1 Compte-rendu de l’article De Philippe Contamine sur « l’oriflamme de St-Denis

1 Compte-rendu de l’article De Philippe Contamine sur « l’oriflamme de St-Denis » Yasmine BELALA et Johanna FIRPION Le 13 octobre 2022 Vitrail de l’Oriflamme de Saint-Denis, une des premières représentations du premier drapeau de la France utilisé en temps de guerre au Moyen-âge, intérieur de la cathédrale Notre Dame de Chartres, classée au Patrimoine Mondial par l’UNESCO. D ans la culture médiévale, le symbole fait pleinement parti de la pratique sociale. Ainsi, l’histoire des symboles met en lumière de nombreux domaines de la vie intellectuelle, sociale, morale et religieuse de cette période. Elle représente donc un outil de travail profitable aux historiens médiévistes. Son étude nécessite donc d’être explicite et rigoureuse afin de pouvoir pleinement profiter de sa polyvalence. De ce fait, l’histoire des symboles ne se limite pas seulement à l’étude de textes mais s’attache à analyser l’iconographie, les gestes, les rituels, les croyances, les comportements et les objets. Par conséquent, elle a a suscité chez les historiens médiévistes des travaux de qualités qui ont nécessités l’étude mais aussi et surtout le croisement de nombreux types de sources. C’est dans cette perspective que s’inscrit l’article de Philippe Contamine intitulé « L'oriflamme de Saint-Denis aux XIVe et XVe siècles : étude de symbolique religieuse et royale ». Il a été publiée en 1973 au sein de la revue d’histoire française, les Annales de l’Est avec le concours du centre national de la recherche scientifique par l’université de Nancy II et la fédération historique de Lorraine. Philippe Contamine né en 1932 et mort tout récemment le 26 janvier 2022, était et demeure l’un des plus grands médiévistes français contemporains. Fils de l’historien Henry Contamine, spécialiste du XIXe siècle et de l’histoire militaire, il consacra une grande partie de sa carrière à l'enseignement. Il fut enseignant chercheur, spécialisé dans la guerre et la noblesse de la fin du Moyen Âge à l’université de Nancy-II, puis à l’université de Paris Nanterre et enfin à l’université Paris-Sorbonne. Spécialiste français de Jeanne d’Arc et de l’histoire de France du XVe siècle, il fut tout au long de sa carrière, l’auteur de nombreux ouvrages. Parmi les plus connu, on pourra citer ses premières publications sur la société guerrière du XVe siècle : Azincourt publié chez Julliard en 1964 et La guerre de Cent Ans chez Presses Universitaires de France en 1968. Son implication dans le domaine de l’historiographie est d’ailleurs prouvé de par sa longue carrière, sa production scientifique riche sur l’histoire politique et les pouvoirs de la fin du Moyen Âge mais également par sa renommée internationale et par les responsabilités administratives qu’il a exercées tout au long de sa vie. En effet, il a permis l’émergence de nouveautés majeures : il est le premier à positionner la guerre comme un sujet central, il cherche d’ailleurs à expliquer la transition entre l’armée féodale du XIIIe siècle et l’armée des temps moderne. Enfin, il est l’un des premier chercheur à s’intéresser à la cour du roi. Il a d’ailleurs été récompensé par de nombreuses distinctions, on peut alors évoquer son élection à l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres en 1990, et son avancement dans les ordres nationaux. Il avait d’ailleurs été promu au grade de commandeur dans la promotion de la Légion d’honneur le 1er janvier 2022. Ainsi, avec la disparition de Philippe Contamine l’historiographie médiévale perd donc l’une de ses figures marquantes. C’est d’ailleurs cet aspect, celui d’un historien novateur, logique et méticuleux que l’on retrouve dans l’article étudié. Ce dernier traite comme son nom l’indique de « l’oriflamme de Saint Denis aux XIVe et XVe siècle », toutefois une précision nous est apportée par le sous-titre de l’article : « Etude de symbolique religieuse et royale » . En effet, l’oriflamme de Saint Denis généralement présentée comme l’étendard du roi de France en temps de guerre, représente en réalité l’un des objets majeurs de l’époque médiévale. Plus encore, elle correspond à un élément crucial dans la compréhension de l’histoire des guerres mais aussi dans celle des pratiques religieuses du Moyen-âge. En effet, comme évoqué dans un article de 1983 intitulé « Le drapeau rouge des rois de France », Philippe Contamine affirme alors : « Pas de Moyen Age guerrier sans oriflamme déployée ! […] Quel romancier oserait évoquer le Moyen Age guerrier et dévot sans faire, ici ou là, claquer l'oriflamme ? ». Le choix de ce sujet n’est donc pas sans intérêts pour ce spécialiste de l’histoire de la France du XVe siècle. Ainsi, à travers cet article, Philippe Contamine cherche à revenir sur la question controversée de l'oriflamme des rois de France, encore appelée bannière de Saint-Denis, en reconstituant son histoire à travers les siècles. Pour ce faire, il met en place un dossier textuel et iconographique construit autour d’un plan logique et didactique. En effet, il met en place un véritable article scientifique qui vise à démontrer la véracité de ses propos. C’est pourquoi, il convient tout d’abord de présenter l’articulation de l’article afin de pouvoir amorcer les questionnements mis en places par Philippe Contamine et ainsi pouvoir cerner les enjeux de son étude. Ainsi, tout en respectant la mise en forme de l’article scientifique, l’auteur opère un soin spécial dans l’organisation de ses idées, dans la structuration de sa pensée et dans le développement du sujet qu’il traite. Il commence tout d’abord par nous exposer en première page un résumé de son article qui nous permet de comprendre les enjeux de sa rédaction et ainsi savoir quel sera le sujet traité. L’historien commence donc par rappeler l’intérêt historiographique que représente l’étude des emblèmes, insignes et symboles dans de nombreux domaines et notamment dans la compréhension des populations du Moyen-âge. Ensuite, il met en place un plan de recherche en neuf axes en combinant l’aspect historiographique et historiques des sources étudiées afin de pouvoir retracer les différentes étapes de l’oriflamme au fil des différents règnes et épisodes historiques. Par cela, il opère une analyse précise de l’oriflamme en tant que véritable objet d’étude en affirmant son aspect guerrier mais pas seulement, il s’intéresse également à sa portée liturgique, au protocole lié à sa levée, et aux conditions de son utilisation. Plus encore, il met en place une véritable description des traits caractéristiques de l’étendard en détaillant ses symboles, sa forme. Cette analyse est d’ailleurs accompagnée d’un appareil de notes, une bibliographie, un index et des annexes notamment un dossier iconographique visant à matérialiser ses propos. On peut ainsi observer différentes illustrations montrant la liturgie rattachée à l’oriflamme par exemple. Pour finir, il s’attache à montrer la situation de l’oriflamme à la fin du Moyen-âge, un emblème remis en question tant dans son utilisation que dans le caractère légendaire qui lui est associé. 2 En mettant en place ce plan de recherche construit autour de sujets clés, d’arguments et de preuves divisés en sections, avec leurs propres titres, Contamine cherche à faire comprendre le caractère novateur de son étude à son lecteur. Bien que diverses études aient été proposées nombreuses sont limitées à leur attachement à l’origine mythique de l’oriflamme. Cela constitue une limitation importante comme le souligne ici Philippe Contamine qui souhaite à travers sa pratique de la vexillologie c’est-à-dire son étude de l’étendard mettre en exergue un pan d’étude souvent négligé par les historiens médiévistes. De ce fait, il souhaite à travers son article montrer que l’histoire de l’oriflamme représente un intérêt historiographique majeur tant dans l’étude de ses origines que dans l’étude de sa disparition. Ainsi, il tient à étudier dans cet article le sort de l’oriflamme aux XIVe et XVe siècles en cherchant à montrer que la destinée de cette-dernière à la fin du Moyen-âge repose également tout comme son origine sur une perspective tant mythique que réelle. Elle représente alors un objet d’étude tout aussi fascinant. Afin de pouvoir mener sa démonstration liée à la destinée de l’oriflamme de Saint-Denis, l’auteur utilise un panel foisonnant de sources. Ce désir d’exposer un nombre important de sources diverses est d’ailleurs remarquable dès le début de l’article où il met en place dès les premières pages une véritable revue littéraire à travers son « Esquisse historiographique ». Dans cette-dernière, Philippe Contamine tient à exposer les principaux travaux de littérature déjà existant sur l’oriflamme de Saint-Denis. Toutefois, l’objectif ici n’est pas de faire un survol complet des travaux mais plutôt de situer les contributions de l’article par rapport aux travaux antérieurs. Il cite en effet, des publications de qualités et réputées. Par cela, il cherche à prouver que la littérature de la fin du XVe siècle s’organise autour d’une certaine contradiction sur l’origine légendaire de l’oriflamme. Il confronte ainsi les divergences en associant une oeuvre promulguant l’origine fabuleuse de l’oriflamme comme la copieuse Histoire de l’abbaye de S. Denys en France de dom Jacques Doublet à une oeuvre plus réticente comme le livre d’Auguste Galland. Contamine tient alors un rapport extensif aux sources en les croisants. Il indique également que ce scepticisme présent à la fin du XVe siècle dans la plupart des oeuvres littéraires trouve son origine dans uploads/Religion/ compte-rendu-article-philippe-contamine-quot-l-x27-oriflamme-de-saint-denis-quot.pdf

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  • Publié le Sep 28, 2022
  • Catégorie Religion
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