Louis Claude de Saint-Martin IV L¶ÉCOLE MYSTIQUE : LES « SUPERIEURS INCONNUS DE

Louis Claude de Saint-Martin IV L¶ÉCOLE MYSTIQUE : LES « SUPERIEURS INCONNUS DE LOUIS-CLAUDE SAINT-MARTIN Louis Claude, marquis de Saint-Martin, naquit à Amboise, en Touraine, le 18 Janvier 1743. Sa mère étant morte peu de temps après sa naissance, il fut élevé par sa belle-mère et son père, gens fort pieux. Il fit ses études au collège de Pont-Levoy. Destiné à la « robe », il fit ses études de droit, et devint rapidement avocat, au présidial de Tours. Cette profession, avec tout ce qu¶elle comportait à l¶époque, de tracasseries et de chicanes oiseuses, le déçut promptement, et, sur une recommandation du duc de Choiseul, ami de son père, il reçut bientôt, après avoir quitté le parlement, un brevet d¶officier au Régiment de Foix. Il fut en garnison à Bordeaux, et c¶est là qu¶il fit la connaissance d¶un autre officier de ce régiment, M. de Grainville, affilié à l¶Ordre des Elus Cohen, que venait de fonder Martinez de Pasqually. Cet officier l¶initia à la Doctrine de l¶Ordre, son mysticisme naturel, une prédisposition certaine pour les études théologiques et les hautes spéculations hermétiques, l¶enthousiasmèrent bientôt, et en octobre 1768, il fut initié rituéliquement. Dans les lettres de Martinez de Pasqually, notamment celle du 13 août 1768, il est « Monsieur de Saint-Martin », alors qu¶on l¶accole aux « T. P. » (Très Puissant Maître, formule rituelle) de Grainville et de Balzac. Mais dans une autre lettre, du 2 octobre de la même année, il est « le Maître de Saint- Martin ». Il a donc reçu les trois premiers grades de la maçonnerie bleue, dite « de Saint-Jean », et il est sans doute en passe d¶entrer dans la fameuse classe du Porche. Quoi qu¶en disent la plupart de ses historiens, toutes ses lettres le prouvent : Saint-Martin a « opéré » selon les rites de la Haute Magie cérémonielle et les instructions de son Maître Pasqually, et il a eu les résultats attendus. Il a vu les « passes », senti les angoisses annonçant la présence de « la Chose », et plus tard, il ne niera jamais ces résultats. Mais si la doctrine qu¶il¶ a reçu, jeune officier du Régiment de Foix, secrétaire du Maître durant des années, le marquera 96 pour le reste de ses jours d¶une empreinte spirituelle particulière et indélébile, il n¶éprouve que peu d¶intérêt pour les « manifestations » de l¶Au-delà, mieux encore, une certaine méfiance quant à leur bénéficité morale. Ceux qui le taxent de crainte, tels Bricaud en sa « Notice sur le Martinisme » ou divers auteurs, commettent une erreur. Saint-Martin a scrupuleusement observé les usages occultes et les cérémonies secrètes des Réaux Croix durant plus de six années. La crainte lui serait venue si tard ? Non. Mais son orientation mystique a varié. Saint-Martin est un spéculatif pur, et le côté opératif de la Maçonnerie, mystique et Cohen, le gène. Et vers 1775, lors de la parution de son premier ouvrage, le traité « Des Erreurs et de la Vérité », il y a bientôt un an que l¶évolution est commencée. Et dès 1777 , pendant son séjour à Versailles, il va tenter d¶amener ses frères Cohens à la mystique pure. Il y a alors trois ans que Martinez de Pasqually est mort à Port-au-Prince. A l¶égard des Elus Cohens, Saint-Martin n¶aura que peu de succès. Soit que ceux-ci gardent (ce qui est très probable), une profonde admiration pour la mémoire du Maître disparu, soit qu¶ils répugnent à se confier à un égal qu¶ils ont vu, pour quelques-uns, faire ses premières armes, Saint-Martin échoue au sein de l¶Ordre. Mais s¶il est désintéressé- ce qui est sûr - il est persévérant ! Et c¶est dans un milieu différent des cénacles hermétiques et des aréopages ésotériques, qu¶il va porter ses efforts. Le XVIIIeme siècle est matérialiste en son ensemble, « libertin », au sens désuet du mot. Notre nouvel adepte va tenter de le convertir. Et ce sera alors la série de ses ouvrages, ses succès dans le grand monde, où toutes les nobles dames que tourmentent l¶au-delà, le problème de l¶âme, celui de Dieu, lui réservent un accueil plein de bienveillance. Saint-Martin a eu de nobles amies, et de belles amies. Mais si les femmes ont fait sa renommée, plus que les hommes, ces amitiés ont pour elles d¶être restées noblement spirituelles, sans que rien de grossier ou de bas ne viennent les ternir. Néanmoins, formé à une école pleine de discipline, où on savait ce qu¶on voulait, et où on travaillait plus qu¶on ne discutait, Saint-Martin va tenter de réaliser son rêve, arrêté par le manque de confiance des Elus Cohen. Il va se tourner vers les hommes, et réaliser un mouvement spiritualiste, reposant sur l¶ésotérisme chrétien. Sachant par intuition et par expérience, que rien ne traverse les siècles sans encombres que ce qui est occulte (« pour vivre heureux, vivons caché »), il constituera son école, sous la forme ésotérique et secrète. 97 Lors d¶un de ses voyages à Strasbourg, (ville qui se partagea sa vie, avec Paris et Amboise, - si on excepte ses voyages l¶étranger - et qu¶il appela plus tard son « paradis »), Saint-Martin avait fait la connaissance de Rodolphe de Salzmann, traducteur et commentateur du philosophe mystique allemand Jacob Böhme. Or, issu des « F rères d¶Orient », ordre initiatique constitué à Constantinople, en 10 90, sous le patronage de l¶empereur Alexis Comnès, une fraternité mystique secrète groupait les adeptes de toute une école rosicrucienne, du type évangélique et protestant. Cet ordre était celui des « Philosophes Inconnus ». Sans doute, la Gnose, adaptée au milieu réformé, avait perdu bien de ses richesses. Mais si on excepte cette variation purement localisée dans le domaine de la métaphysique, le côté hermétique était resté intact, et à côté de l¶Alchimie spirituelle l¶Alchimie opérative était venu apporter à de nombreux affiliés, le précieux réconfort de ses enseignements et de ses démonstrations in anima vili. Henri Kunrath, (auteur de « l¶Amphithéâtre de l¶Éternelle Science »), Henry Sethon, le Cosmopolite, mort sur les chevalets de l¶Electeur de Saxe, Sendivogius, son disciple, le duc Saxonius Comnès, Jacob Böhme, avaient précédés Rodolphe de Salzmann sur l¶arbre généalogique de l¶Ordre. Et dès 1646, en France, les pouvoirs publics avaient été amenés à rechercher cette mystérieuse société, ce sur une dénonciation de la « Confrérie du Saint-Sacrement », société secrète catholique petite fille de la Sainte Ligue, qui voyait en elle les travaux de mine de la Réforme, repris et aggravés ! ... Nous donnons, en fin d¶ouvrage, les Statuts de la Société dés Philosophes Inconnus. C¶est à cet Ordre mystique autant que secret que s¶affilia Louis Claude Saint-Martin, un siècle et demi après sa fondation (1643). Et ceci explique la lettre qu¶il adressait à Lyon, le 4 Juillet 17 90, justifiant sa démission de tous les chapitres ésotériques auxquels il était rattaché jusque là. La voici : Strasbourg, le 4 Juillet 1790. « Je vous remercie aussi mon cher f:. et je suis fâché de toutes les peines que vous prenez pour moi. « ...etc. « (quatrième paragraphe) : Dites aussi au cher f @ aîné, s¶il vous plaît, que j¶attendais de lui une réponse qui n¶aurait pas été bien longue ! Que, ne la voyant pas venir, je peux présumer d¶avance de quelle nature elle seroît, ce qui me détermine à prendre mon parti, qu ¶en conséquence je le prie de présenter et de faire admettre ma démission de ma place dans l¶Ordre intérieur, et de vouloir bien me faire rayer de tous les registres et listes maçonniques où j¶ay pu être inscrit depuis 1785. Mes occu- 98 pations ne me permettant pas de suivre désormais cette carrière. Je ne le fatiguerai pas par un plus ample détail des raisons qui me déterminent. Il sçait bien qu¶en ôtant mon nom de dessus des registres, il ne se fera aucun tort, puisque je ne lui suis bon à rien ! Il sçait d¶ailleurs que mon esprit n¶y a jamais été inscrit. Or, ce n¶est pas être liés que de ne l¶être qu¶en figure. « Nous le serons toujours, je l¶espère, comme Cohens ; nous le serons même par l¶initiation, si toutefois ma démission n¶y met pas d¶obstacle car alors, je ferai le sacrifice de l¶initiation, attendu que le régime maçonnique devient pour moi chaque jour plus incompatible avec ma manière d¶être, et la simplicité de ma marche. Je n¶en respecterai pas moins jusqu¶au tombeau celle de ce cher Frère, et il peut être sûr que je ne la troublerai de ma vie. « Adieu, cher Frère, présentez mes hommages à toute la famille, et à tous les Frères, spirituels et temporels. Ora pro nobis" On voit par les termes mêmes de cette lettre, néanmoins, le cas que faisait Saint-Martin de sa première initiation, celle qu¶il avait reçu de Martinez de Pasqually. Il quitte tout, la Maçonnerie ne lui est plus rien, qu¶un poids, mais néanmoins, il tient à rester, d¶esprit et de coeur un Réau-Croix, fidèle à ses Frères et leur tenant à uploads/Religion/ ambelain-ecole-mystique.pdf

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  • Publié le Apv 27, 2022
  • Catégorie Religion
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