1 Aperçus sur l’évolution des modalités de l’enseignement initiatique mohammedi
1 Aperçus sur l’évolution des modalités de l’enseignement initiatique mohammedien – M.A.S. Si la norme référentielle parfaite et totale est évidemment en Islam celle du Prophète Mohammed -qu’Allah prie sur lui et le salue-, les Maîtres de la Voie après lui -qu’Allah soit Satisfait d’eux tous- ont certainement pu faire subir des modifications plus ou moins importantes à la mise en œuvre de l’enseignement initiatique au cours des siècles : qu’en est-il lorsque surviennent « Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps » ? Que disent nos Maîtres des modalités de l’enseignement initiatique en cette période cyclique à la fois normale, puisqu’elle se situe tout entière sous le statut de la loi mohammadienne, et exceptionnelle, puisqu’elle est celle qui clôt le cycle de l’existence de l’humanité dans son ensemble ? Serait-il étonnant que ce qu’ils disent reflète donc également un caractère normal, qui corresponde aux aspects fondamentaux de la Voie, et un caractère exceptionnel, qui corresponde aux conditions actuelles dans lesquelles l’initiation a à se dérouler ? * Afin d’inaugurer ce travail et d’en préciser également d’emblée l’orientation 1, nous présentons le texte qui figure en annexe du « Livre des convenances du disciple » de l’Imâm el-Haddâd traduit de l’arabe par Omar Van Den Broek (Editions Al-Bouraq). Nous pensons, en effet, que c’est un témoignage à la fois réaliste et vivant de la manière selon laquelle on peut envisager, de nos jours, le travail initiatique et l’enseignement spirituel dans une perspective régulière. __________________________________________________ « La méthode des « gens de la main droite » Le Coran répartit les êtres humains en trois catégories : les rapprochés, qui comprennent les prophètes et les saints, les Compagnons de la main droite – la main droite marquant la direction du paradis -, ceux qui sont destinés au paradis sans être ni prophètes ni saints, qui vont des vertueux jusqu’aux croyants ordinaires et pécheurs, et les Compagnons de la main gauche, la direction de la gauche étant celle de l’enfer (sourate 56). Ces derniers sont les incroyants de toutes sortes. Les soufis ont utilisé cette terminologie pour mettre à part ceux qui suivent sérieusement un chemin spirituel : ils sont intégrés aux rapprochés, même s’ils n’ont pas atteint leur degré spirituel. Ceux qui n’ont pas une telle inclination mais sont cependant croyants – ils obéissent à la plupart des injonctions divines, quoique avec moins de sincérité et d’enthousiasme, et évitent la plupart de Ses interdits, quoique de façon moins attentive que ceux qui voyagent sur le chemin – sont les Compagnons de la main droite. À l’époque de l’imâm al-Haddâd, la méthode classique des soufis demandant au disciple une obéissance totale au maître, afin de 2 faciliter sa guidance le long du chemin, de gagner du temps et de permettre les ouvertures spirituelles, avait commencé à devenir impraticable, car les disciples capables de supporter une formation aussi dure étaient rares. L’imâm al-Haddâd commença sa vie en voyageant sur le chemin classique pour évoluer peu à peu, comme maître, et formuler une méthode plus aisée, plus adaptée à la fin des temps. Le seul point encore mentionné dans ce traité qui appartienne à l’ancienne méthode est l’obligation de s’en remettre au shaykh pour toutes ses affaires, ce que l’imâm al-Haddâd, peu de temps après, déclara ne plus être une exigence. Une autre raison pour adoucir cette condition tient à ce que les maîtres méritant d’être obéis de cette manière sont devenus de plus en plus rares jusqu’à notre époque où, en particulier en Occident, ils ont presque disparu. En 1411 H., Habîb Ahmad Mashhûr al-Haddâd, que Dieu soit satisfait de lui, assistait à un rassemblement à l’occasion de l’anniversaire de la mort de l’imâm al-Haddâd. Il consacra son propos de ce jour-là à expliquer la méthode pratiquée depuis l’époque de l’imâm, toujours pratiquée de nos jours. Il mentionna les maîtres d’antan, comme le shaykh ‘Abd al-Qâdir al- Jilânî, le shaykh Ahmad al-Rifâ’î et d’autres, et indiqua que leur méthode imposait à leurs disciples de manger peu, de parler peu, de dormir peu et de se mêler le moins possible aux autres gens. Puis il remarqua que même à cette époque ceux qui vivaient complètement selon ce modèle étaient rares, et que leur exigence de voir le disciple se soumettre sans condition à eux était difficile même alors, pour devenir de nos jours entièrement impossible, sauf dans des circonstances très rares et exceptionnelles. Il parla de notre temps d’un ton sarcastique, utilisant les mots même que son ancêtre l’imâm utilisait, l’appelant ce merveilleux temps béni, le temps de la sédition généralisée, de la tromperie, de l’absurde, des idées carrément destructrices et des innovations condamnables. Il dit que la méthode des gens de la main droite est une méthode simple. Elle signifie accomplir toute obligation et toute sunna que Dieu vous a prescrites, parcourir le chemin de la taqwâ de son mieux, rester en compagnie de gens de bien et avancer avec eux, car on fait partie des gens qu’on aime. Quand on se comporte comme ils le font, on devient un des Compagnons de la main droite et on rejoint les gens de la tarîqa. Être l’un d’eux est un bienfait suffisant. Ceux qui obéissent à Dieu et au Messager seront avec ceux que Dieu a comblés de bienfaits, les prophètes, les véridiques, les martyrs et les saints. Ceux-là sont les meilleurs compagnons ! * Habîb Ahmad affirmait ensuite que la plupart des pratiques antérieures d’autodiscipline avait été remplacée par le rappel constant de Dieu, et il recommandait en particulier les rappels de l’imam al-Haddâd, à savoir al- Wird al-Latîf et al-Râtib. Enfin il dit quelques mots de l’ijâza, la permission ou l’autorisation d’utiliser ces invocations, et d’autres, transmises de maître à successeur et de maître à disciple, pour faire que l’utilisation de ces invocations soit plus fructueuse. _____________________ * Coran 4 : 69. » « Livre des convenances du disciple » de l’Imâm el-Haddâd traduit de l’arabe par Omar Van Den Broek (Editions Al-Bouraq). __________________________________________________ D’autres textes de cette nature viendront, in châ Allah, confirmer ce genre de jugement et la sagesse qui préside aux adaptations cycliques de cet ordre, dans le but d’établir un ensemble 3 de données, actuellement éparses pour la plupart 2, qui permette au chercheur sincère d’accéder à une vision actualisée de Maîtres contemporains de la Voie qui diffère notablement d’un certain discours pour le moins convenu, maintenu à la force des poignets dans certaines organisations, même extérieurement régulières. * Voyons pour l’instant ce que l’on peut retenir de ce texte. La classification coranique les Rapprochés (al-Muqarrabûn) : les prophètes, les saints, les Compagnons de la main droite (Ashâb al-yamîn) : ceux qui sont destinés au paradis sans être ni prophètes ni saints, des vertueux jusqu’aux croyants ordinaires et pécheurs, les Compagnons de la main gauche (Ashâb al-chimâl) : incroyants de toutes sortes. Epoque de l’Imâm el-Haddâd Affirmation qu’un mode d’intégration à la classe la plus élevée est possible et qu’elle n’est pas nécessairement conditionnée par une réalisation identique, c’est-à-dire qu’il existe des modes d’intégration spirituelle autres que celui de la réalisation initiatique effective : » Les soufis ont utilisé cette terminologie pour mettre à part ceux qui suivent sérieusement un chemin spirituel : ils sont intégrés aux rapprochés, même s’ils n’ont pas atteint leur degré spirituel. Ceux qui n’ont pas une telle inclination mais sont cependant croyants – ils obéissent à la plupart des injonctions divines, quoique avec moins de sincérité et d’enthousiasme, et évitent la plupart de Ses interdits, quoique de façon moins attentive que ceux qui voyagent sur le chemin – sont les Compagnons de la main droite. » Il est fait état de la méthode classique d’enseignement et de discipline initiatique ainsi que d’une dégénérescence des conditions d’application de cette méthode classique due, d’une part à la raréfaction des disciples capables de les mettre en oeuvre et, d’autre part, à la raréfaction des Maîtres capables de les mettre en oeuvre « À l’époque de l’imâm al-Haddâd, la méthode classique des soufis demandant au disciple une obéissance totale au maître, afin de faciliter sa guidance le long du chemin, de gagner du temps et de permettre les ouvertures spirituelles, avait commencé à devenir impraticable, car les disciples capables de supporter une formation aussi dure étaient rares. (…) Une autre raison pour adoucir cette condition tient à ce que les maîtres méritant d’être obéis de cette manière sont devenus de plus en plus rares jusqu’à notre époque où, en particulier en Occident, ils ont presque disparu. » On affirme une adaptation cyclique de la méthode initiatique classique par l’évolution vers une facilitation méthodique qui est marquée par la suppression de certaines conditions pourtant toujours considérées dans la méthode classique comme nécessaires à toute progression ; cette évolution s’est produite, en l’occurrence, sur une période très courte, à savoir la vie même du Cheikh : 4 » L’imâm al-Haddâd commença sa vie en voyageant sur le chemin classique pour évoluer peu à peu, comme maître, et formuler une méthode plus uploads/Religion/ apercus-sur-le-soufisme 1 .pdf
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- Publié le Mar 11, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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