1 2 Jean-Marie Hyacinthe QUENUM1,SJ Le 11 octobre 1962 s’ouvrait le concile Vat
1 2 Jean-Marie Hyacinthe QUENUM1,SJ Le 11 octobre 1962 s’ouvrait le concile Vatican II, un évènement important et médiatisé du vingtième siècle qui rassemblait plus de 2400 prélats qui pendant quatre automnes ont produit 16 documents qui ont transformé la vie de l’Église catholique. Convoqué par le pape Jean XXIII, le concile Vatican II voulait mettre à jour l’évangile de Jésus Christ afin qu’il soit audible dans le monde moderne. Avec le décès du pape Jean XXIII, c’est le pape Paul VI qui mit fin aux travaux du concile Vatican II, le 8 décembre 1965. L’Esprit Saint était au rendez-vous du concile Vatican II et les évêques réunis ont goûté le bonheur du travail collégial avec ses tensions et ses accords. Les 16 documents produits par le concile Vatican II ont renouvelé la vie liturgique, la vie ecclésiale, la vie missionnaire et le rapport de l’Église au monde moderne. Désormais l’Église après le concile Vatican II s’engage dans le dialogue loyal avec le monde en renonçant à des attitudes de conflits et de condamnations. Quelles sont les réformes profondes du concile Vatican II avec les quatre constitutions, les décrets et les déclarations ? En quoi cet évènement ecclésial transforme t’il le rapport de l’Église au monde ? Peut-on risquer de parler d’une christologie dialogale à propos du concile Vatican II ? 1. Les réformes profondes du concile Vatican II Le concile Vatican II à travers ses débats a renouvelé la théologie de l’Église. L’Église est davantage perçue comme le mystère du corps du Christ, le temple de l’Esprit Saint et le sacrement de l’unité du genre humain. Une ecclésiologie de communion se dégage de LUMEN GENTIUM, la constitution dogmatique du concile Vatican II sur l’Église. L’Église est l’époux du Christ, la mère qui engendre à la vie divine par les sacrements et le peuple de Dieu en marche dans l’histoire. 1 Jean-Marie Hyacinthe QUENUM est professeur visiteur de christologie à l’Institut de Théologie de la Compagnie de Jésus (ITCJ) à Abidjan en Côte d’Ivoire. 3 La notion de l’Église, société parfaite est abandonnée au profit d’une Église qui se reforme pour devenir plus œcuménique et plus préoccupée des joies et angoisses de l’humanité2. GAUDIUM et SPES, la Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps s’adresse aux hommes et aux femmes de bonne volonté pour leur présenter l’Église comme un partenaire du développement humain intégral. La question des ministères fait de l’évêque celui qui annonce la parole, sanctifie le peuple de Dieu par les sacrements et gouverne les Églises locales ou particulières. Les prêtres sont les collaborateurs des évêques dans leur triple fonction3. Le concile Vatican II a restauré le diaconat permanent pour le service. La responsabilité des laïcs est fortement soulignée en lien avec le sacerdoce commun des baptisés. La formation des prêtres est évoquée en tenant compte du développement des sciences humaines et des défis de la société qui se sécularise. La catholicité de l’Église s’exprime à travers les langues vivantes des peuples dans la liturgie et la participation des fidèles à l’action sacramentelle. La Constitution dogmatique sur la liturgie ouvre la voie à l’inculturation de la liturgie en donnant des principes structurants. A travers la Constitution dogmatique DEI VERBUM, l’Église reconnaît la place éminente des Saintes Écritures et l’histoire du salut où Dieu agit à travers son Verbe incarné qui donne un sens à l’histoire dramatique de l’humanité par son mystère pascal. Le concile Vatican II redéfinit son rapport au judaïsme et reconnaît aux grandes religions du monde des moyens de recherche de l’énigme du monde. Aussi le concile loue ce qui est bien, ce qui est beau et ce qui est vrai dans les religions du monde. Désormais avec l’ouverture du concile Vatican II, un dialogue est possible avec les autres religions, les autres cultures et les réalités socio-politiques du monde complexe de la modernité. 2 Histoire du concile Vatican II, sous la direction de G. ALBERIGO, version française sous la direction de E. FOUILLOUX, 5 volumes, Cerf, Paris, 1997-2005. 3 PRESBYTERORUM ORDINIS 4 Une image rassurante de l’Église qui se met à l’écoute du monde, lisant les signes des temps se met en place après le concile Vatican II. Les théologiens sont encouragés à explorer le rapport de l’évangile avec les cultures et la mission d’évangélisation est envisagée comme une œuvre de l’Esprit Saint confiée à l’Église servante en vue du Royaume de Dieu. Les réformes profondes du concile Vatican II portent sur le regard nouveau de l’Église sur son propre mystère éclairé par Jésus Christ, icône du Dieu invisible dont l’Esprit anime le corps de l’humanité. L’Église de Vatican II se réforme en s’ouvrant au monde et en abandonnant l’esprit d’exclusivisme pour épouser l’esprit de dialogue qui respecte l’action mystérieuse de Dieu dans le monde et la liberté religieuse. 2. Le nouveau rapport de l’église au monde moderne Le concile Vatican II sort de la logique d’une Église triomphaliste pour être une Église pauvre et servante en route dans l’histoire pour le royaume de Dieu. Sacrement de l’unité du genre humain, l’Église du concile Vatican II a pour vocation de rassembler l’humanité (Éphésiens 1, 3-10 ; Colossiens 1, 15-20). Sa nouvelle méthode est la collaboration avec les religions, les cultures et les peuples où elle est attentive aux valeurs du Royaume disséminées par l’Esprit du Verbe incarné. L’Église continue de proclamer l’évangile comme le sel de la terre et comme la lumière du monde mais son souci est de se pencher sur l’humanité blessée comme le bon Samaritain. C’est à travers le dialogue avec les pauvres, les cultures et les religions du monde que l’Église de Vatican II oriente son action missionnaire. L’Église du concile Vatican II est une Église qui s’oriente vers le service de la multitude des pauvres dans le monde. Elle prend le parti de l’émancipation des peuples en lutte pour leur libération économique, sociale, politique et culturelle. L’Église du concile Vatican II veut travailler à la fin des discriminations et promouvoir une société où il fait bon vivre pour tous. 5 Le concile Vatican II a enfin accepté, en discontinuité avec le syllabus du pape Pie IX en 1864, les quatre révolutions qui ont eu un impact significatif sur la société occidentale : la révolution scientifique, la révolution politique, la révolution technologique et la révolution culturelle conduisant à la laïcisation et à la sécularisation. L’évangile est désormais annoncé dans le contexte d’une société sécularisée où il faut rechercher les valeurs du Royaume sans s’accrocher à la tradition d’un pouvoir hiérarchique et centralisé. Le dialogue de l’Église avec le monde moderne s’est imposé au concile de Vatican II qui a innové sa tradition en s’ouvrant à l’écoute d’un monde qui se construisant sans son inspiration évangélique. Désormais, l’Église du concile Vatican II va sortir des chapelles pour les combats, pour la justice, la paix et la préservation de l’environnement. La foi chrétienne ne sera plus reléguée dans la vie privée. Elle va s’extérioriser dans le lien social avec les marginalisés des sociétés de consommation et les peuples des périphéries de la culture de masse de la mondialisation. 3. La Christologie dialogale du Concile Vatican II Le concile Vatican II n’a pas officiellement donné une définition christologique solennelle. Le 21ème concile œcuménique Vatican II fut essentiellement un concile pastoral. Peut-on alors risquer de dire que sa christologie est dialogale ? Avec des réserves et les précautions de langage, nous pouvons l’affirmer. Jésus, le Christ, l’icône du Dieu invisible et le Dieu différent qui se révèle dans l’humanité est l’homme par excellence du dialogue. Dans l’évangile de Jean, on voit Jésus constamment en dialogue avec Nicodème, la femme Samaritaine et les différents groupes représentant les courants du judaïsme du premier siècle. La tradition synoptique rapporte aussi ses dialogues mémorables de Jésus avec les pharisiens, les Hérodiens et les Sadducéens. Les Pères apologistes aimaient dialoguer avec les Juifs comme TRYPHON, les païens comme CELSE et même les empereurs Romains. 6 Le dialogue est un mode de communication, respectueux des sentiments et opinions de l’interlocuteur. Avec la modernité, l’homme, parvenu à la maturité, a besoin de penser par lui-même pour forger ses convictions. L’évangile n’étant pas une croyance, mais le discernement de ce qui est juste et bon pour l’être humain en face du Dieu différent qui se révèle dans l’humanité. Le dialogue est le moyen efficace pour découvrir avec l’autre la vérité de la condition humaine. Le concile Vatican II autorise l’adepte de la voie à dialoguer avec ses contemporains pour que chacun invente en toute liberté son assimilation du message évangélique. REMARQUES CONCLUSIVES : Le concile Vatican II est l’évènement le plus marquant de l’Église après le concile de Jérusalem en l’an 49. Le concile Vatican II fut une nouvelle Pentecôte. L’Église cesse d’être défensive pour remplir sa mission de lire les signes des temps. Les débats du concile Vatican II ont ouvert les voies à l’acceptation du monde nouveau, de la modernité créée par les quatre révolutions qui ont transformé l’espace du monde occidental. La foi chrétienne, grâce au concile uploads/Religion/ le-concile-vatican-ii-et-la-christologie 1 .pdf
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- Publié le Apv 25, 2021
- Catégorie Religion
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