SAINT VINCENT DE PAUL CORRESPONDANCE Tome IV 1206. — A MONSIEUR HORCHOLLE (1) D

SAINT VINCENT DE PAUL CORRESPONDANCE Tome IV 1206. — A MONSIEUR HORCHOLLE (1) De Paris, ce premier d’avril 1650. Monsieur, La grâce de Notre­Seigneur soit avec vous pour jamais ! Je reçus, ces jours passés, une de vos lettres ; je n’ai pu vous faire réponse plus tôt à cause de mes embarras et ne sais si mon inutilité durera toujours à votre égard. Je prie Dieu qu’il ne le permette pas ; car je souhaite fort de vous servir, et j’attends l’occasion de le faire en chose proportionnée à votre mérite et à mon affection. Dieu sait si M. le prieur et moi aurions consolation de vous revoir ici ; mais, pource que cela ne se peut sans incommodité pour vous et quelque préjudice pour la paroisse que sa divine bonté vous a confiée, j’estime que vous ne devez pas venir ici pour le sujet que vous me proposez. Il suffira que vous écriviez à quelqu’un de vos amis qui entende mieux que nous ce Lettre 1206 . — L. s. — Bibl. Nat., n. acq. fr. 5371, décalque. On trouve un autre décalque à la bibliothèque municipale de Neufchâtel-en-Bray (Seine-Inférieure). 1) Curé de la paroisse Saint-Jacques à Neufchâtel-en-Bray, où saint Vincent avait lui-même établi la confrérie de la Charité le 12 novembre 1634 et d’où était originaire Adrien Le Bon prieur de Saint-Lazare. (Cf. Saint Vincent de Paul en Normandie par V. E. Veuclin, 1890, Bernay, in-8°.) ­ 2 ­ qu’il faut faire pour vous faire nommer gradué sur une abbaye, afin qu’il le fasse ; et en cas que vous n’ayez personne à Paris de votre connaissance capable de cette petite négociation, nous tâcherons de la faire faire, si vous nous envoyez les pièces et les instructions nécessaires pour en venir à bout, vous assurant, pour mon regard, que je n’ai nulle expérience en tel rencontre ; mais je suis plein de bonne volonté à vous témoigner la grâce que Dieu m’a faite de me rendre, en son amour, Monsieur, votre très humble et obéissant servi VINCENT DEPAUL, prêtre de la Mission. Au bas de la première page : M. Horcholle. 1207. — A JACQUES CHIROYE, SUPÉRIEUR, A LUÇON Du 3 avril 1650. Quand je vous ai écrit qu’il fallait obéir à Monseigneur de Luçon, j’entendais en ce qui concerne son service ou son bon plaisir. Or, il ne peut recevoir ni l’un ni l’autre de toutes les tracasseries, entreprises et dépenses que vous avez faites, n’ayant pas le moyen de les supporter par vos propres forces. Et si je vous ai prié de ne rien faire sans notre ordre, c’est afin que vous ne vous engagiez point à de plus grands frais que vous n’en pouvez faire ; et je vous prie derechef de vous en tenir là. Je crains que ces embarras de ménage ne ruinent la régularité et le bon ordre de la maison, bien que ceci doive être notre principal et à quoi vous devez particulièrement vos soins Lettre 1207 — Reg 2, p 161 ­ 3 ­ et votre exemple. C’est en cela que nous trouverons la paix, l’union, le progrès en la vertu et les grâces pour bien faire nos fonctions. Il faut donc nous y attacher préférablement à toute autre chose et ne pas négliger le reste. Voilà la maxime que nous devons tenir. Vous demandez d’être déchargé du frère ou du domestique. Encore faut­il considérer que l’un est notre frère et que le serviteur ne doit pas être toujours dans la maison ; c’est pourquoi je vous prie de préférer l’enfant de la maison au mercenaire, de garder le frère pour vous en servir, et de vous décharger de Jean. J’espère que peu à peu Vincent (1) vous donnera contentement. Je suis en grande peine de l’indisposition de M… Je vous prie de lui dire que son mal me touche sensiblement et que je demanderai souvent à Dieu qu’il lui redonne sa santé, ou la force de bien user de sa maladie. Je ne vous le recommande pas, estimant que vous n’épargnerez rien pour son soulagement. Les ouvriers de l’Évangile sont des trésors qui méritent d’être soigneusement conservés. 1208. — LOUISE DE MARILLAC A SAINT VINCENT [Avril 1650] (1) Mon très honoré Père, Je me donnai hier l’honneur de voir Madame de Lamoignon. Mademoiselle sa fille me demanda ce que les darnes avaient fait à Bicêtre, et voyant la résolution qu’elles prirent de mettre les garçons dans un pavillon pour se décharger de la sépara­ 1) Vincent Lescot, né à Argenteuil (Seine-et-Oise), entré dans la congrégation de la Mission en qualité de frère coadjuteur, le 28 juin 1644, à l’âge de dix-huit ans, reçu aux vœux le 29 septembre 1646. Lettre 1208. — L. a. — Dossier des Filles de la Charité original 1) Date ajoutée au dos de l’original par le frère Ducournau. ­ 4 ­ tion nécessaire à faire, elle me dit que ce n’était pas la résolution que votre charité avait fait prendre, et qu’elle concevait bien tous les inconvénients de laisser là les filles, tant pour les garçons que pour les nourrices, lesquelles, quoique l’on essaie de les prendre femmes de bien, néanmoins il y a apparence que la plupart ne sont pas tant obligées, par la nécessité du temps, à se retirer, que par mauvaises conduites ; et puis que toutes ces manières de femmes ramassées de toutes parts sont de mauvaises paroles et grand libertinage. Et me dit cette bonne demoiselle qu’il fallait que vous tinssiez ferme à faire exécuter la proposition que votre charité avait si fortement soutenue, et demander à en essayer pour cette année du jubilé sans remettre à une autre fois. J’ajoute que ces remises donnent lieu aux esprits à se consulter et que, si vous manquez cette fois, ce dit­ elle, il n’y aura plus moyen d’y revenir. Mais je crois aussi, mon très honoré Père, qu’il faut tenir ferme pour prendre une ou deux de vos maisons au plus pour sauver le louage ; autrement, s’ils font choix selon ce que je pense, la conduite en sera entièrement donnée et pour toujours à d’autres, et dans ce rencontre se découvrira entièrement leur dessein. Il m’est venu en pensée qu’elles croient que nous ne saurions quitter le service des enfants et que nous y soyons obligées par les mille livres que nous avons du domaine. Et vous savez le tort que l’on nous a fait lors, étant l’intention de celles qui en faisaient faire le don, que nous eussions la moitié purement et simplement pour la subsistance de la compagnie, et non pour nous obliger au service des petits enfants autrement que nous sommes à celui des autres pauvres et forçats. Il serait bon que, s’ils prétendaient avoir à nous disputer cela un jour, que ce fut plutôt en ce temps qu’en un autre. Je fus hier par occasion voir Monsieur le procureur général (2), qui me fît l’honneur me recevoir fort courtoisement, et me dit aussitôt que j’allais pour une affaire qu’il avait entre les mains. Je lui dis que c’était pour lui en rafraîchir *la mémoire. Il me demanda si nous prétendions être régulières ou séculières. Je lui fis entendre que nous ne prétendions que le dernier. Il me dit cela être sans exemple. Je lui alléguai les filles de Madame de Villeneuve (3) et lui prouvai qu’elles allaient partout. Il me témoigna ne pas désapprouver notre dessein, disant beaucoup de bien de la compagnie, mais qu’une chose de telle importance méritait bien y penser. Je lui témoignai la joie qu’il s’y portait de la sorte, et le priai que, si la chose ne 2). Blaise Méliand (1641-1650). 3) Les Filles de la Croix. - 5 - méritait ou devait être continuée, qu’il la détruisit entièrement, mais que si elle était bonne, que nous le suppliions de l’établir solidement, et que cette pensée nous avait fait essayer au moins 12 ou 15 ans, durant lesquels, par la grâce de Dieu, il n’y avait paru aucun inconvénient. Il me dit : «Laissez­y­moi y penser, je ne vous dis pas des mois, mais quelques semaines», prit la peine nous mener jusques au carrosse ; aussi était­il dans sa cour ; mais nous témoigna grande bonne volonté, nous chargea de vous saluer très humblement, nous disait qu’il serait usurier s’il recevait les très humbles remerciements que nous lui faisions de l’honneur qu’il fait à toutes nos sœurs, quand elles osent s’approcher de lui dans leurs besoins, tant pour les pauvres forçats que pour les petits enfants. Madame la marquise de Maignelay ne me fit réponse hier que verbalement, envoya notre sœur chez Monsieur le curé de Saint­Roch (4) lequel, avec madite dame, l’assurèrent n’y avoir eu aucune faute en nos sœurs renvoyées et que la seule considération de l’une des filles, qui y servait, n’étant pas propre pour demeurer en la compagnie, fit que Monsieur le curé renvoya l’autre, pour la garder ; que présentement elle est mariée et celles qui sont à sa place continuent à suivre ses uploads/Religion/ coste-4 1 .pdf

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  • Publié le Mai 19, 2022
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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