Bien commun Le bien commun est une notion développée d'abord par la théologie e
Bien commun Le bien commun est une notion développée d'abord par la théologie et la philosophie, puis saisie par le droit, les sciences sociales et invoquée par de nombreux acteurs politiques. Elle désigne l'idée d'un bien patrimonial et matrimonial partagé par les membres d'une communauté, au sens spirituel et moral du mot « bien », de même qu'au sens matériel et pratique (ce dont on dispose ou ce qu'on possède). En Occident, la philosophie s'interroge au moins depuis Platon et Aristote sur ce qui nous constitue en tant que communauté. Le concept de bien commun figure dans la théologie chrétienne à partir de Thomas d'Aquin, au xiiie siècle, où il désigne l'inclination naturelle de la Création dans son ensemble (dont la communauté humaine) vers le Bien qui est Dieu . Dans une perspective chrétienne, la recherche du bien commun est alors le fondement de toute organisation sociale et politique . Cette notion est souvent utilisée pour les questions relatives à la propriété de certaines ressources et désigne la relation entre l'accès à des ressources équitablement partagées et des intérêts qui soudent les membres d'une communauté et contribuent à son existence. Pour le politologue et économiste italien Riccardo Petrella, le bien commun est ce qui fait vivre les sociétés . Selon l'économiste français Jean-Marie Harribey (2011) , cette notion, qui met aussi en jeu celle de propriété, serait notamment liée à la prise de conscience progressive de l'existence d'un patrimoine commun de l'humanité. Dans le langage courant, le bien commun a souvent un sens moins spirituel, mais correspond toujours à l'idée d'un patrimoine matériel ou immatériel de la communauté humaine (parfois élargi aux autres espèces vivantes) nécessaire à la vie, au bonheur ou à un épanouissement collectif. Ce concept semble intuitivement facile à comprendre, mais il s'avère difficile à définir et parfois à traduire ; ainsi l'anglais ne distingue pas facilement le « collectif » du « public », et le mot « commun » est très polysémique en français. On peut néanmoins opérer les distinctions suivantes : l'adjectif « commun » désigne une réalité partagée par tous, indépendamment d'une organisation sociale donnée, alors que « public » désigne une réalité qui dépend d'un pouvoir politique, d'un État. Par « commun » on suppose aussi l'idée d'un lien entre les membres du groupe concerné, qui fait alors communauté, tandis que « collectif » suppose simplement que plusieurs personnes sont impliquées sans forcément partager quoi que ce soit . Au singulier, on peut donner à l'expression « bien commun » au moins deux définitions, selon qu'on se place dans une perspective chrétienne héritière de la philosophie aristotélicienne et thomiste, ou non. Dans la perspective chrétienne inspirée par saint Thomas d'Aquin, le bien suprême (Dieu) est le bien commun, dont dépend le bien de tous les êtres . En ce sens, le bien commun est spirituel, avant d'être un principe politique ; il se distingue donc de la somme des intérêts particuliers mais aussi de l'intérêt général (qui est défini par une politique et par l'exercice de la raison humaine), car le bien commun est le bien de tous les êtres en tant qu’ils sont appelés par Dieu à la perfection (on parle aussi de sainteté, pour l'homme). 1 2 3 4 5 Éléments de définition 6 7 Le catholicisme évoque aussi la destination universelle des biens (principe voulant que la propriété n'est légitime que si elle sert un intérêt plus large que celui d'un individu), comme principe clé pour servir le bien commun. Dans le langage courant l'expression est employée dans un sens plus proche de celui d'intérêt général, tel que défini par Rousseau, c'est-à-dire l'intérêt partagé par la communauté, en tant que ses membres dépendent les uns des autres (et non pas la somme des intérêts particuliers) : c'est le bien de tous de façon indivisible, qui peut impliquer de passer outre l'intérêt particulier d'un individu et d'un groupe, pour servir le plus grand nombre. au singulier, le bien commun a une valeur plus morale (principe politique) que matérielle et ne se confond pas avec les biens communs, qui posent la question plus spécifique de la propriété. Mais les deux notions sont liées. au pluriel, les biens communs désignent des ressources (matérielles ou non) qui sont ou devraient être partagées par tous (l'information, par exemple). La définition semble plus ou moins précise ou transversale selon les auteurs et utilisateurs, mais elle est généralement articulée à une réflexion sur l'ordre social ; le contrat social ; l'autorité et sa légitimité ; la chose publique (res publica) ; l'État démocratique comme garant du bien public ou encore de la sécurité foncière , du droit et de l'accès réel à la santé et à la justice ; le patrimoine (ou les patrimoines ) (avec ou sans notion de propriété) ; l'environnement et la santé environnementale ; le « plein emploi de qualité » et la responsabilité sociale des entreprises (RSE) ; la biodiversité et le bon état écologique, la citoyenneté puis l'écocitoyenneté, la solidarité et les droits de l'homme ou encore la vie vertueuse. Avec le développement des NTIC, l'information elle-même est parfois considérée comme bien commun . L'eau est souvent présentée comme exemple de bien commun de l'humanité . Platon introduit dans la République l'idée que les gardiens de la cité idéale ne possèdent rien en propre, hormis les objets de première nécessité, mais partagent l'habitat, les possessions matérielles et les repas, reçoivent leur nourriture des autres et ne sont pas autorisés à acquérir de l'or . L'éducation des enfants et des jeunes, la procréation et la propriété des femmes appartiennent à l'ensemble des citoyens. Le bien commun définit un mode de propriété conçu pour assurer l'harmonie collective. Aristote s'attaque directement à Platon, arguant que la communauté des biens génère plus de différends que l'appropriation privée . Affirmant que la cité implique la diversité de ses membres, il élargit la notion de bien commun à la recherche de l'intérêt général ou encore de la vie vertueuse . Le rapport du dirigeant politique avec le bien commun départage la nature despotique, oligarchique ou démocratique du régime. Le droit romain apporte à la notion une portée juridique. Les Romains distinguent deux catégories majeures du droit : les personnes et les choses (res) ; et un bien est une chose appropriable. L'empereur Justinien Ier divise les choses en quatre catégories dans les Institutes : les choses sacrées, propriété des dieux ; les choses 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 Principe théologique, philosophique et juridique Dans l'histoire de la philosophie : « res publica » et « bonus communis » De Platon à Aristote 18 19 20 Droit de propriété romain 21 publiques, appartenant à l’État ou à la cité ; les choses communes , comme la mer ; les choses privées, propriété des personnes, qui sont précisément organisées par le droit privé. La théorie du bien commun ne s'accompagne alors plus de préoccupations morales ou politiques. La théorie classique du droit (Jean Domat, XVIIe) distinguera outre la chose publique (res publica) : la chose qui appartient à tous et ne peut appartenir à personne en particulier, ou res communis, la chose commune ; et la chose qui n’appartient à personne en particulier, mais pourrait appartenir à quelqu’un, ou res nullius = chose de personne. Soit par exemple : la mer, chose commune, et les poissons, choses de personne. Albert le Grand (xiiie siècle), dans son deuxième commentaire de l'Éthique à Nicomaque, discerne deux significations du bien commun, l'une portée sur la perfection morale, l'autre sur la sécurité matérielle, la première étant supérieure à la seconde. Alain Giffard et d'autres attribuent à Thomas d'Aquin et au thomisme l'une des premières références à ce terme, bonus communis, comme bien (au sens matériel) commun . Thomas d'Aquin affine en effet l'idée d'Albert le Grand dans son propre commentaire en incluant l'idée de participation : c'est en prenant part au bien commun que l'individu fait preuve de bonté. Le bien commun politique vise l'autarcie en vue du bien commun universel qui consiste en l'honnestas, le salut éternel de chacun . L'Église catholique définit le bien commun comme l'« ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée » . C'est le principe qui doit guider l'action sociale et politique du catholique . La pensée sociale de l'Église reprend en cela le cadre de pensée de saint Thomas d'Aquin : chez Saint Thomas comme chez Aristote, le Bien est intrinsèque à l'être, il est une sorte de programme de l’être, il est ce que nous désirons naturellement (par exemple, tout être désire être, donc l'être est bon en soi ; à l'inverse on définit le mal comme une réduction de l'être ). La forme suprême du Bien est Dieu. Quand Thomas d'Aquin parle de « bien commun » (bonus communis), il désigne donc Dieu en tant qu'il attire la Création à lui, aussi bien les hommes que les autres créatures qui participent uploads/Politique/bien-commun.pdf
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- Publié le Apv 22, 2022
- Catégorie Politics / Politiq...
- Langue French
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