LA SYNTHESE D U MODERNISME PAR J. F O N T A I N E PARIS P. LETHIELLEUX, LIBRAIR
LA SYNTHESE D U MODERNISME PAR J. F O N T A I N E PARIS P. LETHIELLEUX, LIBRAIRE-ÉDITEUR 10, RUE CASSETTE, 10 Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2008. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. LA SYNTHÈSE DU MODERNISME SYNTHESE 1 Nihil obstat Paris, le S avril igia. J . AL'HIAULT Imprimatur Parisiis, die Q aprilis IQIZ. I \ FAGKS, Vie. Gén. TOUS DROITS RLSEUVÉS Cet ouvra je a été déposé, conformément aux lois, en mai JQT2 INTRODUCTION GÉNÉRALE AUX VOLUMES CI-DESSOUS DÉSIGNÉS : 10 Les Infiltrations protestantes et le clergé français ; 20 Les Infiltrations protestantes et l'exégèse du N. T. ; 3° Les Infiltrations kantiennes et protestantes et le clergé français ; 4° La Théologie du Nouveau Testament et l'Évolution des Dogmes; 5» Le Modernisme sociologique. Décadence ou Régénéra- tion ? 3° Le Modernisme social. Décadence ou Régénération ? HOMMAGE AU PAPE PIE X Très Saint-Père, Vous êtes le Maître de la doctrine et le Père de là grande famille des chrétiens. C est à ce double titre que Vous est dû Vhumble hommage de ce livre,faible écho des enseignements qui descendent de la Chaire où la forte main de la Providence Vous a fait asseoir malgré Vous. Vous dominez de trop haut nos discussions et nos* controverses, pour y intervenir autrement que par quelques-unes de ces décisions souveraines qui,, si elles deviennent nécessaires, sortiront de votre grand cœur, tout autant et plus encore que de votre haute raison et de votre foi vaillante, à la seule fin de nous unir tous dans la Vérité plus clairement mani- festée. Aussi Vauteur ne demande-t-ilpoint votre appro~ bation pour son œuvre,pas plus qu'il ne sollicita celle de votre très illustre prédécesseur, pour deuœ précédents volumes qui n'étaient, dans sa pensée, que le commentaire et Vapplication pratique de VEncy- 6 LETTRE-DÉDICACE clique au clergé français. Mais il serait heureux d'avoir votre paternelle bénédiction pour sa personne, ses intentions et ses efforts, dans la défense de la vérité catholique contre une exégèse que démasquent et condamnent ses propres excès. Tels sont, Très Saint-Père, les sentiments dans lesquels je suis et je veux de- meurer toujours, de Votre Sainteté, le très humble et très obéissant serviteur en Notre Seigneur Jésus-Christ. J. FONTAINE, prôtre. Cette lettre dédicatoire, écrite au début de l'année igo5 et placée en tête de notre volume sur l'Exégèse du N. T., répond si bien à notre situation et à nos dispositions présentes, que nous voulons en faire comme l'épigraphe de toute notre œuvre anti-moderniste. Qualis ab inccepto. J. FONTAINE. Versailles, le n avril 1912. Depuis douze ans au moins nous avons consacré nos efforts à l'étude du mouvement d'idées et de doctrines que l'Encyclique Pascendi a désigné par ce nom de modernisme.Nousl'avions appelé, nous, les infiltrations protestantes, en considération de ses sources et aussi de sa nature; car la plupart de ces doctrines, nous pourrions dire presque tou- tes, forment le fond du protestantisme libéral, le plus répandu aujourd'hui au sein des communau- tés luthériennes, calvinistes et même anglicanes et de toutes les sectes qui en sont sorties. L'une des séductions du modernisme est la variété de ses formes elles-mêmes, la diversité de ses aspects; tel esprit, inaccessible à quelques-unes de ses mé- tamorphoses, se laissera prendre à une autre qui se présentera demain. Comment le reconnaître tou- jours et avec certitude sous tous ces déguisements 8 LA SYNTHÈSE DU MODERNISME si multipliés? Ainsi il a été tour à tour exégétique, philosophique, théologique, dogmatique au sens le plus strict de ce mot; et aujourd'hui il se fait sociologique, social, c'est dire qu'il a parcouru tout le cycle de nos sciences religieuses et ecclésiastiques, avec toutes leurs subdivisions,et même avecles scien- ces secondaires qui s'y rattachent, pour les empoi- sonner du même venin de scepticisme. Des esprits, très avisés sans doute,mais pas assez prudents, pas assez avertis peut-être,ont été saisis etsubjuguéspar ce modernisme qui avait furtivement pénétré telle partie des sciences religieuses qu'ils exploitaient. Et quand l'illusion est complète et s'établit à demeure dans une intelligence qui s'est trompée elle-même à force de sophismes, il devient très difficile de l'en bannir. C'est tout un travail d'examen et d'étude à reprendre en sens opposé, et il y faut porter un complet oubli de soi et une passion pour la vérité, bien méritoire, si l'on veut y réussir. Aujourd'hui même, bien des prêtres n'aperçoi- vent point tout le péril du modernisme; à peine croient-ils à son existence. Ils ont lu, mais sans l'é- tudier assez, sans la méditer à fond et dans toutes ses parties, l'Encyclique Pascendidominici ffregis, où la grande erreur est disséquée et analysée dans tous ses éléments si multiples et si divers.Ces prêtres cherchent autour d'eux* sans la trouver, la concen- tration de tous ces monstres d'erreur et, dès lors, ils prononcent hardiment et témérairement qu'il LA SYNTHÈSE DU MODERNISME 9 n'y a dans leur milieu pas la moindre trace de mo- dernisme. Comme si ces éléments n'étaienlpassépa- rahles, comme si tel prêtre ne pouvait se faire une exégèse fort risquée et fort dangereuse, sans accep- ter immédiatement toutes les théories philosophi- ques du kantisme, ou sans nier du premier coup la valeur des preuves métaphysiques de l'existence de Dieu. Ou bien encore on se fera, sur la constitu- tion de l'Eglise, des opinions qui, poussées avec quelque logique à leur extrêmelimite,suffiront pour la dissoudre et la détruire, sans se croire atteint par l'hérésie moderniste. Bref, cette hérésie, prise dans son intégralité, brise et détruit tout dans Tor- dre surnaturel, faits, dogmes, institutions; après quoi elle pénètre dans Tordre naturel et philo- sophique pour y produire les mômes ravages qui auront leurs contre-coups, également destructeurs, dans Tordre social. Et parce que Ton n'embrasse pas toute cette synthèse diabolique, peut-être par une sorte d'impuissance intellectuelle, on se croira absolument indemne et même à l'abri du fléau, alors qu'on en a subi dans une trop large mesure la contamination. Que de fois nous avons entendu, de bouches très autorisées, ces protestations fort sincères.« Nous ne sommes pas des infiltrés; ici il n'y a pas trace d'in- filtrations. » Hélas! je ne sais trop s'il y a,dans nos pays de propagande enfiévrée, un diocèse où ce mauvais vent n'ait soufflé et flétri quelques âmes- 10 LA SYNTHÈSE DU MODERNISME Les intellectuels, comme ils s'appellent, ont plus souffert que les autres; mais que de fois j'ai ren- contré des hommes qui ne lisent guère et qui pen- sent encore moins, atteints d'une sorte d'incrédu- lité insoupçonnée. Tout était chancelant et incer- tain dans ces intelligences, et l'on se faisait de ces incertitudes un oreiller bien commode pour d'autres oublis et des égarements qui n'en étaient que la conséquence ! Non, le modernisme n'est pas mort; c'est nous au contraire qui en mourons. Il est à l'état endémique et nous ne savons plus l'apercevoir; nous nous y habituons si bien que ceux qui le dénoncent passent pour des exaltés et des gêneurs ; et il n'est pas diflicile de prévoir que, clans un ave- nir peu éloigné, sitôt que les circonstances le per- mettront, la grande préoccupation de prétendus sages sera de les faire taire au nom de la tranquil- lité publique et de la paix à rétablir au sein de l'E- glise elle-même. Avant que nous entrions dans cette ère de paci- fisme outrancier, précurseur des suprêmes désas- tres, je crois qu'il n'est pas inutile de faire la syn- thèse du modernisme, en le considérant sous ses différentes formes. Nous l'avons étudié très au long, à travers six volumes, pourlesquels ces pages seront une sorte d'introduction générale et aussi de résumé succinct. I Le Modernisme exégétique ( i ) . C'est dans l'Exégèse biblique que se manifesta tout d'abord, sous sa forme la plus aiguë, le mo- dernisme. Les études scripturaires avaient été beau- coup trop négligées dans nos séminaires. On éprou- va le besoin de combler cette lacune, et, dans ce but, des esprits laborieux entreprirent des travaux philologiques indispensables; ils étudièrent les lan- gues sémitiques, l'hébreu,le syriaque,le copte, Ta- raméen sans parler du grec et du latin, évidemment. Leur tort fut de se laisser guider, dans ces explo- rations linguistiques, par des protestants plus avancés que nous, particulièrement en Allemagne; et ils ne se contentèrent pas d'adopter leurs métho- des, mais ils prirent aussi, du moins en partie,leurs idées et leurs doctrines. Du reste,il ne faudrait pas croire que les méthodes puissent se séparer tou- jours aisément des idées et des doctrines, pour lesquelles elles-mêmes ont été souvent inventées. (i) Les Infiltrations protestantes et le clergé français, in-ia, xiv-264 [>ai?es ; les Infiltrations prolestantes et l'exégèse du Nou- veau Testament^ in-12, xiv-5ia pages. 12 LA SYNTHÈSE DU MODERNISME 11 en fui ainsi des méthodes critiques appliquées à la Bible. On distingue trois critiques différentes, la critique textuelle ou philologique, la critique historique et la critique littéraire, qui toutes les trois préfendent contribuer à l'interprétation des livres bibliques. La première établit les textes avec leurs variantes et prononce sur leur valeur relative, en dégage le sens d'après les uploads/Religion/ fontaine-synthese-du-modernisme.pdf
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