LE TOTALITARISME Introduction : le totalitarisme ou les totalitarismes ? Après
LE TOTALITARISME Introduction : le totalitarisme ou les totalitarismes ? Après la SGM, le monde occidental s’est trouvé choqué par l’extrême violence de la réalité du régime national socialiste d’Hitler. Les camps de concentration, l’aveuglement de la population allemande, la Gestapo, la propagande…les camps d’extermination. Après la victoire alliée, la découverte de la vérité dégrise. Face au fait accompli, reste à gérer l’information pour comprendre, digérer & sublimer l’horreur. Dans les années suivant la fin du régime nazi, on en parle comme d’une forme d’impérialisme, vue sa volonté de dominer l’Europe. Mais le totalitarisme ne se contente pas de priver les personnes de leur(s) liberté(s), & il ne s’agit pas simplement d’une politique extérieure agressive. Pour Arendt, cette confusion s’apparente à la prénotion, & à ce sujet déclare que « nous sommes contemporains seulement de ce que notre compréhension réussit à atteindre » : c'est-à-dire que maintenant que le nazisme a pris fin, nous sommes en état de décrypter cet évènement historique a priori inédit. La définition de totalitarisme émerge petit à petit avec l’analyse historique. Nous définissons aujourd'hui les régimes bolchévique & nazi comme totalitaires, mais survient dès lors la question suivante : doit-on parler DU totalitarisme ou DES totalitarismes ? Pour répondre à ce questionnement, nous démontrerons qu’au cœur de toute logique totalitaire, se trouve l’idéologie de l’unique parti au pouvoir. Puis nous décrirons les stratégies employées par les régimes totalitaires. Finalement, nous en conclurons que les divergences sont superficielles entre chaque régime, car ce qui caractérise fondamentalement le totalitarisme, c’est l’implantation d’une idéologie dans l’esprit des individus pour remplacer leur système moral. I- Une idéologie, ciment de l’édifice totalitaire A- Une refonte du système moral & culturel Le terrain propice à l’émergence du totalitarisme, c’est la révolution industrielle, qui a entraîné un changement radical. Ce bouleversement du mode de production & les changements que cela suppose se couple à une instabilité politique dans le cadre de laquelle les peuples doutent des structures légales & politiques. On se trouve dès lors dans un contexte où la cohésion de la société, faute d’être garantie par la confiance en l’appareil d’Etat (lois, gouvernants), se fonde sur la morale de la nation. Mais c’est là que le bât blesse : le tissu moral de chaque pays se trouve mis en péril à la suite du brusque virage opéré par l’industrialisation…. Les barrières sont mises à bas : perte de confiance en l’Etat & une conjoncture morale fragilisée, le vertige ressenti par les populations laisse la porte ouverte à l’idéologie. Car l’idéologie est l’arme du chef totalitaire. Grâce à elle il implante dans l’esprit des gens une nouvelle morale pour remplacer l’antérieure. Plus rien n’est vu de la même façon, désormais tout passe par le prisme de cette religion civile corrompue, marasme qui englouti les pensées individuelles & les écrase. L ’idéologie, c’est notamment un système de cohésion sociale qui pour fonctionner nécessite d’un adversaire désigné. Au départ, un bouc émissaire rempli cette fonction. Ensuite, il s’agit de massacrer les opposants / dissidents. Pas de place pour les indécis ni les contestataires au sein de la nation, maintenant unie contre l’ennemi commun. Finalement, n’importe qui peut devenir la cible de la police idéologique, qui remplace les tribunaux en s’érigeant en protectrice de la propagande (celle-ci faisant office de loi). Dans le totalitarisme, la vision est téléologique : l’histoire n’est qu’une progression, une évolution. Cela implique un raisonnement non pas en termes d’individualité mais donne un esprit de bloc, au nom duquel se trouve justifiée « l’élimination des individus nuisibles ou superflus », « afin de conquérir son éternité meurtrière ». Car la société totalitaire est sensée durer des milliers d’années. Dès lors, toute action entravant le développement de cette civilisation devient coupable & mérite à ce titre d’être supprimée (physiquement). T out cela est de plus renforcé par le fait que l’idéologie est posée comme vérité scientifique. L’intérêt du bloc vaut bien l’élimination systématique des gêneurs, dans la course à l’aboutissement du processus évolutif de la société. B- La terreur comme principe du totalitarisme Le gouvernement totalitaire n’a rien d’arbitraire : il se fonde sur la loi naturelle, la tradition, les mœurs…en y réfléchissant, on se surprend à voir que ce pouvoir puise sa force aux mêmes sources que la république ou la monarchie. A ceci près que le droit positif est remplacé par la terreur, & que l’objectif ultime n’est pas le bien commun, mais arriver à produire un monde habité par une « Humanité homogène ». Dans un premier temps la violence & l’extermination ciblent les opposants directs, comme dans la dictature, mais le propre du totalitarisme est qu’il s’en prend ensuite à des innocents : on les supprime sur la base d’argument qui découlent logiquement de l’idéologie. Finalement, qu’est-ce que l’idéologie ? C’est une explication de toute l’histoire à travers un prisme unique. Chez les nazis, ce sont les manigances des Juifs ; dans le communisme, c’est la lutte des classes. On explique l’histoire & on prédit le futur avec un simple mécanisme, toujours le même. Si la stabilité de l’édifice politique / légal est menacé, la peur gronde. Les individus se sentent isolés parce que le pouvoir d’un citoyen est annulé par celui d’un autre ; ce paradoxe donne une sensation d’impuissance aux individus. Le chef totalitaire lui aussi se trouve impuissant & seul dans la société. L’éventualité d’un pouvoir hégémonique contraire à ses intérêts s’installe ; c’est d’ailleurs cela qui le pousse à prendre le pouvoir de cette forme. Il se rend compte qu’il est une volonté bien isolée face à la majorité, mais ce sentiment qui hante toutes les personnes dans ce contexte de désolidarisation sociétale, il va l’utiliser pour se hisser au-dessus de l’appareil étatique, qui le terrifie (rien de pire que la dictature d’une foule abrutie). Il est animé de la volonté de dominer ses semblables, pour ne pas être lui-même dominé par la masse. Concernant le chef totalitaire, celui-ci se démarque du tyran. Le tyran désire & tente de garder le pouvoir ; le dirigeant totalitaire essaye de faire perdurer sa vision du monde, il veut qu’elle lui survive. Pour y parvenir, il met en place ce système qui devra durer des millénaires. Son système idéologique en fait le simple « exécutant de certaines lois qui lui sont supérieures » ; par exemple, l’avènement d’un monde entièrement aryen. Cela dit, cette idéologie conditionne les décisions du dictateur totalitaire, car elle constitue la raison que se donne le peuple pour supporter le régime. Mais pour assurer la pérennité du gouvernement totalitaire, il ne suffit pas de discours ou de putsch (quand le dictateur totalitaire n’est pas élu !) ; la logique du régime s’appuie en effet sur de nombreux outils d’une efficacité redoutable. Une fois leur fonctionnement institutionnalisé et systématisé, l’Etat totalitaire est définitivement installé pour rester. Connaître et comprendre les méthodes employées par ces régimes inhumains est notre meilleure chance de les éviter. II- Les outils au service de l’idéologie totalitaire A- Propagande & manipulation de l’histoire « La guerre, c’est la paix ». La seule façon d’atteindre la paix, c’est en faisant la guerre aux puissances déclarées ennemies de la nation totalitaire. Cela coule de source, puisque le régime vaincra forcément ses adversaires. Par conséquent, l’effort de guerre signifie prendre le raccourci vers la paix totalitaire. Car c’est le sens profond du terme « totalitaire » : l’objectif est d’étendre l’idéologie à toute la planète. Par le passé, des nations étrangères avaient voulu effacer le glorieux passé des peuples scandinaves & germaniques ; désormais, ils auraient leur revanche. Troisième Reich, Union Soviétique, République Populaire…l’adversaire du Parti doit être converti ; s’il s’y résiste, il sera détruit. « L’ignorance, c’est la force ». Croire aux mensonges du Parti rend forts les individus. Moins ils en savent, moins ils risquent de découvrir ses incohérences. Moins ils connaissent ses incohérences, moins ils risquent le crime par la pensée. La police idéologique traque les individus dans leur vie privée. On retrouve cela dans la censure à tous les niveaux de la communication dans les régimes totalitaires. C’est le ciment de la société totalitaire : tous sont égaux dans leur ignorance. Par la même occasion, tout le monde croit les mêmes choses. La cohésion est assurée, l’individu contrôlé. Rien ne peut entraver la marche du Parti. L’axiome « qui contrôle le présent, contrôle le futur. Qui contrôle le passé, contrôle le présent » prend tout son sens dans le totalitarisme. La propagande passe par une réécriture du passé, exaltant les racines aryennes ou prolétariennes du peuple. La mythologie se charge de construire une religion d’un genre nouveau. B- Lavage de cerveau : instiller la haine « La liberté, c’est l’esclavage ». A l’inverse de l’éducation démocratique sensée permettre d’accéder à la liberté intellectuelle, l’éducation totalitaire a pour objet de produire de la servitude. Il s’agit de remplacer la morale existante par celle du Parti. Dès lors, plus question de parler d’éducation : il s’agit là de sa négation. La soumission au Parti devient la seule façon d’avoir uploads/Politique/ totalitarisme.pdf
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- Publié le Jul 31, 2021
- Catégorie Politics / Politiq...
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