H I S T O I R E SAINT ANTOINE DE PADOUE D'après les Sources hagiographiques du
H I S T O I R E SAINT ANTOINE DE PADOUE D'après les Sources hagiographiques du XIII e, XIV a et XV e siècle FAR le R. P. AT, prêtre du Sacré-Cœur Gloriosissimus Pater. S. Aatonlus de Padna, non* de electis sociif S. Frauitisci. OJber mirsculorum. Apui BoJJauJ., up. I O proies HiâpanûB Pavor intidclium Nova lux Italiœ Nobile deposîtum Urbis paduame ! {Ulurgiu fïanrbnainc rfu Mil* siècle. Antienne du Ua^iiilïcjt. f "* vdpref. DEUXIÈME ÉDITION P A R I S LOUIS VIVES, LIBRAIRE-EDITEUR 13, RUE DEL, AMBRE, 13 1895 Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2008. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. H I S T O I R E DE SAINT ANTOINE DE PADOUE PRÉFACE Le treizième siècle de l'ère chrétienne est la merveille da "moyen-âge ; peut-être n'en trouverait-on pas, dans toute l'his- toire de l'Eglise, un autre qui lui soit comparable sous plusieurs rapports. Il est dans la série de ces siècles heureux, qui relèvent ['humanité à ses propres yeux, et la consolent des erreurs dans lesquelles elle tombe, des crimes qu'elle commet et des ruines qu'elle entasse. Dieu nous.les dispense d'une mai» avare; en les distribuant, à de grands intervalles,le long du chemin que nous parcourons ; il a voulu, ce semble, nous ma- nifester sa puissance et nous empêcher de désespérer tout k fait de nos destinées. Le treizième siècle est d'autant plus admirable,qu'il ne descend pas logiquement de ceux qui le précèdent. Ceux-ci portent le nom d'âge de fer : ils tirent leur célébrité de l'ignorance dans laquelle les intelligences étaient plongées, de la corruptioa des mœurs, des abus de la force, et des luttes sanglantes qui déchiraient le sein d'une société sans organisation. A peine si — II — dans cette nuit somDre,on voit luire quelques flambeaux pour éclairer les passages les plus difficiles ; à peine si l'on entend quelques voix magnanimes, qui proclament le droit des faibles et interrompent la prescription d'une tyrannie sans frein. Les papes et les moines se partagent la gloire de cette mission civilisatrice. Saint Bernard qui est le moniteur des papes et le législateur des moines, les domine tous, et résume l'influence de l'Eglise sur les temps malheureux. Il est l'aurore d'un avenir meilleur. Le treizième siècle naquit d'un regard d'amour que Jésus-Christ laissa tomber sur les douleurs de l'Eglise son épouse. 11 sortit des misères de l'Europe féodale comme un lys sort de la fange. Alors les pontifes de Rome s'appellent Innocent III, Hono- rius III, Grégoire IX, Innocent IV, Alexandre IV, Grégoire X. Grâce à leur génie et à la supériorité de leur caractère, la Papauté atteint le plus haut point de son prestige ; elle de- vient une magistrature universelle, partout acceptée parce qu'elle était nécessaire. Non contente de présider à la vie des âmes, elle dirige les intérêts politiques de tous les peuples bap- tisés ; elle rend des services que la haine des sectaires, seule, a osé méconnaître. Tous les rois ne se ressemblent pas : tandis que Frédéric II désolait la chrétienté, Saint Louis la parfumait de ses vertus et la protégeait de sa vaillante épée. Les rois nor- mands opprimaient l'Angleterre et n'épargnaient pas l'Eglise; mais à la même heure, Guillaume d'Ecosse, Eric de Suède, Haquin de Norwége, Waldemar-le-Victorieux de Danemark, Hedwige de Pologne, Jacques-le-Conquérant en Aragon, Alphonse-le-Bref et Saint Ferdinand en Castille, étaient les porte-étendard du Christ. Rodolphe de Habsbourg succède à la dynastie fatale des Hauhenstaufen et reprend le rôle de Charlemagne. Cependant le génie se réveille et la science jette un éclat in- — III — connu auparavant. Les Universités se multiplient ; elles atti- rent dans leur sein une jeunesse innombrable, avide d'en- tendre des maîtres tels que Roger Bacon, Alexandre de Haies, Duns Scot, .Saint Bonaventure, Vincent de Beauvais, Albert-le- Grand et Saint Thomas d'Aquin. Depuis Pierre Lombard, la Scolastique avait produit des esprits remarquables : Abailard, Hugues de Saint Victor, Gilbert de la Porée, Guillaume de Champeaux, avaient acquis dans l'école une gloire qui, pour quelques-uns, n'était pas sans mélange : elle devait pâlir devant la gloire plus haute et plus pure des nouveaux doc- teurs qui montaient dans les chaires d'où ils étaient des- cendus. Tandis que les théologiens et les philosophes dirigeaient les esprits dans la connaissance de la vérité ; les fondateurs monastiques tiraient de leur cœur inspiré des milices toutes jeunes, qui venaient prendre rang dans l'armée du Seigneur. L'Ordre bénédictin vivait encore : sa sève n'était pas épuisée, parce que sa mission n'était pas finie. Après avoir ombragé de ses rameaux les générations barbares,il continuait à défri- cher le sol et les âmes ; il restait, au milieu d'une époque guerrière, l'asile des opprimés, le paradis des natures contem- platives, et la pépinière de tous les dévouements. Mais le monde allait faire un pas : des besoins nouveaux devaient naître des circonstances. Alors François d'Assise et Dominique de Guzman entrent en scène, et organisent les Mineurs et les Prêcheurs : deux Ordres fraternels, un peu différents par le génie, semblables par le but qu'ils poursuivent ; qui unissent la vie active à la vie contemplative, et s'arrachent sans regret aux extases du cloître, pour aller promener la croix à travers les champs de bataille, et porter jusqu'aux extrémités du monde le doux nom de Jésus-Christ. Les Pères de la Merci marchent sur leurs traces ayec une sainte émulation; ils leui — IV — laissent l'honneur de délivrer les âmes do la tyrannie du démon et du péché : ils gardent pour eux celui d'aller consoler les chrétiens esclaves au pays des Maures; heureux de porter leurs chaînes, et de mourir, quand il le faut, pour les rendre à la liberté et à la patrie. Un siècle qui avaitde pareils hommes, devait faire de grandes- choses. Le treizième siècle manifesta sa force par les con- ciles œcuméniques et par les croisades. Les conciles étaient dirigés contre les hérésies, contre la décadence des mœurs et les excès des empereurs d'Allemagne. Les croisades faisaient face aux insurrections des Albigeois au dedans, et aux me* naces de l'Islamisme au dehors. Si elles ne réussirent pas toujours à humilier l'orgueil des ennemis de la chrétienté ; elles eurent d'autres avantages que les esprits impartiaux savent apprécier; en tout cas, elles laissèrent derrière elles un sillon lumineux de foi, d'amour et de vaillance, que les fils des preux ne regardent jamais sans une sainte fierté, et sans ressentir le désir d'imiter leurs ancêtres. L'art n'est que l'ornement des siècles : il a cependant une réelle valeur, parce qu'il a une haute signification. La preuve, c'est que les grands siècles enfantent toujours un art, qui demeure attaché à leur front comme un diadème ; maïs les bas siècles ne savent que gâter l'art que d'autres leur ont transmis : à moins qu'ils ne soient tout à fait improductifs. C'est l'art religieux qui obtint au treizième siècle les plus beaux; développements. Pouvait-il en être autrement à une époque- dont l'Evangile était l'unique inspiration ? D'ailleurs l'art reli- gieux l'emporte sur tous les autres par ses magnificences, parce qu'il traduit les attributs de Dieu et les espérances de l'homme. Alors la cathédrale gothique se dressa à coté de la basilique, fdle des catacombes, sans la détrôner. L art byzan- tin lui avait préparé les voies, en élevant les cintres et les — V — arcs de voûte du style roman : il y avait peu à faire pour achever une idée commencée. La cathédrale continua à suivre la ligne verticale ; quand elle eut jeté dans les airs ses tours légères et ses flèches gracieuses, il sembla qua la prière avait pris un corps pour se rendre sensible ; la cathédrale avait des ailes comme la colombe qui dans l'Ecriture est le symbole de l'Eglise ; dans son essort, elle emportait les pensées, les larmes et l'amour de l'humanité jusqu'au pied du trône de l'Eternel. Cependant la statuaire, encore timide, ébauchait de saintes images pour peupler ses niches et em- bellir ses contre-forts, La peinture naissait dans l'Ombrie avec Cimabué et Giotto, qui exécutaient leurs fresques sur les mu-* railles froides du nouveau temple, pour réjouir les yeux et attendrir le cœur : douces esquisses dont le charme naïf assu- rait l'immortalité, et que la science du dessin, dont la renais- sance se glorifie à juste droit, ne devait par faire oublier. La musique, fidèle au rendez-vous, vint rejoindre la sculpture et la peinture ses sœurs : elle entonna ses pieuses mélodies en s'accompagnant des cent voix de l'orgue triomphant. Le génie chrétien avait trouvé une formule qui égalait sa conception. Tandis que, au fond des cloîtres, des moines sublimes met- taient la main à leurs Sommes, qui résumaient les connais- sances du temps, et qui, malgré leurs lacunes, devaient éton- ner les savants des âges futurs ; un obscur maçon bâtissait la cathédrale, cette Somme de pierres, ce splendide abrégé des deux TesLaments,où le Ciel et la terre se rencontrent et s'em- brassent. La cathédrale est le plus souvent anonyme uploads/Religion/ histoire-de-saint-antoine-de-padoue 1 .pdf
Documents similaires
-
17
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 05, 2022
- Catégorie Religion
- Langue French
- Taille du fichier 21.2334MB