E X P L I C A T I O N LITTÉRALE , HISTORIQUE ET DOGMATIQUE, D E S P R I È R E S

E X P L I C A T I O N LITTÉRALE , HISTORIQUE ET DOGMATIQUE, D E S P R I È R E S E T D E S C É R É M O N I E S DE LA MESSE, SUIVANT LES ANCIENS AUTEURS, ET LES MONUMENTS DE TOUTES LES EGLISES DU MONDE CHRÉTIEN, AVEC DES DISSERTATIONS ET DES NOTES SUR LES ENDROITS DIFFICILES . ET SUR l/ORIGINE DES RITES • P A R L E R . P . P I E R R E L E B R U N , LIBItAIRFE CATHOLIQUE DE PÉRISSE FRÈRESL LYON, ' 2' FAIUS. ANCIRffïfl U A150 If 9 V «OUTILLE HlIIOITf Grande rue Mercière, 33, J Rue Saint-Sulpice, 38, J£l rue centrale , C B . Angle «U la pl*o» Sl-Sulpip». N O U V E L L E E D I T I O N . T O M E T R O I S I È M E . 1860 Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2008. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. EXPLICATION DE LA MESSE, P A R L E R . P . P I E R R E L E B R U N . T O M E III. Ce volume contient : LA SUITE DES DISSERTATIONS SUR LES LITURGIES : N°. 10. Liturgie des arméniens, il. Litur­ gie des Nestoriens. 1 2 . Uniformité de toutes les Liturgies du monde chrétien , dans ce qu'il y a d'essentiel au sacrifice. Iinpriru. de Pr. SEGUIN aiué, à Arignoo, rue Bouquerle, 1*. OBSERVATIONS Sur ce qvbon lit au troisième Tome touchant la consécration de VEucharistie. J_jn expliquant la liturgie arménienne que je donne tout entière , il a fallu faire particulièrement attention au prin- cipal endroit du canon , où Ton voit que les paroles de l'institution de l'Eucharistie sont suivies d'une prière pour demander le changement du pain et du vin au corps et au sang de Jésus-Christ après laquelle on lit que la consécra- tion du corps et du sang de Jésus-Christ est achevée; et demwn perficitur corpus et sanguis Christi. p. 166. J'ai remarqué des expressions toutes semblables dans les autres liturgies orientales. J'ai exposé les témoignages des auteurs ecclésiastiques des douze premiers siècles , qui nous disent que la consécration se fait par les paroles de Jésus-Christ et par la prière de l'Église ; et ces témoignages joints à l'uniformité de toutes les liturgies , qui contiennent les pa- roles de l'institution de l'Eucharistie et la prière de l'invo- cation , m'ont donné lieu de dire que c'est conjointement par ces paroles et par cette prière que la consécration est opérée. Cette remarque a paru à un très-grand nombre d'habiles théologiens très-propre à résoudre plusieurs dif- ficultés, et à terminer des disputes peu utiles. Cependant comme Ton enseigne communément dans les écoles que la consécration se fait par les seules paroles de Jésus-Christ et que ce sentiment paraît autorisé par le décret qui fut fait à Florence pour les Arméniens, quelques-uns auraient peut-être de la peine à s'éloigner de ce sentiment : d'un autre côté, il y en a qui adoptent volontiers l'opinion de plusieurs orientaux qui regardent comme purement histo- riques les paroles de l'institution de l'Eucharistie , et n'at- tribuent la consécration qu'à fa prière de l'invocation. Il a donc paru à propos de faire encore ici quelques obser- vations pour lever les doutes et les scrupules qui se présen- tent facilement au lecteur préoccupé des sentimens ordi- naires , et pour écarter d'autres opinions singulières. Observons donc , i°. que l'Eglise n'a point fait de dé- finition de foi touchant le moment précis auquel la cou- VI OBSERVATIONS. sécration est opérée , ni pour déclarer que la prière de l'invocation n'y contribuait pas. Observons 7 2 0 . que l'opinion qui voudrait faire regar- der les paroles de l'institution comme purement histori- ques, est combattue par les témoignages d'une infinité d'au- teurs ecclésiastiques des douze premiers siècles qui font connaître combien les paroles de Jésus-Christ sont effica- ces pour la consécration dans tous les siècles. Observons, 3°. que ceux qui veulent que la prière de l'invocation ne soit pas une partie essentielle de la consé- cration , ne se trouvent point eu cela conformes à ce grand nombre d'autorités îles douze premiers siècles, qui parlent de la consécration comme faite conjointement par les pa- roles de Jésus-Christ et par la prière de l'Eglise qui invo- que la toute-puissance de Dieu. Le décret de Florence où il est dit que les paroles de Jésus-Christ Hoc estcorpus meum 7 que le prêtre prononce , sont la forme du sacrement, n'est pas absolument décisif pour exclure la prière de l'invoca- tion, parce qu'on sait que dans ce décret on assigne pour matière et pour forme d'autres sacremeus , comme celui de l'ordre , ce qui n'est qu'une partie de la matière et de la forme. Voyez page 181. Cela n'empêche donc pas que la prière de l'invocation ne soit partie de la forme de la consécration. Les Pères de l'Église ne se contentent pas de joindre la prière de l'invocation avec les paroles de Jésus- Christ , ils nous disent positivement, comme nous l'avons vu dans saint Basile, quVw.r paroles de l'Evangile on en ajoute (Vautres avant et. après, comme ayant beaucoup de force pour les mystères; il paraît donc bien raisonnable de ne pas parler autrement. Le cardinal Kessarion dit bien de la part des Grecs, avant la fin du Concile, qu'ils reconnaissent que les paroles de Jésus-Christ opèrent le changement du pain et du vin ; mais les mêmes Grecs ontdéelaré elairementet bien précisément dans leur confession orthodoxe intitulée : Confession or- thodoxe de l'église orientale, que le changement ne se fait qu'après la prière de l'invocation : Demitte 6 Dens de cœlo Spiritum tuum... et panem hune office pretiosum cor- pus , rte, Quippe pronuntiatis hhee verbis, conjïst'un Iranssubstantiatia peragitur. [iufra pag. *7^-] Les paroles de Jésus-Christ et la prière concourent donc à l'opération* Comment cela? C'est que les sacremeus sont un tout mo- ral dont l'effet dépend de tout ce qui est prescrit pour le OBSERVATIONS. VII sacrement. De là vient que nulle église n'a jamais fait ado- rer l'Eucharistie qu'après que le prêtre a.prononcé les pa- roles de l'institution et fait la prière de l'invocation. On sait que les Orientaux ne font élever et adorer les saints Mystères qu'un peu avant la consécration ; et l'église latin* avant l'hérésie de lîérenger, ne le faisait qu'à la fin du canon. Observons , 4°« que quelques-uns ont soutenu que h consécration de l'Eucharistie se faisait par la bénédiction , c'est-à-dire, par ces paroles: gratins agens, benedixil. Mais remarquons que cela n'est vrai qu'à l'égard de la con- version miraculeuse que Jésus-Christ a faite du pain et du vin en son corps et en son sang. Et pour avoir cette dis- tinction plus présente à l'esprit qu'on ne l'a ordinairement, et que je ne i'ai marquée aux pages iyg et 189 distinguons avec soin, après le Concile de Trente, trois choses dans le mystère de l'Eucharistie. i°. La conversion que fit Jésus- Christ du pain et du vin en son corps et en son sang. 2 0 . L'o- blation et le sacrifice qu'il en fità son père. 3°, L'institution de la même Eucharistie pour être à jamais un sacrement dans l'Eglise. La conversion miraculeuse du pain et du vin précéda l'institution du sacrement. Elle n'était pas plus un sacre- ment que le miracle du changement de l'eau en vin et de la multiplication des pains. Jésus-Christ fit ce miracle par sa vertu divine cachée , gratins agens , benedixit , avant que d'en faire un sacrement et d'eu exprimer la forme , comme parlent les Papes Innocent III et Innocent IV : Christtts virtute divina (nobis occul(d) confecit : et postea formant expressif sub qua posterl benedicerent, (iMyst. Miss. lil). 4* cap. 6 ) Cette conversion miraculeuse fut suivie de l'oblation et du sacrifice que Jésus-Christ en fit, comme le remarque le Concile de Trente. Ce n'est qu'après le changement miraculeux et le sacrifice que Jésus-Christ en a fait un sacrement: il le fit ce sacrement et il en pres- crivit la forme en disant à ses A poires : Prenez et mati- srez , ceci est mon corps Faites ceci en mémoire de moi. Ces paroles que Jésus-Christ prononce, jointes aux actions qu'il ordonne de faire, deviennent la forme du sacrement. On ne saurait assez faire remarquer ces trois actions différentes de Jésus-Christ pour ne pas confondre ce qu'il a fait en changeant le pain et le vin , avec ce qu'il a dit et prescrit pour en faire un sacrement. Ce changement était i:n miracle et non pas un sacrement proposé pour commit- vrn OBSERVATIONS. niquer la grâce sanctifiante à tous les fidèles dans la suite des siècles. Il aurait pu faire ce miracle en faveur des seuls Apôtres. Mais afin que le corps et le sang eucharistiques uploads/Religion/ explication-litterale-historique-et-dogmatique-des-prieres-et-des-ceremonies-de-la-messe-tome-3.pdf

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  • Publié le Jul 01, 2021
  • Catégorie Religion
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