LES MEILLEURES PAGES de Maistre Introduction d'Amxis CROSNIER TOURCOING J. DUVI

LES MEILLEURES PAGES de Maistre Introduction d'Amxis CROSNIER TOURCOING J. DUVIVIER, Éditeur 1922 Biblio!èque Saint Libère http://www.liberius.net © Bibliothèque Saint Libère 2008. Toute reproduction à but non lucratif est autorisée. Joseph de Maistre Tous droits réservés Us auteurs et Véditeur. INTRODUCTION Joseph de Maistre mourait, voilà cent ans et quelques mois. Un siècle, c'est beaucoup plus qu'il ne faut, à l'ordinaire, pour que s'étende sur nous l'oubli, «le second linceul des morts ». Mais, en dépit du calendrier, I )ouvons-nous compter parmi les morts un homme dont a noble et originale physionomie n'a jamais disparu de notre horizon ; le penseur dont les idées ont dominé la marche du dix-neuvième siècle, tant il est vrai que, malgré les découvertes de la science et les inventions modernes, ce sont toujours les idées qui mènent le monde ; Y écrivain catholique dont les ouvrages, d'aspect sévère, et bien qu'ils ne soient jamais, ou trop rarement, recommandés par les programmes universitaires, s'im- posent toujours à l'attention des vrais amis de notre langue ; l'Allobroge qui, chassé de chez lui et dépouillé de ses biens par la France et ne voulant pas, pour les reconquérir, dire adieu à sa petite patrie, n'en a pas moins parlé de notre pays, de son rôle et de sa mission divine, aussi bien que le meilleur des Français ? Maistre est donc très vivant. Il le paraît de plus en plus, ce semble, avec le recul des années. Depuis quel- ques mois, toutes les Revues françaises, de toutes les couleurs et de toutes les nuances, ont parlé de lui \ et presque tous les journaux, en nos temps agités où les difficultés diplomatiques et les sports tiennent tant de place, ont trouvé des loisirs et quelques lignes pour rappeler sa gloire. Avec les Universités catholiques et tout l'enseignement libre, l'Université de France l'a célébré. Si l'union sacrée n'est pas encore complète à son V I I I I N T R O D U C T I O N endroit, c'est que la légende, qui a fleuri depuis cent ans autour de son nom et de ses œuvres, n'est pas- encore entièrement, ni partout, dissipée» Le sera-t- elle jamais ? Et n'est-elle pas l'accompagnement quasi- obligé des louanges qui se lèvent sur les pas des militants et des conquérants ? On sait, en effet, que le comte de Maistre passe, aux yeux d'un grand nombre de nos contemporains et même de quelques catholiques peu avertis, pour être 'le tenant, non pas seulement de la monarchie, ce qui était son droit, mais, chose plus grave, du a fana* tisme » et de la « réaction » 1 N'a-t-il pas exalté, avec Grégoire VII et Boniface VIII, la <t théocratie * où il voudrait nous ramener ? Les socialistes et les paci- fistes qui crient, en toute occasion : « Guerre à la guerre ! » lui font un crime d'avoir dit que la guerre peut être chose purifiante et divine ; ne serait-il pas, par hasard, de la famille du Kaiser pangermaniste ? Bien plus, ce tigre ou cet ogre, non content de clamer Vappel aux armes> se complaît dans le sang des victi- mes innocentes ; et, après Bossuet qui' écrit : « Tout est sang dans la Loi ! », il prêche 1 expiation par le sang : chose assurément intolérable pour certaine mol* lessede nos jours, qui n'a rien compris aux héroïsmes et aux sacrifices de la grande guerre ! Sans compter cjue sa page sur le bourreau, dans les Soirées de Saint* Péters bourg, révèle une âme d'inquisiteur, aussi despo- tique que sanguinaire ! Voilà pour la légende, dans quelques-uns de ses traits. Elle s'évanouirait facile* ment, si on lisait avec attention les textes cités, et le contexte. Mais combien de gens ont ce courage, ou cette conscience ? Il est plus facile de bêler avec les moutons, ou de hurler avec les loups. D'autres traits de la légende viennent nettement d'une incompréhension prestigieuse. Joseph de Maistre est un catholique instruit autant que convaincu. Sans être un théologien de profession, il lui arrive d'exposer, au cours de ses ouvrages, la doctrine de l'Église ; ce qu'il fait, comme pour le reste, avec clarté et profon- deur. Mais il peut arriver que plus d'un lecteur, et non I N T R O D U C T I O N I X des moindres, s'y méprenne étrangement. Passe encore, de reprocher à Maistre d'avoir vu en Dieu, non pas le bon et doux Nazaréen qui avait pitié des pauvres hommes, mais le Jéhovah du Sinaï, le Dieu irrité et jaloux qui évoque, dit-on, les cruelles divinités de l'Orient ; il y a, hélas ! nombre de nos contemporains qui, en fait de religion, n'ont pas dépassé le sensible Jean-Jacques et le romanesque Ernest Renan. Mais, à propos d'une belle page sur la communion des saints, sur la communion sacramentelle, ou sur l'union des élus avec Dieu et en Dieu dans la vision béatifique, ou, comme on dit, sur « le corps mystique du Christ », parler de panthéisme et mettre Fichte ou Hegel en parallèle avec l'écrivain catholique, c'est prouver une fois de plus que l'ignorance de la vérité religieuse est le plus grand des maux qui rongent notre société. Peut-être, devant de telles affirmations, Maistre lui- même se serait-il contenté de hausser les épaules ou de sourire... 11 disait : « Lorsque l'homme le plus habile n'a pas le sens religieux,... nous n'avons aucun moyen de nous faire entendre de lui, ce qui ne prouve rien que son malheur. » Joseph de Maistre a d'autres détracteurs, parmi nous. D'aucuns s'en prennent à ses défauts ou à ses qualités, selon leur tempérament. Les uns, les dilet- tantes, ne peuvent goûter en lui l'affirmation intrépide, et tranchante, de la vérité. D'autres, des timides, blâ- ment l'ironie vengeresse que prodigue sa plume aux erreurs multiples qu'elle flagelle, et parfois à leurs défen- seurs : le « mercure parisien, autrement nommé le ridicule », (1) dont il a parsemé plus d'une de ses pages, l'a fait appeler par Scherer « un Voltaire retourné », et annonçait la manière de son disciple, Louis Veuillot, que des ennemis ont dénommé bassement u l'aboyeur des idées de Joseph de Maistre » ! Un plus grand nom- bre ont de la peine à lui pardonner le tour paradoxal de son argumentation, qui semble amené à point pour nous étonner, ou pour nous éblouir. Mais quoi ? (1) Le mot est de Maistre. X I N T R O D U C T I O N Il a dit, mettons qu'il a crié, sa joie immense de posséder la vérité ; ce n'est ni un crime, ni une faiblesse : le catholicisme est, pour nous tous, une lumière et une force. Son ironie est souvent tempérée de finesse, de grâce, et de bonté. Quant à ses paradoxes, ils sont loin d'être aussi nombreux qu'on le prétend ; et, si l'on concède que tel est l'un de ses défauts, que l'écri- vain qui est sans défaut lui jette la première pierre. Ajoutons que, sur son chemin, depuis plus d'un siècle, Maistre a rencontré d'autres opposants, plus nombreux et plus décidés, qui se sont mis en travers de sa répu- tation : les Gallicans ; les Jansénistes, et leurs amis \ et, du même coup, les ennemis des Jésuites. Il a eu raison des Gallicans, et c'a été sa plus belle et sa plus douce victoire; y aurait-il, par aventure,des Gallicans retardataires capables de la contester ? Il n'est que juste d'observer qu'il a aimé l'Église Galli- cane, pour ses grandes vertus. A propos des Jansénistes, il a pu écrire : c e Tout Français, ami des Jansénistes, est un sot ou un jansé- niste. » C'était en un moment d'humeur, fort explicable» Le mot était dur, et certainement excessif : car nous avons connu de ces « amis » qui ne manquaient ni de foi ni d'esprit. Les Jansénistes, et leurs amis, n'ont pas pardonné à Maistre son réquisitoire vif et violent, si fondé qu'il fût en histoire et en raison. Leur hérésie avait des racines plus profondes que le Gallicanisme* Enfin, les ennemis des Jésuites ne sauraient désar- mer. Maistre les brave aimablement. Il a dit des Jésuites, avec la plus belle ingénuité, dans une lettre à son beau-frère Saint-Réal : « Mon grand-père les aimait, mon père les aimait, ma sublime mère les aimait, je les aime, mon fils les aime, son fils les aimera, si le Roi lui permet d'un avoir un. » On ne peut déclarer son amitié avec plus de franchise ; et la prophétie, par surcroît, s'est réalisée. Il reste que l'amitié des « bons Pères » a grandement servi à Maistre pour la forma- tion de son âme. et que, d'autre part, leurs ennemis, qui demeuraient aussi" les siens, n'ont pas nui pour autant à sa mémoire. I N T R O D U C T I O N XX Les pages choisies que nous présentons aux lecteurs leur uploads/Religion/ joseph-de-maistre-les-meilleures-pages-000000383.pdf

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  • Publié le Nov 18, 2021
  • Catégorie Religion
  • Langue French
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