Chapitre I Qu'est-ce qu'un rituel ? Sens et problématique Jean Maisonneuve Dans

Chapitre I Qu'est-ce qu'un rituel ? Sens et problématique Jean Maisonneuve Dans Les conduites rituelles (1999), pages 6 à 23 PrécédentSuivant Article Les termes « rite », « rituels », dont nous venons d’esquisser l’origine et le champ ne sont pas faciles à définir, d’autant qu’ils correspondent à un concept transdisciplinaire que l’on rencontre chez les ethnologues, les sociologues, les psychologues sociaux, les psychanalystes, les éthologistes – sans parler du sens commun qui en fait parfois un usage… abusif. Pour parvenir à une définition un peu consistante et spécifique, il faut d’abord évoquer le sens de ces termes dans ces diverses disciplines, puis montrer leurs rapports avec plusieurs notions adjacentes souvent associées aux mêmes processus. En ethnologie et en sociologie les rituels désignent un ensemble (ou un type) de pratiques prescrites ou interdites, liées à des croyances magiques et/ou religieuses, à des cérémonies et à des fêtes, selon les dichotomies du sacré et du profane, du pur et de l’impur. Ces pratiques ont suscité l’observation et l’interprétation aussi bien de chercheurs français (de Durkheim à Lévi-Strauss) que d’anglo-saxons (de Frazer à Turner) – pour ne citer que quelques noms parmi tout un corpus de travaux. — La psychologie sociale met surtout l’accent sur la dimension interactionnelle d’une ritualité qui concerne certains aspects de la vie quotidienne, en s’attachant au sens vécu et au niveau de conscientisation des conduites chez les acteurs. — La psychanalyse, tout en reconnaissant la fonction collective des rituels, s’intéresse surtout à leurs formes et à leurs fonctions privées : démarche adoptée par l’individu dans le cadre de situations banales sous l’effet d’une compulsion de répétitions et d’obsessions plus ou moins névrotique (au niveau par exemple de l’alimentation, de la toilette ou du vêtement)… Rites, rituels Dominique Picard Dans Vocabulaire de psychosociologie (2002), pages 251 à 257 PrécédentSuivant Chapitre Les termes « rite » et « rituel » (qui peuvent être considérés comme synonymes dans l’usage qui en est fait) viennent du latin ritus, signifiant « ordre prescrit », qui serait lui-même issu d’une forme de l’indo- européen védique rta ou arta, évoquant l’ordre du cosmos. L’étymologie nous renseigne donc sur un aspect essentiel des rituels : leur lien avec un certain ordre. Mais lequel ? L’ordre du code ou celui des valeurs ? Et à quel niveau de cet « ordre » le rituel opère-t-il ? Celui de l’ordre social ? De l’ordre moral ? De l’ordre religieux ? De l’ordre mental ?… L’interrogation est d’autant plus grande que les rituels interviennent à de nombreux moments de la vie et dans des circonstances très diverses puisqu’ils apparaissent autant dans le domaine social (à travers les grandes cérémonies) que dans la sphère privée (il existe des rituels de la toilette ou de la relation amoureuse) ; et qu’ils peuvent aussi bien relever du sacré (au niveau de la liturgie comme à celui de la prière) que du séculier (dans les grandes manifestations politiques ou sportives comme dans les relations quotidiennes). Cette sorte d’« omniprésence » du rituel en fait un phénomène difficile à circonscrire et dont l’étude est éclatée dans différentes disciplines : c’est l’éthologie qui a vu naître les premiers travaux ; l’ethnologie en fit assez vite un des axes dominants de l’étude des sociétés primitives ; la sociologie s’est employée à montrer sa présence dans les sociétés modernes ; la psychologie en a fait un symptôme… À tel point que le terme lui-même est devenu polysémique, la plupart des chercheurs qui l’ont pris comme objet ayant commencé par proposer une définition qui justifie leur point de vue : V… Il vous reste à lire 91 % de ce chapitre. Acheter l'ouvrage 17,99€ 592 pages, électronique uniquement html et feuilletage (par chapitre) Acheter ce chapitre 3,00€ 7 pages, électronique uniquement html et pdf Autre option Membre d'une institution ? Mis en ligne sur Cairn.info le 01/04/2010 https://doi.org/10.3917/eres.barus.2002.01.0251 PrécédentSuivant ACCUEIL CATALOGUE DES 13714 LIVRES ÉDITEURS AUTEURS Presses universitaires de Paris Nanterre Presses universitaires de Paris Nanterre Religion Sédentarisation DICTIONNAIRE DE L’HUMAIN | Albert Piette, Jean-Michel Salanskis Rituel RECHERCHER DANS LE LIVRE TABLE DES MATIÈRES CITERPARTAGER Rituel anthropologie, croyance, divin, relation, religion, sens, société Daphné Le Roux p. 493-501 TEXTE BIBLIOGRAPHIE AUTEUR TEXTE INTÉGRAL 1Le rituel est défini, le plus souvent, comme une célébration associée à une religion. En ce sens, il est usuellement rapporté à son caractère sacré, ce qui revient, de fait, à le concevoir comme une pratique singulière, fondamentalement séparée des activités quotidiennes ou ordinaires. Une telle définition présente alors le rituel comme un moment tout à fait particulier de la vie humaine : un moment où les individus sont mis en contact avec un principe sacré – divinité, esprits, puissances surnaturelles, etc. Dans le rite, les actes réalisés prennent alors un sens nouveau : tous les gestes exécutés, les paroles proférées perdent leur sens quotidien et se chargent d’un sens trans-humain, cosmique ou divin. C’est le cas par exemple dans le tantrisme indien : les actes sexuels perdent là leur sens biologique (la reproduction) ou leur sens « trivial » (le plaisir charnel), et ils sont associés à un sens symbolique. Parce que le rituel pose la pratique sexuelle comme union mystique avec des principe sacrés, il transforme la valeur que porte cet acte humain : il lui donne une portée plus qu’humaine. En ce sens, le rite est un moment décisif de la vie sociale, où l’existence humaine acquiert un sens qui la dépasse, où est associé à la dimension purement instrumentale de l’action – ou de l’activité humaine en générale – un sens symbolique et cosmologique. On trouve par exemple une telle compréhension du rituel chez l’historien des religions Mircea Eliade, qui en fait un élément clé pour comprendre le caractère fondamentalement religieux de l’homme. À travers le rituel, il devient donc possible de penser un « homo religiosus », dont le mode d’existence ne saurait être le même que celui de l’homme areligieux : « Il est évident que sa vie possède une dimension de plus : elle n’est pas simplement humaine, elle est en même temps “cosmique”, puisqu’elle a une structure trans-humaine. On pourrait l’appeler une “existence ouverte”, car elle n’est pas limitée strictement au mode d’être de l’homme » (Eliade 1965 : 141). Le mode d’être de l’homme sans religion est pensé ici sur le mode de la limitation : les actions y sont cantonnées à leur sens physiologique et instrumental. Parce que le rituel est le lieu de l’articulation de la vie humaine à un sens qui n’est pas, lui, qu’humain, il participe à transformer le mode d’existence des hommes, la manière dont ils se rapportent à leur monde et à leurs pratiques. « En réactualisant l’histoire sacrée, en imitant le comportement divin, l’homme s’installe et se maintient auprès des dieux, c’est-à-dire dans le réel et le significatif » (Eliade 1965 : 172). La spécificité de l’humain, dans ce cadre – et qui se manifeste notamment dans le rituel – tient ainsi à ce qu’il ne se contente pas d’agir ; il transforme la nature de son expérience ou de son vécu en lui assignant une signification, en les dotant d’un sens. 2Une telle conception du rituel en fait une activité tout à fait singulière, qui distingue la vie humaine de toute autre forme de vie, parce qu’elle se dépasse elle-même dans le contact avec le sacré. Analyser le rituel ainsi, c’est donc en faire le lieu de la transmission, de l’expression et de la réactualisation d’une croyance et d’une foi qui touchent au sens trans-humain du monde et de l’action. Une nouvelle question peut alors dériver de là : quelles sont les caractéristiques de la pensée qui permettent à l’homme de former de telles croyances et de telles représentations du sacré ? Quels sont les mécanismes de l’esprit qui lui permettent de peupler le monde de dieux et d’esprits ? Ces questionnements sont au cœur des réflexions d’anthropologues comme Edward Tylor ou James George Frazer. Pour ces auteurs, le rituel ne peut être envisagé comme n’importe quel acte humain : il est un comportement tout à fait particulier, et son existence même permet de cerner des singularités de la pensée humaine. Ainsi, de l’analyse des rites pratiqués à travers le monde, doit pouvoir découler une connaissance fine des mécanismes universels de la pensée humaine, et plus précisément, de la façon dont fonctionnent les associations d’idées. Dans ce cadre, on voit donc que le rituel est envisagé comme une sorte d’épiphénomène du fonctionnement de l’esprit. Ainsi, Tylor tire de l’étude des rituels l’idée qu’il existe une loi d’association des idées qui préside à la constitution de la magie et de la religion. Frazer, de son côté, repart de cette idée et l’approfondit, en mettant en valeur le fait que les rituels magiques se fondent sur deux principes qui sont deux lois d’association des idées : le principe de contact et le principe de similarité. Une telle approche a beaucoup influencé les travaux de Sigmund Freud, qui a lui aussi vu dans le rituel une manifestation objective des mécanismes uploads/Religion/ expose-1-chapitre-i-wps-office.pdf

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  • Publié le Aoû 05, 2021
  • Catégorie Religion
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