Dans "La Crise du Monde Moderne" (1927) R. Guenon écrivait : "le hasard n'exist
Dans "La Crise du Monde Moderne" (1927) R. Guenon écrivait : "le hasard n'existe pas, dire qu'un événement s'est produit par hasard, voudrait dire qu'il peut se produire un effet sans cause ". 1/4 de siècle après, c'est un 6 Janvier, jour de l'Épiphanie, qu'il retourne à l'Orient éternel. Vous ne m'en voudrez donc pas, , si je commence -quelles que soient les réserves que suscite le personnage- par faire appel à sa quête pour éclairer d'une lumière particulière le symbolisme de l'événement. Ainsi, il n'aurait pu voir de hasard dans la survenance en cet espace de 12 jours (!) qui sépare l'Épiphanie de Noël comme Noël de Ste Lucie, de Hannoukah, la fête juive des Lumières, de l' Aïd El Fitr musulman, et même de Kumbha Mela, que célèbrent 50 millions d'hindous. Si Guénon et son "Ecole Traditionaliste" avaient voulu prouver l'existence d'une "tradition primordiale" qui transcenderait toutes les autres en faisant la synthèse ésotérique de toute tradition, il n'aurait pas pu trouver mieux…même si ses détracteurs pourraient parler de cycle solaire...ou de hasard ! Jean Tourniac s'inspirant de Guénon dans "Melkitsedeq ou la tradition primordiale"- fait ainsi de l'Épiphanie (= 16 phrases en 12 versets du seul Matthieu (2-1-12)), une fête porteuse d'un message universel, en s'appuyant "simplement" sur la symbolique des Rois/mages : Dans la tradition chrétienne, l'Épiphanie célèbre la manifestation (sens étymologique) du Christ/logos aux nations, celui qui, dans sa gloire, "vient -selon Luc (1-68)- visiter son peuple". Nul ne sait d'où viennent les 3 rois/mages, guidés par une étoile flamboyante, ni où ils repartent, une fois leur mission accomplie. Pour Guénon, si, le jour de l'Épiphanie, ces rois/mages viennent rendre hommage au Christ, c'est en tant que chefs de l'Agartha, lieu symbolique -déjà présent chez Zoroastre- de la tradition primordiale, et aussi résidence du Roi du monde, Melkitsedeq, personnalisation de cette Tradition, mais aussi du logos - le "verbe", expression même de Yahwé - dans le cycle Abrahamique. Et si les 3 rois/mages viennent rendre hommage au Christ, c'est qu'il vient de naître dans les trois mondes qui sont leur domaine respectif , cette trinité primordiale transcendant le Christianisme qui vient de naître: Melchior ,Gaspar ,Balthazar sont respectivement roi, prêtre, et prophète, les trois fonctions suprêmes symbolisées par les 3 présents offerts au Christ que sont l' or, l'encens, et la mirrhe Melchior en hébreu: c'est Melki, l'or ou roi de la lumière, celui qui dirige le présent (attributs bibliques: l' épée, la couronne et la balance de justice) Gaspar est le prêtre, celui qui parle à Dieu (attribut biblique: l'encens qui s'échappe des plateaux de la balance, dont le fléau est l'épée) Balthazar est le prophète, le maître spirituel qui connaît l'avenir.( attribut biblique: le laurier symbolisant la gloire), qui offre la myrrhe, baume de l'embaumement, en lequel on peut déjà voir l'annonce de la mort physique du Christ. Ils représentent respectivement la terre, l'air et le ciel, leur 3 niveaux de responsabilité respective, soit le monde de la manifestation corporelle, le monde de la manifestation psychique, et le monde principiel non manifesté, ou encore le règne, la puissance et la gloire, les 3 expressions de ces fonctions suprêmes qui signent le Pater Chrétien. En ce jour de l'Epiphanie, l'Agartha, lieu symbolique de la "tradition primordiale", rend donc visite à Jérusalem ("Ville de David", où l'Ange du Seigneur conduit les bergers, lieu symbolique des 3 monothéismes), et non pas à Bethléem, où seul Matthieu situe la naissance du Christ . Jérusalem, étymologiquement la ville de la Paix. Melkitsedeq, étymologiquement « roi de justice », est aussi, en Canaan, roi de Shalem, donc de la paix et "prêtre du Très Haut pour l’éternité" dans la Genèse (14-19 20). Il donne sa bénédiction à Abraham, qui lui rend hommage avec une offrande, puis, après ces quelques lignes, il disparaît de la Bible… 1 Jérusalem est donc, de toute éternité, la ville d’où venait Melkitsedeq (Genèse 14 : 8 ; Hébreux 7 : 1), roi de justice qui avait béni Abraham dans ses combats (Genèse 14 : 18). Mais, dans cette tradition Abrahamique, la représentation de Melkitsedeq - à la fois Roi, Prêtre et Prophète - implique l'homogénéité des pouvoirs la constituant : Melkitsedeq les possède tous les trois (règne, puissance et gloire), mais dans l'unité et avant leur distinction. L'Épiphanie est donc à la fois message de paix et d’universalisme, volonté de nous ramener en amont du monothéisme, vers cette tradition primordiale dont chacune des 3 religions du Livre est issue . Cette volonté d'universalisme qui se retrouve sous forme exotérique dans l'imagerie chrétienne, où les Rois/mages réunissent aussi, autour de l'Enfant-Roi, prêtre et prophète, l'Afrique, l'Europe et l'Asie… Cette interprétation de l'Épiphanie illustre bien la notion de tradition telle qu'elle a été réinventée par Guénon. Dans son essence, celle-ci désigne toute forme révélée dont la fonction est de transmettre la totalité d'un Message divin à travers le temps. Dans le contexte particulier des monothéismes, ce message comprend une dimension ésotérique et une dimension religieuse exotérique, formant un tout indissociable. L'exemple de la Cabale dans le judaïsme ou du soufisme en Islam fait état de ce lien profond qui unit ces deux composantes de la Révélation. Que faut il en penser ? Permettez-moi de revenir à une vision à la fois plus classique et plus personnelle… L'"Epiphaneia" grecque, littéralement "apparition", décrivait la visite solennelle d'un roi, et par extension, les illuminations, fêtes et réjouissances qui s'ensuivaient. Fixée aux environs du XIème siècle au 6 janvier, cette date fut a l'origine instituée en Orient à la fin du IIème siècle pour marquer une triple célébration, celle de la Nativité, du baptême du Christ et du miracle de Cana, les 3 premières "manifestations du Christ " (épiphanies ou théophanies) au monde. Cette solennité des orientaux supplantait à une date identique les rites égyptiens associés à la crue du Nil, où l'on puisait avec faste l'eau du fleuve bienfaiteur. Elle intégrait également la grande fête païenne du soleil, qui chez les romains marquait le solstice d'hiver, instant transcendant du "Sol invictus" où la lumière triomphait des ténèbres, et chez les Grecs la naissance du dieu Aïon (identifié avec Hélios, le soleil), enfanté d'une vierge. L'Eglise orientale, en reprenant a son compte l'ensemble de ces thèmes symboliques, christianisera le 6 janvier par la célébration de l'Épiphanie, à la fois fête du premier jour de l'an nouveau, commémoration du baptême du Christ, et évocation du miracle de l'eau changée en vin aux Noces de Cana. Dans l'Église Orthodoxe, le 6 janvier demeure l'un des temps forts du calendrier liturgique en associant à cette date la bénédiction des eaux et le baptême, signe de renaissance. Par contre, l'Église Latine, en focalisant son attention sur les Mages, fruit de son évolution populaire, s'attachera donc plus à l'aspect second de l'Épiphanie, au détriment de la réalité initiale de cette fête. Le 6 janvier deviendra plus "la fête des rois" que celle du Christ, et les rites de célébration seront des résurgences des rites païens des saturnales romaines : galette de forme solaire, tirage de la fève désignant le roi d'un jour etc... …Mais même si le prosaïsme commercial en a occulté le mystère, il n'en demeure pas moins que le récit de la Manifestation de Jésus Christ aux Rois Mages venus l'adorer traduit ésotériquement pour le chercheur de vérité l'Épiphanie de Dieu, c'est a dire : · La manifestation glorieuse du Verbe · La Lumière en son commencement · L'Universalité en sa finalité Au-delà de tout dogme, cette trilogie de principes dévoile et révèle l'Épiphanie comme l'alpha et l'oméga de toute réintégration a l'Unité -au sens martinézien du terme. 2 Figures emblématiques de nombreux contes, coutumes et folklores, les Rois Mages ne furent cependant pas admis sans peine dans le légendaire chrétien. Au 9eme siècle, ils sont assimilés à des charlatans s'adonnant a la sorcellerie, et leur présence dans la crèche relève d'un sacrilège. Quelques siècles plus tard, a la fin du Moyen Âge, ils seront voués a la malédiction par nombre de théologiens, au motif que leur fête donnait lieu a des libations voire a des débauches peu en accord avec une célébration sacrée. Mais anathèmes et condamnations restèrent néanmoins sans effet, car les Rois Mages demeurèrent toujours porteurs de ce merveilleux dont l'imagination populaire nourrit le sentiment religieux. Des le 14eme siècle, "l'adoration des Mages" était devenue l'une des scènes les plus représentatives de la tradition chrétienne. C'est dans les évangiles apocryphes, postérieurs d'1 siècle aux "canoniques", que l'on trouve le plus d'information sur la singulière aventure de ces rois de l'Épiphanie. Ainsi les Mages sont avertis de la naissance de Jésus par une étoile flamboyante qui les guide jusqu'à Bethléem avec leurs offrandes. L'évangile ne fixe pas le nombre des Mages, mais la tradition, avec Origène, admet depuis le début de l'ère chrétienne qu'ils étaient trois. Tertullien en fera des rois conformes à la prophétie d' Isaie (60-3) : "les nations vont marcher vers ta Lumière et les Rois vers la clarté de ton lever". Les noms de Melchior, Balthazar et uploads/Religion/ epiphanie-symbolique.pdf
Documents similaires










-
25
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Oct 18, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 0.0929MB