The Project Gutenberg EBook of Esprit des lois, by Charles de Secondat, baron d

The Project Gutenberg EBook of Esprit des lois, by Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.net Title: Esprit des lois livres I à V, précédés d'une introduction de l'éditeur Author: Charles de Secondat, baron de la Brède et de Montesquieu Editor: Paul Janet Release Date: December 20, 2008 [EBook #27573] Language: French *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK ESPRIT DES LOIS *** Produced by Hélène de Mink, Laurent Vogel, Juliet Sutherland and the Online Distributed Proofreading Team at http://www.pgdp.net [Notes sur la transcription: Les erreurs clairement introduites par le typographe ont été corrigées. L'orthographe d'origine a été conservée. Le texte de la note 89 a été adapté à ce livre électronique.] MONTESQUIEU ESPRIT DES LOIS LIVRES I-V PRÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION DE L'ÉDITEUR et suivis d'un Appendice CONTENANT DES EXTRAITS DE MONTESQUIEU et des Notes explicatives PAR PAUL JANET MEMBRE DE L'INSTITUT PROFESSEUR A LA FACULTÉ DES LETTRES DEUXIÈME ÉDITION PARIS LIBRAIRIE CH. DELAGRAVE 15, RUE SOUFFLOT, 15 1892 DE L'ESPRIT DES LOIS INTRODUCTION[1] Le plus grand livre du XVIIIe siècle, sans aucun doute, est l'_Esprit des lois_; et même, dans l'histoire de la science politique, le seul ouvrage qui lui soit comparable (j'ose à peine dire supérieur), pour l'étendue du plan, la richesse des faits, la liberté des investigations et la force des principes, est la _Politique_ d'Aristote. Machiavel[2] avait peut-être autant de profondeur et de sagacité que Montesquieu, mais il connaissait trop peu de faits, et d'ailleurs son esprit corrompu ne lui permettait pas de s'élever jamais bien haut; enfin il n'a pas, au même degré qu'Aristote ou Montesquieu, le don supérieur de la généralisation. Quant à Grotius et Bodin[3], quelque juste estime qu'on leur doive, il n'entrera jamais, je crois, dans l'esprit de personne de les comparer, pour la portée des vues et du génie, à l'auteur de l'_Esprit des lois_. [1] Cette Introduction est extraite de notre _Histoire de la science politique dans ses rapports avec la morale_ (2 vol. in-8º, 3e édition, 1887). Notre éditeur, M. Félix Alcan, a bien voulu nous autoriser à la publier. [2] Machiavel, auteur du _Prince_ et des _Discours sur Tite-Live_ (XVe siècle). [3] Grotius (XVIIe siècle), auteur du _Traité du droit de la paix et de la guerre_.--Bodin (XVIe siècle), _de la République_. Étudions d'abord, dans Montesquieu lui-même, les antécédents de son oeuvre fondamentale, qui avait été précédée, comme on sait, par deux livres de génie: les _Lettres persanes_ et _la Grandeur et la Décadence des Romains_[4]. Montesquieu entrait dans la politique par deux voies différentes, la satire et l'histoire. Plus tard, on retrouvera ces deux influences dans le monument définitif de sa pensée. [4] Les _Lettres persanes_ sont de 1721; les _Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence_ sont de 1734; l'_Esprit des lois_ de 1748. (Voir Louis Vian, _Montesquieu, sa vie et ses oeuvres d'après des documents nouveaux et inédits_.--Caro, la _Fin du XVIIIe siècle_, vol. I, c. 2.) LES LETTRES PERSANES.--Les _Lettres persanes_ sont remarquables par le ton de liberté irrespectueuse avec laquelle l'auteur s'exprime à l'égard de toutes les autorités sociales et religieuses. Ce n'est plus la profonde ironie de Pascal, qui insulte la grandeur tout en l'imposant aux hommes comme nécessaire: c'est le détachement d'un esprit qui voit le vide des vieilles institutions, et commence à en rêver d'autres. Mais que pouvait-il advenir d'une société où les meilleurs et les plus éclairés commençaient déjà à n'être plus dupes de rien? Qu'eût dit Bossuet en entendant parler ainsi du grand roi: «Il préfère un homme qui le déshabille ou qui lui donne la serviette, à un autre qui lui prend des villes ou lui gagne des batailles... On lui a vu donner une petite pension à un homme qui a fui deux lieues, et un bon gouvernement à un autre qui en avait fui quatre... Il y a plus de statues dans son palais que de citoyens dans une grande ville[5].» Écoutons-le maintenant parler du pape: «Le pape est le chef des chrétiens. C'est une vieille idole qu'on encense par habitude[6].» Des parlements: «Les parlements ressemblent à ces grandes ruines que l'on foule aux pieds... Ces grands corps ont suivi le destin des choses humaines; ils ont cédé au temps qui détruit tout, à la corruption des moeurs qui a tout affaibli, à l'autorité suprême _qui a tout abattu_[7].» De la noblesse: «Le corps des laquais est plus respectable en France qu'ailleurs: _c'est un séminaire de grands seigneurs_. Il remplit le vide des autres états[8].» Des prêtres: «Les dervis ont entre leurs mains presque toutes les richesses de l'État: c'est une société de gens avares qui prennent toujours et ne rendent jamais[9].» Des riches: «A force de mépriser les riches, on vient enfin à mépriser les richesses.» Des fermiers généraux: «Ceux qui lèvent les tributs nagent au milieu des trésors: parmi eux il y a peu de Tantales[10].» De l'Université: «L'Université est la fille aînée des rois de France, et très aînée; car elle a plus de neuf cents ans; aussi rêve-t-elle quelquefois[11].» Enfin l'abus des pensions et des faveurs royales lui suggère un morceau d'une ironie sanglante, inspirée à la fois par le mépris des cours et par l'amour du peuple[12]. [5] Lettre XXXVIII. [6] Lettre XXIX. [7] Lettre XCII. [8] Lettre XCVIII. [9] Lettre CXVII. [10] Lettre XCVIII. [11] Lettre CIX. [12] Voir la lettre CXXIV tout entière: «Ordonnons... que tout laboureur ayant cinq enfants retranchera journellement la cinquième partie du pain qu'il leur donne,» etc. Cet esprit de satire et d'ironie, dans ce qu'il a ici d'excessif, tient sans doute à la jeunesse; car Montesquieu nous a appris plus tard «qu'il n'avait pas l'esprit désapprobateur». Mais quelques-unes des idées des _Lettres persanes_ subsisteront et se retrouveront dans l'_Esprit des lois_. L'une des plus importantes, c'est l'effroi du despotisme, et le sentiment des vices de cette forme de gouvernement. Il voit déjà la pente qui entraîne les monarchies européennes vers le despotisme: «La plupart des gouvernements d'Europe, dit-il, sont monarchiques, ou plutôt sont ainsi appelés; car je ne sais pas s'il y en a jamais eu véritablement de tels. Au moins est-il difficile qu'ils aient subsisté longtemps dans leur pureté. C'est un état violent qui dégénère toujours en despotisme ou en république. La puissance ne peut jamais être également partagée entre le prince et le peuple. L'équilibre est trop difficile à garder[13].» A cette époque Montesquieu n'est pas encore frappé du mécanisme gouvernemental par lequel les Anglais ont essayé de trouver un moyen terme entre le despotisme et la république; il ne connaissait encore que les institutions de la monarchie traditionnelle et aristocratique, antérieures à Richelieu; mais déjà il avait remarqué le caractère niveleur de cette autorité «qui avait tout abattu»; déjà il pressentait, comme il le dira plus tard dans l'_Esprit des lois_, qu'elle tendait soit au despotisme soit à l'état populaire. Déjà aussi il avait ce don remarquable de saisir dans un fait particulier et précis toute une série de causes et d'effets. C'est ainsi que l'invention des bombes lui paraît être une des causes qui ont amené en Europe la monarchie absolue. «Ce fut un prétexte pour eux d'entretenir de gros corps de troupes réglées, avec lesquelles ils ont dans la suite opprimé leurs sujets[14].» [13] Lettre CII. [14] Lettre CV. Néanmoins Montesquieu a très bien saisi la différence des monarchies européennes et des monarchies asiatiques. Il montre admirablement comment le pouvoir des monarques européens est en réalité plus grand que celui des despotes asiatiques, précisément parce qu'il est plus limité[15]. [15] Lettre CII. Mais déjà on voit poindre dans Montesquieu le goût d'un autre état politique que celui de la monarchie absolue. Déjà la liberté anglaise exerce évidemment un grand prestige sur son esprit. Il parle, non sans admiration secrète, «de l'humeur impatiente des Anglais qui ne laissent guère à leur roi le temps d'appesantir son autorité»; et qui, se trouvant les plus forts contre un de leurs rois, ont déclaré «que c'était un crime de lèse-majesté à un prince de faire la guerre à ses sujets». Il ne saisit pas bien encore les ressorts du gouvernement anglais, qu'il découvrira plus tard avec une merveilleuse profondeur: mais il est frappé du spectacle étrange qu'offre à ses yeux un pays «où l'on voit la liberté sortir sans cesse des feux de la discorde et de la sédition: le prince toujours chancelant sur un trône inébranlable; une nation impatiente, sage dans sa fureur même.» A côté de ce noble tableau, Montesquieu en ajoute d'autres, tous favorables aux républiques: «Cette république de Hollande, si respectée en Europe, si formidable en Asie, où ses négociants voient tant de rois prosternés devant eux;»... «la Suisse, qui est l'image de la liberté». Il fait remarquer que la Hollande et la Suisse, qui uploads/Politique/ montesquieu-esprit-des-lois.pdf

  • 25
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager