L'ordolibéralisme allemand Aux sources de 1'Economie sociale de marche Sous la

L'ordolibéralisme allemand Aux sources de 1'Economie sociale de marche Sous la direction de Patrícia Commun CIRAC / C I C C TRAVAUX E T DOCUMENTS D U CIRAC Travaux et documente du CIRAC Collection dirigée par René Lasserre opinions exprimées dans cette collection n'engagent que leurs auteurs. Copyright CIRAC - Université de Cergy-Pontoise 33, Boulevard du Port 95011 CERGY-PONTOISE CEDEX - 2003 ISBN 2-905518-31-6 Cet ouvrage collectif publié avec le concours financier du CICC reprend des contributions faites à l 'occasion du colloque intitulé: « L 'ordolibéralisme al- lemand : fondements philosophiques et prolongements politiques en Allemagne, en France et en Gránde-Bretagne ». Ce colloque a été organisé par Patrícia Commun dans le cadre du Centre de Recherche Civilisations et Identités Cultu- relles Comparées des sociétés européennes et occidentales (CICC) à 1 'Université de Cergy-Pontoise les 8 et 9 décembre 2000. Remerciements Mes remerciements s'adressent à tous les contributeurs de ce livre et plus particulièrement au professeur François Bilger pour son aide précieuse. Mes remerciements s'adressent également, pour leur soutien financier, au Syndicat de ragglomération nouvelle du Vai d'Oise (SAN), au Centre de Recherche Gvilisations et Identités Culturelles Comparées des sociétés eu- ropéennes et occidentales ( Q C Q et à sa directrice, Mme le professeur Albane Cain, au Conseil scientifique de 1'Université de Cergy-Pontoise ainsi que plus particulièrement au président René Lasserre qui a initialement soutenu le projet du colloque puis rendu possible la publication de ce livre. Enfin, un remerciement tout particulier va à Mathilde Lefebvre, responsable édition et diffusion au QRAC, qui a réalisé une laige partie du travail d'édition pour cet ouvrage. Patrícia Commun Table des matières Introduction 9 I - L'ORDOLIBERALISME OU LA FORME ALLEMANDE DU N É O L I B É R A L I S M E François Bilger La pensée néolibérale française et 1'ordolibéralisme allemand 17 Razeen Sally Ordoliberalism and the Social Market: Classical Political Economy frora Germany 31 Mlchel Senellari Michel Foucault: la critique de la Gesellschqftspolitik ordolibérale 37 Jcan-Danlel Welsz L'intérêt pour une approche régulationniste du détour par 1'ordolibéralisme 49 Laurcnce Slmonln Le choix des règles constitutionnelles de la concurrence : ordolibéralisme et théorie contractualiste de 1'Etat 67 II - UENRACINEMENT DE L ' O R D O L I B É R A L I S M E DANS LA P E N S É E É C O N O M I Q U E , PHILOSOPHIQUE ET RELIGIEUSE ALLEMANDE Sytvaln Broycr Ordnungstheorie et ordolibéralisme : les leçons de la tradition. Du caméralisme à 1'ordolibéralisme : ruptures et continuité ? 79 Bartram Schefold Die deutsche Historische Schule ais Quelle des Ordoliberalismus 101 Nlls Goldschmldt Théorie auf normativer Basis : Anmerkungen zum ordoliberalen Konzept von Walter Eucken 119 G///es Campagnolo Les trois sources philosophiques de la réflexion ordolibérale 133 Ralner Klump On the phenomenological roots of German Ordnungstheorie : what Walter Eucken ows to Edmund Husserl 149 Jean-MIchel Ycre Les sources catholiques de 1'ordolibéralisme allemand : Rõpke et la pensée catholique sociale allemande 163 III - UlNFLUENCE POLITIQUE DES O R D O L I B É R A U X Patrícia Commun La conversion de Ludwig Erhard à 1'ordolibéralisme (1930-1950) 175 Sylvaln Broyer Retour à 1'économie de marché : les débats du conseil scientifique attaché à 1'administration économique de la Bizone 201 Jean-Louls Georget Les influences idéologiques de 1'ordolibéralisme sur la démocratie-chrétiennc 221 Antolnc Menant L'Aktionsgemeinscha.fi Soziale Marktwirtschaft face à 1'unification allemande de 1990 231 Eríc Dehay L'indépendance de la banque centrale en Allemagne : des príncipes ordolibéraux à la pratique de la Bundesbank 243 Alois Schumacher Néocorporatisme et économie sociale de marché : la place de 1'artisanat et de la Mittelstandspolitik 255 Les auteurs • . . « 265 Index 267 INTRODUCTION Actualité polltique de 1'ordolibéralisme allemand A 1'origine du « miracle économique allemand » des années 50 se trouve un système économique érigé a posteríori en «modèle allemand»: celui de 1'Economie sociale de marché. Aux fondements de 1'Economie sociale de marché se trouve un système de pensée développé dès la fin des années 30: 1'ordolibéralisme. La croissance économique de la RFA, spectaculaire dans les dix premièrès années de son histoire, se réalisa en concomitance avec la construction d'un ordre monétaire et concurrentiel qui avait été appelé de leurs vceux par les or- dolibéraux : il était fondé sur une banque centrale indépendante et un officé des cartéis se devant de contrôler les fiisions. Puis 1'ordolibéralisme prit une dimension sociale qu'il n'avait pas à ses origines et disparut peu à peu derrière le concept d'Economie sociale de marché. L'immense réussite du modèle allemand fut donc principalement attribuée à celle d'un modèle social longtemps envié en France, tant sur le plan de la gestion consensuelle des conflits sociaux que sur le plan de sa contribution à la croissance économique du pays. Dans 1'Allemagne du début des années 80 cependant, un certain nombre de fac- teurs politiques, à la fois intérieurs et extérieurs, ont redonné ses lettres de noblesse à 1'ordolibéralismc allemand. Tout d'abord, 1'arrivée au pouvoir en 1982 du chan- celier Helmut Kohl ainsi que les premiers signes d'essoufflement de l'économie al- lemande ont nécessité, aux yeux de la démocratie-chrétienne allemande, les mises en garde contre une dérive sociale de 1'Economie sociale de marché. La coalition CDU/FDP rappela à maintes reprises la nécessité de revenir aux origines de 1'Economie sociale de marché, celles incamées par les thèses de 1'ordolibéralisme : la politique sociale devait être moins une pohtique de redistribution systématique que le fruit d'une économie libérale dont la croissance profiterait à 1'ensemble des groupes sociaux. S'opposer aux excès d'une politique sociale ne signifíait pas pour autant absence de politique sociale. Le parti libéral, au pouvoir en coalition avec les chrétiens-dé- mocrates, souhaitait prouver que les idéaux communistes et socialistes n'avaient pas le monopole du bien commun. Ils ont donc souligné, plus particulièrement à partir du milieu des années 80, 1'importance d'intégrer à 1'idéologie libérale des valeurs 10 L'ordolibéralisme allemand communautaires1. Les valeurs libérales allemandes alors proclamées reprennent tout à fait les grands príncipes qui fiirent ceux des ordolibéraux. Ils se situent, comme en leur temps les ordolibéraux, à la croisée d'un néolibéralisme anglo-saxon, à nou- veau en vogue au début des années 80, et de valeurs communautaires qui fixrent longtemps considérées comme 1'apanage du socialisme. Cest sans les nommer toujours clairement que le parti libéral allemand reprend à son compte les prédicats de la pensée ordolibérale. Cest ainsi que fut proposée, en alternative à une politique sociale excessive ac- cusée de déresponsabiliser les individus, une politique « sociétale » qui devait pal- lier les effets d'un marché ressenti comme socialement déstructurant. Les libéraux des années 80 et 90 nourrirent la même méfíance que les ordolibéraux vis-à-vis d'une concurrence non régulée, et soulignèrent les risques d'un matérialisme exces- sif, son côté agressif et dommageable à la cohésion sociale. Cétait la raison pour laquelle on ne pouvait laisser au marché les attributions d'exercice de la justice so- ciale ni de la stabilité monétaire et fiscale. Un autre point sur lequel le libéralisme allemand, en héritier de 1'ordolibéralisme, se différencie du libéralisme français : 1'Etat de droit était tenu de protéger ses citoyens contre 1'arbitraire de 1'Etat mais aussi contre les agissements arbitraires d'autres citoyens et contre 1'exercice de la puissance privée. La surveillance des monopoles, tout en étant partiellement réali- sée sur le plan institutionnel, continue donc de figurer en bonne place dans les pro- grammes libéraux du début des années 80. Sur le plan individuel, la liberté devait être contrebalancée par la responsabilité, elle-même à la base d'un príncipe de subsidiarité sociale. Au couple Liberté / Egalité, devait se substituer, pour les libéraux allemands, le couple Liberté / Responsabilité. La dimension éthique du libéralisme était constamment ré- affirmée : raison et moralité s'opposaient à 1'hédonisme anglo-saxon interprété par les ordolibéraux et par les libéraux allemands comme un « égoísme effréné ». Car les individus avaient certes des droits, mais ils avaient aussi des devoirs dont ils semblaient perdre le sens, comme le prouvait 1'éclatement des structures qui autre- fois constituaient un ciment social intégrateur: la famille, 1'école et 1'église. La référence à YAufklãrung et à Kant est constante chez les ordolibéraux comme chez les libéraux jusqu'à aujoTird'hui: les uns et les autres rejettent 1'atomisme psycholo- gique, 1'éthique de l'égo'ísme et le naturalisme de la tradition libérale anglo- saxonne. Une autre notion kantienne, celle du « Weltbürger», de «citoyen du monde », est évoquée pour justifíer de 1'intégration dans 1'idéologie libérale des valeurs de respect des ressources humaines et naturelles à l'échelle du monde et, plus récemment, de l'écologie. Vers la fin des années 90, la réussite économique de la Chine, semblant prouver qu'un libéralisme économique pouvait s'accommoder d'un régime autoritaire, a fait resurgir le spectre d'un possible découplage entre libéralisme politique et libéra- lisme économique. L'ordolibéralisme a également souligné 1'idée selon laquelle le l. Cf. notamment « Was heisst heute liberal ? ». Ein Zeit-Symposium zum 85. Geburtstag von Marion Grâfin Dõnhoff, Zeit-Punkte, Nr. 1/1995. Introduction 11 libéralisme économique organisé était la condition sine qua non d'un uploads/Politique/ l-x27-ordolibalisme-allemand.pdf

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