Ibn Kullāb et la "miḥna" Author(s): Josef Van Ess and Claude Gilliot Source: Ar

Ibn Kullāb et la "miḥna" Author(s): Josef Van Ess and Claude Gilliot Source: Arabica, T. 37, Fasc. 2 (Jul., 1990), pp. 173-233 Published by: Brill Stable URL: http://www.jstor.org/stable/4056968 Accessed: 14-03-2017 10:47 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms Brill is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Arabica This content downloaded from 193.54.110.56 on Tue, 14 Mar 2017 10:47:14 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms IBN KULLAB ET LA MIHNA* PAR JOSEF VAN ESS (traduit de l'allemand par Claude GILLIOT) ((Keine eilfertige Weisheit treibt sie zu unzeitiger Reife.,> (Friedrich Holderlin aus Tubingen, Hyperion) Avant-propos de I'auteur T ORSQUE j'ai ecrit cette etude, j'avais tout juste trente ans, et je Lin avais alors rien publie, hormis ma these et quelques recen- sions. Sur plus d'un point, aujourd'hui, je verrais les choses dif- f6remment. Le chapitre d'introduction, notamment, devrait etre revu; entre temps, plusieurs bonnes etudes ont paru sur I'arriere- plan politique de la mihna. En revanche, si l'on excepte mon ami, le defunt Pere Michel Allard, personne ne s'est occupe depuis de Ibn Kullab. Ce que j'ai dit 'a ce sujet peut donc toujours servir de * [Ndt: Josef van Ess, <Ibn Kulldb und die Mihna>, Hellmut Ritter zum Geburtstag (Pour les soixante-dix ans de H. Ritter), in Oriens, 18-19 (1965-66), pp. 92-142. Nous avons traduit ce texte, 'a l'origine pour nos etudiants en doctorat et nous avons pense qu'il pourrait etre utile 'a un plus large public qui ne lit pas la langue de Goethe. Nous remercions Monsieur le ProfesseurJosef van Ess et la revue Oriens d'avoir accepte que cet article soit traduit et paraisse ici. Monsieur le Professeur van Ess a bien voulu relire cette traduction, qu'il soit tout particulierement remercie pour les remarques qu'il a bien voulu nous faire. Que la phrase de Holderlin que nous avons placee en exergue soit un hommage a notre eminent collegue qui a la chance de vivre et d'enseigner dans la ville des "(trois amis pasteurs>) auxquels la pensee occidentale moderne doit tant!: <Aucune sagesse hative ne les fait miurir trop vite,> (Il s'agit des Atheniens et de tous les <<fils d 'Athe'nes> ! ). Les ajouts du traducteur dans les notes sont signales commes suit: [...]. Dans l'original allemand, les references figurent dans le texte, elles ont ete placees ici dans les notes. Certains passages du texte qui apportent des complements d'infor- mation ont ete egalement rejetes en notes. Les sous-titres et la numerotation des paragraphes sont de nous. Les signes abreviatifs des noms propres arabes sont ceux de GAS, I, p. XV, sauf Ahmad, abrege ici: A. L'abreviation du titre d'un ouvrage est indiquee entre parentheses, lors de la premiere mention qui en est faite]. Arabica, Tome xxxvii, 1990 This content downloaded from 193.54.110.56 on Tue, 14 Mar 2017 10:47:14 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 174 J. VAN ESS point de depart pour une autre recherche. Je remercie Monsieur Claude Gilliot qui a bien voulu se donner la peine de faire cette traduction, et qui, de la sorte, me donne l'occasion d'atteindre plus directement l'islamologie francaise. J. van Ess, Tiubingen, le 21 mars 1989. I) Le contexte historique et ideologique de la mihna 1. Lorsque en 218/833, le calife al-Ma3mu-n interrogea a Damas les jurisconsultes de la ville sur leur position concernant <<la justice et 'a la profession de foi unitariste>> (al-ad1 wa t-tawhfd)l et ordonna, dans une missive desormais bien connue2, adressee 'a son gouverneur de Bagdad, l'adoption de la doctrine mu'tazilite du Coran cree, commenca pour les gens de la sunna, adversaires du kaldm et du mu'tazilisme, une epoque qui resta toujours pour les generations futures celle de la grande <<epreuve>> (mihna). L'histoire de la mihna est connue. Elle est presentee, en relation avec les principaux recits historiques, dans l'etude de A. Patton3 qui demeure fondamentale, tout au moins pour le deroulement externe des evenements. Cependant, Patton touche peu aux motifs caches et 'a l'imbroglio des partis en presence qui en constituent la toile de fond. Desormais, apres plus d'un demi-siecle de recherche, il paralt quasiment certain que la politique Calide du calife y a joue un role. W. M. Watt4 a exprime' cette idee 'a plusieurs reprises et D. Sourdel l'a fondee de facon explicite dans une etude recente excellemment documentee5. 1 Cf. Yacquib1, Ta2rih, ed. M. Houtsma, Leyde, 1883, II, p. 571, 1. 8 sqq. 2 Tabarl, Annales, ed. M. J. de Goeje, Leyde, 1879-1901, 111, p. 1113,1. 7 sqq. Ahmad ibn Hanbal and the Mihna, Leyde, 1897; trad. 'Abdalcazlz cAbdalhaqq, Le Caire, Dar al-Hildl, 1958, 296 p. [Parmi les etudes les plus recentes sur F'arriere-plan politique de la mihna, v. I. M. Lapidus, ((The Separation of State and Religion, in IJMES, VI (1975), pp. 363-385; Id. A History of Islamic Societies, Cambridge, UP, 1988, chap. VII, pp. 120-125, en est un resume sans les references; T. Nagel, Rechtleitung und Kaljiat, Bonn, BOS, NS, Bd. 27/2, p. 440- 446. Sur le role de 'All ar-Rida: P. Crone and M. Hinds, God's Caliph. Religious authority in thefirst century of Islam, Cambridge, UP, 1986, p. 93 sqq.; M. Hind, <<Mihna((, a paraitre dans El. La these de M. 0. Abu Saq, The Politics of al-Mamurn and his Successors, Edimbourg, 1971, est de peu d'interet]. 4 W. M. Watt, ,Early Discussions about the Qur2an,,, MW, 40 (1950), p. 34 sq.; Id., (<The Political Attitudes of the Muctazilah>>, JRAS, 1963, p. 44 sq. On la trouve d'ailleurs deja dans Patton, op. cit., p. 54. 5 D. Sourdel, ((La politique religieuse du calife Cabbaside al-Ma3muin>, REI, XXX (1962), p. 27 sqq. This content downloaded from 193.54.110.56 on Tue, 14 Mar 2017 10:47:14 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms IBN KULLAB 175 2. Les 'siites, apres que leurs espoirs eurent ete cruellement decus depuis la prise du pouvoir par les 'Abbasides, s'etaient can- tonnes dans une dangereuse opposition, loin de la vie de l'Etat. Que ce soit dans l'attentisme de la resignation ou dans le souleve- ment arme, ils conservaient le souvenir de leur revendication. Le plus souvent, les detenteurs du pouvoir les traitaient avec rigueur; ainsi fit al-Mansu-r ou, plus tard, Haruin ar-Rasid; seuls les Barmecides, qui furent finalement renverses a leur tour, les con- sidererent avec sympathie. Quant a al-Ma'mun, au d'but de regne, (p. 93) en 199/814, il avait d ui mater la revolte de Abui Saraya en Irak. Deux ans plus tard, il s'etait resolu, probablement pour refaire l'unite de la communaute musulmane, a designer le Calide cAll b. Muilsa, fils de feu Mu-sa al-Kazim, comme dauphin et a lui donner le titre d'ar-Rida. C'est justement avec la devise a dou- ble sens de la dacwa ila r-ridd min dl Muhammad que Abu- Saraya avait conduit sa revolte. Bien qu'entreprise avec un enthousiasme manifestement pur dans son intention, la tentative d'union d'al- Ma'man n'avait pas totalement reussi. La raison en etait peut-etre que le calife avait soigneusement evite de prendre position sur la question de la suite de la succession au trone, l'une des revendica- tions des calides qui viendra plus tard. De plus, cAll ar-Rida disparaissait des l'annee suivante, peut-etre parce qu'al-Ma'mun s'etait trop compromis avec sa nomination6. 3. Il y a quelque raison de considerer la proclamation du dogme de la creation du Coran comme une deuxieme tentative de recon- ciliation de ce type, meme si elle a vu le jour plus d'une decennie apres. At-Tabari releve le rapport entre les deux, d'ailleurs en pla- cant la proclamation de la nouvelle doctrine deja quelques annees avant le debut de la mihna, en 212/827: <Cette annee-la, al- Ma'mu-n se rallia publiquement a la doctrine (azhara l-qawlfi) de la creation du Coran et de la preeminence de cAli b. a. Talib [sur les 6 D. Sourdel, Le vizirat Cabbdside de 749 a 936 (132-324 de 1Higire), Damas, 1959 60, I, pp. 209-211. Pour d'autres details sur le deroulement historique depuis 1'epoque de H-aru-n ar-Rasid, cf. Sourdel, art. cit., p. 27 sqq.; F. Gabrieli, Al- Ma'muzn e gli Alidi, Leipzig, Morgenliindische Texte und Forschungen, 1929, II 1. Mis a part les details, ces deux travaux se distinguent moins l'un de I'autre par le materiau que par les points sur lesquels ils mettent I'accent. Il s'agit de savoir combien de temps al-Ma'mu-n a pris politiquement au serieux ses sympathies Calides. Etait-ce jusqu'a 1'echec de 1'experience evoquee (Gabrieli) ou bien, tout simplement, jusqu'a sa mort (Sourdel). Je pencherais plutot pour la seconde posi- tion (cf. infra). This content downloaded from 193.54.110.56 on Tue, 14 Mar 2017 10:47:14 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 176 J. VAN ESS autres Compagnons]. II dit: 'II est d'entre [tous] les hommes le plus excellent apr'es l'Envoye de Dieu.' Cela uploads/Politique/ van-ess-josef-traduction-par-claude-gill.pdf

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