Annales. Economies, sociétés, civilisations Claude LEFORT, Le travail de l'œuvr

Annales. Economies, sociétés, civilisations Claude LEFORT, Le travail de l'œuvre de Machiavel Blandine Barret-Kriegel Citer ce document / Cite this document : Barret-Kriegel Blandine. Claude LEFORT, Le travail de l'œuvre de Machiavel. In: Annales. Economies, sociétés, civilisations. 30ᵉ année, N. 5, 1975. pp. 1135-1138; https://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1975_num_30_5_293667_t1_1135_0000_003 Fichier pdf généré le 11/04/2018 HISTOIRE DES SCIENCES Cf René Stabilité structurelle et morphogénèse Essai une théorie générale des modèles W.A Benjamin Inc. Reading Mass. 1972 362 p. Modèles mathématiques de la morphogénèse Collection 10/18 Paris 1974 319 10.-Gerald HOLTON Thematic Origins of Scientific Thought Kepler to Einstein Harvard Univ Press Cambridge Mass. 1973 On the Role of Themata Scientific Thought Science vol CLXXXVIII 25 April 1975 pp 328-334 avec un commentaire de Robert Merton ibid. pp 335-338 Claude LEFORT Le travai de uvre Mach/ave/ Paris Gallimard 1972 Tout dans étude de Claude Lefort Le travail de oeuvre Machiavel concourt la présenter comme une énigme et la dérouler comme une initiation Son titre abord étonnant au regard une ponctuation habituelle Sa com position tripartite ensuite qui cercle le che minement ensemble par une réflexion sur le problème de oeuvre qui ne craint pas approcher une théorie comme uvre art travers le corps de son langage et ne dédaigne point emprunter exemple de Proust ou orientation de Blanchot quelques-uns de leurs mérites qui au centre divise le corps de ouvrage en deux lectures celles exemplaires dit Lefort de ses prédécesseurs dont les deux eminences nous semblent être les in terprétations de Cassirer et de Léo Strauss celle quasi intime si elle était nourrie de tout appareil érudit et de toute la volonté de distance possible pratiquée par Lefort trange composition qui enroule la réflexion sur le travail de uvre et qui au lieu de incorporer les commentaires des prédécesseurs comme des outils ou les délaisser comme des résidus ou encore de les combattre comme des obstacles ainsi que usage en est établi dans les travaux histoire des idées en constitue une topographie méticuleuse mais écartée de la lecture de Lefort Sa longueur enfin en son opération im modérée et là aussi inusitée du temps Oeuvre immense et comme interminable sinueuse en sa trajectoire escarpée dans les reliefs elle franchit ne cheminant que par contours encerclements successifs et des lecteurs de Machiavel et de son uvre elle-même comme il était besoin de ce questionnement interminable de cette patiente et arachnéenne redondance de la parole pour abattre une après autre les murailles qui enclosent pour effectuer travers le maquis des commentaires et la turbulence du propos machiavélien la descente infernale uvre elle-même et enfin en approprier ambivalente signi fication Conservant de bout en bout le ressasse- ment chuchoté du secret confisqué Lefort le livre pourtant emblée uvre de Machiavel fait scandale pour autant elle pratique une transgression égard de la loi en énon ant le lien morga natique du mal et de la politique Trans gression suffisante pour récuser la diffé rence on efforce établir bien tort selon Lefort entre Machiavel et le machia vélisme car le machiavélisme est le nom du mal Il est le nom donné la politique en tant elle est le mal 77) il est ce qui suggère identification de im moralité avec la politique Que la violation du tabou entraîne une modification du statut de la politique en rupture avec les conceptions classiques antiques ou médiévales ce est pas seulement ce que Lefort entend démon trer il lui importe davantage élucider en quoi ce nouveau statut de la politique im plique une nouvelle situation du sujet dans son rapport au temps au désir et la loi La preuve en est que lui qui dérive si longuement et se hâte avec tant de lenteur accélère soudainement son voyage pour énoncer les retenant les acquis cassiriens de interprétation du savoir machiavélien est peu peu tout édifice de représentations construites sur la base des conceptions classiques et chrétiennes qui se trouve ruiné et un rapport neuf la politique qui instaure Est abord in validée la question du bon ou du mauvais 1135 COMPTES RENDUS régime du bon ou du mauvais prince au regard de la morale ainsi que la primauté de la loi au regard du corps politique Disqualification des critères intentionnels de la méchanceté et de la bonté mais ex cellence un prince sa virtù dépendent et dépendent seules de la réussite prendre ou conserver le pouvoir viction de hypertrophie aristotélicienne ou platoni cienne du juridique car la loi est un effet des contradictions sociales une consé quence des querelles un texte fomenté dans la sédition et accouché dans la conspi ration Dans toute république il deux partis celui des grands et celui du peuple et toutes les lois favorables la liberté ne naissent que de leur opposition Les bonnes lois leur tour sont le fruit de ces agitations que la plupart condamnent inconsidérément Contre idée que essence de tat se lit dans les principes de sa constitution ou dans le comman dement un législateur Machiavel donne penser que est dans espace de la société politique il convient interroger origine de la loi et tout la fois les conditions dans lesquelles elle se fait et se défait 473 De cette manière le florentin renverse ancienne prééminence ontologique du repos sur le mouvement du stable sur instable avère que la stabilité est pas effet une bonne forme constitutive mais le résultat une instabilité primitive elle doit être pensée en fonction une instabilité et une violence premières Bref que le mouvement est la règle essen tielle de la politique et le repos ou la con servation exception Principe qui conduit Machiavel privilégier les sociétés ouver tes comme Rome et affrontées histoire au détriment des cités fermées et pitoya blement repliées comme Sparte ou Venise tat en effet qui accepte en son sein un désordre constitutif et lui aménage des in stitutions où les humeurs peuvent se faire entendre et être canalisées établit en même temps la liberté et la capacité de résister opression étrangère Telle fut la virtù de Rome née du désaccord du Sénat et de la plèbe Ainsi énonce cette thèse toute nouvelle il dans le désordre même de quoi produire un ordre les appétits de classe ne sont pas nécessaire ment mauvais puisque de leur entrechoc peut naître la naissance une cité où le partage un nouveau territoire de histoire lieu des accidents et des effets et la figuration un nouveau sujet de la politique usurpateur et le conspirateur Renversant idée il un pouvoir et un savoir de droit que la place du sujet coïncide avec celle du prince le lieu de la vérité avec la tradition tant pour le conquérant que pour le prince héréditaire parce que la difficulté du second conser ver est équivalente la peine du premier conquérir le prince comme le théoricien sont toujours ceux auxquels il est dévolu de dépasser un simple savoir des signes et des apparences de transgresser le rapport obéissance ou de somnolence la loi pour développer un calcul et des prévisions de telle sorte que dans le conspirateur mieux que dans le prince se révèle le sujet politique Car il est visiblement hors la loi et est pourquoi Machiavel préfère méditer les desseins et action de Brutus et de César Borgia ce point Lefort en arrive ce qui constitue la première évidente trans gression du discours de Machiavel sa théorie de la guerre qui énonce contraire ment la mystification sous laquelle ont dépeinte les historiens humanistes et au premier chef Leonardo Bruni la paix romaine fut une dévastation redoutable La guerre de Rome et une fa on géné rale celle des républiques conquérantes étaient avérées les plus terribles de toutes mais en même temps ce choix de la guerre qui implique la reconnaissance de insécurité de état et qui pour effet de le rapporter au dehors et de le heurter la nécessité de faire face aux accidents pro voqués par agression des voisins en même temps donc orientation impéria liste entraîne acceptation de la division intérieur la liberté et armement des citoyens Le pouvoir de la société ac cueillir la lutte de classes Machiavel fait entendre plusieurs reprises dans le 1136 HISTOIRE DES SCIENCES premier livre est lié au choix une politique tournée vers le dehors Paradoxale constatation en ce elle combine indissolublement le bien la liberté dans la reconnaissance des divisions intérieur de la cité et armement du peuple au mal la guerre impérialiste suivre ainsi cet éloge de la lucidité machiavélienne un rapprochement inévi table impose avec la paix américaine rapprochement explicitement opéré par Léo Strauss et dont on ne peut manquer de se demander si Lefort malgré sa dénégation ne le reprend pas im plicitement Ici ouvre abîme car la guerre dévoile impossibilité enclore espace monde de la politique dans les unités de la raison 551 Abîme plus profond que on pense encore si on en vient sonder le principe même de la division de la société Machiavel nous dit Lefort le reconnaît bien comme division de classes elle sépare le peuple les grands le prince Mais ces groupes elle écartèle et uploads/Politique/ lefort-claude-le-travail-de-loeuvre-machiavel.pdf

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