Vers une nouvelle politique budgétaire "intelligente" au service de la croissan

Vers une nouvelle politique budgétaire "intelligente" au service de la croissance économique et du développement humain au Maroc Towards a new "smart" fiscal policy at the service of economic growth and human development in Morocco Mohamed AIT OUDRA Enseignant - chercheur en Sciences Économiques et Gestion à la FSJES - FES (USMBA) et membre du Laboratoire de Coordination des Études et des Recherches en Analyse et Prévisions Économiques (CERAPE). Gmail : mhaitoudra1@gmail.com Rachid AMIROU Doctorant - Chercheur en Sciences Économiques et Gestion à la FSJES - FES (USMBA) - Laboratoire de Coordination des Études et des Recherches en Analyse et Prévisions Économiques (CERAPE). Gmail : amirou90rachid@gmail.com Résumé Ce papier vise à apprécier, économétriquement, l’ampleur des effets de la politique budgétaire sur la croissance économique nationale. Dans ce cadre, notre objectif au cours de ce travail est de vérifier, pour le Maroc, si la politique budgétaire a conduit à une croissance économique forte et durable pendant la période 1970-2012, pour en tirer quelques conclusions sur les potentialités et les faiblesses de notre système budgétaire en vue de proposer des éléments de réflexion capables d’instaurer une véritable politique budgétaire "intelligente" au service de la croissance économique et du développement humain au Maroc. À la lumière des résultats de l’étude empirique consacrée au cas marocain (nous avons utilisé la modélisation VAR Standard), nous pouvons conclure que le multiplicateur budgétaire, au lieu de se manifester à l’intérieur du pays, profite principalement aux marchés extérieurs et aux producteurs étrangers (le multiplicateur budgétaire marocain fonctionne donc dans le sens inverse et à l’extérieur du pays). Mots - clefs : politique budgétaire "intelligente" - modélisation VAR - croissance économique - développement humain. Abstract This paper aims to appreciate, econometrically, the extent of the effects of fiscal policy on national economic growth. In this context, our objective during this work is to verify, for Morocco, if fiscal policy has led to a strong and sustainable economic growth during the period 1970-2012, in order to draw some conclusions about the potentialities and weaknesses of our budget system so as to proposing some elements of reflection capable of establishing a real "smart" fiscal policy in the service of economic growth and human development in Morocco. In the light of the results of the empirical study on the Moroccan case (we used Standard VAR modeling), we can conclude that the fiscal multiplier, instead of manifesting inside the country, benefits mainly to foreign markets and foreign producers (the Moroccan fiscal multiplier therefore operates in the opposite direction and outside the country). Keywords : "smart" fiscal policy - VAR modeling - economic growth - human development. Introduction « "L’économie, a dit Joseph E. Stiglitz, est la science des arbitrages", elle oblige les décideurs, et notamment les pouvoirs publics, à faire des choix. » (BEN ALI, 2006). Ainsi parlera-t-on de politique économique lorsque ces derniers décideront d’augmenter les dépenses publiques, de réduire la pression fiscale, d’accroître les droits de douane, de baisser le taux d’intérêt directeur de la Banque Centrale, etc., en vue de corriger les déséquilibres économiques jugés dommageables pour la société. Mais, pour que ces choix puissent voir le jour et réaliser les objectifs de la politique économique, ils ont besoin d’instruments. La politique budgétaire en est un et incontestablement le plus important. Cette politique qui s’appuie sur le budget de l’État central. « Budget qui a un rôle essentiel dans la politique macroéconomique tant par sa masse (en % du PIB notamment), que par sa structure (structure des dépenses et des recettes), par ses flux (orientation des dépenses et collecte des recettes), et enfin, par son solde » (SAGOU, 2006) qui est résorbé notamment, en cas de déficit, par le recours à la dette publique (intérieure et extérieure). Ainsi, il faut signaler dans ce cadre que depuis le déclenchement de la crise financière qui est intervenue en 2008 (crise de « subprimes »), pour se transformer en une crise économique et finalement en une crise des dettes souveraines, la politique budgétaire a connu un vif regain d’intérêt dans les scènes politique et économique de tous les pays du monde entier. C’est le cas pour notre pays où l’État joue un rôle important, via l’utilisation de son budget, dans la relance de l’activité économique et dans la promotion du développement humain. Partant de ces deux constats, il s’avère judicieux d’analyser et de quantifier le degré d’impact de la politique budgétaire sur l’activité économique au Maroc, en vue de tirer quelques conclusions sur les potentialités et les faiblesses de notre système budgétaire. C’est dans cette optique que nous proposons une problématique de recherche qui a pour objet de vérifier, pour le Maroc, si la politique budgétaire a provoqué une croissance économique forte et durable pendant la période 1970-2012. Plus concrètement, il s’agit de répondre à la question fondamentale suivante : Quel est l’impact de la politique budgétaire sur la croissance économique au Maroc ? Et quelles sont les alternatives possibles pour doter notre pays d’une nouvelle politique budgétaire "intelligente"1 au service de la croissance économique et du développement humain ? Pour apporter des éléments de réponse à cette problématique et aborder ses divers aspects, il nous semble intéressant de scinder notre plan en trois grands points. D’abord, le premier point dresse un bilan synthétique et analytique de la conduite de la politique budgétaire marocaine durant la période 1970-2012 (1). Ensuite, le second point consiste à apprécier, économétriquement, l’ampleur des effets de la politique budgétaire sur la croissance économique au Maroc (2). Enfin, le dernier point présente quelques pistes de réflexion capables de remédier aux symptômes du processus budgétaire et de mettre les finances de l’État au service de la croissance économique et du développement humain de notre Royaume (3). 1. La conduite de la politique budgétaire au Maroc durant la période 1970- 2012 : essai de synthèse Il s’agit dans ce premier point de présenter d’une manière synthétique les traits saillants de l’évolution de la politique budgétaire marocaine pendant la période 1970-2012, sachant que celle-ci dans son ensemble a connu une importante évolution et des mutations profondes dès le début des années 1970. Ainsi, l’analyse du comportement des indicateurs et des composantes de la politique budgétaire durant cette période nous amène à formuler les cinq principales conclusions ci- après : - l’économie marocaine a connu trois « cycles budgétaires »2 pendant la période allant de 1970 à 2012 : 1 D’après le FMI, on entend par politique budgétaire "intelligente" une politique qui facilite le changement, exploite son potentiel de croissance et protège ceux qui en souffrent. Ainsi, un endettement excessif et des dettes publiques qui atteignent des niveaux record ont limité les moyens financiers à la disposition des pouvoirs publics. La politique budgétaire doit donc faire plus avec moins. Pour plus de détails sur ce point Cf. https://www.imf.org/external/french/np/blog/2017/041917f.htm. 2 Le concept de « cycle budgétaire » que nous utilisons ici, désigne une période plus ou moins longue et durant laquelle l’État, au sens du gouvernement, ne semble pas réagir à telle ou telle tendance forte et structurelle des finances publiques. Le cycle se termine en général par une crise des finances publiques et donc par une dépression. On peut alors assister à deux types de mesures anti-crise : Soit l’État subit le cycle budgétaire déficitaire, et prend des mesures à posteriori, et c’est ce qui arrive en général dans les finances publiques marocaines. Soit l’État voit venir la crise de ses finances, et anticipe la crise, auquel cas le cycle se termine plutôt. Pour plus de détails Cf. M. SAGOU, « Les politiques macro-économique : Les politiques budgétaires et monétaires du Maroc depuis cinquante ans et perspectives pour les vingt prochaines années », 2006, p. 40.  1970-1982 : Un cycle budgétaire d’expansion et d’accumulation des déficits budgétaires La première phase de ce « cycle budgétaire » a été caractérisée par une forte progression des recettes et des dépenses publiques due, entre autres, au triplement des prix des phosphates. Ce qui a marqué une véritable rupture de la tendance du passé en matière budgétaire. Ainsi, la prudence et l’orthodoxie budgétaires ont cédé la place à l’activisme budgétaire, ce qui a conduit à des déficits importants. En effet, au terme de cette phase, les déficits budgétaires sont entrés dans un processus cumulatif et d’auto entretien. Ils sont même devenus une donnée structurelle des finances publiques marocaines. Ainsi, le déficit budgétaire qui ne représentait que 2,9 % en 1970 atteignait 16,1 % en 1976. Quant à la seconde phase de ce « cycle budgétaire », elle a été caractérisée par un creusement du déficit budgétaire et un gonflement continu de l’endettement extérieur qui ont débouché sur une crise des finances publiques marocaines et leur résultante de mise en place du douloureux programme d’ajustement structurel (PAS). Tableau n°1 : Évolution du déficit budgétaire au Maroc entre 1970 et 1982 Années 1970 1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 Déficit budgétaire (en % du PIB) 2,9 2,8 3,6 1,9 3,8 8,7 16,1 14,6 9,9 9,2 10,1 14,0 12,0 Source : Ministère du uploads/Politique/a-vers-une-nouvelle-pb-intelligente-au-service-de-la-croissance-economique-et-du-developpement-humain-au-maroc-pdf 1 .pdf

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