Universibé CafehoMque de Louvain Faculté de Théologie Institut Supérieur des Sc
Universibé CafehoMque de Louvain Faculté de Théologie Institut Supérieur des Sciences Reiigieuses LVL 20880 DIEU ET L'HOMME Contribution de Raymundo Panikkan au dialogue entre le christianisme et l'hindouisme Deuxième Part;ie Promoteur : Professeur J. RIES Louvain-La-Neuve ISBD Dissertation présentée en vue de i'obtentlon du grade de Docteur en Sciences reiigieuses par Robert SMET 267 CHAPITRE IV LE CULTE "La véritable action est l'action cultuelle, le culte n'étant autre que l'action qui activise le mieux l'être, autrement dit le re-connaît, le révèle, le découvre, le met à nu" (l), (l) R, PANIKKAR, Le mystère du ovilte. pp. 44-45. 268 269 INTRODUCTION Notre propos, dans ce chapitre, est de cerner la notion de culte dans la pensée de S. Panildcar, Nous ne pouvons envisager une analyse du culte dans le christianisme comme telj à plus forte raison^ une comparaison entre les deux mondes -l'hindou et le chrétien- sur le sujet. 11 faudrait aborder, en effet, une exploration vétérotestamentaire, néotestamentaire, conciliaire, théologique et liturgique d'une part et, d'autre ps,rt, analyser le Veda dans son intégralité, comparer l'enseignement des Brahmana avec caltii des Upanisad et ne pas faire abstraction du culte vécu concrètement par l'adepte, •de l'hindouisme, en tenant compte des innombrables variantes à l'intérieur de l'Inde et de l'île de Bali, par exemple (l). Le culte serait, peut-être, la démarche de convergence entre les deux pôles du réel - Dieuet l'homme- en mettant l'accent svir l'opus humanum. 11 n'y a pas de culte sans l'Absolu agent, sinon l'homme serait lui-même "capaci té d'absolu", ce qui nierait l'Absolu; de plus, le culte n'est pas seulement l'expression par l'homme de ses sentiments, même religieux. Si nous parlons de la démarche de convergence entre les deux pôles du réel, c'est qu'il n'y a pas culte sans l'Absolu, pas plus qu'il n'y a culte humain sans l'homme, 11 faut maintenir la "dualité", même si elle vise l'unification, le rappro chement, la communion. Nous insisterons sur l'opus humanum. Nous parlerons donc du culte his torique, celui que nous pouvons déployer hic et nunc, 11 ne sera pas ques tion de liturgie céleste proprement dite, bien que le thème soit riche et analysable, tant du point de -vue hindou que du point de vue chrétien, à par tir, par exemple, des passages concernant le sujet dans l'Apocalypse johannl- que, (l) Nous ne pouvons aborder pareille entreprise. Des travaux nombreux s'en sont occupés. Par exemple, Worship and Rituai, spécialement l'article Hindu Worship, Sacrifices and Sacraments, de M, DHAVAIÎOHY, pp, 81-126; voir aussi R, DE SÎIET et J, NEU7ER, La quête de l'Etemel,19é7jauxaniticîLes de A, HUART sur le calendrier et lés fêtes hindoues (pp, 154 - 1^4)» sur les pèlerinages et les saints (pp. I65 - I76), et de R, ANTOINE, sur rituels et culte (pp, 177 - "187)» sur les sacrements (pp, 168 - 198) et le culte des images (pp. 199 - 215), Voir aussi S, LEVI, La doctrine du sacrifice dans les Brahmanas, et M, BIARDEAU - CH. MALAIiOUD, Le sacri- fice dans l'Inde ancienne. 270 Le culte, reconnaissens-le, est vme réalité complexe. Dans les reli gions organisées, il se manifeste par des doctrines, des symboles, des rites, des attitudes hiimaines extérieures et intérietires, il comporte des implica tions morales et un aspect mystique. Il est tantôt individuel, tantôt com munautaire, Le Nouveau Testament "offre plus de trente mots pour désigner les actes concrets du culte, mais il lui manqie, comme à l'Ancien Testament, ' un terme exprimant l'idée de culte dans sa totalité" (l). L'idée de conver gence nous est souvent proposée dans la recherche d'une définition* R. lyartin-r Achard éctit : "On admet généralement que le culte a pour but d'établir et de manifester, par ses symboles et ses rites, une relation entre l'homme et la divinité" (2),., établissant "une sorte de circuit de forces vitales et mys tiques dont les cieux ont tout autant besoin que les hommes" (3), M,P, Lacan souligne la même dimension relationnelle (4), On trouve aussi l'idée d'une infériorité de l'homme et d'une soumission ou d'un hommage à Dieu, Le culte serait, par exemple, la "reconnaissance de n'importe quelle espèce de supériorité ou d'excellence, accompagnée des mar ques de respect qui l'expriment. Hommage religieux à Dieu, aux saints ou à leurs images et reliques, etc«" (5)* Perspeotive identique chez L. Bouyer ; "Au sens strict, honneur rendu à Dieu, spécialement dans la célébration pu blique de la prière liturgique" (6). On ne peut oublier non plus une donnée biblique constante qui, sans être une critique du rite, insiste sur l'amour fraternel et sur la justice dans la vie religieuse et, somme toute, dans le culte. Les prophètes juifs et Jésus prolongent la révélation divine du décalogue mosaïque unissant les deux tables de la Loi, la première parlant de la relation directe avecAdonaî et la seconde des relations humaines (7). (1) Encyclopédie de la foi, t, 1, p. 505, (2) Yocabulaire biblique, p, 60, (3) Vocabulaire biblique, p, 60, (4) Vocabulaire de théologie biblique, cd, 236, (5) Dictionnaire de la foi chrétienne, t, 1, col, 204. (6) L, BOTJYER, Dictionnaire théologique, p, 178, (7) Ex, 20 î 1 - 17| Is. 1 ; 11 - 20; Amos 5 ; 21 - 27; Michée 4 ; 9-11; Jér., 7 : 1 - 15; Osée 6 5 6; I Sam, 15 : 22; ]\1at, 5 : 23 - 26; 7 : 12; 25 : 31 - 46; I Jean 2 ; 14; et la synthèse célèbre de lîat, 22 ; 36-4O, 271 Une autre donnée encore est celle de l^acte cultuel comme rappel, comme actualisation et comme appel, "L'action passée commémorée est l'offrande du Christ. On peut présentement s'y associer ce qui nous donne accès au sanctu aire céleste"(îi). On aurait, ainsi, un acte opérant la "présentification" d'une réalité antérieure archétypale mais situé, en même temps, dans une di mension eschatologique où l'expérience finale de communion rêndra le culte actuel superflu. Tout en maintenant notre proposition de définition ; "le culte serait, peut-être, la démarche de convergence entre les deux pôles du réel -Dieu et l'homme- en mettant l'accent sur l'opus humanum", nous devinons la dimension du sujet et ses facettes multiples où interviennent l'acte de Dieu agent, l'expression par l'homme de ses sentiments, la réalisation céleste de l'homma ge et de la communion, la richesse indescriptible des rites et des symboles historiques, l'idée de l'infériorité humaine face à l'Absolu, les exigences d'une relation humaine interpersonnelle de qualité, le lien, enfin, entre Ifex- chétype, la "présentification" actuelle et la perspective eschatologique. (l) M.F, LAÇAIT, Vocabulaire de théologie biblique, col, 24I - 242, avec réfé rence à Hébr.^ 10 ; 19; Apoc, 5 s 6; 11 : 19; 4 ; 2 - 11, 272 § 1 - LA DEFINITION DU CULTE "Le culte est R. Panlkkar tente régu].ièrement de le définir et cela, est nécessaire pour étudier un problème. Il faut s'entendre sur les mots. Nous allons, dans ce paragraphe, suivre l'Auteur dans .les approches qu'il nous propose. Ultérieurement, nous détaillerons les pistes principa.- les, avant de tenter une synthèse. Le culte est toujours un acte de la personne par lequel elle entre en contact avec du transcendant, avec un ordre supérieur et cela pour donner ou pour recevoir quelque chose de matériel ou de spirituel. Il est : "1'expres sion d'une croyance", ou toute action himaine symbolisant une croyance", ou "tout acte symbolique jaillissant d'une croyance particulière" (l). Si l'on insiste svir l'activité de l'intelligence, il prend une forme intellectuelle. Il est question de recueillement, de méditation, de contemplation. Si l'on met l'accent sur l'acte du. coeur et de la volonté, on parle de dévotion, d'abandon, d'amour et de louange. Si l'on mise sur les actes extérievirs, on voit les fêtes, les danses, les célébrations. Si on centre l'attention sur les actions constmctives de l'homme, le culte est identifié au devoir, au travail, au service (2), Même dans ce dernier cas, on doit sotlLigner la référence au transcen dant, Le culte est "un acte qui transcende sa propre action symbolique", ou "qui porte en soi une intention dépassant celle des personnes impliquées" parce qu'il exprime une "cristallisation particulière de la foi"(3), soit une réponse à la fol, ce qui suppose une certaine oonceptualisation de celles ci et un ensemble de principes exprimant son message. Le culte est donc la religion en action et constitue à ce titre "le champ d'investigation théologique le plus important du christianisme et peut- être de toutes les religions" (4). Il n'existe pas sur le seul plan trans cendant, mais doit avoir, à notre niveau humain, des aspects distinctifs car "si tout est culte, rien n'est culte" (5), La référence au transcendant n'apparaît nullement comme désincamante ou coupée de notre vie. (1) R, PANIKKAR, Le culte et l'homme séculier, p, I9, (2) R, PANIKKAR, Le culte et l'homme séculier, p, 20. (3) R» PANIKKAR, Le culte et l'homme séculier, p, 21, Même idée, p, 85, (4) R. PANIKKAR, Le culte et l'homme séculier, p, 32, (5) R. PANIKKAR, Le ciilte et l'homme séculier, p. 86,. 273 On perçoit qu'il y uploads/Religion/ dieu-et-l-x27-homme-panikkar-2-2.pdf
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- Publié le Nov 20, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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