La crise du Covid-19 a suscité un tel choc dans l’opinion publique que beaucoup

La crise du Covid-19 a suscité un tel choc dans l’opinion publique que beaucoup de commentateurs ont émis l’hypothèse que plus rien ne serait comme avant. C’est qu’il s’agit d’un épisode sans précédent, révélateur d’évolutions latentes et porteur de modifications structurelles dans les relations internationales. Passé l’effet de sidération, cet ouvrage revient sur ce « moment » historique et nous éclaire sur les conséquences géostratégiques de cette catastrophe sanitaire. Est-ce la fin du monde occidental, atteint dans son modèle de réussite ? La Chine a-t-elle gagné dans le duel qui l’oppose plus que jamais aux États-Unis ? Cette crise balaye-t-elle définitivement le rêve d’une Europe puissante ou va-t-elle susciter le sursaut tant attendu et si souvent déçu ? Se diriget-on vers davantage de multilatéralisme ou vers une profusion d’unilatéralismes ? Autant de questions de fond que Pascal Boniface analyse avec lucidité pour nous aider à appréhender le « monde d’après ». PASCAL BONIF ACE est directeur de l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et enseignant à l’Institut d’études européennes de l’université de Paris VIII. Il a écrit plus de 60 ouvrages sur les questions géopolitiques dont certains ont donné lieu à de multiples traductions ou rééditions. Il a créé la chaîne Youtube « Comprendre le monde ». Retrouvez-le sur son blog www.pascalboniface.com et sur Twitter @PascalBoniface. Pascal BONIFACE Géopolitique du Covid-19 Ce que nous révèle la crise du coronavirus Éditions Eyrolles 61, bd Saint-Germain 75240 Paris Cedex 05 www.editions-eyrolles.com Maquette et mise en pages : Florian Hue Dans la mesure où le genre du substantif Covid fait actuellement l’objet d’un débat public, nous avons fait le choix de parler du Covid (et non pas de la Covid), conformément à l’usage répandu dans la plupart des médias. En application de la loi du 11 mars 1957, il est interdit de reproduire intégralement ou partiellement le présent ouvrage, sur quelque support que ce soit, sans l’autorisation de l’éditeur ou du Centre français d’exploitation du droit de copie, 20, rue des Grands-Augustins, 75006 Paris. © Éditions Eyrolles, 2020 ISBN : 978-2-416-00056-0 À Pape Diouf, victime du Covid-19. La finesse de ses analyses n’avait d'égale que la force de ses convictions, le courage de ses engagements, le respect de la parole donnée, et sa soif d'échanger et de comprendre. Il était d’une intégrité absolue. Il nous manque. Sommaire Remerciements Préface Introduction Chapitre 1 - Sidération Chapitre 2 - La fin du modèle occidental Chapitre 3 - La Chine a-t-elle gagné ? Chapitre 4 - La superpuissance erratique Chapitre 5 - Le duel Chine/États-Unis Chapitre 6 - Péril rouge et/ou « Péril jaune » ? Chapitre 7 - L ’Europe hésitante Chapitre 8 - La fin de la mondialisation ? Chapitre 9 - V a-t-on vers un contrôle plus étroit des peuples ? Chapitre 10 - Le multilatéralisme sous pression Conclusion Remerciements Les multiples talents de Victor Pelpel sont une aide précieuse en temps ordinaires. En période de Covid-19, ils se révèlent encore plus indispensables. Il m’a largement facilité l’écriture de ce livre par son accompagnement et ses conseils. Cassandre Weil a effectué un stage dans des conditions très particulières. Elle s’est révélée être une assistante de recherche réactive et efficace. Merci à Agnès Fontaine de m'avoir sollicité pour ce livre. Préface La pandémie occasionnée par le virus du Covid-19 a bouleversé notre lecture du monde, notre évaluation des rapports de force entre les nations et les blocs d’alliance, la place de la France et de l’Europe, l’avenir du monde occidental comme lieu privilégié du développement humain. La question nous taraude : comment sera le monde d’après ? Les bistros étant fermés à l’heure où j’écris cette préface, les prévisionnistes se sont installés sur les réseaux sociaux et les plateaux des chaînes d’information en continu. Les micros se tendent vers l’archétypale madame Michu, qui nous délivre sa vision très éloignée de la perspective de lendemains qui chantent. Elle a bien des raisons à faire valoir pour étayer ce pessimisme, d’autant qu’elle est rejointe par le sage Jean-Y ves Le Drian qui, impavide, assure : « Le monde d’après ? Ce sera le monde d’avant, en pire ! » D’autres, au contraire, stigmatisent un monde marqué par des désordres récurrents, estimant que les remises en question induites par la pandémie rebattent les cartes et sont, en fait, des opportunités à saisir. Bien difficile, donc, de se faire une idée définitive, tant les données nous apparaissent fluctuantes. Le débat fait rage, y compris dans notre propre sphère familiale ou amicale. Plus que jamais, nous avons besoin d’avis qui posent des diagnostics documentés et évaluent les évolutions géostratégiques possibles, en y intégrant les variables économiques, sanitaires et sociétales. À ce titre, Pascal Boniface nous apporte des ressources de tout premier ordre pour que nous nous échappions des opinions et des croyances. À la tête de l’IRIS, l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques, depuis 1990, il a fait de ce think tank indépendant un centre de ressources de renommée internationale, classé dans le Top 50 des think tank mondiaux. Ses publications, telles L’Année stratégique ou La Revue internationale et stratégique, ainsi que ses nombreux ouvrages, livrent des clés majeures de compréhension de ce monde incertain. En effet, par mes contacts journaliers avec mes lecteurs ou les téléspectateurs de mes émissions, je constate que, quel que soit le niveau social et/ou culturel, quels que soient les engagements politiques ou religieux, les mêmes doutes taraudent mes interlocuteurs. Le plus violent est, indubitablement, l’effet de sidération causé par la brutalité de la survenue d’une pandémie jugée par les gouvernants inattendue et même, carrément, imprévisible. Qu’en est-il exactement de cette assertion ? Imprévisible, vraiment ? A-t-on négligé des signaux faibles ? V olontairement décidé de les ignorer ? La France et, au-delà, les pays occidentaux ont-ils péché par arrogance, sûrs des performances de leurs systèmes sanitaires, persuadés que ces maladies étaient l’apanage des pays sous-développés ? Pour la plupart de mes correspondants, la cause est entendue : nous avons baissé la garde ; mais cette intuition méritait d’être interrogée et documentée. Récurrent, également, est bien le débat sur les méfaits de la mondialisation, et il est frappant de constater que les plus libéraux revisitent leurs présupposés. La mondialisation est contestée sur deux plans. Elle est d’abord vue comme un facteur de diffusion d’éléments infectieux, ce qui peut d’ailleurs faire sourire quand on survole l’histoire des grandes épidémies, avec des bilans humains autrement plus tragiques. Elle est vue, surtout, comme la cause d’un désarmement industriel qui nous a laissés sans défense. Là encore, les tenants de la relocalisation, comme condition incontournable de notre sécurité sanitaire et économique, se heurtent à ceux qui font remarquer que c’est plus la concentration des chaînes de valeur que leur délocalisation qui est la source de nos malheurs ; qu’il faudra accepter des pertes massives de pouvoir d’achat vu l’enchérissement de certains produits et que, par ailleurs, la mondialisation a été une certaine forme de partage des profits entre riches et pauvres. Là encore, bien difficile d’évaluer les rapports bénéfices-risques. Toutes ces controverses nous amènent à ce surgissement de la Chine dans la cour des superpuissances. Tenue pour coupable de dissimulation, de totalitarisme, de cynisme, de diffusion volontaire d’agents pathogènes et de visées hégémoniques, la Chine fait peur et, en même temps, elle fascine. Les plus optimistes y voient un marché d’opportunités, les pessimistes un ogre sans scrupules qui va nous dépecer à belles dents, les deux scénarios n’étant pas exclusifs l’un de l’autre. Il nous faudra, en ce domaine, faire la part entre des phénomènes à l’œuvre depuis longtemps, que la pandémie n’a fait que révéler, et le choc engendré sur les économies occidentales par les mesures drastiques de confinement, qui les mettent en position d’extrême faiblesse. En parallèle, notre angoisse est amplifiée par le retrait, marqué par l’arrogance et l’agressivité, des États-Unis. Cette puissance tutélaire, ressentie comme globalement amicale, apparaît comme un facteur de dangerosité, puisqu’elle a lâché le manche du parapluie de notre défense. Là encore, cette transition – rendue visible par les comportements caricaturaux de Donald Trump – est à l’œuvre depuis longtemps. La volonté des États-Unis de se tourner vers leur façade pacifique était déjà parfaitement claire chez Barack Obama, même si ce dernier l’exprimait avec un cynisme poli et bien élevé. L ’idée que le monde sera dorénavant dominé par un face-à-face sino-américain est maintenant présente dans l’opinion publique, et cette confrontation nous marginalise. L ’axe américano-européen n’est plus le centre du monde et nous vivons cela, implicitement, comme une relégation. Et c’est bien là que Pascal Boniface en arrive à ce qui est une inquiétude existentielle, même si elle reste, pour l’instant, sous-jacente. Quelle place, pour la France et pour l’Europe, dans le monde ainsi polarisé ? Serons-nous condamnés à la régression, à nous contenter d’être un petit village gaulois replié sur lui-même, ou allons-nous réinventer un nouveau multilatéralisme, porteur d’espoir pour tous les peuples qui ne se reconnaîtront pas dans cet axe pacifique si mal nommé ? C’est le défi qui nous attend. Pascal Boniface pose ainsi les fondations d’une uploads/Politique/ ebook-pascal-boniface-geopolitique-du-covid-19.pdf

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