LE OUI DE MARIE Saint Jean EUDES (1601-1680) Agossou Yves GBEGAN Temps Spécial
LE OUI DE MARIE Saint Jean EUDES (1601-1680) Agossou Yves GBEGAN Temps Spécial International 2012- 2013 1 Table des matières I-Ecouter c'est s'humilier..............................................................................5 II- Le ''Oui'' de Marie..................................................................................22 III- Marie, figure exemple de la vie chrétienne..........................................29 ANNEXE......................................................................................................33 2 Le concept cœur est d'abord anthropologique. Le Cœur peut s'entendre comme l'affection, amour, souhait, volonté, intelligence, mémoire. Les valeurs du cœur peuvent se lier à la lumière du mode de vie de tout chrétien. L’existence modeste de la vierge Marie a suscité depuis longtemps réflexions et grâces chez de nombreux fidèles et croyants. Le coutumier du XV° siècle y mentionne que "La fête du vénérable et noble Cœur de notre bon Seigneur doit être célébrée le premier vendredi après l'Exaltation de la sainte Croix". La prière suivante devait être trois fois répétée au cours de la solennité : "O Cœur très saint et brûlant d'amour, ô Cœur très doux de Jésus-Christ, ô source de la douceur, source de toute bonté, daigne éclairer mon cœur coupable et le fortifier dans ton service éternel et dans toutes les vertus qu'aime ton Cœur très doux et débordant de grâces". Le monastère sera fermé à la Révolution, et transformé en 1849 en musée. On y admire aujourd'hui le célèbre retable des Antonites d'Issenheim de Matthias Grünewald. En 1648, nous avons la publication à Autun d'un petit volume, La Dévotion au très saint Cœur et au très sacré Nom de la Bienheureuse Vierge Marie de Jean Eudes (mais sans mention de son nom), qui contient la présentation et le 3 texte liturgique de la Messe et de l'Office, ainsi que les deux prières: Nous te saluons, Cœur très Saint et Nous te saluons Marie, Fille de Dieu le Père (Benedictum sit), composées en 1641-1643. L'ouvrage est réédité à Caen en 1650, précédé d'un traité sur la nouvelle dévotion. Le nom de l'auteur n'apparaîtra qu'à partir de l'édition de l'ouvrage réédité à Caen, précédé d'un traité sur la nouvelle dévotion. Le nom de l'auteur n'apparaîtra qu'à partir de l'édition de 1663. A partir de ces assertions, nous allons approfondir notre recherche pour connaître qui est vraiment la Vierge Marie dans les écrits de St Jean Eudes en particulier et dans l'Eglise en générale. Le ''Oui'' de la vierge Marie et son modèle de vie communautaire nous intéresse. 4 I- Ecouter c'est s'humilier 1- L'Humilité L'humilité est un sentiment, état d'esprit de quelqu'un qui a conscience de ses insuffisances, de ses faiblesses et est porté à rabaisser ses propres mérites. L'humilité s'oppose à toutes les visions déformées qui peut être perçue de soi- même orgueil, égocentrisme, narcissisme, dégoût de soi, visions qui peuvent relever de la pathologie à partir d'une certaine intensité. Ainsi, nous grandissons dans la vie à la mesure de l'écoute et du dialogue que nous avons vécus dans notre enfance. L'être humain est relation, il est communication, il est parole. Mais la parole s'exprime par tout l'être humain. Ce n'est pas sans raison que Dieu s'est fait parole, verbe incarné, le logos. Mais c'est l'être tout entier de Jésus qui par Marie nous révèle le Père. Il n'y a de vraie parole que pour une oreille qui écoute et un regard qui contemple, un cœur qui s'ouvre à l'attention. Aimer c'est écouter, écouter c'est s'humilier, l'humilité invite à un 5 anéantissement de soi à l'intérêt de l'autre. «Humiliez-vous en toutes choses, et vous trouverez grâce devant Dieu, d'autant que la grande et souveraine puissance n'appartient qu'à lui seul, et il est honoré par les humbles»1. Nous avons deux formes d'humilité: l'humilité d'esprit qui est humaine et l'humilité de cœur. . L’humilité de cœur2. L'humilité d'esprit sans l'humilité de cœur est une humilité diabolique: car les diables qui n'ont point l'humilité de cœur, ont l'humilité d'esprit, parce qu'ils connaissent fort bien leur indignité et malédiction. C'est pourquoi il nous faut apprendre de notre divin Docteur, qui est Jésus, à être humbles non seulement d'esprit, mais de cœur. Or l'humilité de cœur consiste à aimer notre bassesse et abjection, à être bien aises d'être petits, abjects et méprisables; nous traiter en notre particulier comme tels; nous réjouir d'êtres estimés et traités comme tels par les autres; ne nous excuser ou justifier que par nécessité 1 O.C. VIII, p.13 2O.C. I, p. 221-223 6 grande; et ne nous plaindre jamais de personne, nous souvenant qu'ayant en nous la source de tout mal, nous sommes dignes de toutes sortes de blâmes et de mauvais traitements; aimer et embrasser de tout notre cœur les mépris, humiliations, opprobres, et tout ce qui est capable de nous abaisser, et ce pour deux raisons: 1. Parce qu'à nous est due toute sorte de mépris et d'avilissement, et que toutes les créatures auraient droit de nous persécuter et nous fouler aux pieds; encore même ne valons-nous pas qu'elles en prennent la peine. 2. Parce que nous devons aimer ce que le Fils de Dieu a tant aimé, et mettre notre centre d’intérêt et notre paradis, durant cette vie, dans les choses qu'il a choisies. C’est afin de glorifier son Père, à savoir dans les mépris et humiliations dont toute sa vie a été remplie. L'humilité de cœur consiste non seulement à aimer les humiliations, mais aussi à haïr et avoir en abomination toute grandeur et vanité, suivant ce divin oracle sorti de la bouche sacrée du Fils de Dieu, que je vous prie de bien considérer et de graver fortement dans votre esprit: Ce qui 7 est grand devant les hommes est abominable devant Dieu3. J'ai dit toute grandeur, car il ne suffit pas de mépriser les grandeurs temporelles, et d'avoir en horreur la vanité de l'estime et des louanges humaines; mais nous devons avoir encore plus en horreur la vanité qui peut procéder des choses spirituelles, et nous devons craindre et fuir tout ce qui éclate et tout ce qui paraît extraordinaire aux yeux des hommes dans l'exercices de la piété, comme les visions, les extases, les révélations, le don de faire des miracles et autres choses semblables. Et non seulement nous ne devons point désirer ni demander à Dieu ces grâces extraordinaires; mais même, si l'âme reconnaissait que Dieu lui offrît quelques-unes de ces choses extraordinaires, elle devrait se retirer dans le fond de son néant, s'estimant trop indigne de ces faveurs, et le prier qu'il lui donnât quelque autre grâce au lieu de celles-là, qui fût moins éclatante aux yeux des hommes et qui la rendît plus conforme à la vie cachée et méprisée qu'il a menée en la terre. 3 Luc 16, 15 8 Demandons à Dieu, la grâce d'humilité de cœur à l'image la Vierge Marie, qui est la manifestation de l'Amour de Dieu à travers nos actes pour la gloire de Dieu. 2- L'Ecoute Ecouter c'est aimer. Nous retrouvons cette signification dans la dimension chrétienne. Prendre du temps pour l'autre, être disponible, savoir se taire, être là pour lui tout seul c'est une autre manière de lui dire: « Tu es important pour moi». Cela demande de l'humilité, de la patience, de s'incliner devant une liberté. Cela suppose une présence affective et effective. Mais c'est celui qui écoute qui reçoit le plus. Ecouter finalement c'est accepter que l'autre entre chez nous et bouscule ce qui est bien ordonné en nous. Voici tant de vertus humaines que Marie dispose et elle veut que nous fassions comme elle pour la gloire de Dieu. Marie, tout au long de sa vie, a connu bien des souffrances, mais aussi de grandes joies que Jean Eudes se plaît à rappeler: « Qui pourrait comprendre les saintes délices dont son Cœur maternel a été rempli au moment de sa Conception immaculée; au moment de l'Incarnation de son 9 Fils; pendant qu'elle le portait dans ses bénites entrailles; lorsqu'elle l'a enfanté dans l'étable de Bethléem; quand elle l'a offert à Dieu dans le Temple; quand elle le trouva au milieu des Docteurs, après l'avoir égaré durant trois jours; pendant qu'elle demeura et conversa familièrement avec lui, comme une très bonne mère avec son très bon enfant; lorsqu'elle entendait ses divines prédications; lorsqu'étant ressuscité, il la visita toute la première; quand elle le vit monter au ciel, glorieux et triomphant; quand elle reçut le Saint-Esprit au jour de la Pentecôte; quand elle fut transportée en corps et en âme dans le ciel, et qu'elle fut établie à la droite de son Fils, et couronnée Reine des hommes et des Anges, souveraine de l'univers.»4 L'écoute de Marie nous apprend à accepter de s'avancer sur le chemin où Dieu nous appelle et nous propose de le rencontrer en toute humilité. Le cœur de Marie était comblé de joie de ce que Dieu l'a regardée des yeux de sa bénignité, c'est-à-dire a aimé et approuvé l'humilité de sa servante, dans laquelle il a pris un contentement et une 4O.C. VII, p. 186 10 complaisance très singulière Marie, parce qu'il a regardé l'humilité de sa servante; comme si elle disait: Je me réjouis de la grâce que Dieu m'a faite, parce que c'est de lui que j'ai reçu le sujet de uploads/Religion/ le-oui-de-marie.pdf
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Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Nov 30, 2021
- Catégorie Religion
- Langue French
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