REVOLUTION FRANCAISE SUITE En 1788, le pouvoir repose sur le modèle politico-so

REVOLUTION FRANCAISE SUITE En 1788, le pouvoir repose sur le modèle politico-social d'une monarchie absolue de droit divin : le roi, représentant de Dieu sur Terre, est « délié des lois » tout en devant respecter les « lois fondamentales du Royaume »20. Il est le garant de la sécurité, de la justice et de la foi de ses sujets. Il ne tire sa souveraineté d'aucune instance humaine mais doit gouverner avec le consentement des corps constitués. Les contradictions internes du modèle vont ouvrir la voie à la Révolution21. Dans leur immense majorité, les Français restent attachés à la forme monarchique. Le roi, aimé et respectéNote 3, est perçu comme un « père du peuple », de « la Nation »22, puis comme « père des Français »23. En 1788, une réforme de l’État est espérée sous son autorité et avec son consentement24. Les corps constitués, quand ils s'opposent au pouvoir royal, le font pour la défense de leurs intérêts propres sans cependant le remettre en cause ou s'y opposer idéologiquement. Les Parlements, cours de justice d'Ancien Régime, et les états provinciaux instrumentalisent leur droit de remontrance lors de l'enregistrement des lois pour s'opposer aux réformes ministérielles du Conseil du roi. Bien qu'ils protègent avant tout leurs privilèges, ils se pensent et passent aux yeux de l'opinion publique naissante, dans une rhétorique de défense du peuple contre le despotisme ministériel, comme les représentants de la Nation. La monarchie en dépit de la pression fiscale demeure respectueuse de ces corps intermédiaires jusqu'au coup de force du chancelier Maupeou qui rompt l'équilibre en 1771 25 . Ses membres les plus radicaux rejoignent ce qu'on appelle le « parti patriote », fer de lance de la contestation pré-révolutionnaire. La synthèse de leurs combats et de leurs revendications, dans leur dialogue avec les thèses rousseauistes, devait à la faveur des événements de 1789, donner corps aux prémices idéologiques de la Révolution26. En définitive, les remises en cause de l'absolutisme sont rares et marginales avant 1789. Elles sont avant tout philosophiques et religieuses avant d'être politiques ou sociales27. On trouve par contre un désir unanime de réforme chez les Français, porté par leurs députés qui expriment le souhait d'un État plus efficace et d'une monarchie régénérée28. 1789 : fin de la monarchie absolue et de l’Ancien Régime[modifier | modifier le code] Articles détaillés : Préludes de la Révolution française et États généraux de 1789. Révolution juridique (mai-début juillet 1789)[modifier | modifier le code] Campagne électorale pour l'élection des députés aux états généraux[modifier | modifier le code] Qu'est-ce que le Tiers-État ? , pamphlet de l'abbé Sieyès (janvier 1789). Bien qu'elle soit dépourvue de toute autorité législative, la réunion des états généraux a suscité de grands espoirs parmi la population française29. Les paysans espèrent une amélioration de leurs conditions de vie avec l'allègement, voire l'abandon des droits seigneuriaux30. La bourgeoisie espère l'instauration de l'égalité devant la loi et plus confusément, l'établissement d'une monarchie parlementaire ou d'un gouvernement représentatif31. Elle peut compter sur le soutien d'une petite partie de la noblesse acquise aux idées nouvelles et du bas-clergé sensible aux difficultés du peuple. Dès la fin de l'année 1788, mémoires, libelles et périodiques sur la convocation prochaine se multiplient32. Villes et villages français s'informent ainsi des débats sur la composition et l'organisation des États du Royaume. La tradition avait sanctionné la pratique d'un vote par ordre qui met le tiers en minorité. En septembre 1788, le Parlement de Paris confirme que les États doivent prendre les formes de 1614 33 . Le tiers état réclame d'une part le doublement du nombre de ses députés afin qu'il corresponde à son poids réel dans les bailliages, ainsi que le principe du vote par tête où chaque élu dispose d'une voix. Louis XVI accorde le doublement mais garde le silence sur la modalité du vote. Cet effacement de l'autorité royale permet l'émergence d'un « parti patriote » à Paris et en province. À la faveur du développement d'une opinion publique, des échauffourées urbaines, en particulier à Rennes et en Dauphiné, émaillent les quelques mois qui séparent la convocation de la réunion des députés à Versailles34. Les députés du tiers état s'opposent au roi[modifier | modifier le code] Articles détaillés : États généraux de 1789, Serment du Jeu de paume et Séance royale du 23 juin 1789. Les États généraux à Versailles le 5 mai 1789. Le 1er mai 1789, les députés arrivent à Versailles. Alors que ceux du clergé (291) et de la noblesse (270) sont reçus en grand apparat, ceux du tiers état (584)35 sont ignorés. Le 5 mai, le roi ouvre les états généraux. Son discours met en garde contre tout esprit d'innovation ; celui de Necker n'aborde que les questions financières. Aucune évocation des réformes politiques tant attendues n'est faite. Le pouvoir ne prend pas clairement position sur les modalités du vote. Les députés tiers s'engagent alors dans un processus de résistance et d'insubordination mené par Barnave, Mounier, Mirabeau et Rabaut Saint-Étienne. Ils refusent de se réunir séparément des deux autres ordres. Dans le courant du mois de mai, les assemblées du clergé et de la noblesse acceptent de renoncer à leurs privilèges fiscaux. Au bout d'un mois de discussions, sur une motion de l'abbé Sieyès, le tiers état prend l'initiative de vérifier les pouvoirs des députés par bailliage et sénéchaussée en l'absence des ordres privilégiés. Le 13 juin, trois curés répondent à l'appel. Le 16, ils sont dix.  Barnave.  Mounier.  Mirabeau.  Rabaut Saint-Étienne.  L'abbé Sieyès. Le 17 juin 1789, le tiers et quelques députés de la noblesse et du clergé, sur proposition de Legrand et à l'invitation de Sieyès, prennent le titre d’« Assemblée nationale »36. Le 19 juin, le clergé, qui compte une minorité de curés sensibles aux problèmes des paysans, décide de se joindre aux députés du tiers état pour la vérification des pouvoirs. Le 20 juin, le roi fait fermer la salle des Menus Plaisirs, lieu de réunion du tiers état. Ceux-ci se dirigent alors vers une salle de Jeu de paume voisine. Jacques-Louis David, Serment du Jeu de paume, Paris, musée Carnavalet. Dans un grand enthousiasme, ils prononcent le serment du Jeu de paume. Ils s’engagent à ne pas se séparer avant d’avoir donné une Constitution écrite à la France. Lors de la séance royale du 23 juin 1789, Louis XVI, jusqu'alors silencieux37, définit un programme de travail, proposant aux députés de réfléchir aux réformes concrètes dont il esquisse l'économie et ordonne aux députés de siéger en chambres séparées. Alors que les députés de la noblesse et du haut clergé obéissent, les députés du tiers état et ceux du bas clergé restent immobiles. Bailly, élu président en tant que doyen, répond au marquis de Dreux- Brézé leur sommant de se retirer que la « Nation assemblée n'a d'ordre à recevoir de personne » et Mirabeau l'apostrophe en affirmant que seule la force pourrait les faire quitter les lieux38. Face à cette résistance, le roi invite le 27 juin les trois ordres à débattre ensemble39. L’Assemblée reprend alors immédiatement sa marche en avant. Le 9 juillet, elle se proclame Assemblée nationale constituante. Durant ces journées, elle réalise une autre révolution décisive : beaucoup de députés, effrayés par la tournure des événements, démissionnent ; l’Assemblée déclare qu’elle tient son mandat non pas des électeurs individuellement pour chaque député, mais collectivement de la Nation tout entière. C'est la mise en application du principe de la souveraineté nationale défendu par Diderot 40 . Cette assemblée peut s’appuyer sur les espoirs de la majorité de la Nation, sur les réseaux de « patriotes ». En face, il n’y a que des ministres divisés, un gouvernement sans ressource financière et un roi velléitaire qui recule. Des rumeurs d'arrestation des députés du Tiers circulent alors à Versailles, à Paris et en province41. Été 1789[modifier | modifier le code] La crise de juillet[modifier | modifier le code] Article détaillé : Émeutes des 12 et 13 juillet 1789. Le peuple délivrant les gardes françaises à l’abbaye St-Germain, le 30 juin 1789 par Pierre-Gabriel Berthault, musée Carnavalet. Necker. Louis XVI déclare sans valeur la nouvelle Assemblée mais la laisse siéger sans intervenir ouvertement. Le 25 mai, des Gardes françaises défilent à Paris en faveur des députés révoltés et les électeurs parisiens se réunissent en assemblée. Mais, dès le 26, des ordres de marche sont délivrés à six régiments et une troupe d'environ 20 000 hommes42 — une « véritable petite armée » — est appelée aux abords de la capitale afin de maintenir l'ordre à Paris et à Versailles43. Or l'ensemble de la population parisienne est agitée : la bourgeoisie a peur pour la survie de l’Assemblée ; le peuple, lui, craint que les troupes ne coupent les routes du ravitaillement des Parisiens alors que le prix du pain est au plus haut. Début juillet, des émeutes éclatent aux barrières d’octroi. Le roi renvoie ses ministres jugés trop libéraux, parmi lesquels Necker, contrôleur des Finances, remercié le 11 juillet et invité à sortir du Royaume44. La nouvelle uploads/Politique/ la-revolution-suite-2310811.pdf

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