Novembre 2018 • N° 11 • Le Nouveau Magazine Littéraire 3 édito e 19 décembre 19

Novembre 2018 • N° 11 • Le Nouveau Magazine Littéraire 3 édito e 19 décembre 1938, le député de droite ex- trême Philippe Henriot montait à la tribune de l’Assemblée nationale pour dénoncer la vaccination obligatoire antidiphtérique. Le futur ministre de l’Information de Vichy, « le Goebbels français », multipliera alors ce qu’on appellerait aujourd’hui des fake news : des morts d’enfants – inventées – quelques heures après un vaccin, des chiffres truqués, « un complot contre le sang français ». Les mêmes intox qui font florès aujourd’hui, et d’abord à l’extrême droite, non seu- lement en France, mais en Italie, au Brésil, en Grande-Bretagne, en Russie… Ce sont elles qui portent la propagande populiste. Il ne s’agit pas de dire qu’il ne saurait y avoir de débat sur l’efficacité de la vaccination, mais que l’obscurantisme qui se déverse à flots sur ce point fait partie d’un système de construction de « vérités alternatives » qui se substituent à toute recherche de vérité au fonde- ment de la démocratie. L’enchaînement de la désinformation est simple, efficace : « Les autorités médicales et gouverne- mentales vous trompent. Si les maladies hier éradi- quées se répandent, c’est parce que les immigrés nous envahissent. Il faut donc les renvoyer ainsi que tous les dirigeants politiques, aux ordres des lobbys pharmaceutiques et financiers, et… la société sera assainie ! » Le simplisme outrancier de la démons- tration fait sa force, et pas seulement sur le net, puisque les partis populistes se renforcent, prennent le pouvoir en s’appuyant sur le complotisme et la construction de « vérités alternatives », lesquelles se substituent à ladite « désinformation ourdie par les médias et les politiciens ». Leurs dirigeants se moquent d’être pris, régulièrement, en flagrant dé- lit de mensonge puisque ce sont des « menteurs pa- tentés » qui les accusent. Cette montée en puissance dévastatrice des « fa- riboleurs » ne signifie pas qu’il faille abandonner le combat. Au contraire. Nous avons toujours prôné le « parler vrai » de Mendès France et de Ro- card ; nous pensons plus que jamais que les peuples seront les premières victimes des charlatans. Et avec Camus nous croyons que « la liberté consiste d’abord à ne pas mentir. Là où le mensonge pro- lifère, la tyrannie s’annonce ou se perpétue ». Il est vrai que nous avons perdu des batailles. Nous avons trop cédé aux maquilleurs de faits, aux enjoliveurs de chiffres, ou même aux technocrates secs. Trop renoncé, devant la raison d’État, l’argent roi. Les postures ont été balayées par les impos- tures. Les suffisants balaient les insuffisants. Les gangs des postiches brisent les fragiles potiches. Le rationnel sans âme cède devant l’irrationnel, ce bull shit qui surfe sur les peurs d’un monde monstre. Et gare à ceux qui courent derrière les marchands d’illusions. Une société ne se vit pas sans cœur ni rêves. La politique a abdiqué son ambition première d’élévation et de bien commun. Les gouvernants laissent une société si aride que les mensonges les plus fous peuvent y mettre aisément le feu. Il ne suffira donc pas de jouer les pompiers de service en arrosant de sérieux des affabulations enflammées. Il faut en revenir aux sources où s’abreuve l’homme. Réfléchir. Lire donc, ainsi que l’écrit le monumen- tal Soljenitsyne dans Le Pavillon des cancéreux : « Pourquoi lire si on doit tous crever bientôt ? […] – C’est justement parce qu’on doit tous crever qu’il faut se dépêcher. » L « La liberté consiste d’abord à ne pas mentir » Par Nicolas Domenach Nos sociétés sont si arides que les mensonges les plus fous y prennent feu. Le 12 septembre 2018, le Conseil des Ministres a annoncé la mise en œuvre de 2 Centres Pénitentiaires expérimentaux de Réinsertion. Avec Pierre Botton et les entreprises partenaires, continuons notre combat pour que le gouvernement aille au bout de ses engagements. Notre action ne concerne que les personnes condamnées à des peines inférieures à 5 ans, hors crimes sexuels et hors crimes de sang. Parce que la sécurité des Français est en jeu, Parce que LA RADICALISATION MENACE LA VIE DES SURVEILLANTS, Parce quE 60 % de récidive est inacceptable, Parce que La France ne cesse d’être condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme, Changeons nos prisons. Novembre 2018 • N° 11 • Le Nouveau Magazine Littéraire 5 sommaire Le Nouveau Magazine littéraire • N° 11 • Novembre 2018 3 Édito par Nicolas Domenach 6 Courrier 8 Le bien commun 10 Sursauts les idées 12 Gilles Kepel, préhistoires de la terreur islamiste par Marc Weitzmann 16 Eugénie Bastié, l'icône réac par Valentine Faure 18 « Intellos » à la télé, le plateau de la Méduse par Daniel Schneidermann et François Dosse le portrait 20 Jefrey Eugenides, le marbre grec par Marie-Dominique Lelièvre le récit 24 Freddie Mercury, un dieu moustachu par Simon Liberati en couverture Les menteurs 30 La vérité est ailleurs par Alexis Brocas et Aurélie Marcireau 34 Boris Johnson, le maître des euromythes par Kevin Hjortshøj O’Rourke 36 L'Italie à la botte des fake news par Giuliano Da Empoli 38 Trump-Netanyahou, comme larrons en foire par Élie Barnavi 42 Les fctions de Poutine entretien avec Françoise Thom 44 « Les journalistes travaillent mal » entretien avec Gérald Bronner 46 Une droite inquiète face au bullshit de Wauquiez par Aurélie Marcireau 47 L'ère du conspirationnisme par Rudy Reichstadt 48 Machiavel, la fausse caution des menteurs par David Djaïz nos livres 50 Le Nobel des écrivains par Éric Fottorino, Jean-Paul Enthoven, Amélie Nothomb, Geneviève Brisac, Daniel Picouly, Patrice Pluyette, Éric Neuhoff... Fiction 55 Haruki Murakami par Alexis Brocas 56 Roberto Saviano 60 Nancy Huston 62 Catherine Poulain non-fiction 68 Molière, l'outsider imaginaire par Alexandre Gefen 72 À Nohant, l'utopie de George Sand par Sarah Chiche 74 Leonard Cohen dossier Soljenitsyne 78 Alexandre le bref par Georges Nivat 83 Un exilé encombrant par François Bazin 84 Le repaire de L'Archipel par Alain Dreyfus 86 « Sa douleur pour la Russie » entretien avec Yves Hamant 88 La révolution sans fn par Françoise Lesourd 92 En Russie, une icône peu lue par Veronika Dorman 94 Le goulag, sinistre genre littéraire par Georges Nivat 94 Tchekhov, pionnier du bagne par Alain Dreyfus démonologies 98 Jeux vidéo, l'école du crime par Gérald Bronner idées, débats, récits... www.nouveau-magazine-litteraire.com Ont également collaboré à ce numéro : Simon Bentolila, Maialen Berasategui, Patrice Bollon, Jacques Braunstein, Camille-Élise Chuquet, Fabrice Colin, Bernard Fauconnier, Pauline Feuillâtre, Alexandre Gefen, Jean-Baptiste Harang, Manon Houtart, Bernard Quiriny, Maxime Rovere, Juliette Savard. En couverture : Illustrations Antoine Moreau-Dusault et Rita Mercedes pour Le Nouveau Magazine littéraire. © ADAGP-Paris 2018 pour les œuvres de ses membres reproduites à l’intérieur de ce numéro. Ce numéro comporte 3 encarts : 1 encart abonnement Le Nouveau Magazine littéraire sur les exemplaires kiosque France, 1 encart abonnement Edigroup sur les exemplaires kiosque Suisse et Belgique ; 1 encart VPC Montre sur les exemplaires abonnés. STÉPHANE LAVOUÉ / PASCO - ILLUSTRATIONS FRANCESCA PROTOPAPA ET ANTOINE MOREAU-DUSAULT POUR LE NOUVEAU MAGAZINE LITTÉRAIRE - OLEG PARSHIN/ARCHIVES DE LA FAMILLE SOLJENITSYNE 28 76 20 50 courrier 6 Le Nouveau Magazine Littéraire • N° 11 • Novembre 2018 LA LITTÉRATURE RETROUVÉE… Merci d’avoir ramené Le Nouveau Magazine à sa mission littéraire. Ce n’est pas que l’es- sai de Raphaël Glucksmann ait été sans intérêt, mais il se trom- pait de support. Il existe des re- vues politiques spécialisées pour accueillir son combat. On attend d’un magazine littéraire qu’il parle de littérature. On était un peu égaré en se de- mandant pourquoi, avec un tel nom, les livres n’arrivaient qu’au dernier tiers de la revue, et en- core, comme si c’était une « grâce » qu’on leur faisait ! Jacques Raphanel Lecteur de votre magazine depuis la classe de première – au début des années 1970 –, professeur de lettres abonné ensuite, j’ai fait s’abonner le ly- cée dans lequel j’ai travaillé trente-cinq ans, et je dois vous avouer que je n’ai pas compris ce qui m’arrivait lors du tour- nant Glucksmann. Ensuite, le prosélytisme athéisant de l’été dernier a gêné ma conception de la laïcité. Tous ces éléments m’ont amené à résilier mon abonnement, considérant qu’un outil de référence majeur avait disparu. Et puis, voilà qu’il est question de rentrée litté- raire et que ce mois-ci, des voix légitimement nostalgiques s’élèvent. C’est le moment de dire avec Apollinaire combien « l’espérance est violente ». Pierrick Brault J’ai été largement per- turbé par la refonte du NML, qui m’a semblé perdre son âme. Dans Le Magazine litté- raire, l’adjectif littéraire a son importance. Et Dieu sait que ces dossiers d’écrivains m’ont ravi, aidé, enchanté, comblé toutes ces dernières années et je les relis régulièrement. […] J’espère que vous reprendrez les fondements du ML à savoir le dossier d’écrivain, la littéra- ture mondiale, les périodes lit- téraires, les courants philo- sophiques, les philosophes… Le dossier Apollinaire est sur la bonne voie ! Permettez-moi de vous en- voyer ci-joint la liste de mes coups de cœur de la rentrée lit- téraire. La uploads/Politique/ le-nouveau-magazine-litteraire-le-menteurs.pdf

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