Mai 2011 et suite à quelques mois sans nouvelles, Karima me recontacte afin de me proposer un emploi. Je suis alors embauché pendant un an et demi (jusqu'en décembre 2012) au titre de chargé de mission auprès des associations de locataires des quartiers de Picon et Busserine. Actuellement, je suis encore employé du centre social l'AGORA, au titre de chargé de missions culturelles et scientifiques. La position ainsi occupée dans le centre social m'aura permis de me lier de près à une majeure partie des associations du territoire d'intervention du centre social et des quartiers adjacents. Cela m'aura également permis d'observer de nombreuses luttes menées par les associations du quartier dans le cadre de la mise en place de politiques publiques spécifiques aux quartiers populaires (projet de rénovation urbaine, projets culturels liés à l'opération Marseille Provence 2013, politique de la Ville ...) 2 Logiques et stratégies politiques dans le tissu associatif des quartiers populaires du Grand Saint Barthélemy Disposant de compétences universitaires et militantes dont le centre social était à la recherche, ainsi que de nombreux réseaux extérieurs, il m'a été donné à travailler avec un grand nombre d'acteurs du territoire, me construisant ainsi une vision générale du tissu associatif. Systématiquement, j'envisageais mes activités en tentant de compléter mes observations démarrées en décembre 2010, qui avaient mis en lumière la contradiction entre les valeurs du centre social, liées à l'éducation populaire , et le contexte libéral dans lequel celui-ci se situe, et à questionner les différentes représentations qui prédisposait mon action professionnelle et militante et ce à l'aide des connaissances acquises dans le cadre de mes études en sociologie. Le choix de l'objet d'étude m'a donc paru tout aussi « naturel » qu'ouvrant de nombreuses questions de positionnement. Nous avons choisi de nous pencher dans le cadre de ce mémoire de Master 1 sur le rôle politique que jouent les associations des quartiers populaires. A la fois étudiant-sociologue, travailleur social et militant, ma triple position était un élément avec laquelle il fallait pour moi composer en permanence. La méthode scientifique acquise durant mes études aura été alors d'une grande aide. Utile à des fins universitaires, la sociologie m'aura également permise une prise de distance importante en tant que militant et professionnel. Durant le temps de mon enquête, démarrée en septembre 2012 et conclue en juillet 2013, l'utilité de la sociologie se sera donc révélée dans mon travail à trois égards : – l'étude scientifique d'un territoire considéré par les acteurs que je côtoie comme un « quartier populaire », cherchant ainsi à alimenter la réflexion scientifique sur cette couche particulière de la population française, au delà uploads/Politique/ kvacher-logiques-et-strategies-politiques-dans-le-tissu-associatif-des-quartiers-populaires-du-grand-saint-barthelemy-tome-1-2013.pdf