Le contre-pouvoir consommateur aux Etats-Unis RECHERCHES POLITIQUES Collection

Le contre-pouvoir consommateur aux Etats-Unis RECHERCHES POLITIQUES Collection dirigée par Xavier Browarys, Olivier Duhamel, Jean-L,uc Parodi Evelyne Pisier, Henri Weber i M f c h è l e } R u f f a t ¡Le contre-pouvoir consommateur aux Etats-Unis \i Du mouvement social au groupe d'intérêt Presses Universitaires de France A Ulysse ISBN 2 13 039909 6 ISSN 0290 3377 Dépôt légal — Ire édition : 1987, mai @ Presses Universitaires de France, 1987 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris Sommaire A v a n t - p r o p o s , 7 I n t r o d u c t i o n , 9 Première Partie LES RACINES DU CONSOMMÉRISME Du début du siècle aux années soixante 1. U n e t r a d i t i o n , 25 A. La naissance du concept, 25 B. La prise de conscience du consommateur, 28 C. Le passage à l'action, 31 2. Des effets et des causes, 4 3 A. L'opportunité politique, 43 B. La crise de confiance vis-à-vis du business, 52 C. Le consommateur : un individu face aux bureaucraties publiques et privées, 82 Deuxième Partie CONSOMMÉRISME ET CHANGEMENT Vingt ans d'action consommériste 3. La démarche consommériste, 95 A. L'Establishment consommateur et ses moyens, 95 B. Les francs-tireurs et leurs méthodes, 108 C. Le projet consommériste, 1 23 - Améliorer le fonctionnement de l'économie de marché 1 25 - Réduire les coûts sociaux de l'entreprise privée, 129 - Exiger un contrôle démocratique sur les bureaucraties publiques et privées, 132 4. Les réformes législatives et institutionnelles, 137 A. Le droit à la sécurité, 137 -La loi sur la sécurité routière, 139 -La création de la Consumer Product Safety Commission, 145 B. Le droit à l'information, 153 - La réglementation sur l'étiquetage et le conditionnement des produits, 154 - L'information sur le crédit, 163 C. Le droit de choisir, 171 -La politique de la concurrence, 175 -Le mouvement de déréglementation, 182 D. Le droit à la représentation, 204 -L'institutionnalisation de la revendication consommériste, 204 Les axes d'intervention du public, 218 E. Vers un cinquième droit : L'éducation du consommateur, 231 5. Bilan et perspectives, 239 Conclusion CONSOMMÉRISME ET DÉMOCRATIE A. Légitimité du contre-pouvoir consommateur, 255 B. Consommérisme et pratique démocratique, 271 Bibliographie, 281 Index, 285 AVANT-PROPOS Ce livre est né d'un retour aux sources, celles de la recherche universitaire, après une expérience de près de dix ans dans le domaine de la recherche appliquée. Le passage de l'écoute directe du consommateur, à l'aide des techniques d'étude des marchés, à l'analyse de leurs associations nécessitait le recours à d'autres méthodes, celles de la science politique. L'observation d'un pays étranger, aussi familier soit-il, fournissait le recul nécessaire, et permettait de bénéficier des privilèges dont jouit toujours, et parti- culièrement aux Etats-Unis, le chercheur qui vient d'ailleurs, auquel on sait gré de son intérêt pour le pays, et que l'on crédite a priori d'une objectivité dont il ne lui reste plus qu'à se faire un devoir. Que tous les militants des organisations de consommateurs, fonctionnaires des administrations concernées et universitaires, de Washington et d'ailleurs, qui ont bien voulu répondre à mes ques- tions, fournir des documents et offrir leur aide et leur sympathie, souvent à plusieurs étapes de ma recherche, trouvent ici l'expres- sion de ma gratitude, et en premier lieu Sandra Willett, chargée de mission auprès de Virginia Knauer, conseiller spécial du Président Ford, puis directeur de la National Consumers League, dont la confiance, le soutien actif et la fidèle amitié m'ont accompagnée tout au long de cette entreprise. Virginia Knauer, alors conseiller spécial du Président Reagan, a bien voulu me recevoir, et Esther Peterson, grande dame du mouvement consommateur depuis les origines et conseiller spécial du président Johnson, puis du prési- dent Carter, également. Erma Angevine, artisan du regroupement d'une bonne part du mouvement consommateur au sein de la Consumer Federation of America, m'a elle aussi accordé un en tre tien. Stephen Brobeck, directeur de la Consumer Federation of America, Mark Silbergeld de Consumers Union, Nancy Drabble de Congress Watch, Mimi Brody de Public Citizen, Lowell Dodge du Center for Auto Safety, David Swankin, avocat spécialiste de la «défense des intérêts du public», tous m'ont, à un moment ou à un autre, et souvent à plusieurs reprises, reçue et aidée. Dans l'administration, Edward Cohen, puis Charles Cavagnaro, de l'Office of Consumers Affairs à la Maison Blanche, Georges Nichols, Edgar Morgan, Robert D. Verhalen de la Consumer Pro- duct Safety Commission, Naomi Kulakov de la Food and Drug Administration, Richard Foster et Janet Grady de la Federal Trade Commission, Paula Gold, directeur du Bureau de protection des consommateurs de l'Etat du Massachusetts, et leurs équipes, m'ont pilotée dans les dédales de l'action gouvernementale en matière de protection des consommateurs. Le professeur Stephen Greyser, de la Harvard School of Busi- ness Administration, Rosella Bannister, directeur du Michigan Consumer Education Center de East Michigan University, Jeffrey Perlman de la Chambre de Commerce des Etats-Unis m'ont fait part de leur expérience et de leurs réflexions. En France, René Rémond, Serge Hurtig et Edmond Lisle ont guidé ma recherche sur le plan universitaire à ses différentes étapes. François Bédarida et toute l'équipe de l'Institut d'Histoire du Temps Présent m'ont apporté leur amical soutien. Je suis redevable aussi à Peter Danos et à Sylvie Van de Casteele-Schweitzer de leur contribution: Jean Ruffat a constamment encouragé et patiemment soutenu mon projet, qui lui doit d'avoir abouti, et qui a largement bénéficié de sa connaissance approfondie de l'économie des Etats-Unis, et du dialogue que nous poursuivons depuis vingt ans, notamment sur la société américaine. Je dois à l'amicale complicité et à la compétence d'Annie Col- lier le déchiffrage d'un manuscrit plusieurs fois remis sur le métier. Paris, septembre 1986. I N T R O D U C T I O N « ... For a permanent correction of grave weaknesses in our economic System, we have relied on new applications of old democratic processes. » Franklin D. ROOSEVELT, 1938. «La consommation est le seul but et la seule fin de la produc- tion » . La formule d'Adam Smith est connue. Ce qui la suit l'est moins. «L'intérêt du consommateur, ajoute le grand ancêtre du libéralisme économique, est presque constamment sacrifié à celui du producteur et (le système économique) semble considérer la production, et non la consommation, comme la fin suprême et l'objet de toute industrie et de tout commerce...» 1. L'apparition et le développement des mouvements de défense des consomma- teurs du XXe siècle sont l'écho lointain de cette observation vieille de deux siècles. C'est la prise de conscience du hiatus entre la posi- tion logiquement prédominante de la consommation et son rôle réel, qui reste celui d'une variable d'ajustement même dans les sociétés dites «de consommation», que l'on trouve à la base de leur développement. Les revendications ayant trait aux perturbations de la fonc- tion de consommation ne sont évidemment pas une nouveauté : l'histoire économique est jalonnée de révoltes populaires nées de situations de pénurie ou déclenchées par des hausses de prix ayant objectivement le même résultat. Emanant d'une classe sociale ou d'une région déterminée, elles étaient à peu près automatiquement porteuses d'une remise en cause de l'ordre établi, et se trouvaient tôt ou tard assumées par l'une ou l'autre des forces politiques en présence, à moins que la répression ou l'amélioration des condi- tions qui les avaient fait naître ne les aient fait rapidement tomber dans l'oubli. Ce qui caractérise au contraire le discours contempo- rain, c'est le refus de confondre consommateurs et citoyens, l'affir- 1. Adam Smith, An inquiry into the nature and causes of the wealth of nations, New York, the Modern Library, 1937, p. 625. mation de la spécificité et de la légitimité des intérêts des consom- mateurs, et la volonté de faire aboutir leurs revendications sans emprunter les chemins de l'action politique traditionnelle. Il ne s'agit plus de la révolte spontanée - et conjoncturelle - d'une partie des citoyens, mais d'un courant revendicatif d'un type nouveau, qui s'est donné pour but de promouvoir les droits et les intérêts de l'ensemble des individus sous l'angle de leur fonc- tion de consommation. De conjoncturelle et spontanée, la reven- dication devient permanente et organisée . Elle n'est plus — sauf exception - l'expression directe de la masse des consommateurs, mais celle d'un ensemble d'associations et de groupements divers qui forment ce qu'on appelle le «mouvement consommateur». De nature essentiellement quantitative dans le passé, cette revendication acquiert d'autres dimensions . Elle devient qualita- tive et globalisante. C'est dans les sociétés industrielles, où les besoins vitaux sont satisfaits pour le plus grand nombre, qu'elle s'organise le plus vite de façon autonome . En effet, au fur et à mesure que l'individu émerge de ce que Fernand Braudel appelle l'infra-économie, celle de l'autosuffisance, du troc des produits et des services dans un rayon très court1, pour entrer dans le monde de l'échange, il découvre que celui-ci peut devenir, dans les sociétés industrielles, un univers de la dépendance . L'organisation de la revendication uploads/Politique/le-contre-pouvoir-consommateur-aux-etats-unis-du-mouvement-social-au-groupe-d-x27-interet 1 .pdf

  • 27
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager