Le XIXe est le siècle de l’alphabétisation de masse, assurée au sein du réseau

Le XIXe est le siècle de l’alphabétisation de masse, assurée au sein du réseau des écoles primaires communales. L’intervention de l’Etat est ici décisive : la loi Guizot du 28 juin 1833 rend obligatoire pour chaque commune de plus de 500 habitants l’entretien d’une école primaire de garçons ; la loi Falloux du 15 mars 1850 étend cette obligation aux écoles primaires de filles pour les communes de plus de 800 habitants ; la loi du 1er juin 1878 oblige chaque commune à construire un bâtiment d’école et enfin les «lois Ferry» de 1881 et 1882 rendent l’école gratuite, obligatoire et laïque. > Détails des façades du groupe scolaire Jean Jaurès, 30 janvier 1913 Archives municipales de Lyon, 3 S 1158 L’école primaire publique à Lyon L’ÉCOLE RÉPUBLICAINE EN FRANCE / 1 > L’école du XIXe siècle 1 L’école républicaine en France / 1 Ministre de l’Instruction publique de 1879 à 1883. Il est à l’origine des grandes lois scolaires des années 1879-1882 qui transforment en profondeur l’enseignement public. Ces lois rassemblent les républicains principalement autour de l’idée d’une école publique laïque, c’est-à-dire neutre religieusement et engagée politiquement. L’enseignement moral et civique remplace le catéchisme à l’école gratuite et obligatoire. > PORTRAIT Jules Ferry (1832-1893) L’école du 19e siècle L’école républicaine, gratuite, obligatoire et laïque telle que nous la connaissons aujourd’hui naît aux débuts de la Troisième République avec la loi Paul Bert de 1879, les lois Ferry de 1881-1882 et la loi Goblet de 1886. L’école est alors porteuse de deux projets : élever le niveau de formation des futurs travailleurs et travailleuses pour une économie en pleine mutation ; affermir le régime, en formant des citoyens éclairés. Le bâtiment d’école symbolise alors la jeune république. L’école primaire publique à Lyon L’ÉCOLE RÉPUBLICAINE EN FRANCE / 1 > L’école du XIXe siècle 1 L’école de Jules Ferry > Antoine Gailleton, s.d. Archives municipales de Lyon, 1 Ph 7091 L’école républicaine en France / 2 L’école primaire publique à Lyon L’ÉCOLE RÉPUBLICAINE EN FRANCE / 2 > Les acteurs 2 Si l’État donne les grandes orientations en matière d’enseignement, les villes et surtout les grandes villes conservent une marge de manœuvre dans la définition de leur politique scolaire : c’est à elles que revient de financer la construction et l’entretien courant des bâtiments d’écoles. De plus, les cinq grandes villes du pays, dont Lyon, paient encore le salaire de leurs enseignants et enseignantes jusqu’en 1919. Enfin, elles mettent en place des services d’éducation et d’assistance (cantines, garderies…) sans y être obligées par la loi. De tous mandats confondus, la construction scolaire reste l’élément révélateur de la politique de la Ville. Lyon s’est investie dans la volonté d’un enseignement public à travers une architecture réfléchie. La commune est le maître d’ouvrage lors de la construction d’une école, elle dit ce qu’elle veut et comment le réaliser. Après des études et une carrière universitaire en Lettres, Edouard Herriot est élu maire de Lyon en 1905. Il est élu sénateur du Rhône en 1912. Il est nommé chef du gouvernement en 1924 et en 1932. Il est ministre de l’Instruction publique de 1926 à 1928 où il amorce le rapprochement des lycées et des écoles primaires supérieures et prépare la gratuité de l’enseignement secondaire. > Edouard Herriot, s.d. Archives municipales de Lyon, 5 Ph 1 Médecin chirurgien major à l’hôpital de l’Antiquaille. Il est conseiller municipal dès 1870, nommé maire de Lyon le 23 avril 1881 puis élu jusqu’en 1900. Sous ses mandats successifs, il faut noter la création du bureau public d’hygiène, du lycée de jeunes filles, des facultés, de la rénovation de quartier Grolée. > PORTRAIT Antoine Gailleton (1829-1904) > PORTRAIT Edouard Herriot (1872-1957) Les acteurs : l’État, la Ville Avant que les lois Ferry puis Goblet ne l’imposent, Lyon, comme Paris, laïcise ses écoles dès 1879. Chassés des écoles publiques, les congréganistes fondent alors des écoles privées, souvent gratuites, nouvelles concurrentes des écoles laïques. Dans les années 1880 à Lyon, un bon tiers des enfants scolarisés dans le primaire fréquente une école privée congréganiste. Localement, la concurrence entre l’école publique laïque et l’école privée catholique est forte et conditionne la politique scolaire municipale. La loi du 7 juillet 1904 interdit l’enseignement à toutes les congrégations, même autorisées. L’enseignement privé perd alors de nombreux élèves, malgré sa transformation en enseignement libre catholique. L’école primaire publique à Lyon L’ÉCOLE RÉPUBLICAINE EN FRANCE / 2 > Les acteurs 2 Et du côté de l’enseignement privé > LA IIIe RÉPUBLIQUE (1875-1914) > Groupe scolaire Monplaisir, s.d. Archives municipales de Lyon, 4 Fi 317 L’école dans la ville L’école primaire publique à Lyon L’ÉCOLE DANS LA VILLE > La IIIe République 3 Les 40 groupes scolaires construits entre 1876 et la 1ère Guerre mondiale changent la ville. En engageant des sommes colossales pour édifier ces bâtiments, la municipalité affiche la priorité qu’elle donne à l’instruction publique. L’école devient ainsi un outil servant à affirmer la République dans la ville et constitue un point d’ancrage pour les populations au sein des quartiers, surtout populaires et ouvriers. Mais c’est également un nouveau lieu sain, confortable, pour l’instruction des classes populaires, jusqu’alors habituées aux taudis urbains. > Abraham Hirsch, s.d. Archives municipales de Lyon, 5 Ph 28861 Elève à l’école des Beaux-Arts de Lyon. En 1847, il débute sa carrière d’architecte au cabinet Tony Desjardins, architecte en chef depuis 1854. Il est nommé à son tour architecte en chef en 1871 et ceci jusqu’en 1901. Il est décoré de la Légion d’honneur. Il est à l’origine de la construction de la synagogue, quai Tilsitt ; des facultés de Médecine et de l’école d’infirmières ; de l’école de Santé militaire. C’est sous «son règne» que sont construits les groupes scolaires : boulevard Croix- Rousse, avenue Berthelot, rue Jarente, rue Bossuet, cours Charlemagne, rue Pierre Corneille, rue Chavant… > PORTRAIT Abraham Hirsch (1828-1913) L’école primaire publique à Lyon L’ÉCOLE DANS LA VILLE > La IIIe République 3 Lyon n’attend pas les lois Ferry pour promouvoir l’enseignement primaire. Dès le mois de février 1875, naît le besoin de construire une école pour le quartier populaire de la Croix-Rousse, au cœur du quartier des canuts. Abraham Hirsch en est responsable. Le premier projet est estimé trop coûteux, mais le deuxième est validé en février 1876 comprenant deux écoles séparées par les cours. Enfants et enseignants prennent place en 1877. > Façade et coupe du groupe scolaire du boulevard de la Croix-Rousse, par Abraham Hirsch, 4 novembre 1875 Archives municipales de Lyon, 3 S 1113 Tout en respectant les multiples règlements ministériels en matière de constructions scolaires, une grande ville comme Lyon peut se permettre de sortir des plans modèles confectionnés dans les années 1870-1880 pour construire des groupes scolaires à chaque fois différents. Le rôle de l’architecte municipal en chef comme le fut Abraham Hirsch est donc fort important. Il est à l’origine des quatre premiers groupes scolaires érigés entre 1876 et 1880 situés boulevard de la Croix-Rousse, avenue Berthelot et rues Bossuet et Jarente. Il supervise les chantiers suivants. Le groupe scolaire lyonnais est sobre et surtout très imposant car destiné à accueillir de 700 à plus de 1000 élèves. Les constructions de groupes scolaires servent également à embellir les quartiers populaires tout comme elles structurent les nouveaux quartiers en développement de la périphérie. De nouvelles rues sont percées aux abords de l’école ; des places publiques sont aménagées pour mettre en valeur les nouveaux bâtiments et pour assainir leur environnement, comme les groupes scolaires de la place Commandant Arnaud, de la Villette, de la place Guichard, de la route de Vienne, du cours Général André ou du quartier Monplaisir. > Adjudication des travaux pour la construction du futur groupe scolaire de la place Commandant Arnaud, 13 juin 1880 Archives municipales de Lyon, 2 Fi 3700 > ZOOM Le premier groupe scolaire républicain de Lyon : l’école Aveyron > Groupe scolaire Edouard Herriot, vers 1935 Archives municipales de Lyon, 15 Ph 1-365 L’école primaire publique à Lyon L’ÉCOLE DANS LA VILLE > L’entre-deux-guerres 4 L’architecture scolaire de l’entre-deux-guerres ajoute le côté fonctionnel. Les directives données en 1887 sont encore respectées. L’école Ferry se voulait imposante et monumentale. Au début du XXe siècle la République est bien installée. L’école continue de former des futurs citoyens d’où la continuité d’une certaine solennité ; mais elle tend à profiter de nouveaux matériaux et à respecter les récentes découvertes en matière de psycho-pédagogie. L’un des traits les plus visibles sont les toits. Le toit à pente disparaît au profit du toit-terrasse. Ensoleillement, espace et ouverture sont ses nouveaux atouts. Les projets des établissements naissent dans le Plan d’Extension et d’Embellissement de la Ville créé en 1912 par Camille Chalumeau, ingénieur en chef de la Ville. Ce plan prévoit un large développement de la population à l’est et au sud lyonnais. En tout, une dizaine de groupes scolaires sont construits : école primaire Aristide Briand (7e), école primaire Condorcet (3e), école primaire Georges Lapierre (4e), école primaire Jean Gerson (5e), école primaire Jules Verne (3e), école uploads/Politique/ l-x27-ecole-du-19e-siecle.pdf

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