"" LIBRAIRIE ARTHEME FAYARD Avertissement de 2017 Dans cet exemplaire, la feuil
"" LIBRAIRIE ARTHEME FAYARD Avertissement de 2017 Dans cet exemplaire, la feuille correspondant aux pages 107 et 108 a été coupée et remplacée par une dactylographie. Cette opération paraît très ancienne et semble pouvoir être datée de la fin des années 1940, peut-être par le premier propriétaire du livre, paru au troisième trimestre 1947. Nous ne pouvons évidemment affirmer avec certitude que le texte dactylographié est rigoureusement identique à l'original. Les noms des revues sont indiqués entre guillemets alors que la règle impose des italiques, évidemment absentes des machines à écrire de l'époque. Nous avons également corrigé deux ou trois fautes indiscutables mais admissibles pour un dactylographe amateur. Il est question, dans ce texte d'un Casimir de Wezniki que nous n'avons pu identifier et qui a sans doute été mal orthographié. Bien qu'il soit question à ce moment- là du Stendhal-Club, nous avons peine à imaginer que le dactylographe ait pu aussi mal recopier le nom de Casimir Stryienski. Nous avons fait en sorte que l'aspect de ce texte dactylographié se rapproche le plus possible de l'aspect des autres pages. LE PONT DES SAINTS-PÈRES OUVRAGES DU M~ME AUTEUR Chez FA YARD: LA TERRASSE DU LUXEMBOURG. En préparation : LE BALCON AU BORD DE L'EAU. ANDRÉ BILLY De l'Acadéluie Goncourt LE PONT DES SAINTS-PÈRES . - , LIBRAIRIE ARTHEME FAYARD 18..20 RUE DU SAINT..GOTHARD .. PARIS XIV ! IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE : 25 exemplaire sur vélin pur fil La/uma numérotés de 1 à 26. Copyright by F. Brouty, J. Fayard et Cie, 1947. LE PONT DES 1 " SAINTS=PERES RUE DE BEAUJOLAIS Je reprends mes souvenirs à la date oùje les ai laissés en mettant le point final à la Terrasse du Luxembourg, c'est- à-dire à mon entrée à Paris-Midi, et j'àvertis d'abord le lecteur que cette deuxième partie sera très différente de la première, ma vie personnelle n'y aura qu'une petite part. C'est ma vie littéraire que je vais raconter. Le premier numéro de Paris-Midi parut en février 1911. Le nouveau journal occupait rue de Beaujolais l'appartement qui e~t aujourd'hui celui de Colette et d'où l'on a vue, d'un côté sur le jardin du Palais-Royal, de l'autre sur la perspective de la rue Vivienne. L'entrée était obscure, moins pourtant que le salon d'attente dont je me souviens comme d'un lieu étouffé, assez luxueux, aussi peu que possible conforme au décor habituel des journaux. La salle de rédaction recevait de la ver- rière qui lui tenait lieu de plafond une lumière diffuse et grise. La seule pièce qui, avec l'ancienne cuisine, don- nait sur la rue de Beaujolais, était réservée au froid M. Jean Herbette, chargé de la politique extérieure et qui devait être plus tard ambassadeur de France auprès des Soviets. \ ' Maurice de Waleffe a été' pour moi un directeur par- fait, en ce sens que je n'ai jamais reçu de lui la moindre 8 " LE PONT DES SAINTS-PERES «directive », affreux mot qui n'était pas employé à cette époque. M'ayant donné sa confiance unefois pourtoutes, il ne me la retira jamais. Homme d'une courtoisie exquise et d'une belle prestance, dont le sourire inaltérable décou- vrait une éblouissante denture, il était arrivé de Bel- gique avec Francis de Croisset et, dès le premier jour, dans le petit hôtel de la rue du Louvre où ils étaient descendus, ils s'étaient juré, comme Rastignac al! Père- Lachaise, de faire la conquête de Paris. Pour Croisset, en 1911 c'était fait. Pour Waleffe, cela restait à faire. La création d'un journal bien parisien, paraissant à midi, ce qui ne s'était pas encore vu, et qui aurait sa principale clientèle à la Bourse et sur les hippodromes, allait enfin assurer à l'auteur du Péplos Vert - il possé- dait à Ville-d'Avray une somptueuse villa de ce nom -.:.... la notoriété tant attendue. Le Billet de Midi qu'il rédi- geait chaque matin n'était pas plus mal troussé qu'un autre; il l'était même souvent beaucoup mieux, Waleffe y mettant un amour-propre de bon écrivain. Un autre journaliste belge tenait à Paris-Midi, dont il était également actionnaire, la rubrique de critique dra- matique : RobertCatteau. Il ne manquait pas de talent non plus. Dommage que la guerre de Quatorze et la mort de son père, sénateur et gros brasseur, aient interrompu sa carrière en l'obligeant à se réinstaller à Bruxelles. Il n'y avait pas de rédacteur en chef à Paris-Midi, le chef des informations, André Tudesq, en tenait lieu. Sa signature, aujourd'hui oubliée, fut une des plus bril- lantes de la presse parisienne. Originaire du Gard, il était le type du Languedocien exubérant, visionnaire, facile- ment pris à ses propres hâbleries. Son visage creusé et grêlé, ses yeux fiévreu.x, son teint jaunâtre, n'annon- çaient pas une santé robuste; l'opium, dont il faisait un copieux usage, ne la rendait pas meilleure. Il avait été secrétaire d'Edmond Haraucourt au musée de Cluny · , LE PONT DES SAINTS-PERES 9 et l'on pouvait retrouver dans ses vers comme dans sa prose l'influence et du conservateur et du musée. Son art était surtout de ciselure et de préciosité. Autour de lui s'agitait un essaim de ses compatriotesdu Midiqu'ilaidaitdesoninfluenceetdesabourse, etauxquels il prenait de la copie pour le journal, caril était bon ami. Le secrétaire de rédaction était Paul Souchon. Comme André Tudesq, Souchon .était du Gard: de Lou- dun, en face d'Orange, de l'autre côté du Rhône. A Aix- en-Provence, il avait été le condisciple d'Emmanuel Si- gnorèt et de Joachim Gasquet. Ce fut l''embryon de ce qu'on devait appeler plus tard l'école d'Aix. En octobre 1888, Louis Bertrand, frais émoulu de la rue d'lHm, vint enseigner la rhétorique au lycée d'Aix où Souchon et ses amis étaient élèves. Avec eux, il parcourait la cam- pagne provençale et c'est d'alors que date la naturalisa- tion méditerranéenne de ce Messin dont le meilleur livre est probablement celui que, toute exaltation méridionale mise de côté,il écrivit sursaLorraine natale :Mademoiselle de Jessincouri. En 1896, Paul Souchàn vint à Paris. Il publia des vers et fit représenter des pièces de théâtre. Comme journaliste, il avait débuté à l'Aurore où il avait remplacé François Albert à la rubrique des échos. Il me parlait souvent de cette époque héroïque de l'affaire Dreyfus. On l'avait vu à toutes les réunions au côté de Zola, cet autre Aixois à qui, d'ailleurs, il ressemblait par la barbiche, le binocle et je ne sais quoi de sérieux et de taciturne. Il était à la fameuse réunion de la salle Wagram et au guet-apens de Noisy-le-Sec; il fut arrêté à Levallois. Après son départ de l'A urore, il devint secré- taire du Siècle, puis de Paris-Midi. Deux camps se formèrent dans la rédaction, le sien et celui de Tudesq. Qu'est-ce qui provoqua cette étrange scission? Je crois ne l'avoir pas su, car je n'appartenais pas à l'équipe des reporters, je ne venais même pas tous 10 .. LE PONT DES SAINTS-PERES les jours rue de Beaujolais, me contentant souvent d'y' envoyer ma copie par la poste, de sorte que les affaires intérieures du journal m'échappaient en grande parti~. Toujours est-il que, Waleffe nous ayant offert chez Viel un dîner pour le premier anniversaire de Paris-Midi et ce dîner ayant été copieusement arrosé, il se produisit à la sortie du restaurant une altercation où les haines accu- mulées firent explosion. Il y eut rue d'Amsterdam une horrible bagarre, des cris, des poings brandis,des insultes, des poursuites : les partisans de Tudesq essayaient de régler leur compte à ceux de Souchon, et réciproquement. L'équipe de Paris-Midi fut cruellement éprouvée par la guerre de Quatorze. Marcel Géraud et Henri Grégoire y furent tués, ainsi que Lucien Dellys. Adrien Bertrand, qui avait remplacé Jean Herbette à la rubrique de poli- tique étrangère, revint du' front avec une balle dans le poumon et alla mourir en 1917 à Grasse d'une maladie de poitrine que sa blessure avait aggravée. Pauvre Adrien Bertrand, si enthousiaste, si vivant, si agité 1Je le revois dans sa tunique noire d'officier de dragons à grand col blanc sur lequel ses longs cheveux blonds retombaient un peu par derrière, je revois ses joues creuses, ses yeux pâles et fiévreux, ses lèvres trop rouges. Comme la plu- p-art d'entre nous, il avait commencé par faire des vers et publier une petite revue, Les Chimères, en collaboration avec Alfred Machard. L'Appeldu sol, son rom~n de guerre, pour lequel il obtint le prix Goncourt, fut écrit au lit et au crayon, avec une rapidité dévorante. Tout en Adrien B~rtrand portait la marque d'une exaltation un peu mala- dive. Je l'enten~s encore me narrer comment, sous les arcades de la rue de Rivoli, il avait d'un coup d'ép'eron brisé la glace d'un étalage à cause d'une photographie qui s'y trouvait exposée et qui n'était pas de son goût. Il disait qu'il serait directeur d'un grand journal, il disait qu'il serait ministre. Il n'hésitait pas,il allait~ il allait.. t LE PONT DES SAINTS-PÈRES Il Où Tudesq avait-il lié connaissance avec René Dupuy, dit René Dalize ? Sans doute dans quelque fumerie. Dalize fit paraître uploads/Religion/ andre-billy-le-pont-des-saints-peres.pdf
Documents similaires










-
34
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 07, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 13.2934MB