Institut d'Etudes Politiques de Strasbourg DEA "Science Politique de l'Europe"

Institut d'Etudes Politiques de Strasbourg DEA "Science Politique de l'Europe" 1997/98 Mémoire de DEA La Communication Gouvernementale par Internet - enjeux stratégiques à l'aube du 21 e siècle (en particulier en Allemagne, en France et aux Etats-Unis) Directeur de mémoire : M. le Professeur Renaud DORANDEU IEP de Strasbourg Rédaction : Bernhard LEHMANN von WEYHE Adresse : Heinrich Laur Str. 2 66386 St. Ingbert/Sarre Allemagne Tél/Fax : 0049 6894 87505 E-mail : bele@stud.uni-sb.de Septembre 1998 Sommaire 1. Introduction p. 3 2. Enjeux méthodologiques p. 9 3. Le cas d'étude de la Bundeswehr p. 10 4. Les définitions et concepts théoriques p. 17 4.1. Définitions p. 17 4.2. Les concepts théoriques p. 19 5. Les agents de la CGI sur le chemin de la reconnaissance p. 22 5.1. Les cadres gouvernementaux et leurs conseillers p. 24 5.2. Les spécialistes de la communication du gouvernement p. 29 5.3. Les Webmasters, administrateurs et techniciens p. 32 5.4. Les associations et lobbys, promoteurs "extérieurs" p. 36 6. Les niveaux de communication et d'interaction- un essai de classement p. 49 6.1. Le niveau de communication "vitrine passive" p. 51 6.2. Le niveau de communication riche et unilatérale p. 52 6.3. Le niveau de communication riche et interactive p. 56 6.4. Les débuts du "Interactive Government" p. 63 7. Réalités et mythes de la "société de l'information" p. 68 7.1. Les discours modernistes sur la "communication" p. 71 7.2. La démocratisation par la société de l'information ? p. 76 8. Une administration exemplaire ? p. 81 9. Conclusion p. 86 10. Bibliographie p. 88 11. Annexe p. 90 11.1. Terminologie Internet p. 90 11.2. Le Net : Traité de savoir-vivre et de Netiquette p. 98 2 "We are watching something historic happen, and it will effect the world seismically, rocking us the same way the discovery of the scientific method, the invention of printing, and the arrival of the Industrial Age did."1 (Bill Gates, fondateur et PDG de Microsoft) 1. Introduction à la problématique Internet - A quoi ça sert ? A fournir au monde entier un gadget futuriste, un espace de libertés, un lieu d'anarchie et de dérives ? Et le "cyberespace" - Qu'est-ce c'est ? Une idée de rêveurs anglo-saxons, déconnectés de la réalité ? Que faire d'une inondation de données, d'informations et d'images désorganisées sur un réseau sans limites ? Par conséquent, un gouvernement pourrait-il livrer des services de qualité ou interagir avec ses citoyens par un médium aussi flou et anarchique qu'Internet ? Néanmoins, peut-on complètement ignorer un tel développement international ? Voilà les questions que doivent se poser une bonne partie des citoyens, des scientifiques, des responsables politiques et des fonctionnaires dans les années 1990. Effectivement, l'évolution foudroyante des technologies de communication d'Internet, et la silhouette d'une "société de l'information" se profilant à l'horizon annoncent une révolution économique, sociale et politique très profonde. La croissance vertigineuse du nombre d'ordinateurs en ligne et de réseaux informatiques a réduit le sentiment de distance. Une course mondiale sur Internet, le royaume des Nouvelles Technologies de l'Information et de Communication (NTIC), a été ouverte. En septembre 1998, les NTIC comme email, le World Wide Web (WWW) et online-chat font déjà partie de la vie quotidienne d'environ 147 millions de personnes dans une trentaine de pays ; Internet est entré dans les mœurs. D'après les estimations de l'Union Européenne, ce chiffre pourrait passer à 200 millions d'ici l'an 2000. L'explosion du nombre des internautes dans le monde de 2 à 140 millions en seulement 7 ans reste impressionnante (en 1992 : 3-5 millions ; en 1995 : 15 millions ; en juillet 1996 : 45 millions ; en janvier 1997 : 102 millions)2. Pour les NTIC, des taux de croissance des utilisateurs par an et par pays de 50 % à 100 % ne sont pas exceptionnels. Aucun médium de communication moderne, ni la radio, ni le téléphone, ni la télévision, n'a pu déclencher une telle dynamique de croissance à son époque. Au delà de la société de l'information, se trouve le "produit de l'information" par lequel on espère créer à moyen terme un grand nombre de professions et d'emplois. Désormais, l'homme profite des milliards de données digitales qui traversent le monde à la vitesse de la lumière. "La pratique de la communication électronique, la capacité de créer et de rechercher de l'information, fondent l'autonomie du citoyen de demain et conditionnent son insertion sociale et professionnelle. La présence sur les réseaux et l'appropriation des nouvelles méthodes de travail ... sont un impératif d'existence au plan national et mondial."3 Cette mutation devient si profonde que les media et l'opinion publique n'hésitent pas à parler d'une "troisième révolution industrielle". La théorie de "vagues de civilisation" des futurologues américains Alvin et Heidi Toffler va dans le même sens : après les vagues de la société agraire et de la société industrielle, celle de la "société de l'information" se manifeste. Dans le modèle des époux 1 Nous sommes en train d'assister à quelque chose d'historique qui touchera le monde de manière sismique, qui nous affectera de la même façon que la découverte de la méthode scientifique, l'invention de l'imprimerie et l'arrivée de l'industrialisation. 2 cf. statistiques de Net Wizards (www.nw.com) depuis 1987 et Internet Society (www.isoc.org). 3 cf. Manifeste de l'Initiative Française pour l'Internet (IFI), Paris, 07.07.1997. 3 Toffler, cette dernière vague dans les pays hautement industrialisés est caractérisée par la dominance du savoir et des informations. En revanche, à l'âge de l'information, les facteurs classiques de production comme le travail, le capital et la terre perdent de leur importance. Alvin et Heidi Toffler prédisent une dynamique dans la création de valeur ajoutée par l'Homme-même, notamment par les processus d'information et de communication. Dans cette argumentation, les tendances majeures du 21e siècle seraient la disparition de la méthode traditionnelle de production industrielle qui ferait remonter la sphère domestique, la décentralisation des idées et des devoirs ainsi qu'une congruence croissante des secteurs privés et publics.4 Les gouvernements nationaux s'investissent de plus en plus dans la communication par réseau informatique et, ainsi, se rapprochent d'une gouvernance sui generis de l'âge de l'information. Dans ce cadre, une révolution des relations classiques entre Etat et citoyen est prévisible car une nouvelle culture politique se développe sur Internet. Une culture qui passe à travers les frontières et reste souvent en dehors de la rhétorique politique officielle. Le concept de l'Etat national souverain qui interagit de manière exclusive avec le citoyen dans un domaine réservé de la politique intérieure est de plus en plus difficile à imaginer dans l'avenir des NTIC. La société des réseaux d'information promet de multiples interdépendances technologiques, culturelles, sociales et politiques à travers les frontières traditionnelles. Par un mouvement international de convergence les informations et les acteurs jusqu'ici séparés pourront se rencontrer, se superposer et s'opposer sur Internet. Face à cela, le but de ce mémoire est de présenter, de classer et de critiquer la mise en œuvre de la "Communication Gouvernementale par Internet" (CGI), notamment en France, en Allemagne et aux Etats-Unis. Nous proposons la définition suivante de la CGI : "La Communication Gouvernementale par Internet signifie l'ensemble de la communication officielle d’un Etat destinée à ses citoyens qui passe par les Nouvelles Technologies de l'Information et de Communication. Cette communication peut être unilatérale ou bilatérale et elle peut s'effectuer en permanence ou ponctuellement par WWW, email, FTP ou online-chat." En présupposant la nécessité de toute CGI, ce mémoire tente de documenter de manière interdisciplinaire les enjeux humains, politiques et techniques, d'où le titre : "La Communication Gouvernementale par Internet - enjeux stratégiques à l'aube du 21e siècle." La gamme d'analyse s'étend d'une CGI très développée dans un cas à une situation d'initiation dans d'autres cas. En revanche, tous les cas relèvent en permanence le défi commun de l'évolution et de la rénovation des programmes de CGI. Par ailleurs, pour conserver un cadre d'analyse précis, nous souhaitons mettre l'accent sur les institutions les plus concernées du pouvoir exécutif (les services du chef de l'Etat ou du gouvernement, les ministères de l'information, des affaires étrangères, de l'économie, de la défense, etc.). Le débat autour d'Internet est devenu un enjeu politique capital dans tous les pays industriels, et pas seulement dans ceux-là. Beaucoup de déclarations pompeuses sont faites, de rapports gouvernementaux rédigés et de débats publics menés. Quelques-uns restent pessimistes par peur de la globalisation et du monde anglo-saxon. Il y a 2-3 ans encore, de grands hommes politiques en France, de droite et de gauche, rejetaient publiquement Internet comme "réseau américain" qui ne pourrait pas s'adapter aux traditions et besoins de la France ... D'autres deviennent sarcastiques comme Yves Léon qui propose une satire sur "un procès politique" contre Internet : "L'Internet, c'est un énorme tuyau autour duquel s'agitent des souris, des mulots et quelques rats..."5 Encore d'autres font des déclarations ambitieuses 4 cf. dernier livre à succès d’Alvin et Heidi Toffler : "Creating a New Civilization : The Politics of the Third Wave", Bantam Books, New York, 1995. cf. également, commentaires choisis sur www.amazon.com . 5 http://www.cie.fr/proces/proces2/sint0051.htm#3 4 au sujet des uploads/Politique/ me-moire 1 .pdf

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