LA SYMBOLIQUE DES CATHEDRALES réalisé sous la direction de Fernand SCHWARZ, par
LA SYMBOLIQUE DES CATHEDRALES réalisé sous la direction de Fernand SCHWARZ, par Didier CARRIE ct Brigitte LUDWIG Si entre les IXèmc ct I'Jèmc sièdts, st réalist t·n Europt la révolution intellectuelle qui J'a mené à l'univers Mnu:iné de la modernité, c'est entre les 12ème et 13ème sièdcs qu'une véritahle révolulion de la foi éclaire d'une dimension nou velle les Arts t·t ks Sci(·nces qui dc\'itnnt nt serviteurs de l'Esprit. C'est alors que nait le fameux " Sièdc des Cathédrales ", période d'intense cr(·ati\'ité intelltctuellc t t nrtistiquc, dont lt rayonnement s'étend sur toute l'Europe. Véritables montagnes sacrées au coeur dts cités médiévai(·S, les Cathédrales constituent une linison magique entre les trois plans de l'Univers, le Ciel, la Terre ct le monde souterrain. La Cathédrale est en effet une image réduite de la création ct les lois qui président à sa construction sont identiques à celles qui ont permis à l'univers de sc manifester. La premit•re partie dt n Dossitr sur LA SY!\1BOLIQUE DES CATHEDRALES est consacrée il l't·ltHit cil-s lois fondarm·ntalcs de I'Archi - lecture sacrée. Le 1\'omhn• qualilit l'tsprit. la (;t·omdrit l'Arne ct l'Archi- tecture le corps. Ct sont cts trois scit·nn·s di,·ints qui ordonnent la Cathédrale, comme l'lJnin•rs tout t•ntit•r. : \lais, la Cathédrulc n'est pas seulement une rcprést·ntation statiqut de l'unin•rs ; par lts rites qui sc déroulent en son sein, die est un espace de transliguration, permettant au fidèle, au pèlerin, de transmult•r s:~ nature profane t'Il ,·ertu spirituelle. Le pèlerinage \'Crs l'intérieur de la Cal hédrak· tst alors un ,·éritnhlc cheminement alchimique, comme en témoignent lts labyrinthes dessinés sur le sol ou encore les médaillons alchimiques, gran·s sur les .façades de pl usicu rs Ca t héd ra les. Les Bâtisseurs ont ainsi concrètcnll'nt in c<~r n é les principes de J'Architecture sacrée dnns la pierre, faisant de chaque Cathédrale un espace privilégié de communion entre l'homm(• ct sa ré;rlité cosmique. Toutefois, chaque Cathédrale possrclc sn spécificité. La d(•uxit·me partie du Dossier propose justement une étude des Cathédralt•s Il-s plus ci·ld. H'l'S de France: CHARTRES et sa géométrie, 1\'0TRE-DA, \ IE DE PARIS ct l'Alchimie, TROYES et le nombre d'Or ct REII\IS. C:rthl:dralc du Saac, symbole de la Royauté sacrée. Rccréatcur des formes célestes sur terre, le B; itisscur sc pl:~cc humblement dans une chaine multidimensionnelle de transmission de sages - se. Une unité spirituelle ct pratique anime une multitude de m; 1ins, de coeurs et de voix, du maître d'oeuvre qui établit les plans de la Cathédrale et dirige le chantier jusqu'au compagnon < tui taille la pierre. Pendant ce " Siècle des Cathédrales ". l'homme occidental s'est montré capable de vivre l'expérience du Sacré et de sc relier au Divin, à J'Univers, à ses semblables ct à lui-même. Les Cathédrales sont le témoiçnage le plus éblouissant de ce mariage sacré entre le visible ct J'invistble. SOMMAIRE LA CATHEDRALE, 1:\JA(;E DU ~10~DE Première partie LE SIECLE DES CATHEDRALES LA CATHEDRALE, IMAGE DU MONDE L'ESPACE SACRE NOMBRE, GEOMETRIE, ARCHITECTURE ET MUSIQUE RITUEL ET LITURGIE LA CATHEDRALE, ESPACE DE TRAI'iSMUTATION LA CATHEDRALE, IMAGE DU MONDE Dcuxieme partie TABLEAU DES MEDAILLONS ALCHIMIQUES DE NOTRE-DAME DE PARIS CHARTRES, MUSIQUE ET GEOMETRIE NOTRE -DAl\IE DE PARIS ET L'ALCIIII\JIE TROYES ET LE NOMBRE D'OR REIMS, CATHEDRALE DU SACRE LE MESSAGE DES BA TISSEURS Bibliographie commentée 3 7 9 13 17 19 21 22 25 29 37 39 4 1 2-t et 36 11 nous faut remonter à 1 'an mil pour comprendre les ori· gines et l'éclat de ce que l'on appelle traditionnellement «Le Siècle des Cathédrales», c'est· à -dire la période s'écoulant de la fm du XIe siècle au début du XIIIe siècle. LA PEUR DE L'AN MIL La fin du règne des Caro- lingie ns est marquée par une psychose de la fin des temps ; en effet. n'a-t-on pas prédit que le millénaire qui s'achève verrait la fin du monde, l'Apo- calypse dont parle la Bible? De plus. l'an mil. la Chré- tien té vit toujours dans la peur des invasions. elle qui vient de suhir les vagues meurtrières des incursions d.:s Hongrois. des Sarrazins. des hommes du . ord et des Normands. Mais ~:ette frayeur fut pro- • pice au développement d'une mentalité mystique : face à la précarité. le seul pôle stable se trouve à l'intérieur de l'homme. L'homme de 1 'an mil regarde vo::rs le Cic:l et y puise sa force. L'Art Roman. avec son archi- tecture sombre et dépouillée. favorise ainsi la méditation et témoigne de ce souci d 'inté- riorité. L'art monastique est com- me une offrande. un don fait à Dieu. Saint Bernard perpé- tua, au XIIe siècle. cet idéal monastique qui avait pris nais· sance en Occident dès le VIe siècle, notamment, avec Sa. int Benoit. LE S/ECLE DES CATHEDRALES ., s1e SAINT-BERNARD, OU LA TOUTE-PUISSANCE DE CITEAUX Fondée en 1098, l'abbaye de Citeaux connait un essor prodigieux du jour où elle accueille Saint Bernard de Oair- vaux, filiale de Citeaux qu'il avait lui-même fondée en 1115 . Saint Bernard fut le véri· table guide spirituel de la chrétienté pendant près de 40 ans. Il organisa l'Ordre Cis· tercien en fonction de deux principes fondamentaux :d'une part, en réaction contre Ouny, il rétablit 1 'austérité dans le sanctuaire comme dans la vie des moines. D'autre part, il adapte la vie de 1 'ordre aux nouvelles conditions économi- ques et sociales ; c'est ainsi que les moines de chœur, issus de l'aristocratie, se consacrent aux exercices spirituels, alors que les convers, d'origine paysanne, sont chargés de 1 'entretien ma- tériel de la communauté. Chantier de construction d'une cathédrale - Miniature de Jean Fouquet (fm du XV~me si~le ). 3 LA SYMBOLIQUE DES CATHEDRALES En 1145, plus de 350 mo- nastères cisterciens fleurissent dans tout J'occident. C'est Saint Bernard qui lança les croisades, conseilla les Rois et lança le combat contre « 1 'hérésie ca- thare». L'Abbaye cistercienne n'a pas de façade ornementée : elle est nue, simple ; l'esprit de rt!- noncement fait bannir toute image de l'Eglise. Par sa seule structure, par les rythmes de sa construction, par sa disposition symbolique, l'Eglise cistercienne doit con- duire l'esprit vers les hauteurs mystiques. La lumière du jour trace les chemins de la con- templation. Aucune tension ver- ticale, nul orgueil, un équili- bre accordé aux mesures de l'Univers. Après la mort de Saint Bernard en 1153, l'ordre Cister- cien connût la même évolution que Cluny. L'opulence collec- tive de 1 'ordre devient fla- grante et la pauvreté monas- tique semble incompatible avec la richesse foncière. De plus, la vie rurale, le mépris des acti- vités intellectuelles qui caracté- risaient l'ordre monastique ne répondent plus aux aspirations d'une société plus urbaine et plus avide de savoir que na- guère. Abbaye Ciste1 .:1~ 1l1lc' d'Aicobaç:1 . fnndée en 1148 (Portugal). LA RENAISSANCE URBAINE DU Xli• SIECLE A la fin du Xème siècle, la France est désormais à l'abri des grandes invasions. L'essor démographique permet le déve- loppement de l'agriculture, qui doit nourrir une population toujours croissante. L'économie entre résolument dans une phase d'expansion. Ceux qui ne vivent pas de la terre profitent d'un monde moins hostile pour se livrer au commerce. C'est ainsi que les villes, surtout aux Xllème et XIIIème siècle, ne cessent de croître et de s'ani- mer. L'aristocratie rurale de- meure toutefois la classe domi- nante et la puissance des Rois s'impose, réunissant des pou- voirs qui s'étaient dispersés dans la féodalité. L'Eglise joue un grand role spirituel , mais aussi temporel : ce sont les évêques qui tiennent les Cités, exploitent leurs mar- chés et leurs foires. Les Croi- sades, au cours desquelles les Français occupent une place prépondérante, sont le symbole de cette Foi renouvelee. Comme l'explique Georges DUBY ( 1 ), <fL'ART DES CA- THEDRA LES est directement lié à la renaissance des villes. En effet, la Cathédrale est /'Eglise de 1 'évêque, donc 1 'E- glise de la Cité.» Traditionnellement, on ap- pelle «Siècle des Cathédrales», la période allant de 1130 à 1280. Mais en 1130, la plus royale des Eglises n'est pas une Cathédrale, mais un monastère : SAINT DENIS EN FRANCE. Et c'est à Saint-Denis, sous l'impulsion de l'Abbé SUGER, Conseiller du Roi Louis VII, que naîtra cet art «nouveau», qui sera plus tard surnommé «GOTHIQUE». Suger apporta, en effet, une conct!ption nouvelle du Sanc- tuaire. Au lieu de délimiter un espace soigneusement clos, le sanctuaire dut a~cueillir la lu- mière que Suger considérait comme le lien parfait entre l'Homme et Dieu. Il ne devait plus être replié sur lui -même. mais au contraire. largement ouvert sur le monde «profane ». C'est là. la théorie fonda- mentale de cet art que la Re- naissance qualifia de «gothi- que >>, c'est-à-dire de «bar- bare» . Cet Art nouveau fut recon- nu par ses contemporains com- me «l'ART DE FRANCE», car c'est au cœur du domaine capétien qu'il trouva la perfec- tion de ses formes et à Paris qu'il fixe le foyer de son rayonnement. Cet art nouveau fut avant tout liturgique, et pour le com- prendre, uploads/Religion/ carrie-didier-ludwig-brigitte-la-symbolique-des-cathc-drales.pdf
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Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 30, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
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