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--------► Prise de notes à la lecture : cette brochure est issue d’un travail personnel de synthétisation du livre. Il y a très peu de modifications du texte original, seulement des coupes (très nombreuses...). Les pages notées entre parenthèses renvoient à l’édition parue en 2005 aux éditions La Découverte. J u d it h B u t l e r Judith Butler Est professeure de rhétorique et de littérature comparée à l’Université de Californie à Berkeley. Elle a écrit plusieurs livres et de nombreux articles sur la philosophie, la psychanalyse, le féminisme et la théorie queer. Elle est notamment l’auteure de « La vie psychique du pouvoir » (Léo Scheer, 2002), « Le pouvoir des mots » (Amsterdam, 2004), « Vie précaire » (Amsterdam 2004). 1 TMVRlf D A N S L E (iEKW povp m nmm de la mmm JUDITH 5ÜTLELR TRADUCTION = CYNTHIA ICRAUS 1. Suj et s de sexe/genr e/desir Les f emmes en t a nt q ue suj et du f éminisme (p. 59) • La représentation : La représentation prend effet dans un processus politique cherchant à donner plus de visibilité et de légitimité aux femmes en tant que sujets politiques. Elle est la fonction normative d’un langage. Le développement d’un langage représentant pleinement ou adéquatement les femmes semblait indispensable pour promouvoir la visibilité politique de ces dernières. Les domaines de la “représentation” politique et linguistique prédéfinissent le critère à partir duquel les sujets sont eux-mêmes formés, ce qui implique que la représentation ne figure que ce qui peut être admis comme sujet. Les conditions nécessaires pour être un sujet doivent d’abord être remplies pour que la représentation devienne possible. les sujets régulés par des structures sont, par le simple fait d’y être assujettis, formés, définis et reproduits conformément aux exigences de ces structures. La formation juridique du langage et de la politique représentant les femmes comme le “sujet” du féminisme est alors elle-même une formation discursive et l’effet non moins discursif d’une certaine version de la politique de représentation. • Loi et pouvoir : Les sujets de droit sont continûment produits par le biais de certaines pratiques d’exclusion qui ne se “voient” pas, une fois que la structure juridique du politique fait loi. Double fonction du pouvoir : juridique et productive. La catégorie “femme” - le sujet du féminisme - est produite et contenue dans les structures du pouvoir, au moyen desquelles l’on s’efforce précisément de s’émanciper. Fondement fictif de l’hypothèse de l’état de nature. Les structures juridiques du langage et de la politique constituent le champ contemporain du pouvoir. « La tâche qui nous attend consiste à formuler une critique des catégories de l’identité que les structures juridiques contemporaines produisent, naturalisent et stabilisent ». • L’unité des femmes : Le féminisme bute sur le même problème politique chaque fois que le terme femme est supposé dénoter une seule et même identité. Le genre n’est pas toujours constitué de façon cohérente ni conséquente selon les différents contextes historiques. Le genre est partie prenante de dynamiques raciales, de classe, ethniques, sexuelles et régionales où se constituent discursivement les identités. Les théories du patriarcat ont cherché dans ces différents contextes des “exemples” ou des “illustrations” d’un principe universel. Ce genre de théorisation féministe fut sévèrement jugé comme une tentative de colonisation et d’appropriation de cultures non occidentales parce qu’on y défendait des idées éminemment occidentales d’oppression. On tendait aussi à y construire un “Tiers Monde” où l’oppression de genre était un symptôme de barbarie primitive, non occidentale. Le postulat politique selon lequel il faut au féminisme une base universelle à trouver dans une identité présumée transculturelle va souvent de paire avec l’idée que l’oppression des femmes aurait une forme 2 spécifique, identifiable au niveau de la structure universelle ou hégémonique du patriarcat, ou encore de la domination masculine. Y a-t-il un dénominateur commun aux “femmes” qui préexiste à leur oppression ? Les “femmes” n’ont-elles de lien qu’en vertu de leur oppression ? La “spécificité” du féminin est analytiquement et politiquement dissociée des rapports de classe, de race, d’ethnicité et des autres axes de pouvoir qui à la fois constituent l’“identité” et rendent cette notion seule impropre. L’adhésion à la catégorie femme suscite de nombreuses résistances, qui montrent bien les limites inhérentes à la politique identitaire. La construction de la catégorie “femmes” comme un sujet cohérent et stable n’est-elle pas, à son insu, une régulation et une réification des rapports de genre ? Dans quelle mesure la catégorie “femmes” ne parvient-elle à la stabilité et à la cohérence que dans le cadre de ma matrice hétérosexuelle ? La politique féministe doit trouver une forme qui ferait de la variabilité dans la construction de l’identité une exigence tant méthodologique que normative, pour ne pas dire un but politique. Quels sont les rapports de domination et d’exclusion qui sont involontairement renforcés lorsque la représentation devient l’unique point de mire en politique ? Peut-être la “représentation” finira-t-elle paradoxalement par n’avoir de sens pour le féminisme qu’au moment où l’on aura renoncé en tout point au postulat de base : le sujet “femmes”. L’ordre obligatoire du sexe/genre/désir (p. 69) Le genre est culturellement construit indépendamment de l’irréductibilité biologique qui semble attachée au sexe : le genre n’est ni la conséquence directe du sexe ni aussi fixe que ce dernier ne le parait. Une telle distinction, qui admet que le genre est une interprétation plurielle du sexe, contient déjà en elle-même la possibilité de contester l’unité du sujet. La distinction sexe/genre poussée jusqu’au bout implique une discontinuité radicale entre le sexe du corps et les genres culturellement construits. Supposer que le genre est un système binaire revient toujours à admettre que le sexe en constitue la limite. Qu’est-ce que le sexe ? Est-il naturel, anatomique, chromosomique ou hormonal ? Les faits prétendument naturels du sexe sont-ils produits à travers différents discours scientifiques qui servent d’autres intérêts, politiques et sociaux* 1 ? Si le sexe devenait une catégorie dépendante du genre, la définition même du genre comme interprétation culturelle du sexe perdrait tout son sens. Le genre désigne précisément l’appareil de production et d’institution des sexes eux-mêmes. Le genre, c’est aussi l’ensemble des moyens discursifs/culturels par quoi la “nature sexuée” ou un “sexe naturel” est produit et établi dans un domaine “prédiscursif”. 1 Et économiques ? 3 Le sexe est produit en tant que- donnée prédiscursive, c'est à dire que cette production est un effet de cet appareil de construction culturelle qu’est le genre. L e GENRE : “ LES RUINES CIRCULAIRES” DU DEBAT ACTUEL (p. 70) Le genre peut-il être construit autrement, ou son caractère construit implique-t-il une forme de déterminisme social qui exclut la capacité d’agir et la possibilité de toute transformation ? Lorsque ladite "culture” “construisant” le genre est appréhendée dans les termes d’une telle loi ou d’un ensemble de lois, alors le genre parait aussi déterminé et fixe qu’il l’était dans l ’idée de la biologie comme destin. Dans ce cas, le destin, ce n’est pas la biologie, mais la culture. Pour Simone de Beauvoir, il y a un agent, un cogito, qui prend ou s’approprie ce genre et qui pourrait, en principe, endosser un tout autre genre. --------► Peut-on dans ce cas réduire la “construction” à une forme de choix ? Beauvoir affirme clairement que l’on “devient” une femme, mais toujours sous la contrainte, l’obligation culturelle d’en devenir une. Rien ne garantit que “celle” qui devient une femme soit nécessairement de sexe féminin. Le sexe est, par définition, du genre de part en part. On figure le corps comme un simple instrument ou un moyen auxquels on attache un ensemble de significations culturelles qui leur sont externes. Les limites inhérentes à l’analyse discursive du genre présupposent et pré-déterminent la possibilité d’imaginer et de réaliser des configurations de genre dans la culture. Ces limites sont toujours posées sans les termes d’un discours culturel hégémonique fondé sur les structures binaires qui se font passer pour le langage de la rationalité universelle. Appliqué à des personnes, le genre peut être compris comme une signification qui prend un corps (déjà) sexuellement différencié. Mais, même dans ce cas, cette signification n’existe que par rapport - et il s’agit d’un rapport d’opposition - à une autre signification. D’autres, à la suite de Beauvoir, soutiennent plutôt que le seul genre à être marqué est le genre féminin, que la personne universelle est assimilée au genre masculin. Pour Irigaray, les femmes sont ce “sexe” qui n’en est pas un. Pour elle, le “sexe” féminin est un point d’absence linguistique, l’impossibilité grammaticale de dénoter une substance. Les discours, y compris dans leurs variétés sont autant de variations sur le langage phallogocentrique. Pour elle, le marqueur et le marqué sont maintenus à l’intérieur d’un mode masculiniste de signification dans lequel le corps féminin est pour ainsi dire “démarqué” du domaine du signifiable. La femme n’est pas le sexe qu’elle est censée être, elle est plutôt encore (et en corps) le sexe masculin qui s’affiche sur le mode de l’altérité. La philosophie et le féminisme ont bien étudié uploads/Politique/ resume-butler.pdf
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- Publié le Aoû 08, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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