1 HISTOIRE DES IDEES POLITIQUES De l’Antiquité au XVIIIe siècle COURS DE LICENC

1 HISTOIRE DES IDEES POLITIQUES De l’Antiquité au XVIIIe siècle COURS DE LICENCE I DROIT ET SCIENCE POLITRIQUE Par Pr. Mathurin NNA, DOCTEUR D’Etat en Science Politique, Maître de conférences nna.mathurin@yahoo.fr (Année académique 2019/2020) 2 PLAN DU COURS : Chapitre I : La cité grecque ou l’invention du politique Section I : Le cadre de la pensée grecque Section II : Les penseurs de polis Chapitre II : L’universalisme Chrétien Section I : L’augustinisme politique Section II : Les grands débats intellectuels Chapitre III : L’absolutisme au XVIIIe siècle Section I : Hobbes Section II : Le déclin de l’absolutisme Chapitre IV : Le gouvernement du peuple du XVIIe et XVIIIe siècle Section I : Rousseau, théoricien de la souveraineté populaire Section II : Condorcet et les droits de l’Homme Section III : SIEYES et la souveraineté nationale 3 INTRODUCTION GENERALE L’histoire des idées politiques est un enseignement de culture qui prépare à la compréhension de la politique contemporaine, la notion d’idée politique est ambiguë. Elle est souvent confondue avec celle de doctrine ou théories politiques. Il est possible de les distinguer en tant que concept mais elles sont toutes les trois au centre de cet enseignement. - Ainsi, l’idée politique considère les conceptions selon lesquelles s’établit, s’organise et se transmet l’autorité politique. Certaines idées sont le reflet de la société dans laquelle elles sont apparues. D’autres au contraire, original, innove totalement et peuvent avoir une influence sur l’évolution ultérieure de la société (Exemple le Marxisme) l’idée politique renvoie à des institutions qui ont fait fonctionnées une société. Elle peut être synonyme de « pensée politique ». - La doctrine politique est quant à elle une opposition ou une vision politique dominante à un moment donné nécessairement partisane, elle est une vérité que l’on peut enseigner (doctrine vient du latin docerer qui signifie enseigner ou encore distribuer le savoir). L’affrontement de deux doctrines peut engendrer des conflits politiques (exemple : le capitalisme et le socialisme) plus proche de la doctrine, l’idéologie également partisane se caractérise par son côté efficace c’est-à-dire une idéologie réussit. C’est en fin de compte une doctrine qui sous-tend une action. - La théorie est l’explication impartiale de l’observation des faits par une démarche logique et rigoureuse. La théorie a une méthode et prétentions scientifiques. Elle comporte un aspect de démonstration et de vérités scientifiques. L’histoire des idées politiques est indispensable pour comprendre les institutions et les évolutions politiques. Elle suppose un déroulement historique les idées liées par leur analogie ou par leur proposition s’enchainent les unes aux autres dans le temps. Sans tenir compte parfois de l’époque et du milieu (de la société) ce qui explique certain retour en arrière ou au contraire des brusques bonds en avant. Ainsi par exemple les idées de l’antiquité ont une grande influence sur la pensée révolutionnaire française. Les idées politiques sont très souvent exprimées dans les œuvres écrites qui reflètent les préoccupations des auteurs. Leur étude est difficile pour plusieurs raisons : 4 - Les auteurs n’ont pas toujours écrit avec l’idée qu’ils seront édités par conséquent les réponses dégagées des œuvres ne sont pas toujours claires. - Les auteurs n’ont pas les mêmes préoccupations. - La multiplication des auteurs et le foisonnement des idées compliquent l’approche du sujet - En fin il faut faire attention au vocabulaire, le sens des mots peut évoluer dans l’espace et dans le temps. 5 CHAPITRE I : LA CITE GRECQUE OU L’INVENTION DU POLITIQUE C’est en Grèce que se situe la genèse de la pensée politique dans un cadre spécifique, la Cité ou Polis. L’expérience de la démocratie à Athènes au 5e siècle avant Jésus-Christ et plus encore les déviations du régime vont susciter un vaste mouvement de réflexion sur l’organisation politique (SECTION I) SECTION I : LE CADRE DE LA PENSEE GRECQUE : LA POLIS. Les grecs n’ont jamais dépassé le cadre étroit de la cité où tous peuvent participer à la vie politique à condition d’être citoyen. Les cités sont des micros-Etats qui apparaissent en Grèce et surtout le pourtour de la mer Egée leur nombre est d’environ 300. Elles ont en commun un principe : « les citoyens n’obéissent pas à un Homme mais à la loi » à la différence des premiers empires. Si l’organisation en cité est commune à tous les grecs, chaque cité développe néanmoins un sentiment de patriotisme exacerbé pouvant susciter des guerres et des rivalités entre les cités. Elles pratiquent toutes le principe d’autarcie, chacune a sa capacité de se défendre, a les moyens de vivre sur elle-même, a ses propres institutions, ses propres lois et ses propres dieux. Il existe une grande diversité des cités : - Diversité de taille, exemple Sparte avec 8400 km2 ; Athènes 2650 km2 ; Corinthe 850 km2. - Diversité de mode de fonctionnement et d’organisation sociale : certaine cité était oligarchique comme Sparte, d’autres étaient démocratiques comme Athènes cependant démocratie ne signifie pas liberté individuelle la combinaison entre les deux n’apparait qu’au 19e siècle. Dans l’antiquité de manière générale, la liberté individuelle est inconnue, seule compte l’ensemble des citoyens, la notion d’individu est inconnue. PARAGRAPHE I : SPARTE, CITE ARISTOCRATIQUE AU SERVICE D’UNE MINORITE Sparte est devenu au 6e siècle avant Jésus-Christ une cité gouvernée par les meilleurs. C’est ce que l’on appelle aristocratie qui vient de Cratos : gouvernement, et aristoï : meilleur. 6 Seul les citoyens ont les droits politiques les autres habitants pourtant majoritaires sont réduit à une situation inférieure et travaillent pour permettre à une minorité de se consacrer aux armes. Les citoyens étaient donc des soldats, les étrangers dépourvus de droit politique s’abandonnent aux petits métiers proscrits à la minorité des guerriers. Le gouvernement était exercé par le conseil des anciens appelés Gérousea composé de 28 membres âgé de plus de 60 ans élu à vie par l’assemblée des citoyens désigné « Apella ». PARAGRAPHE II : ATHENES, CITE DEMOCRATIQUE AU SERVICE DE TOUS LES CITOYENS C’est ici qu’est née la notion de « L’Etat de droit ». Athènes connait au 5e siècle une période de prospérité (glorieuse, fastueuse) : Essor de la pensée politique, croissance économique, maîtrise d’une grande maritime appelé Thalassocratie. Ici rien ne distingue un citoyen habitant la ville, d’un citoyen habitant la campagne cependant tous les habitants n’ont pas les mêmes droits on distingue : - Les esclaves, 200 milles environs qui sont les simples objets de la vie politique - Les métèques c’est-à-dire les étrangers vivant à Athènes exclu d’un bénéficie de la citoyenneté (400 milles) - Les citoyens ou Hommes libres (40 milles) c’est eux seuls qui concourent au gouvernement de la cité et à la confection des lois. Les différents organes qui assurent la vie de la cité sont les suivantes : - L’Assemblée du peuple ou Ecclésia qui comprend tous les citoyens et votent les lois (le peuple est législateur), élit certains magistrats et prononce les ostracismes (sanction qui permet de vous exclure du groupe). - Les magistrats font exécutés les décisions de l’Assemblée. Parmi eux il y’a les dit stratège qui sont les chefs de l’armée. - Le tribunal le plus important est appelé Héliée. Les citoyens qui y siègent s’appellent les Héliastes et sont tirés au sort. Les athéniens appellent ce système le gouvernement de la démocratie dont l’âge d’or correspond à l’époque de Périclès. L’expérience de la démocratie à Athènes est très brève mais son importance vient de l’effort rationnel 7 qui l’a fait naitre. C’est une construction qui n’est pas due au hasard. La démocratie se caractérise par les principes suivants : - L’ISONOMIE : c’est-à-dire égalité devant la loi qui est le même pour tous et faite par le peuple dans le cadre de l’Ecclésia. - L’ISOCRATIE c’est-à-dire égale à la participation des citoyens au pouvoir qui est un trait de l’égalité politique. - L’ISEGORIE c’est-à-dire la liberté d’opinion. - LA PHILANTHROPIE c’est-à-dire fraternité entre les citoyens qui créée l’unité sociale. - LE GOUVERNEMENT PAR LE PEUPLE c’est-à-dire la souveraineté qui ne se délègue est exercée par chaque citoyen. Etre citoyen c’est un honneur, le citoyen grec est un Homme politique à plein temps pendant une période de sa vie selon des règles qui veulent hériter le pouvoir personnel. En effet, tout est agencé pour éviter le pouvoir d’un seul : - Les charges sont annuelles et collégiales - La pratique de l’ostracisme qui est équivalent d’une interdiction de séjour provisoire et non un exil qui est perpétuel. Il permet d’éloigner une personne dangereuse et sert à protéger l’équilibre démocratique contre les ambitions des démagogues. L’ostracisé voit ses droits civiques suspendus pour un temps. - Le vote individuel s’effectue soit à main levée pour les affaires courantes soit par bulletin secret pour décider de l’ostracisme soit alors par tirage ou soit lorsqu’il s’agit de la session aux magistratures. - L’indemnité des fonctions créée par Périclès est versée aux citoyens quand ils participent aux réunions de l’Ecclésia ou de l’Héliée. - L’action publique créée par Périclès dans le but d’assurer le maintien d’un régime de droit est ouverte à tout uploads/Politique/cours-de-histoire-des-idees-politiques-2018-2019-compressed.pdf

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