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Les cahiers d’Hadrien : Orphée - Page 1 / 32 Les cahiers d’Hadrien Orphée Recherches, analyse, rédaction : Hubert Miéville Les cahiers d’Hadrien : Orphée - Page 2 / 32 Table des matières 1 LE MYTHE D’ORPHÉE 3 2 L’ORPHISME 4 2.1 Le mysticisme grec 4 2.2 La «doctrine» orphique, courant religieux de l’hellénisme tardif 4 2.3 Conclusion 5 3 ORPHÉE ET EURYDICE : NAISSANCE D’UN MYTHE 6 3.1 Les avatars d’Orphée 6 3.1.1 Orphée, personnage historique (?) 6 3.1.2 Orphée, personnage littéraire, et apparition d’Eurydice 6 3.2 Le mythe 7 3.2.1 Orphée et les Argonautes 7 3.2.2 Orphée et Eurydice 7 3.3 La construction du mythe : Ovide et Virgile 7 3.3.1 Virgile 8 3.3.2 Ovide 8 3.4 L’exploitation du mythe d’Orphée 8 3.4.1 Le mythe exploité par les musiciens 10 3.4.1.1 Les précurseurs 10 3.4.1.2 Musiciens classiques et romantiques s’emparent du mythe 11 3.4.1.3 Un retour aux origines 12 3.4.1.4 Autres oeuvres 13 4 ORPHÉE ET LA POÉSIE 14 4.1 Le sens profond du mythe 14 4.2 Analyse de quelques oeuvres clés 15 4.3 Conclusion 18 5 LE MYTHE D’ORPHÉE AU XXè SIÈCLE : ROMAN, THÉÂTRE, CINÉMA 20 5.1 Orphée, Cocteau, le poète 20 5.2 Eurydice, Jean Anouilh, 1941 21 5.3 La nouvelle Eurydice, Marguerite Yourcenar, 1931 21 5.4 Tous les matins du monde, Pascal Quignard, 1991 22 5.5 Histoire d’Eurydice pendant la remontée, Michèle Sarde, 1991 22 5.6 La porte des Enfers, Laurent Gaudé, 2008 23 5.7 Lei dunque capira (Vous comprendrez donc), Claudio Magris, 2006 (traduction française 2008) 24 5.8 Conclusion 25 6 LES REPRÉSENTATIONS D’ORPHÉE 26 6.1 Orphée dans l’art païen 26 6.2 Orphée dans l’art chrétien 30 Les cahiers d’Hadrien : Orphée - Page 3 / 32 LE MYTHE D’ORPHÉE 1 Orphée a épousé la nymphe Eurydice. Un jour, elle se promène sur les bords d’une rivière de Thrace et rencontre Aristée, le berger que les Muses ont mis à garder leurs troupeaux. Aristée trouve Eurydice très belle et en tombe immédiatement amoureux. Il la poursuit de ses assiduités à un tel point qu’elle doit fuir à travers la campagne. Dans son empressement, elle marche sur un serpent qui, en se redressant, la pique au mollet. Eurydice en meurt. Orphée est inconsolable. Il décide d’aller chercher sa femme aux Enfers et chante en s’accompagnant de sa lyre. «À son chant, du tréfonds, de l’Érèbe, les fantômes des morts, les ombres transparentes montent aussi serrés qu’oiseaux parmi les feuilles» (Virgile, Les Géorgiques, IV, 471-473). Par le jeu de sa lyre, il charme les démons. Perséphone elle-même est touchée et prend en pitié un homme qui manifeste avec tant d’art l’amour qu’il porte à son épouse. Elle lui promet le retour d’Eurydice à la lumière, mais y met ses conditions: qu’Orphée marche devant la captive délivrée et qu’à aucun moment il ne lui parle ni ne se retourne pour la regarder. Orphée accepte et prend le chemin du retour. Suivi d’Eurydice, il est tout joyeux de l’avoir retrouvée et de la ramener à la vie. Mais le voyage est long et bientôt des doutes germent dans son esprit. Perséphone ne l’a-t-elle pas trompé ? Sa bien-aimée est-elle bien derrière lui ? Il se souvient aussi des conditions imposées par la reine des Enfers et fait effort pour ne pas se retourner. Mais son incrédulité grandit peu à peu. Tout à coup, n’y tenant plus, il tourne la tête et il voit Eurydice disparaître et mourir à nouveau. Alors il revient sur ses pas, se précipite, veut pénétrer une nouvelle fois dans les Enfers. Charon se met en travers de la route, il garde la porte et est intraitable. La délivrance ne se renouvellera pas et Orphée doit retourner chez les humains seul avec toute sa douleur. Orphée n’a pas su garder la distance, il s’est laissé aller à son attirance pour Eurydice sans égard pour le reste du monde, et c’est ainsi qu’il a perdu l’amour auquel il tenait tant. Les cahiers d’Hadrien : Orphée - Page 4 / 32 L’ORPHISME 2 On connaît le courant engendré par la mythique descente aux Enfers d’Orphée. Mode de vie religieux contestataire, l’orphisme se métamorphose au cours des siècles, influençant philosophie et littérature. Le héros lui-même revêt, au passage, divers masques dont celui de figure païenne du Christ par le biais notamment de la croyance au salut de l’âme. Au temps de Périclès, ce sont les mystères qui constituaient l’élément le plus vigoureux de la religion grecque. Le mysticisme grec 2.1 Les religions à mystères (cultes de Perséphone-Déméter, de Dionysos et Orphisme) avaient des caractères communs. Tel que les Grecs l’entendaient, le mystère est une cérémonie secrète, au cours de laquelle des symboles sacrés sont révélés, des rites symboliques sont accomplis, et à laquelle seuls les initiés sont admis à participer. Le plus souvent, les rites représentaient ou commémoraient, sous une forme qui tenait du théâtre, la souffrance, la mort et la résurrection du dieu; ils promettaient aux initiés une immortalité personnelle. Mais de retour chez lui, rendu à ses activités familiales, professionnelles, civiques, rien ne distinguait l’initié de ce qu’il était auparavant ni de ceux qui n’avaient pas connu l’initiation. Aucun signe extérieur, nulle marque de reconnaissance, pas la moindre modification du genre de vie. L’initié aux mystères d’Eleusis ou de Dionysos revient à la cité et s’y réinstalle pour y faire ce qu’il a toujours fait sans que rien en lui soit changé, sinon sa conviction d’avoir acquis, à travers cette expérience religieuse, l’avantage de compter, après la mort, au nombre des élus. Le sacrifice sanglant, le culte public n’occupent pas tout le champ de la piété grecque. A côté d’eux existent des courants et des groupes, plus ou moins déviants et marginaux, plus ou moins fermés et secrets, qui traduisent des aspirations religieuses différentes. J.P. Vernant. La «doctrine» orphique, courant religieux de l’hellénisme tardif 2.2 Officiellement reconnus par la cité, les mystères d’Eleusis (culte de Déméter et Coré-Perséphone) et de Dionysos sont organisés sous son contrôle et sa tutelle, ils font partie intégrante de la religion civique mais constituent une expérience du surnaturel étrangère et même, à bien des égards, opposée à l’esprit du culte officiel. Les mystères (Eleusis, Dionysos) ne proposent aucun enseignement, rien qui ressemble à une doctrine ésotérique. L’orphisme pose des problèmes d’un autre ordre : il ne s’agit plus dans ce cas de cultes particuliers, ni de dévotion à une divinité singulière, ni même d’une communauté de croyants organisés en secte (comme les pythagoriciens); l’orphisme est une nébuleuse où l’on trouve : - une tradition de livres sacrés attribués à Orphée et Musée (comportant des théogonies, des cosmogonies), - des personnages de prêtres itinérants (voir Platon République, II 364a), prônant un style d’existence contraire à la norme, un régime végétarien (porter des habits blancs qui ne devaient pas être de la laine, éviter tout contact avec la mort ou l’ingestion de viande, de cervelle, de cœur, etc..., interdiction de manger des fêves) et disposant de technique de guérison et des recettes de purification. Les cahiers d’Hadrien : Orphée - Page 5 / 32 L’orphisme a ainsi une forme «doctrinaire» qui l’oppose aussi bien aux mystères et au dionysisme qu’au culte officiel, pour le rapprocher de la philosophie : après la mort, dit la théorie orphique, l’âme descend dans l’Hadès pour y être jugée par les dieux du monde souterrain; les hymnes et les rites orphiques (voir annexe n° 1) indiquaient aux croyants la manière de se préparer à subir cette épreuve. Si le verdict des dieux concluait à la culpabilité, la châtiment était sévère. Certains textes prévoyaient une peine éternelle, d’autres admettaient la doctrine de la transmigration; l’âme naissait à nouveau pour mener une nouvelle existence où bonheur et malheur étaient répartis proportionnellement aux mérites de sa première existence. La roue tournait jusqu’à ce que l’âme connaisse la pureté parfaite (Jean-Pierre Vernant, Mythe et religion en Grèce ancienne, p 105-111). L’âme est immortelle mais elle porte le poids d’une faute déterminée (acte d’hybris: comme l’assassinat de Dionysos Zagreus par les Titans), qu’elle doit racheter, aussi bien dans ce monde que dans l’autre et au long non seulement d’une, mais de plusieurs vies car l’âme peut subir plusieurs réincarnations. Lors de son passage ici-bas, elle se trouve enfermée dans le corps tout comme à l’intérieur d’une prison ou ensevelie dans celui-ci comme s’il s’agissait d’une sépulture. La doctrine du corps-sépulture est orphique. Les images de la prison ou du tombeau s’expliquent par le fait que l’âme ne mène pas dans ce monde une vraie vie mais qu’elle est dans les fers comme morte et en train de racheter sa peine. Il est possible d’agir pour abréger ou adoucir la peine en participant à un banquet des justes (le vin est considéré comme un prix de rachat dans l’autre monde). Conclusion 2.3 Orphée, pour toute une tradition qui remonte à Diodore de Sicile, apparaît comme un initiateur généraliste, un adepte du comparatisme. Diodore le situait au cœur d’un dispositif reliant entre elles les sagesses barbares, dans leurs rapports aux sagesses grecques. Issu de Thrace, uploads/Religion/ cahier-orphee.pdf
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- Publié le Oct 02, 2021
- Catégorie Religion
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