La Gloire de mon père Je suis né dans la ville d'Aubagne sous le Garlaban couro
La Gloire de mon père Je suis né dans la ville d'Aubagne sous le Garlaban couronné de chèvres au temps des derniers chevriers. Garlaban, c'est une énorme tour de roche bleue. Elle monte très haut dans le ciel de Provence, ce n'est donc pas une montagne, mais ce n'est plus une colline, c'est Garlaban. "Le laboureur et ses enfants." Mon père était instituteur public. Prenez de la peine, c'est le fonds qui manque le moins. Il s'appelait Joseph. Sa voix était grave et plaisante et ses cheveux d'un noir bleuté ondulaient naturellement les jours de pluie. Un trésor est caché dedans. Il rencontra un dimanche une petite couturière qui s'appelait Augustine. Il la trouva si jolie qu'il l'épousa aussitôt. Je n'ai jamais su comment ils s'étaient connus car on ne parlait pas de ces choses là à la maison. Ils étaient mon père et ma mère de toute éternité, et pour toujours. L'âge de mon père , c'était 25 ans de plus que moi et ça n'a jamais changé. L'âge d'Augustine, c'était le mien, parce que ma mère c'était moi, et je pensais dans mon enfance que nous étions nés le même jour. Joseph! Sibella, prends ma place! Quand je pense que c'est toi qui m'as fait ça! Augustine. Sibella, Sibella. Je suis papa, et c'est un garçon! Pour le fils d'un instituteur, l'école c'est tout l'univers. Marcel! Mes souvenirs d'Aubagne sont peu nombreux, parce que je n' y ai vécu que trois ans car mon père brûlait les étapes. D'Aubagne, nous passâmes à Saint-Loup dans la banlieue de Marseille. Quand ma mère allait au marché, elle me laissait au passage dans la classe de mon père qui apprenait à lire à des gamins de 6 ou 7 ans. Je restais assis au fond, bien sage, et j'admirais la toute puissance paternelle. Bien.. Un beau matin, ma mère me déposa à ma place et sortit sans mot dire, tandis que mon père.. Non, c'est pas vrai. Qu'est-ce que tu dis? Maman ne m'a pas puni, tu n'as pas bien écrit. Qui t'a dit qu'on t'avait puni? C'est écrit là. Voyons, voyons, mais..tu sais lire? Oui! Voyons, voyons, mais... La ma man a pu ni son petit garçon qui n'était pas sage. 1 Papa est fier de son petit garçon. Ca, ça veut dire que tu m'aimes bien. Tu n'as pas mal à la tête. Non. Quand a-t-il lu pour la dernière fois? Hier matin. Le couvercle d'une boîte de savon. Et depuis, rien? Et non, votre soeur ne veut plus. C'est pour son bien. Vous allez lui faire exploser la cervelle. Maman, je suis malade. Mais non, reprends donc de la tarte. Explosion cérébrale, c'est ridicule, voyons! Je ne veux plus que Marcel rentre dans une classe, ni même ouvre un livre avant l'âge de 6 ans. Laisse-le encore un peu faire l'enfant. J'avais maintenant un petit frère, il s'appelait Paul. On l'a trouvé dans un chou, m'avait affirmé Augustine. Mon père, lui, avait parlé d'une petite graine. Ces explications potagères avaient provisoirement étanché ma curiosité. Allez Huhh. Cette année là, mon père fit un bond de comète, car de Saint-Loup, franchissant d'un seul coup les faubourgs, il fut nommé instituteur titulaire à l'école du chemin des Chartreux, la plus grande école communale de Marseille, Marseille. Musique Oh, je vais être en retard. Mais non, mais non. Il n'est pas huit heures... Attends. Ah non, demain, demain.. Je n'ai pas l'air un peu trop.. Ah non, au contraire. Tu es magnifique! Magnifiquement nerveux, oui.. Augustine. Ca va très bien se passer, j'en suis sûre. Mais ces enfants de la ville, je me dis que.. Quoi, ce sont toujours des enfants! Allez.. Papa, où tu vas? A l'école. Pourquoi je ne vais pas à l'école moi aussi? Mais tu n'as pas encore l'âge, et puis tu sais bien que ça te fait mal à la tête. Non, ça ne me fait pas mal à la tête. Oh, non.. Allez. File t' habiller, et n'oublie pas ta toilette! C'est fait. Oh le menteur. Montre voir tes mains! Je les ai oubliées dans ma chambre. Si tu me les ramènes, je veux qu'elles soient toutes propres, et toutes blanches, hein. Sinon, nous n'irons pas promener avec tante Rose. Et pareil pour les pieds! 2 Pour huit personnes prenez deux kilos de poisson: rascasse, ..............., rouget, .................., saint-pierre, congre, merlan. Réunir l'oignon et le poireau finement ciselés dans une casserole pouvant aller en plein feu. Avec deux cuillerées à potage d'huile d'olive, chauffer doucement en remuant. 1er octobre 1900 Asseyez-vous. Mes chers enfants, nous sommes entrés dans un siècle fabuleux où les miracles, ceux nés de la science, seront quotidiens et apporteront de la joie aux plus pauvres, aux plus humbles. Les maisons auront le gaz, la lumière électrique, souvent même le téléphone. Oooh. Voui, voui...ce téléphone qui fera que d'ici on pourra parler sans se déranger, et sans crier, à des personnes qui habitent Aubagne ou même Aix-en-Provence. Oh ben, fan de pied. Oui, monsieur, notre vingtième siècle sera un très grand siècle. Le progrès est en marche. Bientôt la machine exécutera les travaux les plus pénibles, elle permettra sans doute de réduire à dix heures la journée de travail. Ah ce serait bien ça! Et l'ouvrier aura un jour de repos par semaine; et guidé, et sauvé par l'instruction, chacun aura sa place dans un monde qui respectera tous les hommes. Ce sont des choses que je ne répéterai plus, hein.. Prenez votre cahier: dictée. Mon frère Paul était à présent un petit bonhomme de trois ans. Il était pensif, ne pleurait jamais, et jouait tout seul dans son coin. Augustine était toujours pâle et frêle, mais heureuse entre son Joseph, ses deux garçons et sa machine à coudre toute neuve. Cette prodigieuse invention moderne me permettait de l'aider dans ses travaux. Tante Rose, la soeur d'Augustine, trompait avec nous sa solitude de jeune vieille fille comme l'appelait Joseph pour la taquiner. Paul non! Mais qu'est-ce que c'est? Un bigoudi. Aah, il avale tout ce qu'il trouve. La dernière fois c'était une longue lanière de lard. Marcel.. Mais qu'est-ce que c'est? L'annuaire des chemins de fer. Mais qu'est-ce que j'ai fait au bon Dieu pour avoir des enfants pareils? Ce que tu as fait, ou plutôt ce que tu n'as pas fait! Rose, je t'en prie! Je sais bien que c'est Joseph avec ses idées, mais il n'empêche qu'un mariage qui n'est pas célébré à l'église.. ..n'est pas un vrai mariage! Et, à propos de mariage, il serait bien temps de vous soucier du vôtre, ma chère Rose. « Vivez si m'en croyez, n'attendez à demain, cueillez des aujourd'hui les roses de la vie. » 3 Et pour l’Alsace Lorraine…, je ne vais tout de même pas les mettre en tricolore..mauve, la couleur du deuil! Comme j’approchais de mes six ans, j’allais enfin à l’école, dans la classe enfantine que dirigeait Mademoiselle Guimard. Bien, alors.. a e i o u y Quand on sait on se tait! Petit singe savant! Pendant que la marmaille ânonnait le B a Ba je restais muet, paisible et souriant. Je me racontais des histoires et je me promenais au bord de l’étang du parc Borely au bout du Prado de Marseille. Chaque dimanche ma tante Rose venait déjeuner à la maison et me conduisait ensuite au moyen d’un tramway jusqu’en ces lieux enchantés. Un beau dimanche je fus terriblement surpris lorsque nous trouvâmes un monsieur assis sur notre banc. A partir de ce jour, et je n’allais pas m’en plaindre, nos promenades au parc devinrent de plus en plus fréquentes. Ma tante m’avait confié, comme un secret, que ce monsieur était le propriétaire du parc Borely, que si nous disions un seul mot de lui, il le saurait certainement, et qu’il nous défendrait d’y retourner. Je savais que ses largesses ne lui coûtaient rien. Je n’en étais pas moins très reconnaissant et fier d’avoir un ami si riche. Plouf… 37 ans! 37 ans, tout de même, c’est bien vieux! Allons donc! J’aurai 30 ans à la fin de l’année. Je me considère comme un homme encore jeune. Non, 37 ans, mais c’est la force de l’âge. Et puis, eh, Rose n’a plus 18 ans. J’en ai 26. Et puis il me plaît, voilà..! Mais c’est l’essentiel, naturellement! Mais qu’est-ce qu’il fait à la Préfecture? Il est sous-chef de bureau. Euh….bureau de quoi? Je ne sais pas. Mais il gagne 220 francs par mois. Eh! Et il a une petite rente qui lui vient de sa famille, et il m’a dit que nous pouvions compter sur 350 francs par mois! Eh bien ma chère Rose, je vous félicite! Mais, au moins, est-ce qu’il est beau? Ah non, ça pour être beau il n’est pas beau! Oui, il est beau, il est superbe! Mais, Marcel! Non, voyons Marcel! C’est à la suite de ces évènements que le propriétaire du parc Borely vint un jour à la maison accompagné de tante Rose. Mon cher Joseph! Mon cher Jules! Comment uploads/Religion/ la-gloire-de-mon-pere.pdf
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- Publié le Fev 12, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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