TEXTES À L’APPUI série sociologie dominique monjardet notes inédites sur les ch

TEXTES À L’APPUI série sociologie dominique monjardet notes inédites sur les choses policières, 1999-2006 suivi de le sociologue, la politique et la police sous la direction d’antoinette chauvenet et frédéric ocqueteau préface de pierre joxe ouvrage publié avec le soutien du centre d’études et de recherches de science administrative (CERSA) et du CNRS ÉDITIONS LA DÉCOUVERTE 9 bis, rue abel-hovelacque PARIS XIIIe 2008 Si vous désirez être tenu régulièrement informé de nos parutions, il vous suffit de vous abonner gratuitement à notre lettre d’information bimensuelle par cour- riel, à partir de notre site www.editionsladecouverte.fr, où vous retrouverez l’ensemble de notre catalogue. ISBN 978-2-7071-5455-2 Ce logo a pour objet d’alerter le lecteur sur la menace que repré- sente pour l’avenir du livre, tout particulièrement dans le domaine des sciences humaines et sociales, le développement massif du photocopillage. Nous rappelons donc qu’en application des articles L. 122-10 à L. 122-12 du code de la propriété intellectuelle, toute photocopie à usage collectif, intégrale ou partielle, du présent ouvrage est interdite sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris). Toute autre forme de reproduction, intégrale ou partielle, est également inter- dite sans autorisation de l’éditeur. © Éditions La Découverte, Paris, 2008. Préface Alma mater par Pierre Joxe, ancien ministre de l’Intérieur « Alma mater », pour désigner l’Université, est une expres- sion ambiguë car l’adjectif almus signifie aussi bien nourri- cier, ou nourrissant – en latin classique – que vénérable chez Justinien où « Alma Urbs » désigne l’Auguste Ville, celle de Constantin… « Alma mater », l’université auguste et nourri- cière, c’est bien celle qui peut éduquer la jeunesse mais aussi alimenter l’action politique en réflexions et en analyses aptes à guider les décisions ou du moins à éclairer les décideurs. Disciple de Confucius ? Le 14 mai 2002, Dominique Mon- jardet, intellectuel proche de l’action, écrit dans son journal : « Il n’y a pas de police facile. Si la police était facile, il n’y aurait pas besoin de police… » Plutôt qu’un lettré chinois cise- lant des aphorismes, Monjardet me rappelle mes maîtres à l’uni- versité. Ceux qui m’ont enseigné un peu d’histoire. Bien qu’il ait commencé à étudier la sociologie industrielle dans le sillage d’Alain Touraine aux Hautes Études, ce sont quelques expressions latines qui me viennent à l’esprit en reli- sant ou découvrant les écrits de Dominique Monjardet. Sans doute parce qu’à l’époque où j’étais étudiant, on nous nourrissait – voire gavait – de droit romain et de ces adages qui ont traversé les siècles. Souvent tirés de Cicéron, comme « cedant arma togae » – affirmant que la force des armes doit être soumise à la loi – ou encore « summum jus, summa injuria » – ainsi traduit par Montesquieu : « L’extrême justice est injustice », et ainsi commentée : « La justice consiste à mesurer la peine à la faute eu égard aux considérations raison- nables (qui doivent) tempérer la rigueur de la loi »… 5 « Dura lex, sed lex », affirme pourtant l’adage antagonique dans ce débat sans fin sur le droit et la force, sur le juste et l’injuste… C’est une longue tradition philosophique qui irrigue et nourrit notre droit depuis ses sources antiques jusqu’aux pen- seurs contemporains. Alors me vient à l’esprit, songeant tou- jours à Monjardet, et à son rôle d’intellectuel engagé au service de l’action, la curieuse expression « Alma mater ». Car l’action politique ne peut se passer de sciences sociales. Ce sont longtemps les sciences juridiques qui ont servi de bagage unique et suffisant aux clercs affectés au pouvoir. Puis les sciences économiques – tard venues dans le panorama des politiques – ont progressé, de Adam Smith à Keynes en pas- sant par Marx, et prétendu éclairer l’action. On en connaît les limites… La sociologie, quant à elle, est la dernière arrivée dans le champ politique : logement, santé, formation, urbanisme, transport, presque toutes les politiques publiques ont commencé à s’inspirer de la recherche en sciences sociales dès le début du XXe siècle. Mais, parmi toutes les politiques publiques, c’est celle du « policing » qui est demeurée le plus longtemps (en France) à l’écart de la recherche, de la réflexion et de la théorisation. On se souvient qu’en février 2003, le ministre Sarkozy de passage à Toulouse s’en était pris à la « police de proximité » en mettant publiquement en cause le commissaire Jean-Pierre Havrin par une démarche insolite et même sans précédent. Le ministre de l’Intérieur avait brutalement attaqué ce remarquable serviteur de l’État de droit en déclarant sous le regard stupéfait des autres fonctionnaires de police et en présence des caméras de télévision spécialement convoquées à cette fin : « La police est là pour arrêter les délinquants, pas pour faire du social. » Quatre ans plus tard, on sait comment a évolué la politique de sécurité, bien qu’on ne sache pas encore comment elle va à nou- veau évoluer dans les années qui viennent. On sait pourtant déjà que le travail irremplaçable des sociologues – tous plus ou moins élèves ou héritiers de Dominique Monjardet – sera la clé du progrès dans ce domaine. Lorsque j’avais créé l’Institut des hautes études de la sécu- rité intérieure (IHESI) il y a vingt ans, je m’étais évidemment inspiré des exemples étrangers, en particulier canadien et scan- dinaves. J’avais aussi bénéficié de l’expérience et du discerne- ment de Jean-Marc Erbès qui a tant fait dès l’arrivée de Gaston Defferre au ministère de l’Intérieur, puis avec moi-même pour notes inédites sur les choses policières, 1999-2006 6 repenser et refonder la formation des fonctionnaires de la police nationale. Mais c’est avec la pensée et le travail originaux de Domi- nique Monjardet et de ceux qui signent les pages suivantes que la réflexion sur la politique de sécurité a acquis une profon- deur et même une épaisseur qu’un travail scientifique peut seul assurer. Je sais ce qu’il a apporté à la Police nationale, au minis- tère de l’Intérieur et à l’IHESI auprès de J.-M. Erbès qui s’en explique dans les pages suivantes. Certes, bien d’autres contributions de la sociologie et de la science politique seront nécessaires pour progresser dans la définition des politiques sociales, des politiques publiques répondant aux dimensions nouvelles de la vie urbaine. Récemment, plusieurs ouvrages ont exploré les liens entre la ségrégation urbaine et les conduites déviantes qui peuvent tourner vers la délinquance et la criminalité. D’autres études prolongent la réflexion sur ces nouvelles classes dangereuses comme faisant écho au célèbre ouvrage de Louis Chevalier Classes laborieuses, classes dangereuses quand il enseignait au Collège de France. Ces études nous conduisent aux frontières de la science éco- nomique qui s’efforce d’étudier l’économie parallèle, l’éco- nomie souterraine, le « bizness » évoqué par le sociologue Gérard Mauger. Nous ne savons pas encore ni ce que les intellectuels vont produire ni ce que les politiques vont en faire, mais nous savons déjà – et nous lui rendons hommage – qu’un homme comme Dominique Monjardet aura représenté ce qu’il y a de plus fécond, de plus fertile, de plus nourrissant dans notre « Alma mater ». Paris, le 18 avril 2007 préface Avant-propos Autour de l’œuvre de Dominique Monjardet par Antoinette Chauvenet et Frédéric Ocqueteau Dominique Monjardet est décédé le 24 mars 2006 à l’âge de 63 ans. Il était entré au CNRS comme attaché de recherche le 1er octobre 1968, à l’âge de 26 ans. Il a été nommé directeur de recherche le 1er octobre 1986. Tous ses rapporteurs au Comité national ont souligné ses qualités et compétences. Ils ont mis en lumière la position exceptionnelle qu’il avait acquise au sein de la sociologie française. Il fut l’un des premiers à explorer, en tant que sociologue, l’univers complexe de l’institution poli- cière en France. Ses capacités d’analyse et de théorisation l’ont amené à fournir un apport remarquable à la sociologie des pro- fessions, mais aussi à l’analyse des politiques publiques. La maladie ne l’avait pas épargné ces dix dernières années. Gravement touché en 1996-1997, en 2001-2002, puis 2003-2004, il avait repris ses recherches dès qu’il avait été en mesure de le faire. Il n’a jamais diminué ses activités jusqu’au dernier soir de janvier 2006 où il a brusquement quitté son labo- ratoire, le CERSA (Centre d’études et de recherches de science administrative), pour n’y plus jamais revenir. Dans son dernier « rapport à deux ans » au CNRS (2004), on peut lire ceci : « Au jour où ce rapport sera examiné – c’est- à-dire au printemps 2006 –, il me restera deux ans d’activité au CNRS. Je compte consacrer ce temps à la rédaction d’un ouvrage de synthèse : Socialisation professionnelle des poli- ciers, et je souhaite rassembler, en une publication unique, les diverses contributions produites depuis une dizaine d’années sur l’élaboration, l’évolution, la mise en œuvre des politiques 9 publiques, peut-être sous le titre : Peut-on moderniser la police ? » Un article posthume, consacré précisément à l’évaluation d’une politique publique, celle de Nicolas Sarkozy au ministère uploads/Politique/ monjardet-notes-inedites-sur-les-choses-policieres-1999-2006 1 .pdf

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