SAMEDI 8 AOÛT 2020 - 76E ANNÉE - NO 23508 - 4,70 € - FRANCE MÉTROPOLITAINE - WW

SAMEDI 8 AOÛT 2020 - 76E ANNÉE - NO 23508 - 4,70 € - FRANCE MÉTROPOLITAINE - WWW.LEMONDE.FR - FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY DIRECTEUR : JÉRÔME FENOGLIO Algérie 220 DA, Allemagne 3,70 €, Andorre 3,50 €, Autriche 3,80 €, Belgique 4,90 €, Canada 5,80 $ Can, Chypre 3,20 €, Danemark 36 KRD, Espagne 3,50 €, Gabon 2 400 F CFA, Grande-Bretagne 3,10 £, Grèce 3,50 €, Guadeloupe-Martinique 3,30 €, Guyane 3,50 €, Hongrie 1 440 HUF, Italie 3,50 €, Luxembourg 4,90 €, Malte 3,20 €, Maroc 22 DH, Pays-Bas 3,80 €, Portugal cont. 3,50 €, La Réunion 3,30 €, Sénégal 2 400 F CFA, Suisse 4,40 CHF, TOM Avion 500 XPF, Tunisie 4,10 DT, Afrique CFA autres 2 400 F CFA WEEK-END Emmanuel Macron visite le site dévasté par la double explosion dans le port de Beyrouth, le 6 août. THIBAULT CAMUS/AP Macron appelle les Libanais à forger un « nouveau pacte politique » ▶ En déplacement jeudi à Beyrouth, dévastée par l’explo­ sion qui s’est produite dans le port, le président français a dit comprendre la « colère » des Libanais ▶ Il a dénoncé un système qui a été « capturé par une corruption organisée » ▶ Anciens, les liens entre la France et le Liban sont complexes et ne se résument pas à l’« héritage colonial » PAGES 2 À 4 MAGAZINE VILLAGE PEOPLE, UN BOYS BAND MADE IN FRANCE M Le magazine du Monde no 464. Supplément au Monde no 23508/2000 C 81975 SAMEDI 8 AOÛT 2020. Ne peut être vendu séparément. Disponible en France métropolitaine, Belgique et Luxembourg. VILLAGE PEOPLE Une invention française Tubes planétaires et affirmation gay UNIQUEMENT EN FRANCE MÉTROPOLITAINE, EN BELGIQUE ET AU LUXEMBOURG LA LONGÈRE DE LA TRINITÉ DANS LE MORBIHAN, LA MAISON « MER » DU CLAN LE PEN Féminines « Au milieu de la fête », une nouvelle inédite de Carole Fives PAGE 17 Paysages Les glaciers alpins de William Turner PAGES 18-19 Festivals Bruce Springsteen chez les Bretons PAGE 22 L’été en séries Carole Fives, en 2018. FRANCESCA MANTOVANI/LEEMAGE Etats­Unis La procureure de New York cible la NRA, puissant lobby des armes PAGE 4 Social Au deuxième trimestre, l’emploi salarié a un peu résisté PAGE 12 Politique Quand Mélenchon adopte les codes des réseaux sociaux pour ados PAGE 10 Hormis BNP Paribas et le Crédit agricole, la plupart des groupes bancaires du Vieux Continent affichent une chute brutale de leurs résultats au deuxième trimestre 2020 PAGE 11 Economie La crise secoue les banques européennes → Pour ne pas entraver le retour des élèves en septembre, la distanciation physique ne sera plus exigée PAGE 6 → Le port du masque bien­ tôt obligatoire dehors, à Paris, mais aussi en petite, voire en grande couronne PAGE 6 → Les médecins de ville ne veulent pas revivre la pénurie des équipements de protection PAGE 9 → En Mayenne, la douloureuse expérience du rebond épidémique PAGE 7 → La côte aquitaine, peu touchée par l’épidémie, met tout en œuvre pour le rester PAGE 8 Covid­19 Un protocole sanitaire assoupli pour la rentrée scolaire En Charente, la demeure de la comédienne franco­ espagnole (1922­1996) est devenue un centre culturel à nul autre pareil PAGE 14 Culture Spectacles et visites chez Maria Casarès 1 ÉDITORIAL FACE AU CHAOS LIBANAIS PAGE 24 Titre certifié par l’état niveau I En partenariat avec des universités accréditées par : Investissez sur votre avenir à l’international du BAC au MBA Boston nYC Albany Lawrenceville www .cefam.fr West Long Branch Fredericksburg Philadelphia Philadelphia Contact : Mattieu MOnTERO – 04 72 85 73 63 – mattieu.montero@cefam.fr CEFAM Centre d’études Franco-Américain de Management Lyon & USA Concours : Aout : nous contacter pour fixer la date 2 rentrées par an: septembre et janvier 2| INTERNATIONAL SAMEDI 8 AOÛT 2020 0123 Emmanuel Macron, dans le quartier de Gemmayzé, à Beyrouth, le 6 août. BILAL HUSSEIN/AP beyrouth ­ envoyé spécial D’ abord, les ruines. Elles fument encore. D’un côté, la mer et ce qui reste du port de Bey­ routh, de l’autre, des gratte­ciel aux façades arrachées. Emmanuel Macron et le ministre des affaires étrangères, Jean­Yves Le Drian, marchent les pieds dans la poussière et les gravats, à l’épicentre du désastre, parmi la petite foule mouvante, qui trotte et trébu­ che, des conseillers, des responsables et des personnels de sécurité libanais et des journalistes. Au bout d’un sentier déblayé parmi les décombres des entrepôts se dresse la silhouette tronquée, éventrée du silo à grains qui a absorbé en tout premier le choc de l’explosion. Il est bientôt 13 heures à Beyrouth jeudi 6 août et, dans ce paysage cerné d’épaves échouées, retournées, pleines d’une mer sa­ lie, dans l’odeur encore flottante de la catas­ trophe, la séquence du déplacement prési­ dentiel commence. C’est un premier chapi­ tre consacré au silence des décombres et à ceux qui les labourent encore. On présente au président français le gouverneur de Bey­ routh, Marwan Abboud. « Merci de nous ac­ cueillir, on est là. » Le chef du détachement de pompiers de Marseille, dépêché la veille, est flanqué de son collègue libanais, qui super­ vise les opérations. Il estime qu’il y a encore « bon espoir » de retrouver des survivants, bloqués dans les décombres, « enterrés dans une salle de contrôle » à 500 mètres de là. « QU’IL LES FASSE BOUGER » Dans la chaleur, l’humidité, la poussière du port dévasté, ce qu’évoque le sort de ces hommes a quelque chose à voir avec un sentiment d’épouvante. La cohorte prési­ dentielle se dirige vers l’immense cratère rempli d’eau de mer creusé par l’explosion du hangar 12, là où une cargaison de nitrate d’ammonium a ouvert, le 4 août, une nou­ velle brèche cauchemardesque dans l’his­ toire du Liban. De jeunes personnels de la Croix­Rouge li­ banaise attendent leur tour. Il y a une heure tout juste, à peu près au moment où le Falcone présidentiel en provenance d’Hyè­ res (Var), à l’autre bout de la Méditerranée, se posait sur la piste de l’aéroport de Beyrouth, ils ont trouvé, disent­ils, dans le fatras de métal, de béton et de plastique brûlé, une jambe détachée d’un disparu qui doit main­ tenant pourrir quelque part. Ils n’ont pas plus de la trentaine. L’un d’entre eux, qui tourne le dos au paysage dévasté de la ville, montre une vidéo sur son téléphone porta­ ble. On y voit un corps humain désarticulé que ses compagnons en uniforme rouge blanc arrachent au chaos des décombres. « Cette année, on a vécu la révolution, la crise économique, la crise politique, le coronavi­ rus… Après cette explosion, cette horreur, on ne peut qu’espérer un nouveau départ », ré­ sume un des sauveteurs. Qu’attendre de la visite du président Macron ? Qu’espérer de ses échanges prévus plus tard avec les res­ ponsables du pays contre lesquels, après le choc, la colère se réveille ? « Qu’il les fasse bouger. Après ça, ils n’ont plus le choix… » La catastrophe donne un nouvel écho à la contestation massive, un temps étouffé par la pandémie de Covid­19, qui vise depuis des mois la classe politique libanaise tradition­ nelle. Installée, pour les intérêts propres de ses oligarques, dans le système de cartel qui régit le Liban depuis la fin de la guerre civile. On lui prête tous les maux du pays. Et des an­ nées durant, de conférences de donateurs en sommets diplomatiques, ses représentants se sont montrés incapables de mener à bien les réformes qui conditionnent pourtant les bonnes volontés internationales. Emma­ nuel Macron l’a clairement exprimé lors de sa conférence de presse à Beyrouth, jeudi soir : il n’était pas là « pour donner des chè­ ques en blanc à des systèmes qui n’ont plus la confiance de leur peuple ». Fin juillet, une visite de trente­six heures de M. Le Drian à Beyrouth avait été marquée par des signes de fermeté, voire d’impatience, envoyés par Paris aux autorités d’un pays déjà au bord du gouffre, ruiné par une crise finan­ cière galopante. Beyrouth n’avait pas encore été défigurée par une explosion qu’une large partie de la population impute à la corrup­ tion, à la négligence et à l’incompétence sys­ témique qui ruissellent depuis les hautes sphères de l’élite politique jusqu’au niveau le plus bas du pouvoir. L’explosion du port de Beyrouth, un Tchernobyl libanais plutôt que le nouveau Hiroshima décrit peu après le si­ nistre par le gouverneur de Beyrouth, a préci­ pité l’histoire. Et l’évolution de la position de Paris devait en tenir compte. « RESPONSABILITÉ HISTORIQUE » La ligne de crête entre solidarité avec le Liban au nom d’une histoire partagée et fermeté amicale envers ses dirigeants a­t­elle disparu dans les décombres ? Il s’agit de promouvoir un « nouveau pacte politique », comme M. Macron l’a proclamé à la foule. Mais avec qui ? Avec les dirigeants en place, dont le pré­ sident français, dès son arrivée, a évoqué « la responsabilité historique » ? Ou avec ces Liba­ nais qui veulent les voir « dégager » ? Dans le programme de uploads/Politique/ lemonde-080820.pdf

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